Le Carladès est un territoire doté d’un riche patrimoine qui s’étend sur le versant sud des monts du Cantal mais qui pénètre aussi sur le département voisin de l’Aveyron où il se nomme Carladez. Il est entaillé par les vallées profondes de la Cère, du Goul et de la Bromme.
Dans le Cantal il s’étale sur 12 communes et dans l’Aveyron sur 6 communes. Nous nous attacherons à la partie cantalienne qui présente un patrimoine fort intéressant.
Commençons notre découverte à Carlat, point central du Carladès.
Ce village est connu pour ses belles maisons en pierre, aux toits pentus couverts de lauzes qui s’étagent au pied d' une grande table basaltique de plusieurs dizaines de mètres de haut, le fameux Rocher de Carlat, sur lequel fut édifiée une très importante forteresse dont l’origine est très ancienne. Elle occupait une superficie d’environ 2,5 ha, perchée à 840 mètres d'altitude. La première date connue de l’histoire du château est 839 lorsque Louis le Débonnaire, fils de Charlemagne, vint buter sur ses murailles.
De nos jours il ne reste rien sinon quelques traces depuis que sa destruction fut ordonnée par Henri IV et réalisée en l’espace de 8 mois (octobre 1603 à mai 1604).
Mais sur ce plateau, qui offre une vue à 360° des Monts du Cantal aux confins de l’Aveyron, vous pourrez parcourir la forteresse comme si vous y étiez, grâce aux écrans disposés le long du cheminement et aux casques de réalité augmentée.
Pour obtenir des renseignements détaillés sur la forteresse, rendez-vous ici.
Après avoir parcouru les petites rues du village n’oubliez pas l’église, à l’écart des habitations, qui date du XVIeme siècle, classée monument historique et l’oratoire voisin couvert d’un toit en lauzes abritant un autel et un calvaire sculpté.
A quelques kilomètres de Carlat, le petit village de Saint-Etienne de Carlat possède lui aussi une église avec clocher à peigne du XIIIeme.
Départ en direction de Raulhac avec un crochet jusqu'au Rocher de Ronesque qui ressemble à celui de Carlat avec sa surface plate en basalte et qui domine toute la contrée. Au passage deux arrêts s’imposent à Cros de Ronesque et Escoubiac pour admirer un belle collection de fours, de sécadous, de maisons typiques du Carladès et une église du XVeme avec clocher à peigne.
Voir aussi cros de Ronesque et son patrimoine
De Cros, retrouver la route vers Raulhac prochaine étape, dans la vallée du Goul, classée petite cité de caractère. Elle possède un patrimoine architectural riche avec l’église Saint-Pierre « Reine de la vallée », dont l’origine remonte en 960, et qui a connu bien des guerres lui causant beaucoup de dégâts au point d'être reconstruite 3 fois. Son portail roman a été conservé.
Raulhac se démarque par ses belles maisons cossues en pierre, ses toits de lauzes
On compte pas moins de 6 châteaux sur la commune de Raulhac : Messilhac, le Manoir de Courbelimagne, le château du Mas, le Manoir de Valduchez, la tour de Puechmouriez et le château de Cropières.
Le château de Messilhac :
A l’origine c’était une forteresse datant du 13ème siècle qui occupait une position stratégique dans la vallée du Goul, voie de pénétration en Haute Auvergne. En 1531, elle sera agrandie d’un corps de logis et d’une 2ème tour par le seigneur Jean de Montamat, à qui l’on doit la magnifique façade Renaissance actuelle sculptée, majestueuse, flanquée de deux tours carrées.
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Après avoir franchi la porte d'entrée on remarque une inscription sans équivoque qui avertit le visiteur :
"Qui vient céans et rien ne porteSoit diligent de passer la porte ..."A l'intérieur un pigeonnier avec une échelle pivotante permet d'accéder à 600 alvéoles. Visites du 15 juin au 31 août sauf le samedi et sur rendez-vous en dehors de cette période.
Le manoir de Courbelimagne :
Il appartenait à la famille propriétaire du château de Messilhac jusqu’au 20 ème siècle. De nouveaux propriétaires ont ouvert des chambres d’hôtes, cette activité a semble-t-il cessé.
Le château du Mas de Raulhac :
Dans le centre bourg, il faut prendre la rue qui monte au Mas vers l'ancien presbytère pour qu'apparaisse le manoir qui appartenait aux Monjou, famille la plus prestigieuse de la vallée vers le 13ème siècle. Il ne se visite pas.
Courbelimagne |
Le Mas |
Valduchez |
Le Manoir de Valduchez :
Il date du XVIIe siècle et présente un ensemble avec dépendances homogènes. Deux tours carrées sont adjointes à un corps de logis rectangulaire. Un bel escalier de style Louis XIII monte dans la tour est. Le manoir est privé, fermé au public.
La Tour de Puechmouriez :
C'est le seul élément subsistant d’un ancien château fortifié dont le seigneur rendait hommage aux vicomtes de Carlat. Le donjon actuel, ruiné, domine la vallée du Goul et le château de Cropières.
A proximité de la tour, on remarque un bâtiment qui servait de pigeonnier et de porcherie et une très belle grange, imposante, en pierres de taille.
Le château de Cropières :
Classé monument historique, il date du XIIIeme siècle. C’était alors une forteresse pour défendre la vallée du Goul. Il fut détruit par des troupes anglaises en 1381 puis rebâti. A partir de 1626 les éléments défensifs ont commencé à être supprimés et en 1720 la transformation est terminée après la construction d’une aile d’apparat avec escalier et cour. d’honneur.
Mais pendant la révolution il fut pillé. Puis en 1910 la moitié de l’aile nord s’est effondrée, la chapelle qui avait déjà été reconstruite en 1650 disparait. Cropières était sur une très mauvaise pente. Lorsque le propriétaire actuel en hérita, il prit conscience de l’absolue nécessité d’engager des travaux. Il fonda alors une association pour la sauvegarde du château et les fonds recueillis et des subventions ont permis d’engager des travaux conséquents. Mais il reste encore beaucoup à faire.
Dans ce château naquit Marie Angélique de Scorailles, future duchesse de Fontanges, qui fut présentée très jeune à la cour de Versailles où sa beauté remarquable ne laissa pas le roi indifférent. Elle devint évidemment la favorite de Louis XIV.
Pour de plus amples détails sur elle, consulter l'article Marie-Angélique de Scorailles, dernière favorite du roi.
Le château n’est pas ouvert à la visite actuellement mais il est possible d’accéder à la cour et à l’escalier.
L'église de Jou-sous-Monjou :
Continuons notre découverte en remontant la vallée du Goul qui se resserre progressivement pour arriver dans le petit village de Jou-sous-Monjou au coeur duquel trône une église du XIIeme siècle qui mériterait une belle cure de jouvence.
Il faut noter à proximité la présence d'une belle maison avec une tour qui est en cours de restauration.
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Plus de précisions sur l'église de Jou-sous-Monjou dans l'article qui lui est consacré sur Cantalpassion.
Quittons le village par la petite route étroite puis très pentue qui remonte vallée du Goul et nous permet d'atteindre la montagne à Pailherols. Nous sommes au pays des burons disséminés sur un vaste plateau en direction du Puy Gros et du Plomb du Cantal. Les burons sont ces petites bâtisses isolées au milieu des grands espaces, dans lesquels était fabriqué autrefois le fromage Cantal en période d'estive, lorsque les troupeaux quittaient les fermes pour l'air vivifiant et la bonne herbe des pâturages d'altitude.
Le personnel chargé des troupeaux vivait pendant tout l'été auprès des vaches, sans contact ou presque avec les habitants des villages voisins très éloignés.
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Une chapelle aujourd'hui en ruines fut édifiée en 1687 par Jean Rigal d'Escorailles, comte de Roussille, du château de Cropières, afin d'assurer le service religieux dans les montagnes pour les vachers durant l'été. En service jusqu'à la Révolution, elle tomba ensuite en ruines. Il ne reste qu'une croix en basalte de 1997 et des pierres.
Après ce détour en montagne retrouvons la vallée de la Cère en passant par Curebourse, en direction de Thiézac. Mais avant de traverser le pont sur la Cère, prenons la direction du petit village montagnard de Niervèze situé à 1070 m d'altitude qui domine la vallée et dont le patrimoine justifie une pause.
Ce village est un modèle d'architecture traditionnelle des Monts du Cantal. On distingue différents types de constructions :
- le bâtiment d'un seul bloc qui renferme l'habitation, l'étable et la grange,
- l'habitation et la grange étable séparées,
- l'habitation éloignée de la grange étable,
- la barriade avec plusieurs habitations accolées.
Les maisons autrefois couvertes en chaume de paille de seigle, dont deux ont retrouvé leur couverture d'origine, sont construites autour d'un point central "le couderc", lieu de passage incontournable des habitants et des animaux, toujours très animé. C'est là que se situent le four à pain qui a fonctionné jusqu'à la seconde guerre mondiale, la fontaine, l'abreuvoir, la soue à cochons, le travail (métier à ferrer), le moulin sur le ruisseau voisin est à peu de distance.
Ce village est un point de départ idéal pour les randonneurs en direction du Plomb du Cantal.
Il ne reste plus qu'à descendre dans la vallée de la Cère pour arriver à Saint Jacques des Blats et ses petits villages : Les Gardes, Les Chazes, Les Boissines ... Pourquoi avoir ajouté "des blats" à Saint Jacques ? C'est un mot d'origine occitane qui signifie le blé que les paysans cultivaient autrefois pour le transformer en farine destinée à la fabrication du pain, c'était du blé noir, plus guère produit de nos jours. Ce village est une étape sur le parcours de la Via Arverna, vers Compostelle. On peut d'ailleurs voir devant l'église une croix avec un pélérin portant son bâton. Mais ce qui lui donne une notoriété certaine c'est son environnement naturel. Il suffit en effet de lever la tête pour admirer quelques uns des pricipaux sommets du massif cantalien : Le Plomb du Cantal, l'Arpon du Diable, le Puy Griou, que l'on peut atteindre sans trop de difficultés à condition toutefois de s'y être préparé. De nombreux burons, dont certains restaurés pour accueillir les randonneurs, occupent les flancs de la montagne. |
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Prochaine étape, Thiézac, après avoir franchi les Pas de Compaings, gorge étroite et profonde où la Cère se fraie un passage, on entre dans le village dont l'église mérite une visite notamment pour son retable en bois classé aux Monuments Historiques, une superbe statue en bois du Christ assis juste avant la crucifiction et un devant d'autel offert par Anne d'Autriche. Une curiosité à voir : la rue des balcons.
Dominant le village, une chapelle, Notre Dame de la Consolation, a été construite à l'emplacement où la vierge serait apparue à des pèlerins. A découvrir à l'intérieur : les fresques polychromes et plus d'une quarantaine de médaillons dédiés à la vierge.
Cette chapelle a été très fréquentée, notamment au XVIIeme siècle, époque où Anne d'Autriche, désespérant de pouvoir donner un héritier au trône, vint y faire ses dévotions. Elle serait aussi allée à Vic sur Cère prendre les eaux et ... miracle ! Un an plus tard naissait Louis XIV. Le climat cantalien et la pureté des eaux ont fait le plus grand bien à la reine !
A la sortie de Thiézac, la Cère va entrer à nouveau dans un passage très étroit, profond et chaotique qui se termine au Pas de Cère. Elle est alimentée par le ruisseau de Lasmolinerie à l'origine de deux cascades : celle de Faillitoux et celle de la Roucole visible depuis un belvédère. Elle sort de ce verrou glaciaire très pittoresque entre deux rochers monumentaux d'un trentaine de mètres de hauteur.
La vallée s'élargit et Vic-sur-Cère offre au visiteur ses anciennes belles demeures.
Son origine remonte à la découverte d'une source d'eau minérale qui fit sa réputation à l'époque des Celtes puis des Gaulois et pendant l'occupation romaine. Par la suite cette source tomba dans l'oubli jusqu'en 1560 lorsqu'un jeune berger la redécouvrit en constatant que ses vaches se désaltéraient toujours au même endroit.
Devenant ville de justice, la petite bourgade grandit, s'embourgeoise. Ainsi de belles demeures sortent de terre. Lors de son séjour dans la forteresse de Carlat (1585-86), la reine Margot se rend à Vic pour boire de l'eau minérale afin de se soigner.
En 1637 c'est au tour d' Anne d' Autriche de venir prendre les eaux à Vic.
Par la suite la fameuse source devint très fréquentée. Le 2 septembre 1890, elle fut déclarée d'utilité publique. Mais après une période faste due à une clientèle aisée, elle périclita progressivement en raison essentiellement de la première guerre mondiale. De nos jours, propriété de la commune, elle coule dans un petit musée avec un joli kiosque.
Une promenade dans la cité permet de découvrir de belles maisons en pierres aux toits de lauzes qui sont chargées d'histoire :
- la maison de la Reine Margot en souvenir de son passage dans la cité en 1585 qui fut à l'origine une forteresse,
- la mairie date du 15ème siècle avec un bel escalier,
- la maison des Princes de Monaco, du XVIeme siècle, fut leur résidence au cours de rares visites dont la dernière du prince Albert le 14 mai 2014,
- la maison Murat Sistrières qui fit les campagnes de Napoléon,
- la Maison du Baillage du Carladès.
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L'église fut pratiquement détruite en 1260 puis à nouveau vers 1379 et une troisième fois, en partie, vers 1580. Styles roman et gothique se côtoient. En 1905 elle fut agrandie sous sa forme actuelle.
En dehors de la ville on remarquera, à proximité du terrain de camping un ancien lavoir en bordure du ruisseau ; de là part un sentier au bord de l'eau qui conduit à un vieux moulin restauré mais qui n'est pas en état de marche ; un peu plus loin sur la gauche au fond d'une prairie, le pigeonnier de La Prade semble surveiller la vallée.
En quittant Vic en direction d'Aurillac, on aperçoit un château en bord de route, en partie caché par un grand mur et des arbres. C'est le château de Comblat.
Il est constitué d'un donjon du XIe siècle remanié au XVIe, auquel a été accolée au début du XVIIIe une aile sud de style classique, dotée de décors intérieurs de la même époque.
C'est probablement à ce moment-là que furent construites les dépendances : chapelle, pavillon de jardin, communs, ainsi que le parc avec ses terrasses et son bassin.
Depuis 2002 il est inscrit Monument Historique.
Continuons dans la vallée de la Cère jusqu' à Polminhac, dernière étape de notre découverte du Carladès.
La cité est dominée par le château de Pesteils, ancienne forteresse bâtie sur un promontoire rocheux avec un donjon de 40 m. de hauteur. Au cours des siècles il a subi des transformations importantes qui en font de nos jours un bâtiment très visitè inscrit au titre des Monuments historiques. On notera un très bel escalier, des peintures murales, des fresques du 15ème, des tableaux, des meubles, l'ancienne cuisine ...
Le Château de Pesteils se visite (s'informer sur les horaires) en se rendant sur place, il se visite aussi ... virtuellement sur Cantalpassion.
Sur le versant opposé de la vallée, après avoir franchi le pont sur la Cère et pris la direction de Vixouze, on aperçoit le château de Clavières.
C'est un château médiéval, remanié aux XVIIe et XIXe siècles Il se situe dans un parc classé jardin remarquable. Il est constitué d' un corps de bâtiment rectangulaire percé de nombreuses ouvertures sur deux étages, les combles sont aussi percés d’une rangée de lucarnes. Au milieu de la façade, on remarque en saillie une tour ronde avec aussi de nombreuses ouvertures.
A peu de distance, on découvre un troisième château, celui de Vixouze. Ayant d'abord appartenu aux seigneurs de Conques, ce château est passé dans les mains du seigneur de Vixouze au XIIIe siècle. Il fut transformé en demeure de plaisance au XVIe siècle. Il comprend une chapelle construite au XVe siècle, un four, une salle des gardes, plusieurs chambres, salons et salles à manger ainsi que l'atelier du peintre André Léonard qui l'occupa à la fin du XXeme siècle. Depuis 2013, Vixouze appartient à un nouveau propriétaire qui organise diverses manifestations.
L'enceinte comporte un portail qui avait un toit à lanternon aujourd'hui disparu et des tours. La chapelle voûtée en berceau plein cintre et le four à pain sont du XVIIe siècle. La fontaine située à l'entrée du château semble être du 19ème. On remarque également une grange-étable ainsi qu'un moulin avec un toit à l'impériale.
Notre découverte prend fin au Manoir des Huttes avant de traverser Badailhac et de rejoindre Carlat. Il s'agit d'une Maison de maître de la première moitié du 17ème siècle avec une tour d'angle, remaniée à deux reprises. L' écurie accolée, porte la date 1700 mais a été surélevée au 20ème siècle.
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