VÉGÉTATION DES FORETS BASSES.
Cette zone est bien plus circonscrite que la première; elle dépasse rarement 1,000 à 1,400 mètres et descend à peine au-dessous de 900, en sorte qu'on pourrait, à la rigueur, la considérer comme une lisière inférieure de la zone précédente. On peut lui rapporter une partie des forêts de hêtres; mais la masse principale de cette association forme des bois peu élevés, presque entièrement composés d'arbrisseaux toujours très-rapprochés, au point qu'ils sont presque impénétrables dans certaines localités.
La végétation arborescente se compose de noisetiers, saules, bouleaux, pommiers sauvages, houx, aubépines, hêtres, viorme lantana, viorme obier, rosier des Alpes et à feuilles rouges, genêts à balais, nerprun, chèvrefeuille xylosteon , etc. Les daphnés y sont plus communs que dans la zone supérieure; on y rencontre des ronces et surtout le framboisier; le sureau à grappes y mêle de bonne heure ses fruits roses et acides. De grandes plantes vivaces font partie de ces différents groupes : la digitale pourprée, le lis martagon, l'actéa à épis, la valériane, l'eupatoire, la verge d'or sont les plus communes. Le tamus commence à y paraître. La plante la plus remarquable est le meconopsis cambrica, que l'on retrouve aussi au Mont-Dore et dans les Pyrénées, dans les lieux humides, le long des ruisseaux, où elle épanouit ses grandes fleurs jaunes légèrement penchées sur son feuillage délicat; on y trouve encore le sonchus plumieri, sans y voir le s. alpinus, pour lequel une station plus élevée semble nécessaire. La mellite à feuilles de mélisse et quelques espèces de la plaine accompagnent souvent celles que nous venons de nommer.
Les espèces dont la stature est très-basse peuvent à peine s'y développer; cependant on trouve le pinguicula vulgaris dans les parties basses, et le pyrola minor dans les lieux plus élevés, avec le doronicum austriacum, le lychnis viscaria et quelquefois le lychnis des bois qui, dans le nord de la France, appartient encore à la plaine. La pulmonaire aux fleurs changeantes et la primevère élevée y précèdent l'épanouissement de la lysimaque des bois et de la rose à feuilles de pimprenelle. On remarque les fleurs précoces ce l'amelanchier et parmi les fougères le blechnum spicant. Parfois l'anémone des montagnes y montre ses grandes fleurs penchées, et c'est elle qui donne le signal de la végétation. Le senecio cacaliaster, plante propre à l'Auvergne, fait partie de cette association et s'y montre comme l'équivalent du senecio saracenicus, si commun dans la forêt des Ardennes, dans les bois de la Belgique et aussi sous les sapins du Lioran.