cp

CHARTE DE FONDATION DU MONASTERE DE ST-PIERRE-LE-VIF-DE-SENS, PAR CLOVIS.

Dom d'Yeppes, dans son histoire de l'Ordre de St-Benoit; le Père Labbe, dans ses Miscellanea euriosa; le Père Lecointe, dans les Annales ecclesiaslici Francorum , et enfin le Père Dominique de Jésus ont publié cette charte. Le Père Lecointe, t. 2, p. 48, en discute l'authenticité, et il démontre de la manière la plus évidente qu'elle est fausse et supposée; elle est datée de la troisième année après le baptême de Clovis, indiction première, l'an 500; or, l'an 500 ne correspond ni à la troisième année du baptême de Clovis, ni à l'indiction première. En effet, Clovis ayant été baptisé à la Noël de l'année 496, la troisième année après son baptême était l'année 499; l'indiction de l'an 500 était la huitième.

Clovis y fait don à Théodechilde, sa fille, des terres que le duc Basolus possédait dans l'Aquitaine, dans les provinces d'Auvergne, du Limousin et de Périgord; ce ne fut qu'après la bataille de Vogladen , c'est-à-dire en 507, que Clovis devint le souverain de ces provinces.

La charte est signée par saint Germain, évêque de Paris; par saint Médard, évêque de Noyon, et par saint Austregisile, archevêque de Bourges, qui ne furent élevés à l'épiscopat que beaucoup plus tard. Le premier, vers l'an 555; le second, en 530, et le troisième, en 614.

On donne à l'un d'entr'eux le titre d'archevêque, et à cette époque ce titre était inusité dans les Gaules. On trouverait encore d'autres preuves de fausseté dans le style et les formules qui ne sont pas do l'époque; mais celles que l'on a données sont tellement concluantes, qu'il est inutile d'insister.

Toute fausse qu'elle est, cette charte n'est pas sans valeur historique; la copie sur parchemin qui était conservée au monastère de Mauriac, et qui est aujourd'hui perdue, était fort ancienne. Pierre Soustre, notaire et archiviste, dans l’inventai!e des titres de Mauriac, et le baron de Tournemine à qui nous devons l'unique copie de cette charte qui se soit conservée, l'un et l'autre paléographes habiles, attestent qu'elle était de l'écriture du XII° siècle Elle contenait de plus que celles qui ont été publiées, le dénombrement des châteaux, des églises, des villas situées en Auvergne, dont Clovis dotait le monastère de Sens. Ce territoire formait un triangle limité d'un coté par la Dordogne, et des deux autres par la Rue et la Maronne; le puy Mary, qui formait le sommet de l'angle, est nommé dans la charte. Au-delà de la rivière de Rue, il n'est fait mention que de la chapelle de Bort, du village de Chanterie, en Limousin , que l'on comprend dans l'Auvergne, et du village de Granges. Il est à remarquer que Mauriac, ni aucun des villages de cette paroisse, qui ont toujours dépendu du monastère de Mauriac, n'y sont nommés; il est évident qu'on voulait faire croire qu'alors ils n'existaient pas et qu'ils devaient leur origine à l'établissement du monastère. On y fait mention de l'église dédiée à saint Bonnet, sans faire attention que le seul saint qui ait porté ce nom était évêque de Clermont, qu'il vivait au VII° siècle et qu'il est mort au commencement du VIII°, en 707, près de deux siècles après Clovis. Toutefois, en ne donnant à ce dénombrement que la date du XII° siècle, ce n'en est pas moins un des documents qui répand le plus de lumière sur la géographie historique de l'ancien archiprêtré de Mauriac au moyen âge; Il est encore intéressant sous le rapport philologique; on y voit l'ancienne forme des noms de lieu, et ou peut juger des modifications qu'ils ont subies dans l'espace de sept à huit siècles. Quoique dans le Dictionnaire on ait indiqué avec soin tous les lieux mentionnés dans la prétendue charte de Clovis, j'ai pensé qu'il serait utile de donner, dans une appendice, le dénombrement dans son ensemble, en indiquant, dans une première colonne, le nom du lieu tel qu'il est écrit dans la charte, et dans la seconde, le nom moderne avec celui de la commune où il est situé. J'ai eu pour cela deux raisons : c'est que les anciens noms ne sont pas rapportés dans le Dictionnaire, et que la ressemblance de quelques noms a fait considérer à tort quelques lieux situés hors de l'archiprêtré de Mauriac, comme étant mentionnés dans la charte. En groupant les noms suivant le rang qu'ils ont dans la charte, les erreurs ne seront plus possibles, car on remarquera que l'ordre géographique y est fidèlement observé