Le village de Saint-Chamant est situé dans la belle vallée de la Doire, à proximité de la route départementale entre Saint-Cernin et Saint-Martin Valmeroux, sur un plateau dominant la rivière.
Autrefois, Saint-Chamant se serait appelé Saint-Amand, nom du premier évêque de Rodez, patron de la paroisse. Si la commune est surtout connue pour son château, elle n'en possède pas moins une église remarquable à plus d'un titre.
Restaurée au XIXeme, elle vaut surtout pour ces trésors intérieurs. En effet, elle renferme d'admirables stalles avec des peintures de grande qualité datant du XVeme siècle et de très belles miséricordes, provenant de l'ancienne église collégiale que fit édifier Robert de Balzac grand favori du roi Louis XI qui régnait alors sur la région.
Des 32 stalles d'origine, 8 sont à Saint-Chamant, les autres sont réparties entre les églises voisines de Saint-Cernin (14) et Saint-Illide (10) . Comme tous les objets provenant du chapitre disparu, elles sont classées au titre des objets historiques depuis 1902. En dehors des offices religieux, l'église de Saint-Cernin (voir photos ci-dessous) est ouverte à la visite pendant les mois d'été, il est alors possible d'admirer les stalles qu'elle abrite. Elles bénéficient d'un double classement au titre des objets historiques par arrêté du 4 novembre 1908 et du 7 octobre 1935.
Les stalles de Saint-Chamant sont parmi les plus intéressantes oeuvres du gothique finissant (également appelé gothique flamboyant) en Haute-Auvergne. Mérimée ne tarissait pas de louanges à leur propos dans ses Notes d'un voyageur en Auvergne. Elles offrent seize panneaux peints, huit plats et huit incurvés, représentant des saints. Ce chiffre 8 est tout sauf anodin dans ce contexte puisqu'il représente la perfection, le passage du monde terrestre au monde céleste. L'ensemble est classé au titre des objets historiques depuis le 11 avril 1932.
Si le chapitre et le cloître étaient fermés au public, la collégiale était ouverte à tous, raison pour laquelle les saint sont reconnaissables par le commun des mortels à leurs attributs. Les érudits quant à eux pouvaient déchiffrer leur nom écrit en lettres gothiques en bas de chaque panneau.
Si l'on a pu dater les peintures avec précision - 1484 - on ne sait rien en revanche de leur auteur. Dans son ouvrage Le Maître de Saint-Chamant, paru aux Editions CREER en 2005, le docteur René Visy rappelle la vie agitée de Robert de Balsac, gouverneur de Pise et mécène, dans une Italie où les artistes devaient beaucoup au soutien financier des puissants, ce qui l'amène à se questionner sur le rôle de ce dernier dans le choix du maître de Saint-Chamant : "Va t-il ramener au cours d'une de ses campagnes l'élève d'un de ces grands maîtres [NDLR : les maitres florentins] pour faire les peintures de Saint-Chamant, c'est une hypothèse mais aussi une gageure de vouloir donner une origine à ces peintures".
La miséricorde est la petite console fixée à la partie inférieure du siège pliant d'une stalle de chœur, le moine prenait appui sur elle lorsqu'il se tenait debout et que son siège était relevé. "Les accoudoirs portent quelques têtes grotesques ; les miséricordse sont remarquables : l'habileté avec laquelle les figures sont adaptées à leur fonction frappe particulièrement, ainsi que l'impression d'élégance raffinée sans aucune pointe de la vulgarité dans laquelle tombent parfois les oeuvres de ce genre" écrit Michèle Beaulieu dans le Bulletin Monumental, tome 117, n°2, année 1959. pp. 145-146.
Outre les stalles admirables à plus d'un titre, on rne manquera pas de remarquer, en face de l'entrée de l'église, cette porte à deux vantaux couronnés par un arc en tiers-point et formés de panneaux assemblés et se superposant sur trois rangs provenant elle-aussi du chapitre. Les ferrures datent du XVe siècle. Elle est également classée au titre des objets historiques depuis le 11 avril 1902.
L'iconographie religieuse est également très riche avec différentes statues en bois polychrome dont un ange de l'Annonciation (XVIe), une VIerge de l'Annonciaiton (XVIe), un Saint-Jean-Baptiste (XVe) ainsi qu'une Sainte-Madeleine (XVe) dont "les visages sont de même type, très particulier : front élevé, nez droit et long, pommettes hautes, yeux bridés, menton court et peu proéminent" (Source : Beaulieu Michèle. Les stalles du chapitre de Saint- Chamant. In: Bulletin Monumental, tome 117, n°2, année 1959. pp. 145-146).
Lors de sa restauration à la fin du XIXe siècle, les vitraux de l'église Saint-Amand ont été refaits, on admirera notamment la superble vierge à l'enfant dans le style art nouveau de l'époque visible dans la chapelle à gauche du choeur. Elle est l'oeuvre du maître-verrier Louis-Charles-Marie Champigneulle (1853-1905).
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