Cette ancienne place-forte des guerres de religion a conservé sa terrasse de défense, ses murailles et les vestiges de sa poterne, puis le château a été restauré et transformé en 1755 par le marquis du Cambon en une résidence de plaisance dédié à Marie-Antoinette, née la même année.
Le château du Cambon, y compris ses dépendances (porche d'entrée, pigeonnier, grange, volailler, fontaine) a été inscrit aux Monuments Historiques par arrêté du 26 mars 1982 et ainsi décrit : "un château existe au Cambon depuis le 14e siècle. Il garde son aspect médiéval jusqu'au milieu du 18e siècle, époque à laquelle sont réalisés d'importants travaux : le simple donjon carré accolé à un petit logis côté nord est englobé dans une vaste construction ; l'ensemble des façades et des toitures est remanié ; des communs et un porche sont construits à l'ouest du château et les jardins sont aménagés en terrasse devant les façades ouest. Depuis, le domaine a globalement conservé son aspect du 18e siècle."
De ce fait, le château de Cambon recèle nombre de petits trésors tels que des portraits, des gravures, des ouvrages imprimés et nombre de documents relatifs à la reine et à ses proches.
Grâce à ses enfilades de pièces de réception, à son décor intérieur préservé, à son mobilier, il est un témoin particulièrement évocateur de l'art de vivre au XVIIIe siècle.
Le parc qui bénéficie d'une belle vue dégagée sur le sud compte une belle fontaine du XVIIIème siècle représentant la légende du poête grec Arion.
La visite commentée, en principe par le propriétaire - du 1er juillet au 31 août, de 14h30 à 18h30, en juin et septembre, sur rendez-vous - comprend l'intérieur (salons, salle à manger, bibliothèque, chambres de maître, galerie, chapelle) et les jardins (buis taillés en forme d'allées, d'arabesques et de festons, bassin allégorique, bosquets).
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Ma visite au château du Cambon : c'est presque par hasard que j'ai découvert ce château, invisible derrière son écran végétal, à l'écart de la D922 et simplement signalé par quelques panneaux routiers. Une fois passé le porche, j'ai suivi le chemin gravilloné et je suis allé toquer (fortement comme indiqué sur un petit mot manuscrit) au heurtoir de la porte à ce qui semblent l'arrière du château. En fait, il s'agit de la façade principale puisque l'entrée se fait par l'arrière du domaine. La porte s'ouvre et livre le passage au propriétaire des lieux, Monsieur René Momboisse, président de la Cour d'Appel à la retraite depuis ... un certain nombre d'années, ce dernier m'ayant fièrement informé de son grand âge, 90 ans dans quelques mois. Après m'avoir invitée à m'asseoir sur le seul banc du jardin à la française, mon hôte fait les présentations, l'origine du château, ancienne place forte, puis sa transformation en résidence de plaisance par le marquis de Cambon au milieu du XVIIIe siècle. Je suis invitée à admirer le jardin à la française qui fait la fierté de M. Momboisse, en particulier sa fontaine dont il me narre le thème, le poète grec Arion sauvé de la noyage par un dauphin charmé par sa musique.
Puis nous entrons dans le hall du château, la pièce, située au milieu du rez de chaussée, est de dimensions modestes meublée de deux grandes armoires, d'une petite table et de quatres chaises mais le sentiment d'espace est cependant là. En effet, toutes les portes sont ouvertes, révélant une longue suite de pièces, de la bibliothque au petit boudoir, d'une extrémité à l'autre de la longue bâtisse.
Toutes les pièces sont abondamment meublées - mobilier essentiellement du XVIIIe siècle - richement décorées (tapis, tableaux, reproductions, tentures derrières lesquelles se cachent des fresques de la même époque, porcelaines, boîtes en marqueterie ...).
La visite se poursuit à l'étage, un long couloir peint en rouge mène à la chapelle qui occupe une des deux extrémités de la bâtisse, le plafond forme une voûte (céleste ?), une fenêtre apporte un peu de lumière du jour et un immense autel en marbre occupe le mur du fond (mais comment donc a t-il été monté ici ?). Le mobilier se réduit à quelques prie-Dieu et une grande armoire dans laquelle dorment ... des costumes du XVIIIe siècle, en fait des costumes de théâtre). La décoration reste sobre, quelques tableaux, bougeoirs et petites scultptures en bois.
La visite de l'étage se poursuit, quelques chambres avec leurs lits en tombeau et leur décoration murale, un joli salon "bleu", lumineux grâce à ces deux grandes fenêtres, orné d'une immense tenture.
Nous redescendons au rez-de-chaussée en passant par la cuisine composée en réalité de deux pièces, la pièce où se tenait le personnel, au centre de laquelle trône une grande table de ferme avec les traditionnels tiroirs à pain aux extrémités et la cuisine à proprement parler, de dimensions plus modestes, comprenant une grande cheminée ainsi que les éléments nécessaires à la préparation des imposants menus qui composaient un repas au XVIIIe siècle.
Enfin, c'est tout naturellement que M. Momboisse s'installe au piano à queue qui trône fièrement dans le salon du rez de chaussée et ses doigts se mettent à courir sur le clavier pour un petit concert de fin de visite, comme une petite gourmandise.
L'intégralité des photographies de ma visite au château du Cambon ci-dessous :
DTF août 2018
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