Albert Monier est né à Savignat, commune de Chanterelle (Cantal) le 3 mai 1915, il est décédé à Paris, le 21 décembre 1998 et repose repose au cimetière de Maleville-sur-le-Bec (Eure).
Pour survivre, les parents d’Albert Monier ont quitté les plateaux du Cézallier pour exercer le métier de marchands de toile à Pont Audemer (NDLR : après 1875 le marchand de toile succède au colporteur et se spécialise dans la vente à domicile de drap et autres tissus, le marchand de toile exerce dans la deuxième partie du XIXè siècle jusqu'à son changement de nom en négociant-voyageur vers 1920) mais chaque été, la famille revenait régulièrement au pays. C’est à l’occasion de ses retour au pays que ses cousins, agriculteurs à Savignat, initieront le jeune homme à la technique photographique.
Dès 1934, le jeune Albert, alors âgé de 18 ans fait l’acquisition de son premier appareil photographique qu’il ne quittera plus, délaissant dans la foulée son métier de marchand de meubles. En 1948, il part au Maroc d’où Il rapportera de nombreux clichés, mettant en scène la vie et la société marocaine, témoignant d’une époque aujourd’hui disparue.
De retour en France en 1950, c’est avec son Voigtlander qu’il immortalisera le charme et la poésie de Paris. Pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, il développera lui-même ses photos dans une grange transformée en studio à Savignat, son village natal et il les imprimera au format carte postale, conscient dès le départ que cette vulgarisation lui vaudrait le rejet de ses pairs. Comme il l‘a dit lui-même, « j’ai fait rentrer l’art dans la carte postale, et ça ils ne me pardonneront pas ». Et si les débuts furent difficiles, le bilan parle de lui-même, plus de 80 millions de cartes postales vendues.
En 1958, il édite une série de cartes postales « noir et blanc » sur l’Auvergne, véritable témoignage du quotidien des paysans et de la beauté des paysages de son "pays", sublimés par les contrastes du noir et blanc. Seront vendus 2 millions de cartes par an.
En 1963, nouveauté pour l’époque, il propose le grand format photographique (40×50) et le poster, 100 000 posters seront vendus dans le monde entier pour le plus grand bonheur des collectionneurs. Dans le cadre du centenaire de la Croix Rouge, 10 000 cartes de la Poignée de main lui seront commandées.
Même boudé par ses pairs, Albert Monier acquiert la reconnaissance internationale en exposant à Londres, Tokyo ou New-York (1965).
Les photographies d’Albert Monier illustrent différents ouvrages dont Le coffre à sel de son amie et compatriote Marie-Aimée Méraville (1902-1963), L'Auvergne que j'aime de Jean Anglade (1915-2017) ou encore L'aventure du Roquefort de son ami Henri Pourrat (1887-1959) qu’il admirait profondément.
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Photographe ethnographe
Classé comme un photographe « humaniste », Albert Monier est plus intéressé par les paysages et les attitudes des « petites gens » que par le portrait. Pour lui la photographie d’une scène ou d’un personnage n’est jamais que le reflet d’une intériorité. Les photographies d’Albert Monier procèdent d’une opération magique (chimique avec l’héliogravure) qui consiste à capter la lumière réfléchie par les êtres, les lieux, les scènes de vie.
Ces clichés sur le Maroc ou l’Auvergne sont une mise en image d’une réalité disparue, témoignage d’une époque et d’une société engloutie : ils constituent presque des études ethnographiques (Jean François SERRE, Président de l’Association Albert Monier)
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En 2009, le Sénat a rendu hommage à Albert Monier le temps d'une exposition dans une vidéo de France 3.
Une partie de l’œuvre d’Albert Monier est exposée à Condat (Cantal), ainsi qu’à Chanterelle (Cantal) dans la salle des fêtes de son village natal.
D’autres œuvres originales sont conservées au Musée d’Art et d’Archéologie d’Aurillac. L'association Albert Monier se consacre à la valorisation de son œuvre et à entretenir sa mémoire par diverses manifestations, expositions, conférences, éditions ou célébrations particulières entre autres pour le centenaire de sa naissance en 2015 et le vingtième anniversaire de sa disparition en 2018.
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"Certaines des cartes postales les plus populaires de Paris pendant les années 1950 et les années 1960 sont l'oeuvre d'Albert Monier. Ses images de Paris sont moins populaires que celles de Doisneau. Il avait une empathie spéciale pour les hommes de la classe ouvrière, pour les plus pauvres et quand les gens modestes apparaissent vraiment dans ses photographies, il s'agit de sans-abri ou de personnes extrêmement pauvres plutôt que de couples flirtant devant le Hôtel de Ville ... Paris a beaucoup changé depuis les années 1950, les hommes qualifiés de "clochards" dans ces photos seraient qualifiés aujourd'hui de SDF ou "sans le domicile fixe" ... Monier a évolué en dehors du monde établi de l'édition, imprimant ses propres cartes postales sur papier photographique dans son propre laboratoire. En utilisant un petit nombre d'images, il a bénéficié d'une assise populaire dans le monde de la photographie de carte postale." in Holden Luntz Gallery