Situé sur la paroisse Saint-Géraud, à mi-côteau en bordure de l’ancien chemin allant de la Visitation à Noalhac et Marcou, veille l’ancien castelet de La Moissetie.
Il y a plus d’un millénaire, Saint-Géraud avait doté son abbaye d’un territoire délimité par un certain nombre de croix dont les emplacements sont connus : au Vialenc, à Coissy, au Croizet, à Cantuel et à la Croix de l’Arbre (route des Crêtes). Ce territoire étaient composés de manses que l’on retrouve de nos jours. L’une de ces dépendances de l’abbaye, La Moissetie, était au XIIIème siècle la résidence de la famille Moisset, qui donna plusieurs viguiers à l’abbaye d’Aurillac. La viguerie était alors une charge héréditaire, un fief dont le titulaire faisait hommage à l’abbé. Deux familles se la partageaient à Aurillac : les Moisset et les Astorg de Conros.
La famille Moisset
Le premier des Moisset connu se prénomme Raymond, il est qualifié de chevalier, seigneur de La Moissetie. Il exerce les fonctions de viguier en l’an 1224. Il eut trois enfants : Savary, viguier à son tour en 1284, Guillaume, troubadour, et Hugues, seigneur de La Moissetie et co-seigneur de Roquenatou. Ces trois frères comptaient parmi les vassaux nobles de la vicomté de Carlat. Dans un acte de 1284, Savary Moisset se reconnaît vassal du roi de France Philippe III le Hardi. Un sceau appendu à cet acte représente un écu à trois coquilles à la bordure engrelée, avec l’inscription circulaire : « Sigillum Savaricii Moisset, vigarii aureliacensis ».
Ces Moisset, de père en fils, semblent avoir été de solides gaillards au cœur bien accroché et la compassion ne paraît pas avoir été leur vertu favorite. Le père pend et brûle les condamnés, leur coupe poings, pieds et oreilles. Son fils Savary, mis en apprentissage de bonne heure, agit pour le compte de son père. Ils ont l’humeur vive. Un jour, l’avocat des consuls ayant récusé le témoignage de Moisset père en portant quelques accusations contre lui, Savary se livra alors sur le porte parole de la communauté à des voies de fait dont les consuls durent demander réparation à la cour royale. Pourtant ces hommes rudes n’étaient pas des brutes sans culture ni intelligence. Ces exécuteurs sont des magistrats de haute et basse justice seigneuriale, ils ignorent seulement les faiblesses nerveuses de la sensibilité moderne… Gérald Moisset, seigneur de La Moissetie au XVème siècle, semble avoir été le dernier à porter le nom.
Les autres familles propriétaires
De son mariage avec Léonce de la Vaissière, Gérald Moisset eut une fille, Antoinette, qui épousa Guillaume de la Roque qui devint seigneur de La Moissetie. Ils sont les auteurs de la branche des la Roque-Montal. Leurs descendants habitèrent La Moissetie jusqu’au XVIIIème siècle. La propriété fut vendue à Géraud Sérieys puis cédée aux frères Montamat en 1785. L’un était curé de Maurs, l’autre curé du Trioulou. Ils la transmirent à leur neveu Martin Montamat dont les descendants habitèrent le château au XIXème siècle. C’est en 1910 que La Moissetie passa dans la famille Brunon. Il y a quelques années, Bernard de Massol, petit-fils du général Jean Brunon, vendit le château à M. Sénézergues.
La construction offre un aspect simple et dépouillé. Le corps de bâtiment rectangulaire est doté d’une tour en coin de façade. Cette tour a été entièrement remaniée au tout début du siècle dernier. Elle présentait à l’origine une forme rectangulaire recouverte d’un toit en pente et appuyée sur la façade. L’enclos renfermait autrefois une petite chapelle située à droite de l’entrée et qui a disparu au XIXème siècle.
Sources principales : archives familiales ; « Les Paix d’Aurillac » Roger Grand ; Archives Nationales (département des sceaux).Jean-Yves Brunon* * *
Prorpriété d'une personne privée, le château de la Moissetie, transformé en chambres et table d'hôte, ne se visite pas ... sauf si vous prévoyez d'y séjourner.