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25 Embuscade.

L’info en continu d’Orange ayant apporté des précisions sur l’embuscade afghane, j’ai fait part de mon étonnement concernant la mauvaise préparation de l’avancée des soldats français. J’ajoutais que, toujours, ce type de conflit avait vu l’échec des étrangers (Indochine, Vietnam, Algérie, Afghanistan déjà avec les Russes…).

Ce message m’a valu une réplique contre « le planqué dans les bureaux que j’avais sans doute été en Algérie ».

D’où un retour sur mes textes enfouis depuis près de cinquante ans. J’en tire ce passage tel que je l’avais écrit à l’époque. Pour…je ne sais pas.

« Ouali était en embuscade près de Sidi Khreirat avec 11 gars. Tout le commando est parti à 6 h. Je suis resté avec un chef, un radio et 12 inaptes. Ouali appelle par Parcueil, un poste voisin qui sert de relais radio. Il vient de voir une douzaine de fells entrer dans le village à 300 mètres d’eux. Je fais préparer les gars et j’appelle le P.C. du bataillon. Le capitaine O.R. me dit : « qu’il attaque ! » Je lui rappelle la faiblesse du groupe de Ouali. Il répète : « qu’il attaque ! » Ecoeuré je transmets l’ordre. Ouali annonce 2, puis 3, en fait 5 blessés. Je descends au col où l’aspirant responsable du maghzen me passe ses harkis. Son camion vient de partir avec le chauffeur, seul. Quelle pagaïe ! Nous fonçons à pied. L’ambulance nous rejoint. Le toubib me dit que les deux half-tracks sont derrière, en panne. Je retrouve Ouali. Il me dit qu’il a eu envie de refuser l’ordre d’attaquer. En ligne, PM à la hanche, ils ont avancé. « Shcoun ! » (qui est-ce ?) demande le guetteur fell. Chevalier répond : « shcoun ? » Le fell tire et lance une grenade. Ils sont cinq au tapis. L’un des harkis a une balle dans la jambe, et… une grenade dégoupillée dans la main. Il réussit à remettre la goupille. Ouali est dégoûté. Ce militaire engagé aime se battre. Il croit à la « Cause », sent le terrain, n’a peur de rien… est la plus belle bête de guerre du commando. Il me dit : « je vais démissionner. J’ai fait bousiller mes gars. »

Il me demande : « mon lieutenant, pourquoi vous m’avez dit d’attaquer ? » Je lui raconte comment tout s’est passé sans réussir à le calmer. Je le rencontrerai le 11 novembre. Il me dira que son père vient d’être abattu par les fells. « Le premier que j’attrape, je le découpe en morceaux. Le plus gros sera comme une pièce de 5 francs. »

Je m’en veux d’avoir transmis l’ordre imbécile. Je suis sous-lieutenant. Il est capitaine. Saint-cyrien avec 15 ans de combats.

En bon robot discipliné j’ai obéi.

La guerre.

L’armée et sa rigueur.

 

 

 

 

 

JC Champeil