Le petit village de Leyvaux est situé dans le Cantal, cartes routières et dictionnaires vous le confirmeront, pris en tenaille entre le Puy-de-Dôme et la Haute-Loire. C'est d'ailleurs par ce département qu'on transite puisqu'il faut traverser le magnifique village de Blesle pour y accéder. C'est la seule route (D83 puis D109B) et un panneau « voie sans issue » vous prévient qu'au bout, c'est demi-tour sauf si vous êtes randonneur.
Tout au long des 7 kilomètres qui séparent Blesles de Leyvaux, on se demande, non sans une pointe d'inquiétude, comment deux véhicules peuvent se croiser sur une route si étroite. Nous ne croiserons personne et, bien qu'au dernier recensement (2018), le village ait revendiqué une quarantaine d'âmes* (le record fut de 370 en 1836), c'est dans un « vieux village de Leyvaux » désert que nous arrivons. L'accès à l'unique rue du village est interdit à la circulation. Autour de nous, pas d'autre voiture en vue, pas un bruit, pas même un aboiement, ou un chant de coq pour signaler notre arrivée.
* Grâce à l'arrivée d'une famille de cinq enfants, Leyvaux a vu sa population augmenter de 31% !
Si Leyvaux était à l’origine un prieuré du XIe-XIIe siècle niché au fond de sa vallée perdue, aujourd'hui ce ne sont que ruines ou presque, ruines de maisons éventrées, vestiges d'une tour de guet carrée un peu à l'écart, le tout créant une tenace impression de désolation. Le contraste est saisissant avec d'autres éléments qui témoignent de la vie du village, le revêtement de la route, visiblement récent, l'enduit flambant neuf du pigeonnier de l'ancien presbytère (toujours en ruines), la blancheur des murs de la majestueuse église romane qui trône au-dessus du village et tout ce bois de chauffage fraîchement coupé et soigneusement stocké ici et là.
L'église Saint-Blaise
Edifiée à l'époque romane (XIIe) remaniée plus tard à l'époque gothique, l'église aux murs blancs semble massive de l'extérieur, peut-être à cause de l'aspect monumental de son clocher-arcade.
Au sud, au-dessus du portail d'époque gothique, le tympan nu est entouré d'une archivolte composée de deux rangs de boules reliées entre elles par cinq fleurs, quant à la porte, elle est surmontée d'un imposant linteau en relief décoré d'entrelacs qui semblent se développer à partir d'une tête humaine à barbe bifide. Il s'agit d'un exemple unique en Haute-Auvergne dû à un atelier de Brioude (Haute-Loire).
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Toujours à l'extérieur, en haut du mur est, on remarque des bandes horizontales de pierres disposées en « arêtes de poisson ». Ces mêmes bandes se retrouvent à l'intérieur, ce qui laisse penser que, dans la cella originelle, ce mur était extérieur, il serait devenu intérieur avec l'ajout ultérieur de chapelles au nord.
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A l'intérieur, c'est le dépouillement qui prime, renforcé par la couleur des murs blanchis à la chaux. Ni mobilier, ni sculpture, juste un magnifique arc triomphal décoré d'une fresque du XVIIe marquant la séparation entre la nef et le choeur retréci.
Les nombreux remaniements au fil des XVIe et XVIIe siècles ont affecté la structure de l'ensemble - des chapelles au nord, une chapelle et une sacristie au sud et une travée supplémentaire à l'ouest venue allonger la nef – c'est sans doute ce qui explique le déversement du mur sud au rendu peu esthétique.
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L'église Saint-Blaise de Leyvaux a fait l'objet d'un classement aux Monuments Historiques par arrêté du 30 mars 1979. A partir de cette date, différents travaux de restauration ont été entrepris avec les aléas de ce type d'entreprise liés, entre autres, aux difficultés de financement. Les vitraux modernes et épurés ont été ajoutés à l'église en 1992.
Plus récemment, en 2020, un avis d'appel public à la concurrence a été émis par la commune de Leyvaux afin de procéder à une restauration partielle concernant le clocher, la couverture et la baie axiale de l'église.
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Le pigeonnier du prebytère de Leyvaux
Tout à côté de l'église, un presbytère, ou « petit prieuré », a été bâti aux XVIIe-XVIIIe siècles, hélas faute d'entretien et d'intérêt, il s’est en partie effondré, seul subsiste le pigeonnier du XVIIIe siècle, très abîmé, et deux caves qui menaçent de tomber en ruine depuis déjà quelques années. L'effondrement du pigeonnier risquait d'entraîner l'affaissement du cimetière, situé à l’arrière.
C'est ici qu'intervient un « deus ex machina » en la personne de l'Abbé Philippe Boyer, ancien curé de la paroisse de Leyvaux, qui, en 2009, acheta la ruine tombée dans le domaine public. Quelques années plus tard, fin 2016, il cède le bâtiment à quelques passionnés de patrimoine qui se sont constitué en association, Les amis de l'ancien presbytere de leyvaux présidée par Roger Esculier (vice- l’abbé Philippe Boyer). C'est d'abord la recherche d'aides et de partenaires financiers pour faire face à des devis très élevés. En 2018, cinq entreprises cantaliennes mécènes se sont positionnées sur quatre projets dont le pigeonnier de Leyvaux auxquelles sont venus s'ajouter la Fondation du Patrimoine, la DRAC, la Région, les dons privés et, enfin, la mission Bern, contactée sans grand espoir, un peu comme on lance une bouteille à la mer, puis, petit miracle, l'inscription du projet de restauration au bénéfice des aides du Loto du Patrimoine (pour un montant de 50 000 €).
La réfection du pigeonnier du XVIIIe siècle aura coûté 128.649 €. Le chantier actuellement en phase terminale fut très délicat. A terme, on devrait pouvoir le visiter mais il faut encore sécuriser et rénover le presbytère proprement dit.
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En quittant Leyvaux
Après avoir admiré l'église Saint-Blaise et le pigeonnier du presbytère de Leyvaux, ne manquez pas les vieux bâtiments de la ferme dans le prolongement de laquelle se profile la silhouette dune ancienne tour de guet, probablement contemporaine de l'église.
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Enfin en retournant vers votre véhicule, admirez la restauration des lavoirs du village alimentés par les eaux du ruisseau de Leyvaux, ce dernier devient la Voireuze au niveau de Breuil, village rattaché à Leyvaux.
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N'oubliez pas, à l'aller ou au retour, de vous arrêter à Blesles pour découvrir les trésors architecturaux de ce « plus beau village de France ».
DTF, mai 2021
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