Créés par Colbert en 1665, les Haras royaux signent le début de l’intervention de l’Etat dans l’élevage du cheval en France. Ils sont supprimés en 1790, puis rétablis en 1795 et enfin, réorganisés sous le nom de Haras impériaux en 1806 par Napoléon Bonaparte, ils ont pris le nom de Haras nationaux en 1874. Il s'agit d'une des plus anciennes administrations françaises mais son avenir est plus que jamais incertain.
La Révolution Française ayant confisqué de nombreux établissements religieux, le couvent de la Visitation de la rue des Carmes était vacant de toute occupation. Il fut transformé pour partie en caserne pour l’infanterie qui occupera la moitié des bâtiments jusqu’en 1922 puis pour l'autre partie en dépôt d’étalons impérial, autrement le Haras impérial ; les chevaux sont alors installés dans la chapelle qui sert ... d'écurie ! Cependant dès 1819, de véritables écuries pour 50 chevaux et des bâtiments annexes dont la sellerie pour les selles d'apparat sont construits, la chapelle est alors réutilisée comme manège.
Le dépôt d'Aurillac va accueillir jusqu’à 83 chevaux et participer à l’amélioration des races équines en Auvergne et au-delà puisqu’à cette époque, Aurillac concentre les activités d’élevage des départements du Cantal, de la Haute-Loire, du Lot et du Puy-de-Dôme.
A peu près à la même époque (1821), les premières courses hippiques sont organisées sur le tout nouveau hippodrome Georges du Breil, érigé avenue de Tronquières.
De 1840 à 1875 environ, l’élevage des chevaux de sang connaîtra une récession temporaire au profit de l’élevage du mulet et du cheval de trait, puis viendra l’abandon progressif du cheval comme moyen de transport. Le dépôt d’étalons est peu à peu contraint à réviser son mode de fonctionnement d’autant que les installations de la rue des Carmes, difficiles d’accès en plein centre-ville, sont devenues inadaptées.
Après de nombreuses tergiversations et pour un euro symbolique, le conseil général du Cantal cède 14 hectares de terrain dont il est propriétaire aux Haras nationaux. Un haras neuf est ainsi construit en 1983 à proximité de l’hippodrome et de l’école d’équitation sur un domaine de 17 hectares donnant naissance à un pôle hippique d'une trentaine d’hectares à la sortie de l'agglomération en direction de Toulouse et Montauban, auquel est venu s’ajouter un poney-club. C’est ainsi que le haras d’Aurillac, devenu le plus moderne des 22 haras et stations de monte de France (avant 2010), peut poursuivre sa mission de reproduction des chevaux de sang, de sport et de trait. En effet, dans le Cantal, en plus de leurs troupeaux de bovins, les éleveurs possèdent couramment des chevaux qui leur permettent de mieux valoriser l’herbe des prés et même, parfois, de travailler dans les bois.
Grâce à son expérience dans le domaine de l’attelage, "le Haras national d’Aurillac s’inscrit dans une dynamique de formation des chevaux dit territoriaux"(*) ..."Son statut d’institut technique implique des missions d’accompagnement à l’innovation, et de soutien à la conception et à la mise en oeuvre de projets de développement de la filière".
De très nombreuses activités peuvent être pratiquées aux Haras Nationaux d’Aurillac :
- En période estivale, l'office de tourisme d’Aurillac propose des visites guidées (se renseigner sur les conditions). Il est alors possible non seulement d’admirer les pensionnaires du haras - dans leur box, au paddock, attelés ou montés - mais aussi de découvrir les métiers en lien avec le cheval, du maréchal-ferrant à l'inséminateur, du meneur au manipulateur en échographie, du cavalier ou sellier, etc.
- Des stages sont régulièrement proposés pendant les vacances scolaires (ateliers des arts du cirque, stages d'acrobatie à cheval/voltige, etc).
En 2010, les Haras nationaux et le Cadre Noir de Saumur (école nationale d’équitation) fusionnent et donnent naissance à l’Institut Français du cheval et de l’équitation (IFCE), tandis que l’Etat annonce sa volonté de mettre un terme à l’activité de monte publique, trop coûteuse, qui prend fin en 2014. Les effectifs du Haras national d’Aurillac passent de 26 salariés en 2010 à 6 en 2019 pour entretenir et gérer un site de 14 hectares !
En 2016, L’IFCE (l’Etat) a annoncé son désengagement pour 2022, depuis 2017, le Haras national d’Aurillac est la propriété du Conseil départemental mais la question de son devenir est très sérieusement posée.
La conséquence immédiate de cette situation est que la filière équine est en plein déclin, ainsi les élevages cantaliens auraient diminué de 51 % ces dix dernières années (2009-2019) et les naissances – entre 2000 et 2017 - ont baissé de 44 %. Les espoirs de maintien de la filière sont désormais portés par l’AECC (Association des éleveurs et cavaliers du Cantal) qui souhaite « continuer à faire vivre le haras, et surtout profiter des infrastructures en place et qui ne méritent pas d’être abandonnée. Ce que nous proposons, c’est une solution à moindre coût pour le conseil départemental »
Enfin, bien loin de sa vocation première, le Haras national d'Aurillac est devenu l'un des acteurs majeurs de la lutte contre la Covid 19 hors milieu hospitalier dès le mois d'avril 2020 avec la mise en place d'un drive de prélèvement Covid.
Pour l'instant les installations accueillent, d'une part, l'Ecole Départementale d'Equitation dont le projet d'agrandissement et de réhabilitation a été mis en route il y a quelques années par le Conseil Départemental au vu des excellents résultats d'activité de l'EDE ces 30 dernières années, et également en raison de ses valeurs éducatives, sportives et sociales et, d'autre part, l'école du cirque qui devra cependant quitter les lieux fin 2025, le département souhaitant mettre en vente les locaux occupés par l'association Tout un cirque.
Enfin, il semble que, grâce à l'existence des Haras Nationaux sur son territoire, la ville d'Aurillac sera autorisée à accueillir un casino. En effet, la loi adoptée par l'Assemblée Nationale le 5 décembre 2023 visant "à réduire les inégalités territoriales", stipule que des casinos pourront être ouverts dans "des communes sur le territoire desquelles sont implantés, au 1er janvier 2023, le siège d'une société de courses hippiques ainsi que le site historique du Cadre noir ou un haras national où ont été organisés au moins dix événements équestres au rayonnement national ou international par an entre le 1er janvier 2018 et le 1er janvier 2023".
(*) très populaire auprès du public, le cheval territorial réalise diverses missions de service public pour le compte de la collectivité territoriale, il contribue au resserrement des liens entre les habitants et les services municipaux.
DTF, dernière mise à jour novembre 2024
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