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La construction des barrages de Brommat et de Sarrans, une épopée humaine et industrielle, a fait l'objet d'une exposition aux Archives Départementales, 42 rue Paul Doumer à Aurillac du 21/11/2013 au 10/01/2014 

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Une épopée humaine et industrielle

Acclamé comme le plus grand barrage de l’Europe à l’époque de sa construction, le complexe hydro-électrique de Brommat-Sarrans représente dans les années 1930 un chef-d’œuvre de modernité. La Truyère, qui serpente à travers le Cantal avant de se jeter dans le Lot, était alors une rivière vive, et constitua le terrain idéal pour l’installation de barrages, à Brommat et Sarrans, mais aussi Grandval, Lanau, Cambeyrac, etc.L’exposition que vous allez visiter, aimablement prêtée par Electricité de France, retrace cette aventure extraordinaire. Alors que la fée électricité n’a pas encore atteint tous les ménages français, des réflexions s’engagent sur les possibilités de tirer profit du cours de la Truyère, et donnent lieu à des premières constructions. Mais c’est le barrage de Sarrans, achevé en 1934, qui provoque la fascination, encore aujourd’hui. Les chiffres sont phénoménaux : un lac de 1000 hectares, un mur résistant à la force de l’eau, haut de 105 mètres, long de 225 mètres, et dont la retenue peut atteindre 296 millions de mètres cubes d’eau, un pedigree impressionnant. Il faut ajouter à cela la rareté de tels édifices au début du XXe siècle : le barrage de Sarrans représente la modernité, le progrès technique, il est l’outil par lequel l’homme maîtrise et exploite la nature, afin d’apporter le confort dans les foyers.

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Le caractère hors-norme du chantier réside également dans les moyens humains mis en œuvre pour mener les travaux à terme : des milliers d’hommes, dont une grande partie sont des émigrés européens (Italiens, Espagnols, Yougoslaves, Polonais…), viennent travailler sur les bords de la Truyère, y vivre avec leur famille, dans des conditions précaires, y mourir également, lors de trop nombreux accidents. Les prouesses techniques ne doivent pas nous faire oublier ces vies sacrifiées à leur accomplissement.

Le sujet de cette exposition n’est pas nouveau pour les Archives départementales du Cantal. Il fait écho aux travaux menés par l’anthropologue Armelle Faure, assistée de Frédéric Bianchi, responsable des archives audiovisuelles aux Archives départementales, auprès des personnes ayant habité la vallée de la Dordogne avant la mise en eau des barrages de Bort-les-Orgues, de l’Aigle ou du Chastang. Il me paraissait donc important de compléter les panneaux prêtés par EDF par la diffusion d’extraits de témoignages collectés dans le cadre de ce partenariat et conservés aux Archives. Les personnes enregistrées, dont les portraits sont disposés au centre de la salle, ont accepté de partager leurs souvenirs, leur mémoire d’une rivière désormais disparue, leurs regrets d’un paradis terrestre à jamais englouti. De la Dordogne à la Truyère, les lieux changent mais les ressentis sont sans doute comparables, et ces témoignages chargés d’émotion permettront d’apporter un point-de-vue complémentaire sur les grands travaux modernes du XXe siècle.

Lucie Dorsy

Directrice des Archives départementales

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