Le 19 août 1839, en séance officielle à l'Institut de France, Louis Jacques Mandé Daguerre présenta le premier procédé photographique, le daguerréotype. Cette date est entrée dans l’histoire comme celle de naissance de la photographie même si le précurseur fut Nicéphore Niepce qui, dès 1824, obtenait les premières images après un temps de pose de plusieurs jours. Hélas, Niepce, avec lequel Daguerre s’est associé en 1829, décède en 1833.
Le poids du matériel, les contraintes techniques et financières ont longtemps freiné la démocratisation de la photographie. On allait donc chez le photographe pour immortaliser les instants clé de la vie, y compris la mort, au moins jusqu’à la fin de la première guerre mondiale.
Les premières photographies de studio ont vu le jour dès le milieu du XIXème siècle. Pour créer des portraits photographiques, les techniques d’éclairage utilisées étaient celles des peintres, c’est la raison pour laquelle ces studios de photo étaient souvent d’anciens ateliers d’artistes peintres, la lumière provenant en général d’une grande fenêtre ou d’un puits de lumière faisant face au nord, généralement une verrière au plafond ou sur les côtés de la pièce. Un système de voilages permettait de diffuser la lumière du jour, une toile peinte servait de décor, encadrée de rideaux, tapis, assortiments de meubles et d’accessoires divers. Tout dans le studio du photographe - des postures aux décors en passant par la gestuelle - rappelle l’atelier du peintre.
L'annuaire du Cantal nous apprend que trois photographes ont exercé à Aurillac entre 1900 et 1910, tous établis avenue de la République. Il s'agit de Castanié, de Necker et de Parry. C’est en 1880 que Léger Parry, « photographe-peintre », (1856-1921) s’installe au 39 de l’avenue de la gare à Aurillac, l’actuelle avenue de la République, et aménage son atelier au dernier étage de l’immeuble familial sur la terrasse surmontée d’une verrière afin de bénéficier au maximum de la lumière du jour.
La manière de procéder à une séance photo est immuable, le client, ou le groupe, pose devant un décor en trompe-l’œil, autour d’un mobilier des plus conventionnels, un tapis délimite l’espace au sol, deux rideaux sombres forment un cadre de part et d’autre du décor qui, retombe au sol en délimitant un espace vertical, véritable scène de théâtre.
Pendant les 35 ans durant lesquels il a exercé son activité, Léger Parry a réalisé, à lui seul, près de 25.000 portraits, soit une fois et demie la population aurillacoise de l’époque. Son fils Émile (1888-1940) lui succèdera à la fin de la Grande Guerre puis viendra le tour de son petit-fils Pierre (1920-1997). En tout, ce sont plus de 50 000 portraits dont disposent les musées d’Aurillac. On peut parler de style « Parry » tant la filiation est évidente dans leur façon de travailler ce qui n’empêche pas parfois l’apparition de quelques petites touches personnelles. Pierre, le petit-fils de Léger témoignera d’une réelle influence “Studio Harcourt”, dans les années 1940.
La vulgarisation de la photographie dans le milieu du XXe siècle puis l’arrivée de la photographie numérique à partir des années 2000 ont vu peu à peu disparaître une bonne partie des studios photos. Le studio Parry n’y a pas échappé, il a fermé ses portes en 1971 après 85 ans de bons et loyaux services. Fort heureusement, les derniers représentants de la famille Parry ont légués plusieurs milliers de documents photographiques (plaques de verre, négatif) aux musées d’Aurillac qui ont la charge de la conservation, de la protection et de l’exploitation de ce véritable trésor, témoignage inestimable de la vie locale.
Une partie du fonds Parry a été numérisée en 2016 et 2019, les clichés sont accessibles en ligne sur la bibliothèque numérique d'Aurillac. Le travail de numérisation devrait se poursuivre au fil du temps.
Les musées d’Aurillac ont proposé plusieurs expositions sur tirages papier encadrés qui ont donné vie aux nombreux négatifs ou plaques de verre du Fonds Parry dont ils ont la garde :
- «Regards sur Aurillac, les métiers du quotidien» en 2007,
- « Jours de noces » en 2009,
- « Souvenirs des fêtes républicaines » en 2010,
- « Postures » en 2015 qui faisait la part belle aux attitudes sportives du début du siècle
- « Caractères » (2019-2020), plus de 500 portraits, solitaires, de groupe ou de famille.
Et il en reste encore à découvrir !
DTF
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