De la création de son entreprise riomoise, aux plus hautes fonctions nationales comme président des chambres françaises de commerce et d’industrie, en passant par la mairie et le conseil général, Raymond Cerruti a toujours été un homme engagé. Il poursuit cet engagement dans le tout nouveau régime social des indépendant RSI.
Enfance riomoise, études à Aurillac et à Paris, la famille
Raymond Cerruti naît à Riom ès Montagnes le 30 novembre 1931. Son père, Joseph, né en 1905, est arrivé d’Italie à l’âge de 14 ans, pour travailler comme peintre en bâtiment. Il accompagnait un de ses compatriotes, déjà installé à Riom. Très vite il se met à son compte Il épouse Maria Coudert, née à Ydes où elle est couturière. L’entreprise , complétée par le commerce de droguerie géré par le couple prend vite de l’ampleur. Une vingtaine d’ouvriers y travaille. L’aîné de la famille a 10 ans quand la guerre éclate.
Un frère et deux soeurs ont complété la fratrie. L’Italie est aux côtés de l’Allemagne. Le père, qui a été naturalisé avant la guerre, se sent profondément devenu Français. Il crée, avec Francis Seronie, la société de musique « La Fraternelle » et enseigne le solfège aux jeunes. En 1948 il recevra les palmes académiques. Très vite il parle sans accent. L’enfant se souvient pourtant d’avoir eu à supporter quelques moqueries « faisant référence aux origines de mon père ». Tous découvrent la famille Italienne en 1947, lors d’un mémorable voyage au Piémont « qui ressemble beaucoup à l’Auvergne ». Après l’école primaire et la sixième à Riom, c’est la pension à Saint Eugène, à Aurillac, jusqu’en 3e. Raymond Cerruti poursuit ses études à Paris, où il est accueilli par des parents. Il obtient son bac Math élem au lycée Michelet. Après la guerre, plutôt que de relancer l’entreprise de peinture, les Cerruti développent la branche commerce à l’initiative de Maria. En 1950, Raymond ajoute une activité de gros, constituant avec son père une société de fait. A 19 ans, il est même émancipé pour pouvoir la diriger. En 1952 il accomplit 18 mois de service militaire en Allemagne. Il en revient sous lieutenant d’artillerie. En 1955 il épouse Marcelle Vilatelle, née à Ydes,qui travaillait et vivait à Riom. Ils vont avoir trois enfants : Jean Louis en 1956, lui même père de deux garçons et deux filles, Alain en 1961, père de trois garçons et Catherine en 1966 mère de deux enfants. « Ma famille sera toujours ma priorité » affirme l’heureux grand père.
Les responsabilités consulaires et politiques.
L’entreprise se développe, employant une dizaine de salariés. Elle approvisionne les commerces dans un rayon d’une centaine de kilomètres pour tout ce qui concerne la droguerie et la quincaillerie. Elle exploite aussi un réseau de dépositaires de gaz et sert les artisans. Dans les années 75, la disparition des points de vente va conduire à la création du magasin de bricolage « Utidécor ». En 1967, Raymond Cerruti est sollicité pour être candidat à la chambre de commerce et d’industrie départementale. « Je n’étais pas préparé à ça » se souvient il « surtout cette année-là où l’élection fut conflictuelle ». Il ajoute : « j’y ai connu par la suite tellement de satisfactions ! ». Dès 1979 il devient président de la CCI. Il est en même temps délégué, puis trésorier régional, bientôt vice président. En 1989, il est élu président régional. A ce titre il fait partie de l’assemblée permanente des chambres de commerce. Ses amis, lui assurant leur soutien, vont le convaincre de se présenter à la présidence. En 1992, Raymond Cerruti est élu président des chambres françaises de commerce et d’industrie. Lui, le patron d’une petite entreprise du Haut Cantal, représente 1 500 000 ressortissants, commerçants, industriels et prestataires de service. Il va occuper pendant trois ans le fauteuil où siégèrent d’illustres et prestigieux prédécesseurs. Il dit : « c’est sans doute parce que j’avais bien travaillé ». Cette fonction lui ouvre toutes les portes, des ministères comme de Matignon et même l’Elysée. Il rencontre ses homologues partout dans le monde : aux Etats Unis, bien sûr, mais dans toute l’Amérique du Sud,l’Afrique et l’Asie du Sud Est. Il affirme « le mandat public vient s’ajouter à la famille, qui, toujours, reste prioritaire, et aux activités professionnelles ». Il insiste « si ça ne va pas, c’est pas grave, il reste l’essentiel ». Du lundi au jeudi il est à Paris, ou ailleurs dans le monde, réservant, le plus souvent possible, le week end à sa famille, son entreprise et sa mairie. Concernant le cumul des mandats il est persuadé que « quelques couches successives ajoutent à l’efficacité ». Il souligne que « l’importance des collaborateurs est primordiale ». Dans toutes ses fonctions il conserve un fil rouge en trois points. Il faut développer l’appui technique aux entreprises. La formation est essentielle. Quand on sait que les écoles comme HEC et l’ESSEC, au même titre que les CFA, dépendent des CCI, on mesure la qualité de ce rôle. Le troisième point,tout aussi important, c’est l’information :
« on ne peut pas décider si on n’est pas informé » insiste-t-il. Pour confirmer cette priorité il publie « l’économie cantalienne » et , plus tard, maire de Riom et conseiller général, il privilégie l’équipement en téléphonie mobile « Riom a été l’un des premiers à être équipé », les routes, par l’amélioration de la Transvolcanienne et la voie des grands espaces (VGE), ainsi que l’information locale en créant le journal « lepays de Riom ». Elu conseiller municipal en 1970, Raymond Cerruti devient maire de Riom en 1989. Il assumera cette responsabilité pendant 12 années. Là encore il affirme « la collectivité doit se garder d’ agir trop directement et collaborer, dans le cadre de leurs compétences,avec les entreprises privées pour obtenir la plus grande efficacité ». Il cite, entre autres, le traitement des eaux usées et approvisionnement en eau. Il dit sa fierté d’avoir maitrisé les dépenses en réduisant les couts de fonctionnement et le recours à l’emprunt. Il précise « il faut avoir aussi le souci de créer quelques emplois tournants pour aider un an ou deux des personnes en difficulté. Grâce à cette rigueur nous avons fait des acquisitions foncières, investi dans des équipements publics et favorisé des emplois liés aux soins comme ceux créés au centre de traitement des malades atteints de sclérose en plaque ». Riom devient un centre d’emplois médicaux. Une maison de la formation a vu le jour dans l’ancienne gare, un centre aquarécréatif, une nouvelle gendarmerie et la bibliothèque ont été construits, le camping a été aménagé et le stade agrandi.Raymond Cerruti a été conseiller général de 1988 à 2001. Tout d’abord rapporteur du budget, il va présider par la suite la commission des finances.
Dès 1972, et jusqu’en 2001, il siége au conseil économique et social de la Région. De 1989 à 2004 il fait partie du CES national. « Nous produisions des rapports à la demande du gouvernement et par auto saisine » précise-t-il. Il évoque la grande di- versité d’origine sociale et politique des personnes constituant ces conseils, ce qui apporte « une véritable ouverture d’esprit par l’intermédiaire de rencontres exceptionnelles ».
Les engagements se poursuivent...
Après une vie aussi riche et bien remplie, le septuagénaire constate : « il n’y a pas de mandat public qui finisse bien ! ». Il s’engage à nouveau et occupe depuis peu une fonction d’administrateur du régime social des indépendants. En 2006, le gouvernement a décidé de rassembler les caisses d’assurance de retraite maladie et allocations familiales des artisans et commerçants pour les rendre plus efficaces.
« A nouveau sollicité j’ai été élu au conseil d’administration de cette nouvelle structure régionale ».« Même si les liens se distendent en raison de l’éloignement, j’ai toujours de nombreux contacts » confie-t-il. Il consacre aussi plus de temps à ses petits enfants, à l’informatique où « on ne voit pas le temps passer », à des promenades, au jardinage et à la guitare. « Je vais de temps à autre faire des permanences à l’entreprise de mon fils » indique-t-il. Toujours passionné de ce qui se passe dans le monde, il suit les informations à la radio, dans la presse, comme sur Internet et à la télé. « Je profite de ma chance d’être en bonne santé » savoure-t-il. « En chrétien pratiquant très convaincu je vis une religion de partage et de tolérance ». Il conclut : « la difficulté c’est de rester ce que l’on est. Il est important de vivre libre et indépendant ».
Raymond Cerruti a été fait : Chevalier de l’Ordre National du Mérite en 1972, puis officier en 1992 et Chevalier de la Légion d’Honneur en 1985, puis officier en 1997. Il déclare : « Ces distinctions imposent un comportement. Elles obligent à faire ».
Article de Jean Claude Champeil, extrait de son livre Vies de Cantaliens