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LE COLLÈGE.

Avant l'établissement du Collège, les lettres étaient cultivées à Mauriac. La communauté des prêtres était nombreuse; on trouvait dans ce corps" et dans le monastère des hommes instruits et capables d'enseigner à la jeunesse les langues anciennes et la philosophie, ou plutôt la scolastique, qui étaient les principaux éléments de l'éducation à cette époque.

En 1539, Guillaume Duprat, évêque de Clermont, étant venu à Mauriac dans le cours de sa visite pastorale, il fut reçu par les prêtres, les gens d'église et les habitants fort honorablement, « et luy furent faites trois langues (harangues) latines et grecques, l'une â l'entrée de la porte , par les gens de la ville , l'autre à  l'entrée de l'église, par les gens d'église, et l'autre à sa retraite, pour la recommandation de toute la ville et église. » (montfort.)

Quelques années après cette visite, en 1545, Guillaume Duprat fut député par le roi François I°r pour aller au concile de Trente ; il assista aux sept premières sessions, tenues sous le pontificat de Paul III. Le concile ayant été suspendu et ensuite repris en l'année 1550, Henri II y députa de nouveau Guillaume Duprat. C'est à son retour du Concile qu'il introduisit les jésuites en France.

Par son testament du 25 juin 1560, il ordonna qu'il serait fondé trois collèges de la Société de Jésus : l'un à Paris, l'autre à Billom, au bas-pays d'Auvergne, et l'autre à Mauriac. Il légua 7,000 Kv. pour construire le Collège de Mauriac. 400 liv. tournois de rente à prendre sur le prévôt des marchands, 200 sols de rente, constitués par différents particuliers, à la charge par les consuls et habitants de Mauriac de dépenser 1,500 liv. pour acheter le terrain et pour faire les bâtiments du Collège; de plus, il légua 1,775 liv. de rentes annuelles pour être divisées par ses exécuteurs testamentaires entre les trois Collèges par lui fondés à Paris, à Billom et à Mauriac. Le Collège de Mauriac n'eut aucune part dans cette somme; mais, en compensation, les exécuteurs testamentaires chargèrent le Collège de Paris de nourrir quatre pauvres écoliers qui seraient choisis par les consuls de Mauriac et nommés par le recteur du Collège de cette ville. Plus tard, ces bourses furent réduites à une. Jusqu'à la révolution, la ville de Mauriac .eut le droit de disposer d'une bourse au Collège des jésuites de Paris, qui porta d'abord le nom de Collège de Clermont, et qui ensuite prit celui de Louis-le-Grand , qu'il a conservé et sous lequel il est devenu célèbre. Dans un mémoire écrit vers l'année 1763, pour engager les consuls à réclamer les quatre bourses fondées au Collège de Louis-le-Grand, je trouve le passage suivant : « Vous leur rappellerez (aux habitants de Mauriac) que , s'ils peuvent se glorifier d'avoir des concitoyens dans les Académies de Paris, c'est à ces places qu'ils le doivent. L'abbé Chappe, membre de l'Académie des sciences, avait fait ses études au Collège de Louis-le-Grand; c'est là que son goût pour les mathématiques s'était développé et qu'il avait pu approfondir cette science. C'est bien certainement à lui que fait allusion le passage que nous venons de citer.

Les consuls et les habitants de Mauriac s'empressèrent de remplir les intentions de Guillaume Duprat. Le concordat entre les exécuteurs testamentaires et les habitants est du 12 décembre 1563; ils furent bien au-delà : dans moins de dix années, la ville de Mauriac acheta les emplacements nécessaires pour l'établissement du Collège, donna 2,600 liv., fit construire à ses frais six classes, abandonna au Collège le bois du Suc-des-Ecoliers,, aujourd'hui bois de St-Jean, et quatre-vingts septerées de terre joignant le bois. Ces concessions ne furent pas les seules : diverses portions de communaux furent encore données, les unes pour être jointes aux prés de St-Jean, les autres pour agrandir l'enclos du Collège; on autorisa les jésuites à prendre une partie des fossés de la ville ; enfin, par contrats des 1 I septembre et 23 octobre 1606, et 30 mars 1608, les habitants donnèrent aux jésuites quinze maisons pour former l'enclos de leur établissement. La ville fit, comme on le voit, de grands sacrifices pour la fondation du Collège ; les dons des particuliers ne furent pas moins considérables.

Jeanne de Fontanges, douairière de Lavaur, par contrats des 2o décembre 1393 et 8 avrillo99, avait donné la somme de 12,091 liv. 9 sols; le revenu de 8,691 liv. devait être employé annuellement à la nourriture et entretien, à Mauriac, do douze pauvres et de leur précepteur, et le revenu des 2,400 liv. restant devait être payé à un homme de bonnes vie et mœurs qui prêcherait annuellement en l'église paroissiale de Mauriac les Advents et Caresmes. Les jésuites s'approprièrent ces legs, et ne remplirent d'autre charge que celle de la prédication des Avents et Carêmes.

Jean Servanton, curé d'Arches, donna, par différents contrats, une somme de 20,000 liv , sans autre charge que celle d'employer annuellement 100 liv. à l'entretien de la bibliothèque.

Le 27 septembre 1641 , Pierre de Douhet, seigneur d Auzers, fit donation de ses biens à Marion, son fils aîné, et lui substitua Gilbert, son cadet; et, dans le cas de leur décès sans enfants, leur substitua les jésuites du Collège de Mauriac pour recueillir sa succession. L'aîné entra dans la société et devint recteur du Collège, de Mauriac; le cadet décéda sans postérité. Son décès occasionna entre 1rs héritiers et les jésuites un procès que ceux-ci gagnèrent par un arrêt du grand conseil, du 19 septembre 1678; mais cet arrêt ne termina pas toute la contestation, car, en adjugeant tous les biens de Pierre de Douhet aux jésuites, le grand conseil avait réservé aux héritiers la légitime de Gilbert. C'était un nouveau sujet de contestation qui fut terminé par une transaction du 2 octobre 1689. Les jésuites profitèrent, dans la succession d'Auzers , de 29,700 liv., de la terre de St-Christophe , évaluée 20,000 liv., et de tous les revenus de la terre d'Auzers depuis 1678 jusqu'en 1689, estimés à 65,000 liv. Il parait, en outre, que, par un contrat du 25 avril 1655, le seigneur d'Auzers leur avait donné cent vingt septerées de terre, des prés produisant soixante-dix charretées de foin et des pâturages suffisants pour deux paires de bœufs. Ces biens, qui avaient été acquis d'un sieur Domal, furent réunis au domaine de St-Jean.

Le cardinal de Larochefoucaut, ancien évêque de Clermont, doit être aussi nommé parmi les bienfaiteurs du Collège de Mauriac. Par un contrat du 10 mars 1612, il donna 14,400 liv. qui devaient être partagées entre les Collèges de Billom et de Mauriac, et, le 10 juin 1644, il donna 18,000 liv. pour être également partagées entre les Collèges de Billom, de Mauriac et de Montferrand. Cette donation avait été faite à la charge de faire, de deux en deux ans, des missions dans le diocèse,.

En 1693, Georges Guérin , docteur en théologie , curé de St-Martial de Paris, originaire de Mauriac, légua 6,000 liv pour la fondation d'une chaire de philosophie.

Vers l'année 1637, Charles d'Estaing, prieur de St-Martin-Valmeroux, résigna ce bénéfice en faveur du Collège de Mauriac auquel il fut uni.

Le 6 août 1750, M. Bonnefon, titulaire du prieuré de St-Laurent du Vigean, s'en démit pour être uni et incorporé au Collège de Mauriac, sous la réserve des fruits sa vie durant, et à condition que les jésuites établiraient un second cours de philosophie. Les religieux du monastère de Mauriac et le curé du Vigean ayant formé opposition à cette union, il s'ensuivit un procès devant l'ofiicial et devant le parlement de Paris. Les jésuites obtinrent des lettres-patentes de confirmation du décret de l'évêque de Clermont, portant que le prieuré serait uni au collège de Mauriac ; et, toutes les parties ayant donné leur consentement à l'enregistrement des lettres-patentes, il intervint, le 16 décembre 1754, un arrêt du parlement qui ordonna qu'elles seraient enregistrées, ° pour, par les jésuites, jouir de l'effet d'icelles. M. Bonnefon décéda le 27 mars 1762. Les jésuites prirent possession du prieuré le lendemain, 28 du même mois; ils n'en jouirent pas lontemps, leurs biens ayant été mis sous le séquestre dans la même année.

Les donations que nous venons de rappeler ne furent pas les seules; beaucoup d'autres moins importantes furent faites par le seigneur de Mazerolles, par le seigneur de Saint-Chamand du Pescher, par le sieur Dubois, seigneur d'Embort, et quelques autres, ° sans compter les dons secrets et inconnus que les jésuites se » sont attirés, et qui surpassent tous ceux dont il a été fait mention.

(Factum des consuls de Mauriac au roi, 1693, imprimé)

Les biens connus du Collège de Mauriac, à l'époque de l'expulsion des jésuites, consistaient:

1° Dans le domaine de St-Jean et le pré près le Collège, affermé. . 2,8501iv.

2° Dans celui de Laroche, acheté en 1643, affermé 900

3° Dans le prieuré de St-Martin-Valmeroux, loué au curé, quitte de

toutes charges 150

4u Dans la terre de St-Christophe, achetée en 1671 et affermée ... 450

5* Dans différents cens et rentes, produisant 172

6* Dans les deux contrats sur les aydes et gabelles, produisant 325

7° Dans vingt-un contrats de constitution de rentes, produisant. ... 178

 8° Dans le prieuré de St-Laurent du Vigean, affermé.. 1,630

Total du revenu du Collège de Mauriac.. 6,675

Dans le compte rendu du 15 septembre 1763 par le président Rolland aux chambres du parlement assemblées, il porte les revenus à 7,675 liv., par une erreur d'addition.

 

Les charges étaient de deux natures : les unes portaient sur les biens, les autres provenaient des fondations.

1° Tailles sur le domaine de Laroche                                                      189  2°

2* Cens seigneurial sur le domaine de Laroche ………………………….82 12 11

3° Tailles sur le domaine de St-Jean                                                        600        

4° Cens seigneurial sur ce domaine                                                          39   2   6

5° Fondation pour un service pendant l'octave du St-Sacrement.       20

6° Pour le prédicateur de l'Avent et du Carême                                   200

7° Aux prêtres communalistes, aux filles de Ste-Agnès et aux

pauvres honteux                                                                                            140

8° Décimes du Collège .                                                                            250

9° Entretien de la sacristie 150

10° — des bâtiments, des domaines et du Collège. .                           300

11° Portion congrue du curé et secondaire du Vigean                        450

12° Redevances aux bénédictins de Mauriac                                       260

13° Entretien de l'église du Vigean                                                           100

14° Au curé du Vigean, pour les novailles                                                 12

15° A l'abbé de Mauriac et au vicaire de St-Benoit                                 72

16° Plus, pour les décimes                                                                          259

Total                                                                                                           3,143 17 7

Le revenu montait à, 6,675 liv.

Dès son origine, le collège de Mauriac avait été convenablement doté, et chaque siècle avait vu sa dotation s'accroître. A l'époque de sa fondation et pendant près d'un siècle, ce fut le seul Collège de la Haute-Auvergne. Aussi les élèves y affluaient-ils de toute cette partie de la province et de la province voisine dit Limousin. Le nombre des élèves était considérable; il était évalué, en 1762, par les officiers de justice d'Aurillac, à un chiffre moyen de 300 à 350. Les éludes; étaient florissantes, et il en était sorti un grand nombre d'hommes distingues. C'est dans ce Collège que l'académicien Marmontel avait fait ses études, et que l'abbé Chappe avait commencé les siennes. Dans le factum que nous avons déjà cité, les consuls de Mauriac, en demandant le maintien de deux classes que les jésuites voulaient supprimer, exposent au roi le bien qu'a produit l'établissement du Collège. « C'est ce Collège, disent-ils, si nécessaire au public, que, depuis son établissement, l'hérésie n'a eu, dans cette partie de la province d'Auvergne, aucun advantage considérable. Ce Collège, célèbre par le nombre des hommes illustres qu'il a élevés, et qui ont rempli et remplissent dignement les plus importantes places de l'Eglise et de l'Etat, et qui font tout ensemble honneur à leur nom et au Collège. Si les consuls et habitants de Mauriac ne craignaient de blesser la modestie des grands hommes ou celle de leurs successeurs, il leur serait aisé de faire voir à Votre Majesté que ce Collège a élevé des abbés chefs d'ordre, des vicaires généraux et officiaux en nombre, plusieurs auditeurs de Rote, des présidents, conseillers en vos parlements et autres cours supérieures, et finalement un grand nombre de prêtres et religieux qui se sont distingués, au dedans et au dehors du royaume, par leurs vertus, leur doctrine et par leurs écrits, qui seront des monuments éternels de la nécessité de ce Collège, sans le secours duquel les pères jésuites mesmes ne posséderaient pas des grands hommes auxquels la compagnie, prévenue de leur mérite personnel, de l'étendue de leurs lumières et de leur sagesse consommée , a confié et confie en ce » royaume les plus grandes et importantes affaires. » (Factum des consuls, p. 6.)

Au moment où les jésuites furent expulsés du Collège, sa prospérité n'avait pas diminué. D'immenses approvisionnements de matériaux avaient été faits pour le reconstruire sur un plan plus vaste. Les bois, la chaux étaient sur place, la pierre était taillée; on allait se mettre à l'œuvre au moment où tous les biens des jésuites furent séquestrés et leur société dissoute. La ville de Mauriac était attachée aux jésuites ; elle désirait leur conservation, et elle ne craignait pas de faire leur éloge au moment où ils étaient attaqués de toutes parts. Dans un mémoire adressé au parlement par les habitants de Mauriac, ils exposent que, « grâce aux soins, aux prières et aux bons exemples des jésuites, ce Collège forme d'excellents sujets; c'est une vérité que l'évêque et l'intendant ne sauraient méconnaître, et sur laquelle la ville réclame leur suffrage... Il n'y a pas un citoyen qui ne soit d'accord que tout ce qu'il sçait, il le tient des jésuites; qu'il n'a reçu d'eux que d'excellents principes de religion et d'éducation; que , dans tous les temps , il les a, vus se comporter avec une édification salutaire et exemplaire. Cette conduite a de leur part, les secours qu'ils prêtent journellement par la prédication, les confessions , pour l'instruction du peuple et principalement pour la bonne éducation de la jeunesse, donnent lieu de croire qu'ils ne sauraient être que  très-imparfaitement remplacés. »

En s'exprimant ainsi, les habitants de Mauriac faisaient fort mal leur cour au parlement : ce n'étaient pas des éloges qu'on leur demandait, mais plutôt des accusations contre les jésuites. Aussi, le président Rolland ne manque-t-il pas de dire, dans son rapport, que les habitants et les officiers de justice qui ont appuyé ce mémoire sont dans l'erreur.

Pendant que les habitants de Mauriac perdaient leur temps à défendre les jésuites, les habitants d'Aurillac et les officiers royaux de cette ville prenaient leur parti et agissaient. Ils traitaient avec l'Université, demandaient la suppression du Collège de Mauriac et la réunion de ses propriétés au Collège d'Aurillac. Ils rédigèrent plusieurs mémoires, dont l'un était divisé en trois points : dans le premier on démontrait la nécessité de conserver des écoles publiques dans la Haute-Auvergne, dans le second on faisait voir que le Collège d'Aurillac était un de ceux qui devaient être conservés, dans le troisième on voulait prouver « que le Collège  de Mauriac est, non seulement inutile , mais très-préjudiciable au bien de la province, et qu'il doit résulter des avantages considérables de sa suppression el de la réunion de ses revenus au collège d'Aurillac. » Les motifs que l'on présentait comme décisifs étaient au nombre de trois : « 1° La suppression du Collège de Mauriac  amènera la diminution des écoliers, ce qui augmentera le nombre des cultivateurs; 2° l'éducation que les écoliers recevront à Aurillac sera bien meilleure qu'à Mauriac (on ne dit pas pourquoi) ; 3° il y aura augmentation du commerce et de la consommation d'Aurillac. » *

Pendant que la ville d'Aurillac prenait tous les moyens possibles pour obtenir la suppression du Collège de Mauriac, les habitants de Mauriac lui donnaient de nouvelles armes contre eux.

Le 6 septembre 1762, un huissier ayant voulu procéder à la vente des meubles délaissés par les jésuites, et ayant compris dans sa vente des planches et matériaux destinés à la reconstruction d'une partie du Collège, cette vente excita un mouvement que l'huissier appela sédition et révolte; il en dressa procès-verbal. Le procureur du roi rendit plainte le 9; le même jour intervint une ordonnance portant permission d'informer. Le lieutenant-général d'Aurillac se transporta sur les lieux où, après avoir dressé différents procès-verbaux, il procéda à l'information les 13, 14, 15, 16 et 17 septembre, et le 23, il prononça dix décrets, savoir: six de prise de corps et quatre d'ajournement personnel.

Les habitants de Mauriac se réunirent, et, le 14 septembre, ils rédigèrent un mémoire portant, dit le président Rolland, « des plaintes amères contre les officiers d'Aurillac, qui ont cherché à dégrader le Collège pour le faire supprimer et en réunir les biens à celui de leur ville. » Pour prouver que les officiers d'Aurillac ont voulu ruiner le Collège de Mauriac, les habitants mettaient en fait que, non seulement on avait vendu tous les meubles meublant les classes, mais même une marmite de cuivre enchâssée dans le mur de la cuisine, qu'il a fallu pour cela démolir en partie. Ils demandaient que, vu l'intérêt particulier des habitants d'Aurillac à dégrader et anéantir le Collège de Mauriac , qu'il plût à la Cour de conférer à la sénéchaussée de Clermont l'exécution des arrêts qu'elle rendra relativement au Collège de Mauriac.

Nous n'avons pas pu retrouver ce mémoire. Le président Rolland dit qu'il était bien fait, et contenait de bonnes vues sur l'administration du Collège et de ses biens; il n'en cite qu'un assez long passage dans lequel les habitants s'excusent d'avoir fait l'éloge le plus flatteur des ci-devanl soi-disanl jésuites. «  Nous étions dans la bonne foi, disent-ils, les apparences étaient pour eux ; nous ne connaissions ni la méchanceté, ni la perversité de leur doctrine et morale, ni la leur. » Ils les accusent ensuite d'avoir vendu les provisions et les bestiaux, de s'être fait paver les arrérages de rentes, d'avoir spolié la congrégation des écoliers en enlevant les vases sacrés, et d'avoir disposé de leur mobilier et des ornements de leur église en prétextant  indignement que c'était leur bien.

Ce mémoire eut un plein succès; le Collège de Mauriac fut confirmé par des lettres-patentes du roi, données à Versailles, le 20 juin 1765, sur la demande des habitants de Mauriac et de l'évêque de Clermont. Le août 1768, le parlement rendit un arrêt de règlement pour l'administration du Collège, et l'exécution en fut confiée au lieutenant-général du bailliage de Clermont-Ferrand.

Par des lettres-patentes dont je n'ai pas la date précise, le Collège de Mauriac fut autorisé à prendre le titre de Collège royal. Il fut confié à des prêtres séculiers. Le nombre des élèves se maintint à 300 jusqu'à la révolution. A cette époque, on remplaça les prêtres par des professeurs laïques. Mais cette institution nouvelle n'eut pas de durée; le Collège fut fermé, la chapelle devint le lieu de réunion des assemblées populaires, et la gendarmerie fut casernée au Collège. Les bâtiments n'avaient pas4été vendus, et le domaine de St-Jean avait été conservé à la ville par quelques citoyens qui l'avaient acheté de la nation.

Aussitôt que l'ordre fut rétabli et qu'un gouvernement réparateur fut constitue, une école secondaire remplaça le Collège. Elle fut dirigée par des ecclésiastiques, et, jusqu'à ce jour, les professeurs des hautes classes et le principal ont toujours été choisis dans le clergé.

Le nombre moyen des élèves est de 90 à 120. Dans les dix dernières années, le Collège a été complètement restauré, les classes ont été assainies, les bâtiments recouverts ; un vaste dortoir a été établi pour les pensionnaires ; les chambres des professeurs ont aussi été réparées.

Il y a au Collège une bibliothèque ouverte au public; on y trouve quelques anciennes éditions précieuses, une collection des classiques grecs et latins, celle des monuments de l'histoire de France, publiée par le Gouvernement, et d'autres bons ouvrages.