La cathédrale Saint-Pierre de Saint-Flour est l'une des quatre cathédrales d'Auvergne. Elle est située au cœur de la ville de Saint-Flour (Cantal), sur la place d'Armes bordée d'arcades et vers laquelle convergent de nombreuses rues anciennes. De style gothique, elle fut achevée à la fin du XVe siècle, à l'emplacement d'une basilique romane, mais fut sévèrement endommagée sous la Révolution. Comme pour d'autres édifices religieux de la région, le matériau utilisé est, comme souvent, celui trouvé sur place, en l'occurence la lave noire de Liozargues (Roffiac, Cantal) qui lui confère une couleur sombre caractéristique.
Son histoire
Un premier sanctuaire est construit pour abriter les restes de Florus, évêque à l'historicité douteuse et premier apôtre légendaire de la Haute-Auvergne. Cette cella est attestée par une bulle du pape Grégoire V à la fin du X siècle.
Au Xe siècle, Odilon de Mercœur, abbé de Cluny fonde le prieuré de Saint-Flour et, vers 1025, construit sur le roc une basilique romane que le pape Urbain II consacre en 1095 sous le triple nom de Saint-Sauveur, Saint-Pierre et Saint-Flour. Au XIVe siècle, le pape Jean XXII démembre le diocèse de Clermont-Ferrand trop étendu : par sa bulle du 9 juillet 1317, il érige la ville en civitas, tandis que l'église devient cathédrale et le prieuré clunisien chapitre diocésain.Après l'écroulement partiel du côté nord de l'édifice en 1396, l'évêque Hugues de Manhac confie deux ans plus tard sa reconstruction à Hugues Jolie, malgré une conjoncture difficile (guerre de cent ans, peste).
Une nouvelle cathédrale, de style gothique flamboyant, dotée de trois nefs et de quatre tours (deux sur la façade occidentale, une sur chaque façade latérale), est consacrée par l'évêque Antoine de Montgon en 1466. Le pape Sixte IV sécularise le monastère en 1476, ce qui contribue à la prospérité et à l'agrandissement de Saint-Flour.Pendant la Révolution en 1793, l'édifice est saccagé et transformé en temple de « l'Être suprême ». La cathédrale est rendue au culte en 1802. Entre 1846 et 1856, d'importants travaux de restauration sont entrepris sous l'impulsion de Monseigneur de Marguerye, évêque de Saint-Flour et de Pierre Dessauret, directeur de l'administration des cultes. Les deux tours latérales sont démolies entre 1862 et 1866.La cathédrale est classée monument historique le 30 octobre 1906.En 1966, les cérémonies du cinquième centenaire de la cathédrale réunissent notamment Mgr Maurice Pourchet, le nonce apostolique en France, Georges Pompidou, alors Premier ministre, et Mgr Maziers, évêque de Bordeaux.En 2010, Mgr Bruno Grua, évêque de Saint-Flour, fait appel à Goudji, sculpteur et orfèvre français, pour créer le nouveau mobilier liturgique : le maître-autel, l'ambon, la cathèdre, les sièges des « concélébrants », la croix processionnelle, les chandeliers d'autel, l'encensoir et la navette.
L'extérieur
La couleur de la pierre basaltique et le caractère massif des deux tours carrées percées de quelques fenêtres à meneaux donnent à la cathédrale une allure de château-fort et à la façade symétrique une certaine austérité, en contraste avec les richesses de son patrimoine intérieur.
La façade
Au milieu du xixe siècle, le docteur Paul Belouino la décrit sans concession :
« La façade, construite à la fin de la dernière époque ogivale, n'offre pas la richesse quelquefois minutieuse des détails que l'on aimait alors à prodiguer dans les provinces où la qualité des matériaux servait l'habileté des ouvriers. Les portes elles-mêmes n'ont presque aucune décoration. De petites fenêtres donnent à la façade presque l'apparence d'une construction civile, et sans les énormes tours qui l'епсаdrent, on pourrait méconnaître une église. Beaucoup trop larges pour leur hauteur, ces tours n'appartiennent a aucun style d'architecture ; le dernier étage paraît moderne. »
Il justifie ainsi cette sobriété :
« La simplicité des formes, qui semble constituer le signe distinctif de toutes les parties de la cathédrale de Saint-Flour, est une simplicité noble et pleine de majesté, qui sied bien à la gravité d'un temple. »
Sur le portail, une inscription fixe la date de la construction de la façade et probablement aussi de l'église entière :
« Cette esglise fust desdiée par le révérend père Mgr Antoine de Montgon, évêque de Saint-Flour, à l'honneur de Dieu, de saint Pierre, apôtre, et de saint Flour, confesseur. L'an du Seigneur 1466, cette esglise fust construite par Pierre et Antoine de Montgon, frères et évesques de Saint-Flour. Que leurs asmes reposent en paix. »
Située sur les anciens remparts, la terrasse des Roches qui se trouve derrière le chevet de la cathédrale offre un large panorama sur la ville basse, l'Ander, un affluent de la Truyère, et les monts de la Margeride.
L'intérieur
Les lignes verticales dominent dans cette construction dotée de cinq nefs étroites tendues vers la lumière.
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Le Christ noir
À l'entrée du chœur, contre le pilier gauche, se dresse un grand Christ noir en bois de noyer peint, unique en Europe et qui daterait du XIe ou du XIIIe siècle. On le désigne sous le nom de « Beau Dieu noir », mais l'origine de cette appellation reste incertaine. D'autres représentations idéalisées du Christ sont désignées ainsi, par exemple à la cathédrale Notre-Dame d'Amiens, à celle de Reims, ou encore à l'église Saint Nicolas de Nonette. Quant à la couleur, on a pu y voir une analogie avec les Vierges noires du Moyen Âge occidental.
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Les chapelles
Des vitraux du peintre-verrier clermontois Émile Thibaud ornent la chapelle Saint-Pierre et la chapelle Saint-Jean-Baptiste. Dans cette dernière, l'autel est surmonté d'une pietà en calcaire polychrome du XVe siècle.
La chapelle du Tombeau abrite une châsse en bronze doré, due à l'orfèvre parisien Poussielgue, qui contient les reliques de Saint-Flour (1897), mais également un Christ au tombeau (1842) de Fauginet, Saint Vincent de Paul instruisant les filles de la Charité, un tableau du XVIIIe siècle, ainsi qu'une statue en marbre d'Oliva représentant Mgr Pierre-Antoine-Marie Lamouroux de Pompignac, évêque de Saint-Flour de 1857 à 1877.
- Le chœur
On y remarque en particulier un maître-autel en marbre polychrome, surmonté d'un ciborium en bois doré, ainsi qu'un lutrin, tous deux du XVIIIe siècle. C'est l'ancienne crédence, soutenue par des consoles à tête d'homme et d'aigle, qui fait office d'autel face aux fidèles.
Les stalles du chapitre, remises en place en 1852, se trouvent dans l'arrière-chœur, surplombées par les vitraux (1851) d'Étienne Thevenot qui représentent les deux fondateurs de la ville, Saint-Flour et saint Odilon.
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La chaire
C'est un ébéniste local, Jean Peuch, qui l'a sculptée en 1868.
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Les fresques
À proximité de l'entrée, sous la tribune d'orgues, une peinture murale datant du XVe siècle n'a pourtant été découverte qu'en 1851, car elle était recouverte d'un badigeon. La fresque représente le purgatoire à gauche, un prêtre célébrant la messe pour la délivrance des âmes et l'enfer à droite. Dans la tour nord, se trouve une peinture murale décrivant une joute chevaleresque.
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Le grand orgue
L'instrument est l'œuvre du facteur anglais John Abbey, tandis que le buffet a été sculpté par Gabriel Ventadour. L'ensemble a été mis en place en 1843. Il fut restauré en 2008.
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