Construite à 1152 m d'altitude, la gare du Lioran est la gare ferroviaire de la ligne qui relie Figeac (Lot) à Arvant (Haute-Loire) en passant par Aurillac (Cantal), elle est située sur le territoire de la commune de Laveissière dans Cantal. Cette belle bâtisse du XIXe siècle est la seule gare d’Europe à être littéralement située au pied des pistes. Un téléski au départ de la gare permet de rejoindre la station skis aux pieds.
La gare du Lioran est également une gare d'évitement sur une ligne voie unique, elle dispose en effet d'une deuxième voie pour le croisement des trains et de plusieurs voies de service.
Une gare et des hébergements
C'est après le percement du tunnel ferroviaire du Lioran (1868) par la Compagnie du Chemin de Fer de Paris à Orléans que la gare a été construite (1886) en bordure de la première ligne de chemin de fer de France située à plus de 1 000 m d'altitude. Elle a rapidement accueilli de nombreux touristes, essentiellement en été, des bourgeois en quête d’air vivifiant comme on disait à l’époque. S’en est suivie la construction de nombreuses auberges et hôtels dont le Grand Hôtel du Lioran (Hôtel Daudé) en 1896, et le luxueux hôtel des touristes de la Compagnie d’Orléans en 1898 (démoli en 2010).
La première compétition de ski eut lieu en 1906. Le Ski Club du Lioran, qui est toujours en activité, fut créé en 1908. La gare connut une importante affluence en 1911, avec la tenue du 5e concours international de ski du 10 au 15 février organisé par le Club Alpin français qui amena entre 6 et 7 000 personnes au Lioran.
La première guerre mondiale freinera l’essor du Lioran. Entre les deux guerres, l’activité touristique reprend, un premier tremplin de saut en bois est construit. En 1933, un projet de patinoire est évoqué. Pendant la deuxième guerre mondiale, les lieux seront le théâtre de nombreux et sanglants affrontements entre l’armée allemande et les maquisards.Tout près de la gare, une plaque commémorative rappelle les combats du Lioran qui eurent lieu du 10 au 12 août 1944.
En 1947, le premier téléski, celui de Masseboeuf, est installé. Mais ce n’est réellement qu’à partir de 1960 que les autorités de l’époque envisagent de relancer le développement de la station, baptisée Super-Lioran. L’inauguration du téléphérique du Plomb du Cantal en 1967 par le Premier Ministre Georges Pompidou, natif du Cantal, sera le coup de pouce qui manquait.
Un réservoir au style unique pour alimenter les locomotives à vapeur
La gare du Lioran possède toujours la tour de son réservoir datant de l'époque des trains à vapeur. Si ce château d’eau d’alimentation des locomotives a résisté aux effets du gel, c’est grâce à son toit pentu et aux planches de bois dont il est entouré. Le réservoir du Lioran est le dernier de ce style, propre au Cantal. Il a été inscrit aux Monuments Historiques par arrêté du 7 octobre 1991.
Sa fiche sur la Base du Ministère de la Culture le décrit ainsi :
« Réservoir de la gare réalisé entre 1898 et 1903 selon un modèle type reproduit à plusieurs exemplaires sur la ligne Figeac-Arvant. Après l'abandon de la vapeur, ces réservoirs furent désaffectés. Cet ouvrage se compose d'une tour cylindrique dont la base maçonnée est revêtue d'un appareil en opus incertum, percé de baies néo-romanes. La superstructure en surplomb est garnie d'un bardage de planches de bois protégeant des intempéries la cuve métallique à fond sphérique contenant 100 m3 d'eau. L'alimentation s'effectue par tuyauterie. L'accès au réservoir est possible par échelle de l'intérieur comme de l'extérieur. Ce château d'eau est le dernier de la ligne subsistant intact. ».
Aujourd’hui, une gare particulièrement animée en saison
Qu’il arrive d’Aurillac en provenance de Figeac ou de Massiac en provenance d’Arvant, le « train de neige », comme il est surnommé par les cheminots, est bondé dès que la poudreuse est au rendez-vous. Outre les magnifiques paysages de la vallée de l’Alagnon, les voyageurs apprécient ce mode de transport qui leur évite les tracas de la route que sont les restrictions de circulation et les difficultés de stationnement une fois sur place.
« C’est marrant, on voit des gens avec des casques, des masques et des skis, qui s’agglutinent dans le train. Il y a même parfois des luges », raconte Christelle, agent SNCF (La Montagne, 02/01/2015)
Un téléski au pied de la voie ferrée
Le plaisir, irremplaçable et inégalé, consiste, pour les amateurs de poudreuse, à chausser les skis à peine sortis du train pour se retrouver aussitôt sur les pistes grâce au téléski "Gare", le bien-nommé puisqu’il relie la gare SNCF du Lioran à la prairie des Sagnes, la vaste étendue de pâturages et d’estive sur laquelle ont été installées les infrastructures de la principale station de sports d’hiver du Cantal.
Construit en 1965 et rénové en 1980, ce téléski est un des atouts touristiques de la station. Cette continuité rail-téléski permet aux skieurs de la région de venir skier à la journée au Lioran, pas de besoin de voiture, ni même de permis de conduire. A peine descendu du train, il ne faut pas plus de 3 mn à l’amateur pour parcourir les 678 m de la piste « gare », une verte, pour se retrouver 103 mètres plus haut, prêt à emprunter les télésièges ou la télécabine qui le conduiront au sommet des pistes du Lioran.
Un déneigement haut de gamme pluriquotidien
Les trains peuvent circuler normalement avec une épaisseur de 15 cm au-dessus du rail, soit une trentaine de centimètres par rapport au ballast. Début 2019, avec l’arrivée de premières « vraies » chutes de neige de la saison, ce sont des chasse-neiges d’une redoutable efficacité qui sont entrés en action à la gare du Lioran. D’une capacité de déneigement pouvant aller jusqu’à 50 cm au-dessus du rail, ces déneigeuses de type draisine passent tôt le matin, avant la première circulation puis après chaque chute de neige.
En 2016, selon les estimations de la SNCF, la fréquentation annuelle (mais concentrée sur les mois d’hiver) de la gare était de 28 092 voyageurs contre 24 291 en 2015 et 21 690 en 2014. Autant de voitures en moins dans la station dont les parkings arrivent rapidement à saturation en pleine saison.
* * *