Christian Estève est né dans le Cantal en 1956, il a commencé sa carrière d’instituteur dans le département avant de la poursuivre et de la terminer à Paris. Parallèlement, il a mené des études d’histoire jusqu’à la soutenance d’un doctorat portant sur les mentalités et les comportements politiques des Cantaliens dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Auteur de plusieurs livres consacrés le plus souvent à la criminalité locale, il a aussi publié de nombreux articles sur l’histoire politique et religieuse du département, ainsi que sur celle de la chasse en France. Après avoir terminé son importante étude sur les prêtres du diocèse de Saint-Flour sous le Concordat (1801-1905), il poursuit, depuis plusieurs années, l’étude de l’épuration (1943-1946) dans le département.
2025 est une année riche en parution pour Christian Estève avec Le Cantal en soutane en 4 tomes :
Du Concordat de 1901 à la séparation des pouvoirs de 1905, près de 1700 prêtres ont été ordonnés dans le diocèse de Saint-Flour. Ce chiffre ne reflète pas la réalité des vocations, en raison de phénomènes migratoires qui conduisaient de jeunes aspirants à une vie spirituelle vers d'autres diocèses ou des congrégations. Si ces derniers nous échappent, l'étude menée ici appréhende la trajectoire individuelle (naissance, vocation, formation, vie spirituelle et intellectuelle, sociabilité, conditions matérielles, carrière et décès) de ceux qui restaient. Qui étaient-ils ? Quelles étaient les caractéristiques du "bon prêtre" ? Telles sont les premières questions après l'examen d'une remise en route matérielle et humaine du diocèse rendue nécessaire par les séquelles de la tourmente révolutionnaire. Mais cette somme en 4 volumes est aussi une porte ouverte sur les populations cantaliennes du XIXe siècle. A travers le rapport du prêtre avec ses fidèles, il nous éclaire sur leurs pratiques religieuses et leurs croyances. Sa présence, discrète ou bruyante, au sein du village, est aussi et surtout un moyen de pénétrer la vie quotidienne séculière de ces populations.
En 2016, il a publié, aux Editions C.-E., un imposant ouvrage de 735 pages, Le rossignol ne chantera plus dont voici un extrait de la 4e de couverture :
"Quand au matin du 8 février 1815 fut retrouvé dans le jardin de l'ancien hospice, pendu à un portail par ses bretelles, le corps sans vie du dénommé Rossignol, la ville d'Aurillac fut saisie de frayeur car il s'agissait bel et bien d'un assassinat. Puis... plus rien ou si peu.Une béance qui inciterait à faire de ce simple crime, d'abord l'histoire de la justice, non pas qui avait récemment germé dans les cerveaux des juristes impériaux, mais celle qui se pratiquait au loin de la capitale. Dans une ville préfectorale, espace ô combien étriqué où se déployaient, s'exerçaient jeu des influences et force des connivences. Ce livre s'attache donc à suivre les errements d'une enquête, ayant pour but de ne pas identifier les assassins, dont fut peut-être le maître du château de La Vigne, criminel patenté qui ne fut jamais jugé pour ses autres crimes. Et, lorsque la justice rattrapa bien des années plus tard quelques seconds couteaux, désignés durant les premières heures de l'après-crime, le jury populaire ne voulut point les condamner. Il se termine enfin par une enquête retentissante dont le prévenu ne fut autre que le juge d'instruction chargé d'enquêter sur... le premier forfait."
Toujours en 2016, Christian Estève publie aux Editions de Borée Un siècle de faits divers dans le Cantal coécrit avec Jean-Pierre Serre :
S'intéresser aux faits divers, c'est comme s'inviter à un vide-greniers de l'histoire : les objets sont disparates, coupés de leur contexte. Face à cet amoncellement désordonné d'événements, sans ordre, sans lien, l'historien se transforme en chiffonnier du temps : recueillant des bribes d'histoires amusantes, tragiques ou simplement banales, mais toujours empreintes d'une singularité propre, il doit, s'appuyant sur le soubassement de la grande Histoire, en saisir les diverses facettes et en rendre les multiples échos.
Le caractère hétéroclite du ramassage prend alors un tout autre sens. Redonner vie à de menus faits c'est, comme dans une enquête policière, tenter, parfois réussir, de faire resurgir du chaos apparent les grandes lignes de l'Histoire. Les deux guerres mondiales, malgré les sonneries de clairons d'armistice, semblent ainsi perdurer avec la fête des « poilus », les inaugurations de monuments aux morts de la Résistance, les vols de cartes de rationnement dans les mairies ou encore, plus grave, le triple parricide de 1920 à Laroquevieille, Ussel et Lanobre, symptôme des séquelles des conflits.
Le fait divers, dans une plaisante incidence, montre aussi l'ouverture du département sur le monde : la presse confectionne, pour les agriculteurs, un petit lexique à l'usage de leurs prisonniers de guerre allemands, et les soucoupes volantes se gardent bien d'éviter la région ! Au progrès - eau courante à l'évier, téléphone automatique, autoroute, etc. - se mêlent toujours les désordres familiaux, les éternels accidents de voitures…, quand ce n'est pas la chute d'un hélicoptère à Pierrefort ! Tout cela donne à ce livre un tour orageux, parfois sombre comme l'âme cantalienne…
Publié en 2011 aux Editions Gerbert, Le crime de la Saint-Mary de Mauriac nous plonge dans les préparatifs de la plus grande foire de l’année. Le 8 mai 1825, la ville bruisse d’activités quand un domestique découvre dans le bassin d’une fontaine le corps de l’aubergiste, Pierre Delmas. Médecins et autorités concluent à un suicide. Puis, peu à peu, les langues se délient. Il y a eu assassinat. Suivent des arrestations qui s’échelonnent au cours d’une instruction qui dure près d’un an… En étudier les péripéties et les différents rebondissements jusqu’au pied de la guillotine à Riom, c’est aussi l’occasion de se plonger au cœur de la société d’une petite ville de 3000 habitants, au parfum de ruralité.
En 2008, paraissent aux Editions de Borée Les grandes affaires criminelles du Cantal, ouvrage dans lequel Christian Estève et Jean-Pierre Serre nous dévoilent deux siècles d'histoires criminelles, de l'affaire Marie Coussin en 1799, à celle d'Henri Rattier en 1956. "Vol sacrilège à Chastel-Marlhac", "Jésus-Christ au prétoire", "guet-apens dans la vallée de la Rhue" sont autant de chapitres qui exiteront votre curiosité. S'appuyant sur des dossiers d'instruction et la presse, les auteurs s'interrogent sur les aléas d'une justice populaire et composent une oeuvre digne d'un vrai roman noir ! Crime après crime pointe ainsi avec horreur la face sombre d'une société, qui n'est pas celle du "bon vieux temps" qu'on nous raconte souvent. Du monde des burons à celui des petites villes, des pentes du Puy Mary aux profondes vallées de la Truyère ou de la Dordogne qui l'encerclent, le cantal est une terre contrastée. Les volcans ne sourdent pas sur l'ensemble de son territoire, mais le feu couve partout. A l'image du climat, le pays est dur. La passion de la terre alimente l'âpreté des hommes, la pauvreté des uns commandent les gestes désespérés, la malice ou l'envie des autres conduisent aux pires extrémités.
L'ouvrage sera suivi d'un deuxième tome, publié en 2012, Les nouvelles grandes affaires criminelles du Cantal, toujours aux Editions de Borée.
En 2007 parait Histoire d'un leveur du nord-Cantal aux Editions C.-E. Le terme de leveur est une invention du seul arrondissement de Murat. Des le début du XIXe siècle, il désignait les colporteurs de la région qui usaient de moyens crapuleux pour leur commerce. François Chabrier de Condat fut l'un d'eux. Plusieurs fois condamné par contumace, finalement enfermé au bagne de Brest, il s'en évada et revint se cacher dans la vallée de la Rhue ... Mais, au-delà de l'évocation de cette trajectoire individuelle, ce livre retrace d'abord l'histoire d'une région et l'epopee de tous ces hommes qui, dès leur plus jeune âge, partaient sur les routes pour tenter de faire fortune, dussent-ils pour cela prendre bien des libertés avec la loi.
Toujours en 2007, Christian Estève publie À l’ombre du pouvoir, sous-titré Le Cantal du milieu du XIXè siècle à 1914 (collection « Études sur le Massif central », Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2002, 559 p., préface de Jean-Luc Mayaud) dans lequel il analyse six décennies de l'histoire politique du Cantal.
DTF, avril 2025