Du stade de France à l'Olympic Stadium de Sydney en passant par le Millenium de Cardiff ou le Dairy Farmers Stadium de Townsville, la pluspart des terrains de rugby des cinq continents ont été foulés à ce jour par lerugbyman Olivier Magne. Sympathique et modeste, doté d'un physique d'athlète complet, le 4e joueur français le plus capé possède aussi un coeur grand comme une montagne.
Une force volcanique
« La vie comme le sport, est faite de rencontres. Jusqu’à présent, j’ai eu de la chance dans mes rencontres. Le sport me comble depuis ma plus tendre enfance. Il m’a permis de me développer physiquement et mentalement. C’est une chance que je souhaite à tous les jeunes qui y aspirent ! » Olivier Magne nous a reçu au Stade Edouard Michelin au siège de l’ASM, le club clermontois qu’il a intégré en 1999. Et dont il est aujourd’hui prêt à partir. Sa prochaine destination est encore inconnue. L’international de rugby réfléchit à ce jour aux propositions qui lui sont faites. En France comme à l’étranger. « Je me sens bien partout dans le monde. Avec une légère prédilection toutefois pour les grands espaces ! »
Un enfant du Cantal
C’est le stade Jean Alric à Aurillac qui a servi de « jardin d’enfance » à Olivier Magne et ses trois frères, Thierry, Bruno et Julien. « Nous habitions à 50 mètres et c’était l’exutoire parfait pour notre vitalité bouillonnante. » On imagine sans peine l’énergie des quatre bambins devenant gaillards dans cette fratrie solidaire ! Un père maçon et une mère secrétaire de mairie, passionnée de basket en tant qu’ex championne de France à Evreux et entraîneuse de l’équipe de basket du Cantal, éduquent leur quatuor de choc avec rigueur et justesse. La rigueur du climat cantalien apporte sans doute aussi sa petite touche dans le tempérament solide et généreux des fils Magne.
C’est un soir d’hiver, attablés face au cantou, que nous nous sommes laissés conter l’histoire d’une incroyable amitié mêlant le destin de deux enfants cantaliens, celui de Christophe Selves et celui d’Olivier Magne. « Tout est rencontre dans la vie ». C’est exact. Car sans un ami, ancien rugbyman et ami de la famille Selves, nous n’aurions pas découvert cette facette de la personnalité de l’international de rugby, bien trop modeste pour se vanter d’un quelconque mérite… La neige est tombée en abondance et l’écir au dehors fait rage. Christophe, entouré de ses parents, nous livre quelques confidences- un cadeau. Mais c’est un hommage qu’il rend ce soir. La table se couvre alors tout à coup de photos, - Christophe entouré des bras solides de tous les joueurs de l’Equipe de France, avant un match à Brive, après un match à Castres, à Béziers … D’une incroyable collection de maillots, tous entrés en mêlée sur tous les stades de France, de Navarre et de pus loin encore. De trophées aussi. « Celui-ci est le Talent d’Or qu’a remporté Olivier à Cardiff le 5 février 2000. Il me l’a offert à son retour dans le Cantal. Et il me l’a aussi dédié en direct à la TV à la fin du match France- Pays de Galles ». Le souvenir replonge la famille Selves dans une émotion communicative. En 2000, Christophe mène son propre match contre une leucémie déclarée en 1997, alors qu’il n’a que 13 ans. Passionné de rugby depuis son plus jeune âge-il joue en deuxième ligne depuis l’âge de six ans-le jeune garçon est en train de découper des photos et des palmarès de son idole, lorsque Bernard et Annie Rouillou rendent une visité d’amis à ses parents. Eux- mêmes sont amis avec Ginette et Raymond Magne. Vous imaginez la suite, et l’incroyable surprise de Christophe trouvant Olivier Magne l’attendant chez lui, à un de ses retours d’hôpital. La main tendue ne le lâchera plus. Sa douloureuse traversée du désert se peuple alors de carrures solides, qui épaulent toute la famille. L’Equipe de France de rugby protège et soutient sa jeune idole. Christophe fête ses 14 ans à Castres. Le réveillon de l’an 2000 les réunit. C’est à Saint-Cernin, autour d’une truffade préparée par maman Selves qu’Olivier arrose sa signature à l’ASM. De la moto, de la natation, du VTT… et des forces vives décuplées et partagées, tout a été salutaire pour la guérison de Christophe. Pour sa croissance aussi. A la veille de ses 20 ans, il est fier de dire que du haut de ses 1,88m, il est aussi grand qu’Olivier ! Qu’il adore lui aussi la truffade et devinez quoi, c’est avec le numéro 7 dans le dos, qu’il foule à nouveau vigoureusement les terrains de rugby !
Entrée dans la mêlée
« En fait, j’ai longtemps rêvé d’être champion de ski ! » confie Olivier Magne. De fait, c’est une classe promotionnelle de ski qu’il intègre dès l’âge de 12 ans, au collège de Murat. Du vélo, du handball, de l’athlétisme…à raison de 15 heures de sports par semaine, le pré adolescent comme beaucoup de garçons de cet âge arrive à compenser l’ennui que lui inspirent les heures de classe. D’autant plus facilement qu’il dispute les championnats de France UNSS de ski, de cross, de handball et d’athlétisme ! Vraiment « branché » à fond sur le ski, il opte ensuite pour un sports-études en ski au Fayet dans la vallée de Chamonix. Des années particulièrement difficiles car le cantalou arrive avec une longueur de retard sur les savoyards, quasiment nés sur leurs « planches ». Il rentre doublement déçu à Aurillac, car il s’est aussi pénalisé sur le plan scolaire. « Mais avec du recul, je me suis ensuite rendu compte de l’importance de ces années. Deux entraînements de ski par jour et des grosses claques par le nez, ça forge un physique et un mental, sourit l’athlète. Je ne les regrette pas car elles ont révélé un potentiel !» De retour au pays, Olivier retrouve le rugby et les amis. Même pétri d’interrogations quant à son avenir, il ne conçoit pas sa vie sans sport. Il intègre alors la classe sports-études de rugby à Ussel en Corrèze. Et rencontre Pierre Pérez, un « éducateur hors pair » et sélectionneur de l’Equipe de France scolaire. Il croisera aussi Victor, l’entraîneur des Juniors d’Aurillac. Deux « piliers » déterminants pour la carrière du futur champion. Il passe titulaire en équipe première d’Aurillac avant ses 18 ans. Avec le numéro 7 collé sur le maillot et surtout dans la peau. Le poste de 3ème ligne aile convient parfaitement à son âme de « gagneur ». A son physique aussi. Rapide et puissant, la fougue de Magne défie dès lors ses adversaires. « Tout s’enchaîne très vite et je suis happé avec bonheur par la chaleureuse famille du rugby ! » A plus d’un titre d’ailleurs puisque sa jeune épouse, du nom de Marion Dourthe, est elle-même fille et sœur de grands rugbymen. « J’ai redécouvert avec un bonheur extrême les joies d’un sport collectif, avec cette émulation, cet enthousiasme et cette fougue communicative. Du vrai bonheur. A Aurillac, nous donnions vraiment tout sans compter avec la fougue de nos 18 ans ! » Puis s’en suivent les sélections en Equipe de France et la signature à dax. Toujours la même fougue et cet enthousiasme inaltérables. « Pour ma première sélection en Equipe de France en 1997, j’avais 23 ans. Je n’y croyais plus ! » C’est ensuite l’incroyable ascension avec un palmarès à défier la chronique : quatre grands chelems en 1997, 1998, 2002 et 2004, un titre de vice- champion du monde en 1999, de vice- champion d’Europe en 1998. L’année 1993 avait été marquée par deux victoires au Championnat de France et aux Jeux méditerranéens et le temps fort de l’année 1992 avait été le Championnat du monde Junior !
Des horizons illimités
Une carrière internationale émaillée de 80 sélections n’a pas réussi à mettre « la grosse tête » au 4me joueur français le plus capé après Philippe Sella, Fabien Pelous et Serge Blanco. Après Aurillac, Dax, Brive puis Clermont- Ferrand, c’est une nouvelle destination qui attend Olivier Magne. « Le sport de haut niveau, c’est du bonheur à l’état pur. Ce qui n’exclut pas des difficultés, de la rudesse et l’exigence d’une persévérance à toute épreuve. Mais, oui, c’est du bonheur. » A savourer sans modération. A partager aussi, comme le fait si naturellement le rugbyman au grand coeur. « Les jeunes attirés par le sport de haut niveau doivent garder en tête leur passion et y aller à fond. Mais on peut être sérieux sans se prendre au sérieux. Le sport doit rester un jeu. A tout niveau.» Solide, le 3ème ligne du XV de France ? Assurément. Celui qui se définit lui-même comme un « citoyen du monde » n’a pas fini de nous surprendre et de nous séduire. Lorsqu’il ne s’entraîne pas, il profite des joies de la musique et du cinéma. Il joue de la guitare et passe aussi du temps devant son ordinateur. Avec des amis disséminés dans le monde entier, la correspondance par email a du bon. Libre dans sa tête, Olivier Magne avance sereinement dans la vie. Tout en témoigne. « Ce qui est primordial dans la vie ? Garder la possibilité d’évoluer, quoiqu’il arrive !! » Merci, champion !
MONIQUE ROQUE
Merci aussi à Christophe Selves, ses parents et à notre ami commun, Jean-Paul Bonal.
Ce reportage est tiré du N° 5 de la revue Cantal Magazine et a été réalisé par Monique Roque. Nous remercions M.Roque pour son autorisation de publication sur CantalPassion. |