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Document tiré  du Dictionnaire Statistique du Cantal de Déribier-du-Chatelet  Edition de MDCCCLII  (1852) Volume 1/5.

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BOTANIQUE.


CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LA VÉGÉTATION DU CANTAL.

Le groupe du Cantal est remarquable par une admirable végétation. La division des eaux en une multitude de ruisseaux et de cascades, leur stagnation dans des marais élevés , la présence de magnifiques forêts , les accidents sans nombre d'un terrain inégal assurent à la flore du Cantal une richesse peu commune. Le sol, presque entièrement formé de débris volcaniques et enrichi depuis des siècles par la décomposition annuelle du feuillage des arbres, conserve une humidité qui communique aux plantes une très-grande vigueur. Il est peu de localités en France où l'on puisse suivre avec autant de plaisir le développement successif de tous les germes engourdis par un hiver prolongé et se hâtant, dans les montagnes, de jouir d'un été court que la neige interrompt quelquefois. Une végétation tout opposée se montre dans le sud du département: elle tient déjà de la flore du Midi, mais elle offre moins d'intérêt que celle qui revêt les pentes et les plateaux du groupe qui donne son nom à cette belle et vaste contrée.

Le Cantal présente peu de plantes qui lui soit particulières; il n'en est même aucune qui n'ait été encore rencontrée que dans cette seule localité. La végétation est plutôt sub-alpine que véritablement alpine, et si une comparaison pouvait être établie entre la parure végétale du groupe qui nous occupe et celles des deux grandes chaînes qui limitent la France à l'Est et au Midi, c'est avec les Pyrénées qu'il faudrait placer le Cantal. On n'y voit, il est vrai, pas plus qu'au Mont-Dore, aucune plante caractéristique des terrains élevés; mais de nombreuses espèces pyrénéennes viennent se mêler aux plantes montagnardes qui forment le fond de la végétation. Celles du Midi, que l'on rencontre communément dans les plaines entre Maurs et Aurillac, ne s'élèvent pas jusque sur les pentes des pics. On remarque au contraire une assez grande ressemblance entre la végétation némorale du nord de la France, et celle qui revêt les versants et les plateaux élevés du Cantal. La hauteur compense la latitude, et cette compensation paraît exacte.

Le développement des fleurs commence, dans les plaines chaudes du département du Cantal, dès les premiers jours du printemps, et dans les vallées des montagnes, aussitôt que les neiges sont fondues, en sorte qu'il éprouve beaucoup de variations. On voit dans certaines années des fleurs précoces s'épanouir en mars; mais il est rare qu'il en soit ainsi dans la montagne. Souvent c'est à la fin d'avril que les premières paraissent, et ce ne sont guère à cette époque que celles des tussilages qui précèdent l'apparition des feuilles. Celles-ci sortent presque toutes dans le mois de mai, et en quelques jours les admirables vallées de nos montagnes se couvrent d'une verdure nouvelle qui contraste avec les hêtres qui ne sont pas encore entièrement feuillés, ou avec les sapins dont les nouvelles pousses ne sont pas encore développées. Toutes les plantes printanières durent pendant la plus grande partie du mois de juin. Juillet et août sont l'été des montagnes du Cantal; l'époque la plus brillante de cette belle saison arrive du 20 juillet au 10 du mois suivant. La végétation se soutient encore pendant la première quinzaine de septembre ; il est même quelques plantes qui se montrent alors pour la première fois ; mais la fréquence des gelées qui accompagnent presque toutes les matinées d'automne, détruit les espèces tardives dont la neige vient bientôt couvrir les débris.

Les plantes qui tour à tour cachent les rochers volcaniques du Cantal, sont dispersées dans des localités très-différentes où l'on remarque des associations constantes entre certaines espèces. Aussi aucun site, dans le centre de la France, ne présente autant d'intérêt pour l'étude de la géographie botanique. L'élévation est déjà assez grande pour qu'on puisse distinguer quelques zones dans la distribution verticale des espèces; mais ce sont surtout leurs associations qui méritent le plus de fixer notre attention.

Les forêts forment pour ainsi dire une zone intermédiaire qui partage les prairies en deux classes. Les unes sont au-dessous des forêts et les autres les dominent; c'est ainsi que le Bois-Noir sépare les magnifiques et fraîches prairies de la vallée de Fontanges des vastes plateaux couverts de pelouses de Chavaroche et ses environs. Des circonstances accessoires modifient beaucoup les associations végétales que l'on rencontre dans ces différentes régions : les sources, les marais, les escarpements où manque la terre végétale changent les espèces, éloignent les unes et offrent aux autres des chances de vigueur dont elles savent profiter. Avant d'étudier séparément les principales associations végétales que nous présente le Cantal, nous allons reproduire ici quelques règles générales que l'on peut étudier avec soin sur ce groupe de montagnes, et que déjà nous avions énoncées en 1835 en nous occupant du Mont-Dore.

Ces règles peuvent s'appliquer à toutes les contrées du globe, et à cet effet nous emprunterons à la géologie quelques-uns de ses principes les plus élémentaires.

On sait que les différentes couches qui forment l'écorce de la terre n'ont pas été déposées en même temps. On a remarqué aussi qu'elles étaient de nature différente; mais les géologues ont reconnu que souvent plusieurs couches, dont la composition n'était pas la même, avaient été formées pendant une époque non interrompue, et ils ont donné à ce dépôt le nom général de formation. Les uns ont assigné à ce terme une grande extension, ou l'ont même considéré comme synonyme de terrain; les autres l'ont restreint à des dépôts moins compliqués, mais formés pendant l'action des mêmes causes On distingue dans une formation des couches qui prédominent, soit par leur étendue, soit plutôt par leur puissance, et d'autres couches plus minces qui paraissent subordonnées aux premières et qui ne sont pas essentielles; car sur d'autres points du globe la même formation peut exister sans que ces couches subordonnées s'y retrouvent, où souvent elles sont remplacées par d'autres; et, quand une roche placée dans un terrain manque dans une autre localité dont le sol a été reconnu par d'autres caractères être évidemment du même âge, on dit que la roche qui la remplace lui est parallèle ou équivalente. Ainsi, dans les terrains tertiaires de même époque, le gypse ou pierre à plâtre du bassin de Paris est remplacé dans la vallée d'Aurillac par du calcaire marneux, à Londres par de l'argile, sans que pour cette seule raison aucun géologue songe à placer ces formations de localités dans des classes différentes. On pourrait, dans l’étude de la géographie botanique, remplacer le mot de formation par celui d'association , et, tandis que les formations minérales sont ordinairement placées les unes au-dessus des autres, les associations végétales sont situées sur une même surface, et leur ensemble couvre la terre d'un voile de verdure.

On y distingue des plantes caractéristiques et souvent dominantes qui forment la base de ces associations, et au milieu desquelles certaines espèces apparaissent comme subordonnées et peuvent être remplacées par d'autres, sans que l'harmonie de la végétation en soit altérée.

On voit non seulement ces espèces subordonnées, mais encore celles qui prédominent dans ces groupes de végétaux, changer avec le climat, varier avec l’exposition, mais offrir toujours le même ensemble, la même harmonie entre les espèces quelquefois très-nombreuses qui constituent chaque association. En sorte que la végétation, quels que soient les types qui la composent, offre toujours le même aspect dans des localités très-différentes, mais soumises aux mêmes circonstances. C'est ce qui arrive précisément aux formations minérales que l'on reconnaît facilement pour appartenir à la même époque, quoique souvent les roches qui les composent ne soient pas de la même nature. Le Cantal va nous offrir quelques-unes de ces associations bien distinctes; nous les verrons empiéter les unes sur les autres, mais s'arrêter cependant à certaines limites. Nous aurons soin d'indiquer les espèces caractéristiques, et celles qui correspondent aux roches parallèles des formations ou aux substances isomères dans les combinaisons.

Les associations suivantes, déterminées par les diverses stations, nous ont paru suffisantes pour donner une idée de la flore du Cantal et pour éviter l'aridite d'une simple nomenclature, que nous donnerons d'ailleurs plus loin pour compléter ce travail. Ce sont les associations :

  • Des forêts hautes,
  • des forêts basses,
  • des prairies basses,
  • des prairies hautes,
  • des sources et des bords des eaux vives,
  • des marais,
  • des rochers et escarpements.

VÉGÉTATION OU ASSOCIATION DES FORETS HAUTES.

Le sapin est au Cantal l'arbre qui s'élève le plus haut, et celui qui compose plusieurs des forêts qui couvrent encore tant de pentes rapides et qui ombragent de profonds vallons. Ces arbres forment une ceinture souvent interrompue, mais assez large, dont la limite supérieure ne dépasse pas la hauteur absolue de 1,500 mètres et qui descend rarement au-dessous de 900, en sorte que l'on peut donner à cette zone une étendue de 600 mètres. C'est au Nord principalement qu'ils atteignent les limites inférieures dont nous venons de parler ; car au Midi ils sont loin d'y parvenir. Ces arbres ont une grande vigueur. Quand on pénètre dans le centre des forêts, dans les lieux riches en terre végétale et souvent arrosés, on voit des sapins élancés et d'un diamètre remarquable que l'on peut comparer à ceux de la Chartreuse de Grenoble. Ils excluent tout autre végétation arborescente, et le hêtre seulement lutte encore sur les limites inférieures des forêts avec les jeunes sapins qui envahissent le sol; il forme cependant une bande presque continue que l'on distingue surtout au printemps, quand le vert tendre de ses feuilles tranche sur la teinte sombre des arbres verts; mais il n'atteint jamais une grande élévation :.l'ombre des sapins et la présence presque continuelle des troupeaux de chèvres s'opposent en même temps à son développement. La viorme lantana, le sorbier des oiseaux, l'alisier et quelques saules parviennent, dans certaines localités, à se mêler aux buissons du hêtre; mais ils ne les dépassent pas et ne s'y trouvent que d'une manière accidentelle. Les hêtres forment aussi à eux seuls de vastes forêts qui atteignent de grandes altitudes, quoique restant toujours au-dessous des limites supérieures de celles des arbres verts. Il faut pénétrer sons la voûte des branches entrelacées que présentent ces forêts, pour étudier leur végétation variée. C'est sans contredit un des plus beaux spectacles que l'on puisse voir au Cantal. Quand on a franchi l'espèce de végétation douteuse qui se trouve à l'entrée, on marche librement sur un sol ameubli par les dépouilles de tous ces arbres; leurs branches inférieures, privées de lumière, se détruisent, tombent en morceaux, et rien ne contrarie la marche, si ce n'est quelques troncs pourris étendus sur la terre humide, et déjà recouverts d'une verdure riante et variée. Çà et là croissent de grandes espèces de luzules (L. maxima et L. nicea) , la renoncule des montagnes, et partout on voit les larges feuilles de la cacalie petasite qui fleurit rarement, à moins qu'elle ne rencontre une surabondance d'humidité. L'airelle mirtille pénètre dans l'intérieur de la forêt jusqu'à ce que le soleil l'abandonne, et l'on voit alors des plantes délicates qui cherchent l'ombre et l'humidité du terrain : la stellaire des bois, des épipactis, le maïanthème à deux feuilles et plus rarement le muguet ordinaire. Les grands sonchus à fleurs bleues se mêlent aux groupes élégants des ancolies et des doronics. Les belles feuilles de l'impératoire se confondent avec les larges touffes de la renoncule à feuilles de platane. L'aconit aux longs épis de fleurs bleues vient avec ses nombreuses variétés occuper les lieux aérés de ces forêts, tandis que l'uvulaire amplexicaule aux fleurs pendantes et aux baies de corail se cache, avec le rare arabis cebennensis, au fond des plus sombres ravins , et la circée des Alpes semble chercher la solitude sur un sol qu'elle partage souvent avec l'aspérule odorante. C'est à la fin de juin que se développe cette grande végétation des forêts. Dans certains lieux, le rumex à feuilles d'arum, de nombreux épilobes, et surtout d'énormes bouquets de fougères forment de nouveaux groupes et confondent leurs formes élégantes. Dans les parties supérieures de la zone arborescente, cette grande variété cesse avec l'élévation et à mesure que les arbres s'éloignent, des plantes appartenant aux pelouses supérieures descendent pour peupler les vides formés par leur écartement. L'inverse a lieu sur les limites inférieures : de nombreuses espèces s'y succèdent sans interruption ; mais une des époques qui offre les groupes les plus brillants est celle qui précède l'épanouissement de toutes les plantes que nous venons de passer en revue: c'est l'époque du printemps. C'est alors que le tussillage à fleurs blanches fleurit sur la pente des ravins; alors paraît le scilla lilio-hyacinthus qui remplace exactement au Cantal le scilla mutans, qui habite en plaine les forêts du nord de la France, l'anémone des bois, la fumeterre bulbeuse, le dentaria pinnata, les daphne mezereum et laureola , qui croissent dans les forêts inférieures du Cantal, ainsi que l’adoxa moscatellina, si commun dans les haies de la Belgique, et qui vient ici se réfugier sous l'ombre des arbres verts. Le narcisse jaune qui couvre quelquefois le sol des forêts sur plusieurs lieues d'étendue, dans le nord de la France, appartient ici à la région la plus élevée des montagnes. L'automne et l'hiver présentent encore une végétation active sous les vieux arbres et surtout sous les sapins. Tandis que leur feuillage est couvert de neige, de grands lichens barbus recueillent l'eau glacée qui s'écoule aux moindres rayons du soleil ; ils végètent au milieu des glaces et fructifient dans les brouillards qui s'élèvent au-dessus des forêts. D'autres lichens, parmi lesquels on distingue surtout le pulmonaire, étalent de larges rosettes sur l'écorce même des vieux troncs, et se confondent avec les tapis veloutés de ces mousses verdoyantes dont le froid semble activer l'éclat.

Si une pluie douce vient tout-à-coup dans les premiers jours du printemps, on voit revivre en peu d'instants ces larges touffes de polytrics à feuilles nombreuses, et çà et là, au milieu de leurs tiges serrées, s'élèvent quelques souches de bois mort couvertes de tubercules écarlates des lichens pixides. Ailleurs, le lichen des rennes (cenomice rangiferina et c. sylvatica) redresse ses rameaux branchus et surmonte les tiges rampantes de l’hypnum splendens.

On ne peut faire un pas sans rencontrer partout, dans ces forêts, ces végétaux encore peu connus que les botanistes désignent sous le nom de cryptogames. Aussi sous ce rapport la flore du Cantal égale celle des parties les plus riches de l'Europe.


VÉGÉTATION DES FORETS BASSES.

Cette zone est bien plus circonscrite que la première; elle dépasse rarement 1,000 à 1,400 mètres et descend à peine au-dessous de 900, en sorte qu'on pourrait, à la rigueur, la considérer comme une lisière inférieure de la zone précédente. On peut lui rapporter une partie des forêts de hêtres; mais la masse principale de cette association forme des bois peu élevés, presque entièrement composés d'arbrisseaux toujours très-rapprochés, au point qu'ils sont presque impénétrables dans certaines localités.

La végétation arborescente se compose de noisetiers, saules, bouleaux, pommiers sauvages, houx, aubépines, hêtres, viorme lantana, viorme obier, rosier des Alpes et à feuilles rouges, genêts à balais, nerprun, chèvrefeuille xylosteon , etc. Les daphnés y sont plus communs que dans la zone supérieure; on y rencontre des ronces et surtout le framboisier; le sureau à grappes y mêle de bonne heure ses fruits roses et acides. De grandes plantes vivaces font partie de ces différents groupes : la digitale pourprée, le lis martagon, l'actéa à épis, la valériane, l'eupatoire, la verge d'or sont les plus communes. Le tamus commence à y paraître. La plante la plus remarquable est le meconopsis cambrica, que l'on retrouve aussi au Mont-Dore et dans les Pyrénées, dans les lieux humides, le long des ruisseaux, où elle épanouit ses grandes fleurs jaunes légèrement penchées sur son feuillage délicat; on y trouve encore le sonchus plumieri, sans y voir le s. alpinus, pour lequel une station plus élevée semble nécessaire. La mellite à feuilles de mélisse et quelques espèces de la plaine accompagnent souvent celles que nous venons de nommer.

Les espèces dont la stature est très-basse peuvent à peine s'y développer; cependant on trouve le pinguicula vulgaris dans les parties basses, et le pyrola minor dans les lieux plus élevés, avec le doronicum austriacum, le lychnis viscaria et quelquefois le lychnis des bois qui, dans le nord de la France, appartient encore à la plaine. La pulmonaire aux fleurs changeantes et la primevère élevée y précèdent l'épanouissement de la lysimaque des bois et de la rose à feuilles de pimprenelle. On remarque les fleurs précoces ce l'amelanchier et parmi les fougères le blechnum spicant. Parfois l'anémone des montagnes y montre ses grandes fleurs penchées, et c'est elle qui donne le signal de la végétation. Le senecio cacaliaster, plante propre à l'Auvergne, fait partie de cette association et s'y montre comme l'équivalent du senecio saracenicus, si commun dans la forêt des Ardennes, dans les bois de la Belgique et aussi sous les sapins du Lioran.


VÉGÉTATION DES PRAIRIES BASSES.

Nous désignerons sous le nom de prairies basses toutes celles qui sont situées au-dessous des hautes forêts des montagnes, et qui occupent par conséquent la même zone que les forêts basses et qui même descendent au-dessous. Dans le Cantal comme sous toutes les zones tempérées, les graminées sont la base des prairies. Le port différent de leurs panicules, la diversité des teintes vertes, jaunes ou rougeâtres de leurs épis; la mobilité des brises, et de plusieurs autres espèces à pédoncules fluxueux et déliés, cédant à la moindre impression des vents, donnent à ces beaux tapis de verdure une variété qui ne le cède en rien aux riches pâturages des plaines. Les eaux vives des montagnes, dirigées avec soin dans une foule de canaux, humectent continuellement leurs racines; leurs feuilles, d'un vert tendre, sont pressées les unes contre les autres, et semblent résister à l'invasion des plantes étrangères à leur famille. Celles-ci cependant sont nombreuses; les unes peuvent se joindre aux graminées et augmenter la quantité du foin; mais d'autres y paraissent seulement pour décorer les vallées de leurs fleurs brillantes et multipliées.

Les espèces printanières sont assez communes dans ces prairies et paraissent surtout dans les lieux les plus humides.

La cardamine des prés, les épis du pétasite suivent les bords des canaux d'irrigation; on y rencontre aussi la cardamine amère plus souvent que la précédente. Les orchis à larges feuilles et le taché, quelquefois le morio, paraissent peu de temps après les fleurs bleues des myosotis; mais ils sont moins communs que dans les prairies des enviions d'Aurillac. Çà et là sortent de larges touffes de renoncule à feuilles de platane qui se plait également au milieu des graminées qu'elle domine où sous les sapins qui l'ombragent. Le trèfle d'eau n'est commun que dans les lieux les plus bas; il est souvent accompagné d'équisetum silvaticum et de plusieurs carex. A la fin de juin, deux plantes caractérisent les prairies par leur beauté et par leur abondance : ce sont le trollius europœus et le narcisse des poètes, qui se refusent à la culture dans les jardins de la plaine, et qui se multiplient si facilement dans ceux du nord de l'Europe.

La bistorte est commune partout et contribue beaucoup, par la couleur rose de ses épis, à l'ornement des vallées du Cantal. Le plantain lancéolé, l'alchimile vulgaire, la patience des Alpes, l'achillée aux feuilles découpées, le chrysanthème et plusieurs trèfles, parmi lesquels on distingue le pratense et l’alpestre, augmentent le nombre des plantes que nous venons de citer.

Dans les lieux secs, les associations sont différentes. On voit paraître au printemps plusieurs carex souvent abrités par de larges touffes de l’eupltorbia hyberna; l’orchis sambucina à fleurs jaunes et quelquefois rouges remplace les autres espèces d'orchis qui préfèrent les terrains humides.

Plus tard, le phyteuma spicata et le scabiosa sylvatica préludent à l'apparition des polygala, du prunella grandiflora, betonica officinalis. On y rencontre çà et là le leontodon hispidum, le centaurea montana avec ses grandes fleurs bleues, le campanula glomerata. Plus tard encore paraissent de nombreuses variétés de l'euphraise officinale, le serpolet et le pimpinella magna dont les ombelles prennent parfois une teinte de rose. Quelques épilobes et souvent l'eupatoire croissent le long des ruisseaux qui traversent ces prairies, et dont les bords sont ombragés par les aulnes et le saule pentandre.


 VÉGÉTATION DES PRAIRIES HAUTES.

Lorsque la zone des sapins ou des hautes forêts de hêtres existe sur le flanc des montagnes, presque toutes les pelouses qui les dominent peuvent être considérées comme appartenant à la région que nous allons décrire. Si ces arbres manquent, les prairies hautes n'en existent pas moins, et dans tous les cas leur limite inférieure est à environ 1,300 mètres d'élévation absolue; on voit qu'elle descend d'environ 200 mètres dans la région des forêts hautes. Mais chacune de ces associations végétales exclut l'autre presque entièrement. De 1,300 mètres au sommet du Plomb, qui est le point culminant du Cantal, on voit que cette végétation se développe sur échelle verticale de 500 à 600 mètres.

Quoiqu'on atteigne une hauteur suffisante pour être pourvue de plantes véritablement alpines, on n'en rencontre qu'un très-petit nombre et parallèle pour sa hauteur avec la zone des rhododendrum, dans les Alpes, elle se trouve placée immédiatement au-dessous par sa végétation.

Cette zone offre au Cantal une grande étendue; elle couvre d'immenses plateaux, et cache la nudité des larges nappes de basalte et de trachyte; elle revêt les pentes des pics ravinés qui sont rassemblés au centre de ce groupe et qui s'élèvent comme des îles au milieu de l'atmosphère.

Cette végétation est la même que celle du Mont-Dore et du sommet du Puy-de-Dôme.

Cette grande association renferme la majeure partie des plantes intéressantes qui croissent dans le Cantal; elles forment des gazons très-serrés, se mélangent dans des proportions très-différentes et s'épanouissent successivement depuis le mois de mai jusqu'au milieu de septembre, époque à laquelle la neige vient quelquefois cacher leurs fleurs.

Les graminées forment ici, comme dans toutes les prairies, la base des gazons; mais ce ne sont point les plantes qui se développent les premières. On voit paraître auparavant sur toutes les pelouses quelques fleurs de l’anémone montana. très-voisine de la pulsatille , et sur le sommet du Plomb et du Puy-Mary seulement , l’anémone vernalis, échappée des Alpes ou des Pyrénées, et se reposant comme ces oiseaux au vol rapide sur les points culminants situés entre les deux chaînes. L'anémone des Alpes est beaucoup plus commune, et, dès qu'elle commence à paraître, de nombreuses espèces se succèdent avec rapidité ; ce n'est cependant qu'à la fin de mai et dans le commencement de juin que l'on voit çà et là ces groupes d'anémones qui présentent un grand nombre de variétés. Les fleurs sont plus grandes que dans les Alpes.

La variété soufrée occupe à elle seule des cantons tout entiers. On voit paraître, disséminées, les jolies touffes d'androsace carnea dont les fleurs roses se groupent si agréablement près du bleu pur du gentiana verna; le cardamine resedifolia, le thlaspi alpestre et quelques autres crucifères élèvent leurs épis de fleurs blanches au milieu de cette végétation printanière dont les nuages entretiennent la fraîcheur. Le geum montanum étale ses larges fleurs jaunes à l'abri de quelques rochers, près desquels existent encore des amas de neige. Le soleil et la pluie en diminuent tous les jours l'étendue, et l'on voit le soldanelta montana dérouler ses pétales frangées sous l'herbe jaunie de l'automne précédente. On la voit pendant plus d'un mois suivre, sur les pentes des plus hautes montagnes, les lisières inférieures de la fonte des neiges A la même époque on rencontre, éparse sur la pelouse, une jolie variété du myosotis des prairies dont le bleu est plus pur, les fleurs plus grandes et les tiges plus courtes.

Il est difficile de rencontrer une association plus gracieuse que celle de ce myosotis avec l’androsace carnea et la gentiane bleue que nous avons cité tout-à-l'heure, quand ce groupe de plantes naines est situé près d'une large touffe d'anémones à fleurs soufrées. Le trollius europœus , si commun dans les prairies basses, reparaît au-dessus des sapins, mais plus tard que dans les vallées; il s'élève jusqu'aux plus hautes sommités où il est presque toujours associé au narcisse jaune qui est ici l'équivalent du narcisse des poètes, qui ne paraît jamais au-dessus de 1000 mètres. A la fin de mai et dans la première quinzaine de juin, les anémones sont en partie garnies de leurs aigrettes soyeuses ; leur feuillage s'est développé; mais on rencontre encore beaucoup de fleurs tardives, surtout dans les lieux élevés. La végétation devient très-active: le trèfle des Alpes montre partout ses couronnes purpurines et fleurit en même temps que le plantain des Alpes qui presque toujours l'accompagne. Les jeunes poussent des graminées percent les feuilles jaunies dont elles étaient entourées.

Le nardus stricta, vulgairement appelé poil-de-bouc, la plus commune de cette famille, couvre d'immenses plateaux, mais s'élève rarement au sommet des pics.

L'agrestis rupestris contribue à gazonner ces lieux élevés avec le phleum alpinum. L'avena versicolor, l’aira montana, le sesleria cœrulea, le festuca aurea, le poa compressa et plusieurs autres qui font aussi partie des prairies inférieures. Quelques carex se mêlent aux graminées, mais ils sont en petit nombre. De larges buissons de genévrier se chargent de feuilles nouvelles; quelques pyroles se cachent dans les lieux les plus rapprochés des forêts, tandis que l’ajuga alpina , le pedicularis foliosa et le biscutella lœvigata arrivent jusqu'au sommet du Plomb où ils rencontrent la variété montana du brassica cheiranthos. Le mois de juillet, auquel on peut joindre les huit derniers jours de juin, offre dans ces lieux élevés le plus beau tableau de la végétation que l'on puisse voir au Cantal.

Il est bien peu d'espèces qui aient complètement disparu, bien peu qui ne soient pas encore épanouies.

On voit les dernières fleurs des vaccinium et des arbutus souvent cachées sous le feuillage des fougères. Le geum montanum offre à la fois des fleurs et des aigrettes colorées qui succèdent à celles qui sont flétries.

Le silène ciliata étale ses gazons sur les pentes rapides du Plomb et ne se retrouve plus que sur le plateau d'Esquierry , au centre des Pyrénées. La potentille dorée émaille la verdure de ses fleurs nombreuses dont la couleur jaune contraste si agréablement avec le bleu des phyteuma et le feuillage argenté de l'alchimile des Alpes. Le juncus filiformis, le luzula spicata, le lycopodium selayo, le botrichium lunaria, l’orchis albida, le cerastium alpinum composent, en se mêlant aux graminées, les plantes les moins élevées de cette région. On y remarque aussi une foule de variétés du viola sudetica

Au-dessus des fleurs de ces plantes, on distingue les découpures infinies du meum et ses ombelles blanches et odorantes; à côté foisonne l’arnica avec ses disques d'or et les ombelles rosées de l’athamantha libanotis. Le martagon s'élève aussi jusque dans cette région où la grande gentiane est aussi commune, mais plus tardive que sur les pelouses inférieures ou sa floraison est déjà terminée.

Il serait trop long d'énumérer les espèces qui se hâtent de jouir de ce court été des hautes régions du Cantal. Toutes les pentes des sommités sont couvertes de grandes plantes et d'autres plus petites qu'il est difficile d’apercevoir, tant est grande la vigueur des premières. C'est surtout en parcourant les versants du Plomb, le Col-de-Cabre, le Puy-Mary, Griou, les crêtes du Lioran et les parties élevées des belles vallées de Vie , de Fontanges, du Falgoux, que l'on peut jouir de l'ensemble de cette végétation. Outre les espèces précédentes, on y rencontre encore le geranium pyjrenaicum et le g. sanguineum, les pedicularis comosa et foliosa, souvent cachées par les larges feuilles du veratrum album; plusieurs composées descendent jusqu'aux pentes inférieures, et l'on trouve en les parcourant la serratula tinctoria, le senecio doronicum , le centaurea montana, le cirsium glutinosum. Un seul genêt, genista prostrata, monte jusque sur le sommet du Plomb et y reste confiné; le genista pilosa atteint presque la cime du Puy-Mary, et deux autres espèces, le g. purgans et le g. Delarbrei, espèce très-remarquable ,à feuilles larges et luisantes , forment une ceinture interrompue autour des points saillants sans dépasser la hauteur de 1,500 mètres. Août présente encore quelques espèces tardives qui ont manqué à la réunion générale : le diantlnis monspeliensis ne fleurit guère qu'à cette époque, ainsi que le d. seguieri. Le crépis grandiflora orne les pentes de ses belles fleurs jaunes avec le jasione perennis, l’euphrasia minima et le campanula linifolia. Quelques individus appartenant aux espèces précédentes et ombragées par le grand développement de quelques autres, terminent la floraison précipitée dont les hautes pelouses du Cantal nous ont rendus témoins.

Plusieurs lichens croissent à l'ombre du gazon jusqu'à ce qu'une couche de neige vienne les recouvrir; le lichen d'Islande est des plus communs; il partage les lieux arides avec le nivalis, le rangiferina et le sylvatica, qui préfèrent cependant les rochers entassés ou couverts de mousse à un sol recouvert d'une couche épaisse de terre végétale.


VÉGÉTATION DES SOURCES.

Les sources sont très-fréquentes dans le groupe du Cantal, et partout on s'aperçoit de leur présence par la végétation variée qui se développe autour d'elles. Les espèces varient un peu selon la hauteur d'où l'eau s'échappe du sol. Cependant la présence de ce liquide tend à diminuer les différences produites par l'altitude. Rien n'est plus frais que cette végétation des sources. Les racines des plantes sont baignées par une eau pure dont la température est constante et reste la même pendant les chaleurs de l'été. On voit au mois de mai une grande quantité de jeunes feuilles qui s'étalent et se déroulent avant celles des autres plantes. L'absence de la neige, constamment fondue par l'eau qui s'épanche, permet aux bourgeons et aux germes de tous ces végétaux un développement plus précoce, et la première verdure que l'on aperçoit dans le Cantal orne le bord des fontaines.

Les chrysosplenium sont les espèces les plus printanières, et le c. oppositifolium est bien plus commun que l'autre; on le voit former de larges touffes qui pendent des rochers continuellement arrosés. Plusieurs hypnum et des bartramia offrent alors une verdure éclatante, et au milieu de ces mousses paraissent les rosettes étalées et les fleurs délicates du saxifraga stellaris. Le monti fontana forme sur le bord des eaux de jolis tapis de verdure ombragés parla saxifrage à feuilles rondes et l’imperatoria osthruthium qui vient se mêler à cette végétation dès que l'eau commence à s'éloigner de sa source. Souvent il arrive que l'eau disparaît complètement sous le feuillage du cardamine amara ou du cresson de fontaine, qui cependant ne se mêle jamais à l'espèce précédente ; plus tard de nouvelles plantes se développent encore. L'impatient noli tangere, le circœa lutetiana croissent partout où elles rencontrent une ombre protectrice. La renoncule à feuilles d'aconit, la cacalie petasite et quelquefois l'ancolie croisent au-dessus des eaux leurs feuillages et leurs fleurs , tandis que la fontinale laisse flotter ses longs rameaux flexibles au gré du ruisseau que la source a formé et qui vient arroser la végétation des vallées.


VÉGÉTATION DES MARAIS.

On observe une différence bien marquée entre la végétation des sources et celle des marais. On trouve à la vérité quelques espèces qui végètent dans l'une et l'autre de ces stations, mais elles sont en assez petit nombre.

La plante des marais qui paraît la plus commune est le caltha palustris, qui abonde le long des filets d'eau et sur les masses mouvantes des marais élevés; il reste beaucoup plus petit que celui du bassin d'Aurillac ; ses fleurs ont plus d'éclat et offrent un jaune doré très-intense. On le trouve dans les lieux les plus élevés, partout où il existe des marais tourbeux; ses fleurs dorées semblent sortir de la neige qui dans le mois de mai couvre encore la plus grande partie de ces plateaux.

Le pinguicula vulgaris et le viola palustris croissent souvent sous les touffes soyeuses du salix lapponum et de quelques autres espèces du même genre. Le comarum palustre, qui babite les lieux bas et humides ds la Belgique et de l'Allemagne, ne se trouve dans le Cantal qu'à une certaine élévation. Il en est de même du geum rivale qui se mêle rarement à l'espèce précédente, mais qui la remplace quelquefois. Les sphagnum sont extrêmement communs partout ; ils forment des touffes arrondies qui s'élèvent comme des îles au-dessus de l'eau ou de la vase. Un grand nombre de plantes se développent sur ces monticules demi-flottants. On y voit le saxifraga steltaris, déjà si commun autour des sources, l’ériophorum vaginatum et le polystachion, dont les épis laineux sont souvent fléchis par le vent. Ailleurs, comme dans les marais de Prat-de-Bouc, c'est l’ériophorum alpinum, dont les aigrettes légères ressemblent à une fumée vaporeuse qui s'échappe des épis. La valériane dioique apparaît çà et là; mais on trouve plus rarement les orchis, si communs dans les prés marécageux des environs d'Aurillac.

Les trifolium spadiceum et badium suivent les filets d'eaux qui s'échappent des marais, et lorsque la saison ne permet plus l'épanouissement du caltha et des cardamines, on voit paraître les fleurs étoilées du swertia perennis et les corolles d'azur du gentiana pneumonanthe. Une autre plante lui succède et dure pendant long-temps : c'est le parnassia palustris, qui est peut-être l'espèce la plus tardive du Cantal, et qui paraît en petits groupes sur ces sphagnum où croissaient auparavant le drosera rotundifolia et l’equisetum sylvatimm.


VÉGÉTATION DES ESCARPEMENTS.

Nous terminerons, par cette association végétale, cet aperçu bien incomplet des richesses végétales produites par le Cantal. Le groupe dont nous allons parler se compose d'espèces rustiques qui ne croissent que dans les fissures des rochers ou sur des terrains secs et dépourvus d'autres végétaux. Le vent, l'air et la pluie leur sont nécessaires, puisqu'ils puisent dans l'atmosphère la majeure partie de leur nourriture. En général, ces végétaux aiment le soleil, et profitent à la fois de la chaleur directe de ses rayons et de celle qui est réfléchie par les pentes escarpées ou les rochers abruptes sur lesquels ils sont fixés.

Partout où l'on rencontre ces plantes des rochers, elles donnent au paysage un aspect pittoresque, et l'on a souvent, dans le Cantal comme au Mont-Dore, l'occasion de faire cette remarque. Après la végétation des sources, celle des rochers est la plus hâtive, et l'on voit quelquefois des lieux très-escarpés ornés de fleurs, pendant que leurs parties supérieures supportent encore une couche de neige. Le potentilla verna et le genisia pilota fleurissent de bonne heure quand l'exposition leur convient, et l'on voit bientôt la saxifrage hypnoïde et quelques crucifères mêler leurs fleurs blanches aux fleurs naissantes de plusieurs mespilus, parmi lesquels on distingue l’amélanchier et le cotoneaster. Quelques pieds d'alisier croissent aussi dans les fentes du basalte, ainsi que le sorbier des oiseleurs dont le feuillage et les fruits offrent tant d'élégance. Le genista purgans couvre à lui seul des rochers tout entiers, le saxifraga exarata s'élève bien plus haut que l’hypnoïdes avec le silène rupestris dont la délicatesse contraste avec les formes massives du sedum telephium.

Le valeriana tripteris est très-commun dans quelques localités; il remplace l’officinalis des forêts basses et le v.dioïca des marais. Cette plante est quelquefois associée au galium saxatile, au thlaspi alpestre. Le reseda sesamoïdes ne se trouve que dans un très-petit nombre de localités, toutes très-élevées, et sur des pentes dépouillées de gazon plutôt que dans des fissures de rochers. Il est toujours facile de se le procurer, tandis qu'il n'en est pas de même du dianthus cœsius qui forme sur les pierres de larges touffes, terminées par ses jolies fleurs odorantes, mais toujours placées dans les lieux les plus escarpés. Le sempervicum arachnoïdeum et le s. arvernense sont aussi des espèces élégantes que l'on rencontre dans le Cantal; elles s'élèvent peu et dépassent à peine la zone inférieure des forêts. On les trouve à Murat sur le rocher de Bonnevie, et dans plusieurs autres localités des montagnes où elles produisent un admirable aspect quand leurs fleurs roses se mêlent aux capitules bleus du phyteuma hemispherica et aux thyrses blancs du saxifraga aizoon. Les mousses et les lichens se plaisent aussi sur les rochers élevés battus par les vents et souvent enveloppés de brouillards épais. Le cornicularia tristis s'y rencontre couvert de fructifications. Les rizocarpon s'étendent graduellement sur les blocs de trachyte et y forment de larges taches nettement limitées, dans lesquelles la couleur noire des scutelles tranche agréablement sur les teintes vertes et jaunes de leur croûte.

Plusieurs variétés de gyrophora fructifient aussi au sommet des pics escarpés; l'élégant peltigera crocata étale ses jolies rosettes près du sommet du Plomb et y montre ses fructifications. De nombreuses espèces de lecidea couvrent de vastes espaces et y cachent complètement la nature des rochers.

Ailleurs, se sont des mousses dont les rameaux entrelacés décorent de gros blocs amoncelés. Les gymnostomum , les hypnum, plusieurs dicranum, végètent avec une rapidité extraordinaire et s'étendent sur la base des rochers, dont les sommets sont couverts de weissia , de tortula, d'andrœa , de parmelia à larges rosettes et de cenomice, parmi lesquels on distingue çà et là les tubercules écartates du baccillaris et du cocciferus.

 

FIN DU 1ER VOLUME

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