Le 2 Septembre, nous quittons Rueyres. Le commando s'est enrichi du matériel auto récupéré et comprend maintenant une imposante file de voitures et de camions : deux tractions, deux camionnettes, un bon gazo Berliet et les quatre Latil, deux d'entre eux tractant les canons réparés. Au coup de sifflet d'André, la longue file s'ébranle dans le grondement des moteurs.
Le lendemain, grande fête à Aurillac pour l'installation du nouveau Préfet. Défilés, cérémonies, discours. Nous encaissons le tout sous un soleil de plomb; ce n'est plus l'enthousiasme spontané et délirant du jour de la libération; on s'habitue à tout, très vite, même à la liberté. Nous passons trois jours à peine dans la capitale cantalouse, trois jours trop vite finis, pendant lesquels nous faisons de nouveau connaissance avec les plaisirs d'une grande cité; flâneries à la terrasse des cafés, cinémas, bais. Dans les rues, il y a beaucoup d'officiers aux uniformes impeccables, des visages inconnus mais pleins d'assurance, des gens qui ne semblent pas avoir connu nos luttes et nos fatigues...