La disparition du cerf élaphe (ce nom est un pléonasme comme notre langue en connaît quelques-uns car "élaphe" signifie "cerf" en grec) dans le Cantal à la fin du XIXe siècle a plus que probablement été la conséquence du défrichement et de la chasse. A partir de 1958, l’Etat a manifesté la volonté de le réintroduire, plusieurs lois favorables aux ongulés ont été mises en place :
- 1963 : loi sur le plan de chasse,
- 1968 : indemnisation des dégâts de grand gibier et abolition du droit d’affût,
- 1978 : plan de chasse obligatoire sur l’ensemble du territoire national
Dans le Cantal, la réintroduction du cerf élaphe s’est faite à cheval sur 1965 et 1966, à l’initiative de la Fédération des chasseurs avec l’appui du Conservatoire des Eaux et Forêts et l’accord des maires concernés (36 animaux répartis sur 8 communes, puis 7 cerfs en 1974. Ils sont concentrés dans les massifs forestiers (massif de la Truyère et plateau de l’Aubrac, Monts du Cantal, massif de l’Alagnon, Pinatelle, massif de l’Artense et massif de la Margeride). Il fait partie intégrante de l’écosystème forestier auvergnat.
Caractéristiques du cerf élaphe :
- Taille : 1,60 m à 2,50 m,
- Poids : 100 kg à 300 kg
Cerf est le nom donné au male, biche celui donné à la femelle. Le nom de leur petit évolue au fil de la croissance :
- faon est le nom donné au petit jusqu'à l'âge de 6 mois,
- bichette (femelle) et hère (mâle) de 6 mois à 1 an,
- daguet est le nom du jeune male avec deux grands bois secs de 1 à 2 ans.
Le cerf porte des « bois » (et non des cornes) qui tombent à la fin de l’hiver (février/mars) chez les cerfs âgés et au début du printemps (avril/mai) chez les jeunes. Ils repoussent au cours de l'été. Le nombre de cors dépend de son potentiel génétique et ne correspond pas à l’âge de l’animal contrairement à une idée reçue.
L’organisation sociale de cette espèce sociable est matriarcale. Mâles et femelles adultes vivent séparés la majeure partie de l’année. Le faon accompagne régulièrement sa mère à partir de l’âge de 3 mois environ. Une jeune femelle reste avec ou à proximité directe de celle-ci toute sa vie (philopatrie) tandis qu’un jeune mâle la quitte vers l’âge de 18 à 24 mois pour rejoindre d’autres mâles. Mâles et femelles peuvent vivre jusqu’à plus de 15 ans.
Quant au brame, il s’agit d’une sorte de langage dont la finalité est la séduction de la femelle, les cerfs se jugent et se jaugent par la voix, voire se battent.
Populations dans le Cantal :
En 2006, on estimait à 3000 le nombre de cerfs dans le Cantal (difficile de trouver un chiffre plus récent). Depuis 1979, le cerf fait l’objet d’un plan chasse (soumis au Préfet et entériné en Commission Départementale de la Chasse et de la Faune) avec un accroissement incessant des attributions (nombre de bêtes pouvant être légalement abattues) :
- Saison 2014/2015, 2 212 bracelets ont été attribués
- Saison 2017/18, ce sont 2 327 bracelets qui ont été attribués.
- saison 2020-21, le minima est fixé à 2295, le maxima à 2790
Tandis que l’observation et l'écoute du brame du cerf se développent un peu partout, chasseurs et forestiers s’affrontent régulièrement sur la gestion des populations. Pour les premiers, on en tue trop au risque de les voir disparaître, pour les seconds trop de dégâts sont imputables au cerf (un cerf peut consommer jusqu’à trente kilogrammes de nourriture par jour) dont :
- l’écorçage (le cerf arrache parfois l’écorce des arbres pour s’en nourrir, provoquant ainsi la fragilisation du tronc voire la mort de l’arbre si l’écorçage se fait sur toute la circonférence) et
- le frottis (il frotte ses bois sur les arbres pour en enlever les velours ou marquer son territoire en période de rut, ce qui engendre des blessures de l’écorce)
Quel avenir pour le cerf dans le Cantal ?
Compte tenu des intérêts parfois contradictoires des uns et des autres, l’avenir du cerf élaphe est aujourd’hui incertain d’autant que la loi d’avenir agricole de septembre 2014 soumet la gestion du grand gibier aux intérêts financiers sylvicoles. Le morcellement des forêts cantaliennes (taille moyenne de 2 à 2,5 ha) et le relief escarpé des vallées qui rend difficile l’exploitation du massif forestier permettront-ils au Cantal d'échapper à une nouvelle disparition du cerf ?
En attendant, régalons-nous avec ces quelques images (un simple clic sur la photo pour l'agrandir puis un clic sur les flèches latérales).
Texte : DTFPhotos : JPR