Il y a des événements dont on se souvient toute sa vie, on sait avec précision ce que l'on faisait au moment M. Ce sera le cas pour tous ceux qui ont connu l'effondrement des tours jumelles de New-York en 2001. Ce fut aussi le cas, il y a 50 ans, lorsque Madame la Directrice est venue personnellement interrompre le cours de français pour annoncer à notre classe de seconde le décès de Monsieur le Président de la République, Georges Pompidou, c'était le 2 avril 1974.
De l'enseignement aux arcanes du pouvoir :
Agrégé de grammaire, Georges Pompidou délaisse l'enseignement pour les fonctions de maître des requêtes au Conseil d'État en 1946, à ce titre, il participe aux activités du parti gaulliste (sans y adhérer), le Rassemblement du peuple français (R.P.F.), et se trouve propulsé dans le premier cercle du général de Gaulle dès 1947. Mais, tenté par de nouveau challenge, il tente l'expérience bancaire et entre à la banque Rothschild (1953) où il occupe rapidement les fonctions de directeur général et d'administrateur de nombreuses sociétés, comme le fera un autre futur président de la République quelques 50 ans plus tard. A l'exception d'une interruption de 6 mois, il y reste jusqu’à sa nomination comme Premier Ministre en 1962.
Cinquantenaire de sa disparition :
En 2024, à l'occasion du cinquantenaire de sa disparition, le Conseil Départemental du Cantal organise à Aurillac un grand colloque Heritage et vision (23-24 mai 2024) durant lequel des « tables rondes permettront de réfléchir au patrimoine politique laissé par le natif du Cantal ».
Auparavant dès le 17 avril 2024, et jusqu'au mois de mai 2025, une exposition photographique itinérante retrace la vie et le parcours du 2e Président de la Ve République à travers les clichés d’Henry Passemard (1925-2013) qui a suivi l’ancien Président de la République lors de ses déplacements en terres cantaliennes :
- Allanche du 17 avril au 5 mai 2024,
- Mauriac du 8 mai au 20 mai 2024,
- Saint-Flour du 29 mai au 16 juin 2024 :
- Chaudes-Aigues du 19 juin au 2 juillet 2024,
- Murat du 5 juillet au 11 juillet 2024,
- Laroquebrou du 13 juillet au 25 juillet 2024,
- Condat du 27 juillet au 12 août 2024,
- Pleaux du 15 août au 3 septembre 2024,
- Massiac du 6 au 25 septembre 2024
- Maurs du 28 septembre au 15 octobre 2024,
- Arpajon-sur-Cère du 18 octobre au 5 novembre 2024,
- Le Rouget-Pers du 8 novembre au 28 novembre 2024,
- Ydes du 4 décembre au 19 décembre 2024,
- Riom-es-Montage du 24 décembre 2024 au 14 janvier 2025,
- Vic-sur-Cère du 18 janvier 2025 au 10 février 2025,
- Ytrac du 14 février au 6 mars 2025,
- Jussac du 11 au 20 mars 2025,
- Montsalvy du 25 mars au 8 avril 2025,
- Salers du 30 avril au 19 mai 2025.
Outre cette exposition, le Conseil départemental du Cantal prévoit de lancer une BD sur Georges Pompidou qui serait intitulée (titre à confirmer) Du Cantal à l’Élysée.
Enfin Saint-Flour
Ses racines cantaliennes :
Peu après sa naissance, le 5 juillet 1911, ses parents le confient à une nourrice résidant à Chastel-sur-Murat (Cantal). Par la suite, il suit ses parents enseignants, mutés successivement à Murat puis dans le Lot, et c'est pendant les vacances qu'enfant, il revient dans le Nord Cantal. C'est peut-être pour cela que Georges Pompidou n'a jamais oublié son pays natal.
En 1966, alors premier ministre, il a lancé cette célèbre petite phrase « arrêtez d'emmerder les Français *» à un jeune Jacques Chirac, collaborateur de Matignon, qui venait lui présenter un parapheur rempli de décrets. Et en effet, lui-même n'aimait pas être "emmerdé" ; ainsi lorsqu'il revenait sur ses terres natales - lors de ses campagnes pour être élu député de la 2e circonscription du Cantal (3 avril – 6 mai 1967 et 11 juillet 1968 – 15 juin 1969) et de quelques escapades privées durant son mandat présidentiel - c'était sans prévenir et sans escorte particulière, Monsieur Georges, comme on l'appelait à Montboudif, arrivait dans la maison familiale, située en plein centre du bourg, il revêtait un bleu de travail et s'en allait en forêt afin d'éviter les éventuels importuns (source : La Montagne, Edition Cantal du 02 avril 2024).
Ceux qui l'ont connu ont témoigné de sa grande simplicité, il n'était « pas fier » . Pourtant le normalien était d'une rare culture et d'une grande intelligence, qualités reconnues par les plus grands. Dans ses mémoires, Henry Kissinger (1923-2023) a écrit de lui qu'il « était un homme d'une intelligence, d'une dignité et d'une force de caractère extraordinaires ».
Denis Vieyres, maire de Rouziers et généalogiste chevronné, a établi la généalogie du Président, parfois jusqu’à la neuvième génération. À quelques rares exceptions près, ces ancêtres sont tous cantaliens. D'origine modeste, il a été un des premiers présidents de la République française, après Vincent Auriol, fils de boulanger, à être issu de milieux modestes. Son père, issu d'une famille de cultivateur de Saint-Julien de Toursac, a fait l'école des maîtres d'Aurillac tandis que sa mère, également institutrice, était issue d'une famille de marchands de drap de Montboudif.
Dans la Revue Française de Généalogie, on peut lire à son sujet que "la profession d’instituteur se révèlera comme un étonnant accélérateur de promotion sociale, qu’elle va rendre possible en trois générations : le grand-père, Jean Pompidou, maître bouvier puis métayer ; le père, Léon Pompidou, instituteur ; le petit-fils, Georges, qui entrera au Lycée Louis-le-Grand sera reçu premier, en 1934, à l’agrégation de Lettres et aura le destin que l’on sait". Une telle ascension serait-elle toujours possible aujourd'hui ?
Depuis 1999, à Montboudif, sa mémoire est maintenue vivante avec le musée Pompidou qui « a pour ambition de retracer, au travers d'archives diverses et de photographies, les relations civiles et politiques du Président de la République Georges Pompidou. Le visiteur a accès à un ensemble particulièrement riche de documents iconographiques constitué d'objets personnels et de nombreuses photographies de voyages officiels, de campagnes électorales ou d'évènements locaux. D'autre part la projection d'un petit film témoigne de l'attachement de Georges Pompidou à sa terre natale. Cet ensemble constitue une évocation d'histoire contemporaine pour tout style de public et l'art n'y est pas en reste ».
Sur le site internet de l'Institut National de l'Audiovisuel, on peut visionner un film intitulé Georges Pompidou, enfant du Cantal. Il s'agit d'une biographie de Georges Pompidou à travers ses liens avec le Cantal étayée d'interviews d'habitants du village d'origine de Georges Pompidou, Montboudif.
*Depuis, la petite phrase a été détournée par un autre président de la République. En effet, dans une interview donnée au Parisien le mercredi 5 janvier 2022, le président Emmanuel Macron a déclaré « avoir envie d'emmerder jusqu'au bout » les Français toujours non-vaccinés contre le Covid.
DTF, avril 2024