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Drignac, ancienne commune du Cantal ayant fusionné avec Ally en 1973, se situe à mi-chemin entre Drugeac et Escorailles sur la départementale 29. Il est impossible de passer à côté de l'objet de notre intérêt quand on arrive à Drignac en venant de Drugeac, la croix de Saint-Babet installée au carrefour de la D29 et de la D129.

 St Babet 5

Présentation du calvaire

L'ensemble d'une hauteur d'environ 2,50 mètres est composé de trois éléments grossièrement taillés dans la pierre volcanique locale et superposés, le socle, le fût cylindrique et la croix. En bas à gauche de la face antérieure, on remarque un bénitier dont la profondeur laisse deviner l'importance du travail fourni.

On ignore l'essentiel des vicissitudes subies par ce calvaire, par contre on sait qu'au XXe siècle, il a été fort malmené par les hommes. Au début des années soixante, il a été déplacé à l'occasion de travaux d'élargissement de la route puis brisé après avoir été renversé par un camion. Un mal pour un bien ? La recherche des éléments épars au sol permis de découvrir le socle presque entièrement enterré. C'est un bloc (1,10 m de long, 0,86 de large, 0,60 m de haut) pesant plus d'une tonne qui fut sorti de sa gangue, celui-là même qui supporte aujourd'hui le fût et la croix.

Le montant vertical de la croix proprement dite a également souffert, brisé en son milieu, il fut restauré au moyen d'une ceinture de fer dissimulée dans la pierre.

Drignac St Babet 4

Description de la croix

Sur l'avers, on reconnaît, je dirais presque on devine, un Jésus crucifié en relief. Le buste, tronqué par la brisure, est incomplet et l'on passe directement de celui-ci aux pieds disproportionnés, les cuisses sont absentes. A l'extrémité des bras, longs et maigres, les doigts de la main, largement ouverts, sont tout aussi disproportionnées que les pieds. Le cou, long, porte une tête nue, peut-être chauve, les yeux, le nez et la bouche sont peu travaillés, juste grossièrement évoqués.

Drignac St Babet 3

Sur le revers, le relief est en creux, le personnage a les mains jointes sur son ventre et semble refermé sur lui-même. Toutes sortes d'interprétation semblent possibles, est-ce un personnage debout ou un défunt allongé dans son tombeau ? 

Dans La croix de Saint-Babet, Abel Beaufrère (R.H.A., T. 49, 1983) précise qu'"on représentait d'ordinaire au revers de la croix, soit la Vierge, soit le patron de la paroisse. C'est donc Saint-Babylas que nous croyons reconnaître ici", vocable sous lequel est placé l'église de Drignac.

De Saint-Babylas à Saint-babet, il n'y a qu'un pas aisément franchissable, il est donc probable que, comme l'avance Abel Beaufrère, le revers de la croix présente le martyr dans sa tombe. En effet, aujourd'hui oublié de la chrétienté contemporaine, Saint-Babylas, patriarche d'Antioche (désormais Antakya en Turquie), fut victime des persécutions de l'empereur romain Dèce qui, en 250, rendit le culte impérial, jusque-là facultatif, obligatoire, il périt décapité.

Drignac St Babet avers

En guise de conclusion

On s'étonnera peut-être de l'emplacement actuel de la croix à la sortie (ou à l'entrée, c'est selon) de la commune mais il est probable que, selon l'usage en vigueur, elle trônait à l'origine au centre du cimetière alors accolé à l'église. Ce n'est qu'à l'occasion des travaux de reconstruction de l'église en 1844 qu'elle fut installée à sa place actuelle.

DTF, octobre 2021

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