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 CHATEAU ET ÉGLISE ST-ETIENNE.

Cet ancien édifice, qui domine la ville d'Aurillac, est composé en ce moment de plusieurs bâtiments irréguliers de diverses époques. La tour carrée elle-même porte encore les traces de plusieurs constructions d'âges différents.

Des fondations, à la hauteur de cinq mètres environ, on peut reconnaître les restes de l'édifice primitif en pierres brutes, ou du moins le cachet du XI° siècle. Le premier et le second étage semblent accuser le XIII° siècle, et l'on peut supposer qu'ils ont été rebâtis après que la révolte armée des habitants d'Aurillac contre leur abbé eut été apaisée. Enfin, le sommet de la tour, bien qu'abaissée aujourd'hui, laisse soupçonner une réparation postérieure aux guerres de religion du XVI° siècle ou de cette époque.

La chapelle ou l'église du château, que nous avons eu la douleur de voir détruire de nos jours, était, avant la Révolution, une paroisse sous l'invocation de saint Etienne. C'était un joli morceau d'architecture gothique. Elle communiquait au château par un passage voûté qui existe encore. En 1568 la crainte des protestants avait fait murer la grande porte du château et l'on n'y arrivait que par ce passage.

Les abbés d'Aurillac résidaient souvent au château de St-Etieune ; ils y entretenaient un capitaine et une petite garnison. N.-Pierre de Selves, damoiseau, seigneur de St-Victor, était châtelain de St-Etienne en 1347; Nicolas Bombardel l'était en 1425, et Juan Bombardel en 1467 ; Blaise de Carrière en 1568 et 1589; c'était un officier distingué de la maison de Chavagnac. François de La Grange était capitaine du château de St-Etienne en 1659, et Jacques de Montal, sieur de Salvagnac, le remplaçait en 1660; enfin, en 1704, cette charge était confiée à Charles de St-Gille.

M. Beynaguet, dernier prieur ou curé de St-Etienne, a légué, au collège d'Aurillac, une rente annuelle de 15 francs pour une médaille d'argent qui s'accorde chaque année au meilleur discours latin fait par les élèves des hautes classes.

En 1791 la municipalité d'Aurillac vendit le château et la chapelle de St-Etienne à Mme de Fontanges de Velzic. Ils étaient devenus la propriété de Mgr de Marguerye, évêque de St-Flour, qui y avait placé les missionnaires du département pour s'y reposer pendant quelques semaines des fatigues de leur ministère. Mais, la ville d'Aurillac vient de racheter tout cet enclos ; il est occupé en ce moment par l'école normale primaire du département, confiée à la direction éclairée des Frères de la Doctrine chrétienne. Cette école contient vingt-cinq élèves-maîtres, séparés en trois divisions. Le cours entier des études y est suivi avec succès, et les élèves peuvent profiter à la fois et des leçons et des bons exemples que les dignes frères leur donnent tous les jours, en s'oubliant eux-mêmes et se sacrifiant pour l'accomplissement de leur sainte mission.

La vue dont on jouit de la terrasse du château est délicieuse : c'est un panorama vivant et varié, comme on n'en trouve que dans les pays de montagne. Le bâti-» ment, en lui-même, n"a rien de remarquable; mais, quand on ouvre les portes qui font communiquer ensemble quatre grandes pièces flanquées d'une élégante tourelle à chaque extrémité, le contraste que présente, d'un côté, la vue des hautes montagnes de la chaîne du Cantal, et, de l'autre, la riche plaine qui s'étend au dessous d'Aurillac est d'un effet vraiment magique. La ville d'Aurillac déploie au-dessous du château tous ses bâtiments, un peu trop uniformes, il est vrai; mais, vue de haut et encadrée par de beaux arbres, une rivière au cours capricieux, plusieurs canaux et de riches prairies, le tableau n'est pas sans grâce et sans beauté.

RECLUSERIE8.

Il y avait autrefois, hors de la porte d'Aurenque, et probablement sur le coteau entre cette porte et St-Etienne, deux recluseries, l'une supérieure et l'autre inférieure. Nous manquons de détails sur l'origine et la destination de ces établissements, qui devaient être, selon toute apparence, des hermitages ou des cellules dans lesquelles les personnes qui voulaient se consacrer à Dieu d'une manière plu particulière se renfermaient et quelquefois se faisaient murer, ne laissant qu’une lucarne pour recevoir l'air et la nourriture. Aussi ne puis-je que constater le fait que l'existence de ces recluseries, souvent mentionnées dans nos anciens titres, et laisser à de plus heureux que moi le soin de rechercher ce qu'elles ont été.