Le Cantal se distingue par un artisanat innovant. Une curiosité de plus dans le département. Seul tanneur de peau d’autruche en France, Jorge Soler a choisi le Cantal et Neussargues-en-Pinatelle, pour mettre en lumière un savoir-faire unique et recherché.
C’est en 2016 que le quinquagénaire catalan a ouvert son atelier de taxidermie et de tannerie. Peu de temps après une opportunité, s’est présentée à lui : l’artisan raconte « un éleveur d’autruches s’est présenté et m’a confié une vingtaine de peaux d’autruches pour en faire du cuir ».
Ce fut un long chemin semé d’embûches avant de parvenir à un résultat probant. Car la technique de décharnage, consistant à retirer la chair et la graisse, encore présentes sur les peaux salées, est complexe. « Il faut avoir le coup de main. » Plus exactement, le « coup de couteau ».
Il n’existe pas de machine pour réaliser ce geste précis. Jorge Soler tanne et tâtonne, se renseigne, réfléchit et parvient après une année d’efforts, et d’échecs, à obtenir une peau perlée parfaite. La satisfaction est immense, et pour cet entrepreneur dans l’âme, une motivation supplémentaire pour développer sa PME, « La Maison Soler », qui compte maintenant trois salariés.
Si la taxidermie et l’ostéologie, à l’origine de sa venue dans le Cantal et de la création de l’atelier soutenue par le département, la communauté des Hautes Terres et la municipalité, restent des activités lucratives, elles n’en sont pas moins restreintes. La tannerie est pour le moment uniquement alimentée par les peaux d’ovins, caprins et bovins, Jorge Soler voit donc dans la peau d’autruche l’occasion de franchir une étape cruciale our la croissance de sa société. Les ateliers de tannage industriel sont pour majeure partie situés en Afrique du Sud.
Un, puis deux, puis trois propriétaires de ferme d’autruches, dont la viande est destinée à la consommation, ont fait appel à ses services animés par la volonté de faire tanner le cuir en circuit court et en France. Le Cantalien d'adoption souhaite valoriser cette matière première, jusqu’à produire un cuir français « et créer un label de qualité français » annonce-t-il.
Du tannage à la teinture, en passant par le foulage, l’artisan maîtrise désormais tout le processus de fabrication et est devenu prestataire de services pour ses clients hexagonaux. Il veut aller plus loin. « Je peux acheter et tanner les peaux perlées d’autruche, jusqu’à 2500 par an, pour en commercialiser le cuir de très haute qualité directement auprès des grandes maisons de luxe. »
Pour y parvenir, La Maison Soler a investi dans la création, en 2020, de sa propre station d’épuration « zéro déchet toxique », précise Jorge Soler, couplée à celle déjà en fonction aux abattoirs de Neussargues.
Ambitieux et réfléchi, Jorge Soler a les cartes en main pour remporter son pari et sauver un savoir-faire qui, sans lui, serait tombé dans l’oubli.
Le cuir d’autruche est un produit haut de gamme, prisé des plus grandes maisons de luxe. Maroquinerie, chaussures, intérieur de berlines … Cette matière, souple, délicate et résistante, offre un rendu unique qui n’était plus produit dans l’Hexagone. Jusqu’à aujourd’hui.
Les photos sont issues du site de la Maison Soler : https://www.maisonsoler.fr/