LES HOPITAUX.
L'article 9 de la sentence d'Eustache de Beaumarchais, de l'année 1280, contient ce qui suit:
Seront aussi exempts de la taille ceux qui, jusqu'au nombre de trois, se sont dévoués au service des pauvres dans l'hôpital St-Géraud, siz devant le monastère, pourvu qu'ils aient pris l'habit dudit hôpital, qu'ils servent les pauvres depuis un an entier et qu'ils aient réellement donné audit hôpital leurs personnes et leurs biens.
Il y avait donc dès-lors, et probablement depuis bien longtemps, un hôpital St-Géraud devant le monastère de ce nom. Cela se conçoit, les abbayes recevaient anciennement et hébergeaient tous les pèlerins qui venaient les visiter. Leurs revenus, souvent très considérables, devaient être consacrés, en grande partie, suivant l'intention des donateurs et les décisions des Canons, à secourir les pauvres et les malades. Le codicile de saint Géraud énonce formellement sa volonté à cet égard et in substantiam pauperum. Aussi, parmi les dignitaires de l'abbaye voyons nous figurer constamment l'hôtelier et l'aumônier. Il y avait donc un hospice attaché au monastère St-Géraud, probablement depuis sa fondation, et un aumônier qui distribuait régulièrement ses aumônes dans une petite place attenant à la rue du Buis, sur laquelle on a bâti depuis, mais où se trouvait la fontaine qui porte encore aujourd'hui le nom de fontaine de l'Aumône.
Guillaume d'Auvergne, dont nous avons déjà parlé, évêque de Paris de 1228 à 1248, fonda à Aurillac un second hospice sous le nom d'Hôpital de la Trinité; il devait être placé sur l'emplacement actuel du foiral, proche des Cordeliers, puisqu'en septembre 1775 il fut fait un échange, entre la ville et l'Hôtel-Dieu, des prés de la Bombe et de la Trinité, que les administrateurs de cet hospice cédèrent à la ville pour l'établissement du foiral, en retour de sept œuvres un quart des Prades, aujourd'hui les prairies d'Orinières, et d'une soulte de 3,450 liv. argent.
Plus tard, ainsi que nous l'avons déjà dit, Guillaume Beaufeti, aussi évêque de Paris, fondait, à la porte du Buis, l'hôpital St-Jean, après en avoir obtenu l'autorisation par une bulle du pape Jean XXII de l'année 1519. M. Baulhac, qui a vu cette bulle mentionnée dans un ancien répertoire de l'hospice, dit que le fondateur y est appelé Guillaume d'Orilhac. Son nom véritable était Beaufeti. Il était né à Veyrac, paroisse d’Aurillac, et nous avons de lui une lettre qu'il m'a été impossible, à mon grand regret, de déchiffrer en entier. En voici du moins le commencement, il est curieux:
« Aux vénérables et discrets personnages, ses amis intimes, les consuls de la ville d'Aurillac, Guillaume, par la permission divine, promu, quoiqu'indigne, à l'évêché de Paris, salut, en celui qui est le salut véritable et affection sincère.
Il est d'usage que celui qui a besoin d'aide et de conseils, recoure à ceux en qui il espère fermement trouver secours et protection; voilà pourquoi nous qui sommes sans appui et qui avons besoin de bons conseillers, nous avons pensé qu'il fallait nous adresser à vous, chez qui nous savons devoir trouver ce qui nous manque.
Vous saurez donc que, depuis notre élection à l'évêché de Paris, nous avons vécu sur la bourse de quelques marchands de nos amis, et cependant il nous a fallu faire de grandes dépenses pour l'expédition de notre affaire, pour envoyer en divers lieux des lettres à des personnes d'une grande autorité et recevoir leurs réponses, d'abord pour faire confirmer l'élection et ensuite pour notre sacre. Comme aussi pour notre installation dans notre église, pour les ornements de notre chapelle, pour l'ameublement de notre maison, pour les chevaux et leur harnachement, pour nos habits, ceux de nos domestiques et de toute notre maison; or, en vertu de son droit de régale, le roi a reçu lui tous nos revenus.
Nous vous prions donc, de tout notre cœur, de vouloir bien, en votre nom et comme pour vous-mêmes, engager les bourgeois d'Aurillac ou les plus riches d'entre eux à nous prêter ou faire prêter, avant la Noël prochaine, une somme de deux mille livres. S'ils veulent bien le faire, veuillez nous la faire parvenir a Paris, avant ladite fête. Quant aux sûretés que vous pourrez désirer, nous vous les donnerons telles que vous les voudrez, chargeant de tous nos pouvoirs à cet égard Pierre Bourgeois et Guillaume Vaureilles, etc. Le reste est entièrement effacé, à l'exception de quelques mots sans suite.
Il est à présumer que nos consuls ne furent pas sourds a cette prière, puisqu'ils ont précieusement conservé pendant cinq cents ans la lettre de Guillaume Beaufeti, et peut-être voulut-il, de son côté, prouver sa reconnaissance en fondant un nouvel hospice dans la ville d'Aurillac, à l'instar de son prédécesseur.
Quoiqu'il en soit, l'exemple donné par ces deux évêques porta ses fruits, et engagea d'autres personnes pieuses et charitables à faire de nouveaux dons en faveur des pauvres. En 1373 une bulle de Grégoire XI autorisa la réunion de l'hospice de la Trinité et de l'hospice St-Jean, et, en unissant leurs ressources, on fonda une nouvelle maison des pauvres dans la rue St-Jacques. Les protestants n'épargnèrent pas plus cette maison que les églises et les couvents; ils la détruisirent en 1569, et, comme le mal bientôt commis est toujours difficile à réparer, il s'écoula quatre-vingts ans avant que les pauvres d'Aurillac pussent avoir un nouvel asile Ce ne fut qu'en 1649 que, par la généreuse intervention de MM. Gourlat, prêtre, et Bru, bourgeois, et grâce aux nombreuses souscriptions que l'on fit dans toute la ville, on put édifier enfin le bâtiment qu'on appelle aujourd'hui l'Hopital-Vicux.
Depuis la Révolution, les hospices ont profité d'une partie des biens ecclésiastiques non vendus. Celui d'Aurillac a été transféré dans le couvent des religieuses de Ste-Claire, ainsi que nous l'avons déjà dit. Mais, nous ne devons pas oublier les anciens bienfaiteurs de notre vieux hôpital : François Chanut, le dernier descendant d'une famille souvent honorée du consulat, qui lui avait légué, en 4663, son domaine de Cuelhes, et Raymond Casses qui lui légua, en 1676, un domaine dans la paroisse de Giou. Noue n'oublierons pas, non plus, M. le comte Charles de Beauclair qui, par testament déposé à Me Charmes, notaire, le 1er mars 1817, a légué trois beaux domaines à notre nouvel hospice.
Du reste, pour être juste envers tous, nous croyons devoir insérer ici la liste des bienfaiteurs de l'hospice, telle qu'elle a été publiée par M. Gkognieb en 1847.
Bienfaiteurs de l'EIegjpice d'Aurillac.
1° Année 1280. Mme Eustache de Beaumarchais, d'Aurillac, rente en faveur des pauvres;
2° 1373. Mme Raimond de Grisac, d'Aurillac, une maison à Aurillac;
3° 1377. Le pape Grégoire XI, de Rome, 500 florins;
4° 3 septembre 1535. M. Cabrol, d'Aurillac, deux prés à Arpajon;
5° 1649. Les habitants d'Aurillac, MM. Gourlat, prêtre, et Bru, bourgeois, d'Aurillac. Au moyen des dons des habitants d'Aurillac et par les soins de MM. Gourlat, prêtre, et Bru, bourgeois, de la même ville, l'hôpital, détruit en 1569 par les religionnaires, commença, en 1649, à être rétabli sur le même emplacement qu'il occupait;
6° 1630. M. Gourlat, prêtre, d'Aurillac. (M. Gourlat, prêtre, fonda deux chapelains pour desservir l'hôpital);
7° 14 juin 1663. M. François Chanut, avocat, d'Aurillac, le domaine de Cuelhes;
8° 16 mai 1666. M. Bernard Lamargié, 100 liv.;
9° 19 mai 1666. M. François Fortet, archi-prêtre et official de l'évêque de St-Flour, 300 liv.;
10° 30 décembre 1675. M. Raimond Casses, bourgeois, d'Aurillac, le domaine de Casses;
H» 1681. M. Paul Verdier, d'Aurillac, 500 liv.;
12° 26 mars 1693. Demoiselle Catherine Constans, d'Aurillac, une chambre; 13° 15 décembre 1696. Demoiselle Marie Legendre, d'Aurillac, rente de 165 liv. 19 s. 6 d.;
14° 10 juillet 1705. M. Roudier, prêtre, d'Aurillac, une maison et deux jardins; 15° 8 janvier 1710. M. François de Senezergues, médecin, d'Aurillac, 4,800 liv.; 16° 14 décembre 1714. M. Puech, de St-Saury, le domaine de la Serre; 17° 26 novembre 1719. Demoiselle Fournier, d'Aurillac, deux boutiques; 18° 1er janvier 1730. M. Caumeil, curé de Maurs, une maison à Aurillac; 19° 9 septembre 1740. Demoiselle Podevigne, d'Aurillac, une maison à Aurillac;
20° 1747. M. Nicolas d'Orinière, d'Aurillac, rente de 500 liv.; 21° 5 juin 1747. M. François Dclorme, d'Aurillac, rente de 500 liv; 22° 8 novembre 1749. M. Delort, d'Aurillac, rente de 325 liv.; 23° 1er juillet 1751. M. Pierre Lacarrière, prêtre, d'Aurillac, rente . capital 2,464 liv.;
2-4° 17 juillet 1754. Demoiselle Marie Degoutte, d'Aurillac, 200 liv.; 25° 31décembre 1774. M. Pierre de Cambefort, prieur de Jussac, d'Aurillac, 3,000 liv.;
26» 24 août 1775. Dame Christine Lescure, veuve d'Aguzon, d'Aurillac, 5,000 liv.;
I
27° 11 juillet 1780. M. Basile Delsol, conseiller du roi, d'Aurillac, 2,000 liv.;
28° 1785. M. Jean Pradenhes, propriétaire, d'Aurillac, 1,000 liv.;
29° 7 juillet 1786. M. François Houades, d'Aurillac, 5,000 liv.;
30° 7 avril 1788. M. Pierre Lagout, de St-Cernin, 300 liv.;
31° 3 novembre 1803. M. Etienne Lolier, curé d'Aurillac, 1,097 liv. 16 sous;
32» 26 avril 1805. M. Dusseaux, médecin, d'Aurillac, 300 fr.;
33° 22 mars 1806. Dame Marguerite Laclède, épouse de M. Pierre Puech, d'Aurillac, 200 fr.;
34° Dame veuve Cortès, née Crozet-Laplaze, d'Aurillac, 50 fr.;
35° 17 mai 1808. M. Charles Vidal, prêtre, d'Aurillac, 100 fr;
56° 23 mars 1809. M. François Charmés, notaire, d'Aurillac, 300 fr.;
37° M. Pierre Montal, d'Aurillac, 150 fr.;
38° 26 décembre 1810. Dame Cabrespine, épouse Textoris, marchand, d'Aurillac, 600 fr.; -39° M. le chevalier Joseph de Lagarde, d'Aurillac;
40° 1811. Dame Anne Barricr, épouse de M. Charmes, notaire, d'Aurillac, 250f.;
41° 14 mai 1811. M. Pierre Souniac, d'Aurillac, un tiers de pré à Giou;
42° 2 octobre 1812. Dame Guiennot, veuve de M. Perret, magistrat, d'Aurillac, 300 fr.;
43° 15 mars 1813. M. Chapsal, curé de Moissac, 300 fr.;
44° 1814. M. Joseph Ferluc, homme de loi, d'Aurillac, 200 fr;
45° 12 février 1816. M. Daudé, lieutenant au 36e de ligne, d'Aurillac, 200fr.;
46° 31 mars 1816. M. Pautard, orfèvre, d'Aurillac, 400 fr.;
47° 12 février 1816. Marie Escarpit, veuve Lacassagnc, d'Aurillac;
48° 7 septembre 1816. Dame Mabit, veuve Roques, d'Aurillac, 1,400 fr.;
49° Dame Contuiïe, veuve Maury, d'Aurillac, 300 fr.;
50° Anne Rouget, célibataire, d'Aurillac, 326 fr.;
51° M. Antoine Fel, célibataire, de Pers, 200 fr.;
S2° 11 novembre 1816. Marie Delmas, célibataire, d'Aurillac, 300 fr.;
53° 14 décembre 1816. M. le comte Charles de Beauclair, d'Aurillac, trois domaines, Lasbarthes, la Bonnetie et Espalivet, situés dans la commune de PaiJherols;
54° M. Guillaume Cheylus, prêtre, de St-Cirgues-de-Jordane, 10>0 fr.; 55° 16 juillet 1818. Demoiselle Anne Laveissière, de St-Cirgues-de-Jordane, 100 fr.;
56° 1er août 1818. M. Dommergues, prêtre, 150 fr.;
57° 7 juin 1819. Dame Marie-Jeanne Besombes, d'Aurillac, 300 fr.;
58° 10 mars 1820. M. Joseph Souniac, prêtre, d'Aurillac, 300 fr.;
59° 23 novembre 1822. Demoiselle Marie Courbaize, d'Aurillac, 400 fr.;
60° 10 j^in 1824. Dame veuve Vaurs, d'Arpajon, 535 fr.;
61° 20 octobre 1824. M. Jean Manhes, tailleur, d'Aurillac, 300 fr-;
62° 13 décembre 1824. M. Puech, avocat, ancien président du tribunal de commerce d'Aurillac, 300 fr.;
63° 8 septembre 1825. M. Claux, ancien magistrat, d'Aurillac, un domaine, Puechmaige, situé dans la commune de St-Cernin;
64° 23 octobre 1825. Dame Debons, supérieure de l'hospice d'Àurillac, 372 fr.,
65° 10 février 1827. M. Jean Delrieu, propriétaire, d'Aurillac, 600 fr.;
66° 25 septembre 1827. M. Antoine Chinchon, de Jaleyrac, 200 fr.;
67° 2 avril 1830. M. Antoine Delzongles, prêtre, d'Aurillac, 600 fr.;
68° 27 avril 1830. Dame Catherine Cavalhac, veuve Lacombe, d'Aurillac, 300 fr.;
69° 30 janvier 1831. Dames Grassal et Viallanes, d'Aurillac, 2,000 fr.;
70° .30 décembre 1831. Dame Cantuel, veuve Latapie, d'Aurillac, 100 fr.;
71° 30 décembre 1831. M. Meallet, chevalier de Cours, d'Aurillac, 25,000 fr.,
72° lerjuin 1833. M. François Geneste, chirurgien à Lisbonne, d'Aurillac, 6,000 fr.;
73° 6 avril 1835. Dame Reyt, veuve Pelet, avoué, d'Aurillac, 600fr.;
74° 10 juin 1835. Dame Jeanne Lestrade, veuve Salgues, d'Aurillac, 300 fr.,
75° 4 janvier 1836. M. Ladurantie, prêtre, d'Aurillac, 300 fr.;
76° 22 octobre 1837. M. Claude Bernard, négociant, d'Aurillac, 100 fr.;
77° 4 juillet 1838. M. le comte de St-Martial-de-Conros, d'Aurillac, 10,000 fr.,
78° 12 mai 1841. M. Antoine Lachaux, d'Arpajon, 50fr.; »
79° 4 août 1841. Dame veuve Labro, née Descaffre, d'Aurillac, 200 fr.;
80° 10 janvier 1843. M. Esquirou-Lavignac, ancien maire d'Aurillac, 100,000fr. Le legs de M. Lavignac se composa de biens mobiliers et immobiliers; la valeur en a été approximativement fixée;
81° 23 février 1843. M. Bernard Boudet, notaire à Aurillac, 200 fr.;
82° 23 juin 1843. M! l'abbé Vergnes-de-Bossac, d'Aurillac, 12,000fr.;
83° 29 juillet 1844. M. Bourgeade, négociant, d'Aurillac, 300 fr.
Aurillac, te 22 janvier 1847.
CERTIFIÉ EXACT:
Le Maire, Président de la Commission de l'Hospice.
Y-F. QBOCtariER.