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 LA CHARITÉ DU ST-ESPRIT.

Les consuls d'Aurillac, outre les nombreuses attributions que nous avons déjà fait connaître, en avaient encore une fort importante. Il y a toujours eu et il y aura toujours, malheureusement, des pauvres; de même qu'il y aura toujours des hommes valides et des infirmes. Voilà pourquoi la Religion fait un précepte rigoureux de la charité. Dans le Moyen-Âge les institutions charitables étaient très nombreuses, et, pour les perpétuer aussi longtemps que possible, au lieu de sommes à distribuer immédiatement, tous les donateurs fondaient, suivant leurs moyens, des rentes foncières perpétuelles. Toutes ces rentes réunies formaient un revenu annuel considérable, principalement en grains, que les consuls distribuaient aux pauvres à la Pentecôte, dans les trois consulats dont j'ai parlé. C'est ce qu'on appelait la charité du St-Esprit, probablement à cause de l'époque où se faisait cette distribution. Il est bien peu de testaments des XII°, XIV° et XV° siècles dans lesquels on ne trouve une disposition en faveur de cette charité, dont l'origine est entièrement inconnue. Le grain seul qu'elle distribuait s'élevait au moins à deux cents septiers annuellement.

Presque toutes ces rentes ont été perdues à la Révolution. C'est le résultat le plus net de toutes les commotions politiques. On prétend toujours les faire dans l'intérêt des classes souffrantes, et ce sont elles qui en sont les premières victimes. Les anciennes institutions civiles s'écroulent, mais la charité chrétienne leur survit et s'efforce de continuer le bien qu'elles ne peuvent plus faire. C'est ainsi que l'archiconfrérie du St-Esprit, établie à Aurillac avec l'autorisation de frère Antoine de Cardaillac, 41e abbé, par Jean Rebier, prieur de Thiézac, son vicaire-général, le 1e r mai 1512, confirmée par Charles de Noaillcs le 16 septembre 1630 et par M. le cardinal de Gèvres en 1691, continue encore de nos jours, autant que la modicité de ses revenus le lui permet, la distribution de pain que faisaient autrefois nos consuls.