Alors que sa construction était terminée depuis une grosse centaine d'année (1663), le malheureux château de Naucaze fut incendié et pillé en 1792 par une bande venue de Boisset, faits attestés par un registre d'écrous (1792-1794) qui fait état de la condamnation, entre autres, d'un certain Jean Blanquier pour le pillage et l'incendie du château de Naucaze. Cela arriva plusieurs fois. On a même retrouvé des pierres du château dans des constructions de la région.
Le Dictionnaire statistique du Cantal nous décrit ainsi les lieux :
"Naucase, village et château près du Fayet, avec un bel étang. C'était une importante seigneurie avec le titre de marquisat, et qui a donné son nom à une famille illustrée, éteinte à la fin du XVIII° siècle."
Naucaze, petit retour en arrière :
Au XIIIe siècle, Antoine de Naucaze est prieur au monastère de Mauriac. C’est le premier Naucaze que l’on trouve dans l’histoire locale. Le domaine de Naucaze a été par le passé celui d’une grande seigneurie rurale de la Chataigneraie, les Naucaze ! Le premier seigneur de Naucaze connu dans les archives de notre département se situe au XIIIe siècle, aux environ des années 1230. Il est poche, avec d’autres seigneurs de la région, de la forteresse de St Julien de Toursac, qui aujourd’hui n’existe plus.
En 1250, Guillaume de Naucaze, se pliant aux règles de la chevalerie qui stipulent que tout chevalier a le devoir de porter secours à son Roi prisonnier, et se doit de participer à la rançon exigée, contribua comme beaucoup de seigneurs en France à la libération de Saint-Louis qui était prisonnier des infidèles.
En 1358, Bertrand De Naucaze fait partie des 68 personnes excommuniées par le Pape pour avoir refusé par suite de la disette de payer la dîme à l’abbé de Maurs.
En 1569, Michel De Naucaze reçoit l’ordre du roi Charles IX de défendre la prévoté de Maurs contre les Huguenots.
En 1597, c’est Antoine De Naucaze qui se marie avec Jacquette De Bourdeille, fille de Philibert De Bourdeille, cousin de Henri III de Navare, notre futur Henri IV.
En 1679, François De Naucaze est page à la grande écurie du Roi Louis XIV. Plus tard, Monsieur le Marquis Claude De Naucaze fut un seigneur respecté dans toute la région pour sa sagesse et son érudition.
Jean-Baptiste De Naucaze fut le seigneur qui traversa la Révolution française, et son fils Jean-Pierre Thérèse, servi sous les ordres du Maréchal Davout pendant les campagnes de Napoléon. Prisonnier en Russie dont il revint, il finit sa carrière militaire comme chef d’escadron sous Louis-Philippe le 3 septembre 1835. Sa fille Angélique fut la dernière à porter le nom des Naucaze . Son petit-fils, lui, fut le dernier descendant et est décédé en 1920.
Au travers des siècles, de nombreux Naucaze furent religieux et religieuses. Certains autres membres de la famille s’expatrièrent dans les régions de France.
Ce bref survol de la lignée des Naucaze du XIIIe au XIXe siècle nous montre qu’ils ont traversé le temps et vécu l’existence de notre royauté, de Philippe Auguste à Louis Philippe, dernier roi de France, et par là, ils ont comme tous nos ancêtres, participé à construire l’histoire de notre canton, notre région, notre pays.
Le château :
Il a été la possession d’une seule famille, les Naucaze. Il est né avec cette dernière et s’est éteint avec elle.
Construit rapidement durant le XIIIe siècle, pour se protéger de nombreux troubles, il possède une tour du XIIe siècle qui est l’élément architectural le plus ancien. Un corps de logis rectangulaire et flanqué de tours, montre que sa construction est de type château de défense, comme beaucoup de châteaux construits dans cette période du Moyen-Âge. D’une architecture intéressante, il a subi de nombreuses modifications.
Il est inscrit à l’inventaire des monuments historiques.
L'architecture :
Une première tour à droite est à l’origine du château. Nous remarquons des sculptures sur le passage vouté, notamment un lion, ce qui montre l’importance du lieu. Il y a au moins 4 étages.
Par la suite, le château s’agrandit par ses 4 tours. Il y a des ouvertures de tous les cotés pour surveiller la campagne alentour, et prévenir en cas de visite mal venue. N’oublions pas les remparts aujourd’hui disparus, car Naucaze était une place forte.
La porte principale est surmontée du blason de la famille. On y trouve une vache, un lion et un voilier. La vache représente le caractère agricole du lieu ; le lion, comme évoqué, le pouvoir. Quant au bateau : pourquoi un voilier sur un blason en Auvergne, au bon milieu des terres ? Les Naucaze ont du s’illustrer dans les croisades et ainsi avoir le droit d’apposer ce vaisseau sur le blason. C’est, si l’on peut dire, une reconnaissance que le roi adressait à ses sujets.
Aucune fenêtre n’est identique, cela signifie que ce ne sont pas les mêmes ouvriers bâtisseurs et sculpteurs qui les ont montées. Plusieurs écoles et maîtres ont participé à la construction de cet édifice. Présence également de puits, latrines, caves et granges.
La cuisine a été mise à jour il y a peu de temps, avec sa grande cheminée. Au XVIIIe siècle, plus de 60 personnes vivaient là, il fallait les nourrir et les loger avec la famille du seigneur (gens de maison, palefreniers, jardiniers, percepteurs, ...).
Vers 1700, Claude De Naucaze écrit au roi une lettre qui se trouve aujourd’hui à la bibliothèque nationale de Paris. Son style est très direct et précis. L’objet en lui-même n’est pas très important historiquement. Le fait est qu’il l’a écrite, sans lunettes, alors âgé de 100 ans.
Le château et son domaine se targuent aussi d’avoir une des plus belles écuries à chevaux de France. Non pas par sa voûte, car nombreuses sont ces dernières dans le patrimoine français, mais par les détails de sa construction, oeuvres de compagnons tailleurs de pierre et maçons. Une petite anecdote repère permet de bien situer la période de fin de sa construction en 1663, année où la première pierre du château de Versailles se posait.
Robert LABROUSSE dans la Revue de la Haute-Auvergne (fiche sortie découverte)
A noter : depuis quelques années, le site, propriété de la communauté de communes du pays de Maurs, fait l'objet d'un projet d'insertion
Une phothotuèque du chateau : cliquez ici