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LES CARMES.

M. Raulhac, dont j'ai déjà eu occasion de citer les travaux importants et consciencieux, s'exprime ainsi, à propos de la fondation du couvent des Carmes à Aurillac.

Le temps précis de l'établissement des carmes à Aurillac n'a point été assigné > ni par nos annales, ni par les historiens de l'Auvergne. On trouve cependant, dans nos manuscrits et dans des pièces imprimées, que cette fondation fut faite entre l'an 1300 et 1360; mais les registres de l'Hôtel-de-Ville peuvent cependant fixer nos idées là-dessus. Il est dit, dans une délibération du conseil municipal, prise le 1er mai 1558, que ces pères firent, lors de leur installation, en 1300, un contrat avec nos consuls, contrat par lequel chaque nouveau prieur » de leur couvent serait tenu de venir prêter serment entre les mains de ces magistrats. En cela, s'il me semble, est bien déterminé l'époque de leur arrivée en » cette ville. »

En conséquence, nous croyons pouvoir fixer à l'année 1300 la fondation du couvent des Carmes à Aurillac, par les soins et aux frais de Géraud de Ganhac, propriétaire de l'affar et du château de Ganhac, paroisse d'Arpajon. Cette famille, alors distinguée, s'est éteinte depuis.

Les carmes étaient établis au-dessous des cordeliers, à l'endroit où est aujourd'hui le couvent de Sle-Claire. Ils ont fourni un abbé au monastère d'Aurillac, Gratien de Villeneuve, le quarantième dans la série de nos abbés. Géraud Vigier, vulgairement appelé le père Dominique de Jésus, carme d'Aurillac, est l'auteur de la vie des Trois Saints d'Auvergne, ouvrage curieux par les nombreuses recherches qu'il contient et qui annonce, de la part de l'auteur, une grande érudition, jointe à peu de critique; mais, c'était le défaut de son siècle plus que le sien ; nous ne lui devons pas moins de reconnaissance, car, sans lui, nous saurions peu de chose de notre histoire.

J'ai déjà dit que l'église et le couvent des carmes avaient été détruits par les protestants en 1569. Les consuls donnèrent 16,000 liv. pour les reconstruire, mais, à peine les bâtiments étaient-ils achevés, en 1628, que la peste emporta presque tous les pères, victimes de leur dévouement; il n'y en eut que deux épargnés par la contagion, ainsi que je l'ai déjà dit.

En 1704 le père Delzons, provincial des Carmes, connu en religion sous le nom de père Benoît, fit faire le clocher et l'horloge de son couvent. En 1708 il fit faire l'autel en marbre qui décore aujourd'hui l'église paroissiale des Cordeliers.

L'église des Carmes était, comme celle des Cordeliers, à une seule nef, mai* beaucoup plus large et plus belle. Au-dessus du maître-autel qui est aujourd'hui à l'église Notre-Dame, était placé le baldaquin qui couronne le maître-autel de la paroisse St-Géraud. Ce baldaquin était soutenu par six colonnes que l'on a aussi transportées dans cette dernière église, où elles sont absolument inutiles. Lorsque toutes les décorations de cet autel étaient réunies, il devait être fort riche et d'un bel effet.

La Révolution n'épargna pas plus l'église des Carmes que celle de la paroisse. Aujourd'hui il n'en reste pas pierre sur pierre à l'endroit où elle était située; mais, dans la rue du Collège, on peut voir encore une des portes dont M. Lasmoles, expert, avait acheté les pierres qui forment aujourd'hui le portail des maisons