VÉGÉTATION DES PRAIRIES BASSES.
Nous désignerons sous le nom de prairies basses toutes celles qui sont situées au-dessous des hautes forêts des montagnes, et qui occupent par conséquent la même zone que les forêts basses et qui même descendent au-dessous. Dans le Cantal comme sous toutes les zones tempérées, les graminées sont la base des prairies. Le port différent de leurs panicules, la diversité des teintes vertes, jaunes ou rougeâtres de leurs épis; la mobilité des brises, et de plusieurs autres espèces à pédoncules fluxueux et déliés, cédant à la moindre impression des vents, donnent à ces beaux tapis de verdure une variété qui ne le cède en rien aux riches pâturages des plaines. Les eaux vives des montagnes, dirigées avec soin dans une foule de canaux, humectent continuellement leurs racines; leurs feuilles, d'un vert tendre, sont pressées les unes contre les autres, et semblent résister à l'invasion des plantes étrangères à leur famille. Celles-ci cependant sont nombreuses; les unes peuvent se joindre aux graminées et augmenter la quantité du foin; mais d'autres y paraissent seulement pour décorer les vallées de leurs fleurs brillantes et multipliées.
Les espèces printanières sont assez communes dans ces prairies et paraissent surtout dans les lieux les plus humides.
La cardamine des prés, les épis du pétasite suivent les bords des canaux d'irrigation; on y rencontre aussi la cardamine amère plus souvent que la précédente. Les orchis à larges feuilles et le taché, quelquefois le morio, paraissent peu de temps après les fleurs bleues des myosotis; mais ils sont moins communs que dans les prairies des enviions d'Aurillac. Çà et là sortent de larges touffes de renoncule à feuilles de platane qui se plait également au milieu des graminées qu'elle domine où sous les sapins qui l'ombragent. Le trèfle d'eau n'est commun que dans les lieux les plus bas; il est souvent accompagné d'équisetum silvaticum et de plusieurs carex. A la fin de juin, deux plantes caractérisent les prairies par leur beauté et par leur abondance : ce sont le trollius europœus et le narcisse des poètes, qui se refusent à la culture dans les jardins de la plaine, et qui se multiplient si facilement dans ceux du nord de l'Europe.
La bistorte est commune partout et contribue beaucoup, par la couleur rose de ses épis, à l'ornement des vallées du Cantal. Le plantain lancéolé, l'alchimile vulgaire, la patience des Alpes, l'achillée aux feuilles découpées, le chrysanthème et plusieurs trèfles, parmi lesquels on distingue le pratense et l’alpestre, augmentent le nombre des plantes que nous venons de citer.
Dans les lieux secs, les associations sont différentes. On voit paraître au printemps plusieurs carex souvent abrités par de larges touffes de l’eupltorbia hyberna; l’orchis sambucina à fleurs jaunes et quelquefois rouges remplace les autres espèces d'orchis qui préfèrent les terrains humides.
Plus tard, le phyteuma spicata et le scabiosa sylvatica préludent à l'apparition des polygala, du prunella grandiflora, betonica officinalis. On y rencontre çà et là le leontodon hispidum, le centaurea montana avec ses grandes fleurs bleues, le campanula glomerata. Plus tard encore paraissent de nombreuses variétés de l'euphraise officinale, le serpolet et le pimpinella magna dont les ombelles prennent parfois une teinte de rose. Quelques épilobes et souvent l'eupatoire croissent le long des ruisseaux qui traversent ces prairies, et dont les bords sont ombragés par les aulnes et le saule pentandre.