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AMÉNAGEMENT DES EAUX MINÉRALES.

Tant que les eaux minérales sont enfermées dans les canaux ou les fissures des roches primitives, où elles sont soumises à un certain degré de pression et soustraites à l'action de l'air, elles ne s'altèrent point; mais aussitôt qu'elles ne sont plus comprimées, elles perdent une partie de leur acide carbonique, l'oxygène de l'air suroxide les sels martiaux; les bicarbonates de chaux , de magnésie et de fer passent à l'état de protocarbonates; les phosphates terreux acides deviennent neutres; l'acide silicique se combine à la chaux ou reste libre; et l'on voit se former, à une distance variable du griffon de la fontaine minérale, des depôts de carbonates et des crénates de fer mêlés de matières organiques; des sédiments de carbonates de chaux; de strontiane et de magnésie , auxquels s'ajoutent des phosphates, des silicates ou de la silice pure.
Pour empêcher ces décompositions qui affaiblissent ou altèrent les propriétés médicinales des sources acidules, salines et ferrugineuses, froides ou thermales, il faut recevoir les liquides minéraux dans des réservoirs eu des canaux parfaitement clos et munis de soupapes de pression. Ces canaux doivent conduire l'eau des sources depuis l'endroit où elles viennent sourdre jusqu'aux buvettes, aux baignoires et aux piscines.
Les buvettes auront la forme d'un réservoir clos de toutes parts qui sera muni d'un robinet.
Nous allons donner la description d'un petit appareil qui rend les eaux acidules très-piquantes.
Un puits circulaire est creusé dans le roc vif à l'aide du pic, du ciseau et du marteau; on a soin de bien dégager la fente par laquelle l'eau jaillit; on place ensuite un tuyau de terre assez grand pour que l'orifice de la source soit complètement inscrit dans sa circonférence, et l'on remplit de ciment romain tout l'espace compris entre le tuyau et le rocher. Pendant cette opération, on se débarrasse de l'eau et des gaz à l'aide d'une bonne pompe.
Lorsque le ciment est bien sec , on recouvre le puits avec une dalle en pierre ou une plaque en fonte, dont le centre est percé d'une ouverture que l'on ferme avec une soupape de liége chargée d'un poids d'autant plus considérable, que l'on désire avoir de l'eau plus chargée d'acide carbonique.
I n morceau de canon de fusil, ouvert à ses deux bouts et recourbé en manière de syphon , sert de robinet; il doit traverser l'une des parois du réservoir : la branche intérieure plonge dans l'eau minérale pendant que la branche extérieure laisse échapper ce liquide. Un appareil de ce genre appliqué à la source de Châteaufort, près de Pont-Gibaud, a donné de très-bons résultats. Nous devons ajouter que la suppression de la soupape et l'occlusion complète de l'ouverture du chapiteau, rend la source intermittente et donne lieu aux phénomènes qui ont été signalés par M. Mourguye, dans sa description de la source minérale de la Bastide.
Comme l'espace nous manque pour parler avec détails de l'aménagement des sources thermales, nous nous bornerons à dire que les baignoires construites en bois, en pierre ou en marbre, doivent être très-grandes, et que l'eau, quand on veut la faire refroidir, doit être conservée dans des réservoirs bien fermés.