Situé à la limite sud du plateau du Cézallier près du confluent entre l'Allanche et l'Alagnon. Moissac, autrefois chef-lieu de commune, est devenu un des deux villages de Neussargues-Moissac en 1871, conséquence de l’arrivée du chemin de fer à Neussargues 5 ans auparavant, en 1866, puis l’un des villages de Neussargues en Pinatelle lorsque cette commune est crée en 2016 de la fusion de cinq communes voisines : Neussargues-Moissac, Chalinargues, Sainte-Anastasie, Celles et Chavagnac.
Ce petit village cantalien possède un patrimoine particulièrement riche dont fait partie l'église Saint-Hilaire, d’origine romane (XIIe), plusieurs fois remaniée et probablement inachevée. Depuis 1992, grâce à l'association pour la sauvegarde de l'église de Moissac, divers travaux ont permis de la restaurer.
Elle possède un clocher à peigne classique à 4 ouïes que l'on atteint par un escalier à ciel ouvert, ce dernier enveloppe littéralement la façade et trace sur son mur une diagonale ascendante aboutissant à la galerie du sonneur. Cet escalier constitue une construction unique et quelque peu mystérieuse en Auvergne.
Sur ce même escalier, on note la présence d'une gargouille qui rejette les eaux de pluie ainsi que quatre pierres en saillie (peut-être un auvent pour les jours de grande affluence).
On pénètre à l'intérieur par le petit cimetière. Le porche voûté en anse de panier comporte de chaque côté de la porte des pierres en saillie permettant de s’asseoir ou de poser les paniers durant les offices.
Passé ce porche, on remarque la nef désaxée par rapport au choeur et à l'abside, comme si l'église s'étirait dans sa largeur, une disposition dont s'est peut-être inspiré l’architecte de l’église Sainte-Thérèse du Rouget-Pers (1962).
Au milieu du XIXe, dans le Dictionnaire statistique du Cantal , à propos de l'église Saint-Hilaire de Moissac, l'auteur écrivait : «les sculptures sont grossières et peu remarquables ». Preuve que les appréciations des hommes varient avec le temps, l’intégralité du décor intérieur de l’église est protégé au titre des Monuments Historiques par arrêté du 8 mai 1926 ! Ce décor comprend entre autres :
- une chaire polychrome du XVIe,
- un baptistère en bois peint du XVIIe,
- des retables et des autels polychromes,
- des blasons dont celui de la famille de Dienne qui possédait un château au Cheylat.
En outre, vers 1930, une dalle funéraire recouvrant une tombe du cimetière attenant fut transportée dans l’église, il s’agirait de celle d'un pèlerin de Saint-Jacques, Jean Rolland dit « Meimargou » mort en 1698, à l’âge de 66 ans, dont elle porte les attributs (croix, coquille, besace, bourdon et tourte de pain percé.
Denise Péricard-Méa et Louis Mollaret dans leur Dictionnaire Saint-Jacques et Compostelle paru en juillet 2006 aux Editions Gisserot écrivent : « Cette supposition étaient fondée sur un acte selon lequel : le 29 septembre 1698 trois témoins « confrères de Saint-Jacques ont accompagné le corps dudit défunt qui était de la confrérie avec plusieurs autres. Après la restauration de 1996, sans information nouvelle, le doute n’existe plus, il est acquis que cette tombe est celle d’un pèlerin. Elle est annoncée à grand renfort de panneaux dont le plus drôle est celui qui annonce « la pierre tombale Saint-Jacques de Compostelle » …
Enfin pour l’anecdote, nous ne résistons pas à plaisir de relater cette querelle de clochers survenue en 1853 entre le curé de Moissac et les paroissiens de Neussargues. En effet, lorsqu’après un nombre inouï de vicissitudes vint le moment de bénir la chapelle de Neussargues, l’évêque, Monseigneur Lyonnet, en chargea l’abbé Hugonet, vicaire de Moissac. Le jour venu, point d’abbé car le curé de Moissac, soutenu par l’intégralité de la population, refusa catégoriquement que son abbé aille bénir ce nouveau lieu de culte, sans doute perçu comme une concurrence déloyale. Il fallut l’intervention musclée d’une délégation des hommes les plus déterminés de Neussargues pour que le dit abbé, par la suite officiellement affecté sur place, puisse remplir sa mission le 3 août 1853.
En pratique, l'église est ouverte à la visite de 10 h à 18 h :
- tous les jours en juillet et en août,
- les week-ends des mois de juin et septembre,
- les jours de fête religieuse et la journée du patrimoine.
L’église étant sous surveillance électronique, il convient de respecter les interdictions d’accéder à la tribune, au chœur, et aux chapelles.
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