Gerbert Brunon est né à Vihiers (Maine-et-Loire) le 4 mai 1845. Il était issu d’une famille de militaires et de magistrats fixée en Haute-Auvergne au milieu du VVIIIème siècle. De cette famille légitimiste et aux profondes convictions religieuses, Gerbert Brunon reçut une éducation qui le conduisit à s’engager dans le corps des zouaves pontificaux dès que l’âge le lui permit, en 1866.
Les lettres à son père nous le montrent d’abord occuper à sonder son entourage et à s’y faire un réseau d’amis, puis à scruter le comportement des uns et des autres. Ayant prêté serment de fidélité au Saint-Siège, il stigmatise dans ses écrits l’entourage italien du pape, hésitant entre la fidélité traditionnelle et une allégeance envers le roi Victor-Emmanuel II et Garibaldi, riche d’avantages supputés, prêt à tous les retournements de dernière minute.
L’épisode militaire de la bataille de Mentana, à laquelle Gerbert Brunon participa activement au sein de la 5ème compagnie du 2ème bataillon, est l’objet de ses souvenirs (1). Sa compagnie a été en grande partie à l'origine de cette victoire sur les troupes garibaldiennes. Ses supérieurs directs ainsi que le colonel Athanase de Charette, commandant le Régiment des Zouaves pontificaux, ont su apprécier "sa finesse et sa vivacité d’esprit". Il se distingua notamment sur le terrain "par son courage et sa faculté à recueillir rapidement des informations pertinentes sur les positions des ennemis du Saint-Siège". Il sera décoré de la médaille "Fidei et Virtuti" dite croix de Mentana créée par le pape Pie IX et, à titre posthume du "Bene Merenti" créé par le pape Léon XIII. Durant la guerre de 1870, sous-lieutenant commandant une compagnie du 72ème Mobile du Cantal, il participe à divers combats au sein du 17ème corps d’Armée (2), comme un certain nombre de zouaves pontificaux dans d’autres unités. Les “Soldats du pape” français étaient très appréciés pour leur courage et leur patriotisme.
La guerre finie, il reprend ses études de droit, puis il est nommé avocat au barreau d’Aurillac et conservateur de la bibliothèque de cette ville. Il publie alors un Essai sur Chateaubriand et une Esquisse littéraire sur Alfred de Vigny, remarqués à l’Académie française. Divers journaux accueillent ses articles, il met en chantier une "Histoire de la ville d’Aurillac", ainsi qu’une "Etude sur un nouveau système d’éducation" restés inachevés. En effet, il mourut tragiquement une nuit de l'année 1874, à l’âge de 29 ans, en voulant porter secours à des familles surprises par un incendie. Gerbert Brunon s’était marié en 1872 avec Marie Faugière de Chantelauze (famille originaire du Puy-de-Dôme). Un seul enfant naquit de leur union, Jean, qui embrassa la carrière militaire. Celui-ci épousa, en 1895, Ernestine Barbier de la Serre. Responsable des officiers de renseignement au 2ème Bureau du Grand Quartier Général allié durant la Première Guerre Mondiale, le fils unique de Gerbert termina sa carrière au grade de général de division, gouverneur militaire de Verdun.
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Souvenirs d’un zouave pontifical, Revue de la Haute-Auvergne (nov. – déc. 1988). Un exemplaire a été déposé aux Archives secrètes vaticanes.
Les Mobiles du Cantal sur le front de la Loire : témoignages, Revue de la Haute- Auvergne (1992 T 54).
Un article de Jean-Yves Brunon