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Mal connu, voire inconnu, Jean Ribes (1849-1919) a pourtant laissé la griffe de son talent dans de multiples édifices religieux.

Eglise dYdes Bourg intérieur

On pourrait presque considérer que la menuiserie et la sculpture étaient héréditaires chez les Ribes. Il convient pourtant de rester prudent car l'homonymie est également un des traits marquants de la famille. Le premier Jean Ribes que l'on trouve est né à Vielmur, commune de Saint-Paul-de-Salers, en 1776, fils d'un domestique reconverti ensuite en cultivateur. Il est qualifié de garçon charpentier à Fontanges et on lui doit des armoires très caractéristiques. Des cinq fils que lui donne son épouse Catherine Crépon, trois au moins se tournent vers la profession de leur père mais c'est Louis, né en 1816, qui reprend apparemment l'atelier de Fontanges.

À son tour, il prend femme et a quatre fils qui, eux aussi, choisissent de travailler de leurs mains. L'homonymie entre en scène et deux des garçons portent le prénom de Jean. Le second conserve l'atelier familial tandis que Jean premier, celui qui nous intéresse, s'installe à Mauriac comme patron sculpteur, en 1866.

Au fil des ans, Jean Ribes premier va développer son savoir-faire et, tant sur bois que sur pierre, s'affirmer comme étant un artiste exceptionnel. Passionné d'art roman, il observe le travail réalisé par les sculpteurs du XII e siècle, notamment à la basilique Notre-Dame des Miracles (Mauriac) et, peu à peu, grâce à son imagination inépuisable, Jean Ribes créé son propre style néo-roman, remarquable et reconnaissable entre tous.

C'est à Brageac, en 1880, qu'il le prouve, réalisant une chaire en chêne monumentale, aux motifs finement sculptés. Cinq ans plus tard, on le retrouve à Champagnac à l'occasion de l'agrandissement de l'église à laquelle sont ajoutés deux bas-côtés et deux absidioles. Jean Ribes va donner la preuve de sa maîtrise du ciseau, sculptant les chapiteaux, les deux portails et pas moins de quarante-huit modillons.

Modillons de l'Église Notre-Dame de Champagnac

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chapiteaux de l'Église Notre-Dame de Champagnac

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Le maître est passé par là …

En intérieur, il conjugue son art entre pierre et bois, passant du maître-autel en pierre de Volvic à la chaire, hélas disparue à ce jour, ou au confessionnal délicatement orné. Et c'est bien là que l'imagination de l'artiste prend toute sa mesure. De fait, si les extérieurs des églises livrent le talent des sculpteurs d'antan, le mobilier roman, en revanche, ne conserve aucun modèle et il n'existe pas, en 1885, de littérature sur le sujet. C'est donc bien le ciseau de Jean Ribes qui innove, entremêlant flore, faune, visages sereins ou inquiétants, le tout sur fond de références liturgiques propres à l'art roman.

Les années suivantes, Jean Ribes intervient à la chapelle du Mas, à Auzers, refait le porche de l'église de Salers et renouvelle entièrement le mobilier de l'église d'Ydes-Bourg, travail qui restera son chef-d’œuvre. Maître-autel, chaire, chemin de croix, stalles, rien n'échappe au ciseau de l'artiste qui semble atteindre l'apogée de sa dextérité.

La chapelle Notre-Dame du Mas d'Auzers

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Église Saint-Georges d'Ydes

autel eglise ydeseglise ydesstales eglise ydes

chaire ydes

Le talent de Jean Ribes n'a d'égal que sa modestie puisqu'il se refuse à signer ses œuvres. Pour autant, il reste un cas unique et le style "ribien" se reconnaît au premier coup d'oeil. Il n'est que de lever les yeux, d'observer la finesse et la précision des sculptures pour comprendre immédiatement si le maître est passé par là.

Source : ouvrage de Pierre Moulier, Jean Ribes, un sculpteur "roman" dans le Cantal en 1900 édité par l'association Cantal Patrimoine.

 

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