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VILLAGES ET HAMEAUX

Voici les villages et hameaux compris dans la commune de Bredon:

1° Albepierrc (Aubepeyre). Ce bourg est ainsi nommé, à cause de ses belles carrières. Il est situé sur une sorte d'isthme aplani que laissent entre eux les ruisseaux d'Auzolle et de La Monlède. Peuplé de 900 habitants à-peu-près, il a obtenu une succursale desservie par deux prêtres. Son église, presque au centre du village, est sous l'invocation de saint Thimotée. Saint Gilbert, seigneur auvergnat, avait fondé en ce lieu, en 1150, un couvent de femmes de l'ordre des Prémontrés.

Albepierre avait un château situé à l'endroit où se trouve le cimetière. Il fut souvent la résidence des vicomtes de Murat, dont il dépendait. Guillaume II, vicomte, en fit donation en 1248 à Astorg, son fils, qui le céda en 1269 à Durand de Gorse, son gendre, sous la réserve qu'il serait libre, ainsi que ses successeurs vicomtes de Murat, d'y faire résidence. Cette donation fut confirmée en 1283 par le vicomte Guillaume, neveu du précédent. A la donation était joint le droit de chauffage dans un bois près du village et dans les forêts de la seigneurie.

Marquèze de Peyre, vicomtesse de Murat, après la mort de son mari, rendit en 1273, à Henry II, comte de. Rodez, l'hommage du château d'Albepierre, en qualité de tutrice de ses enfants.

Dans le règlement qui eut lieu à St-Flour en 1285, au sujet des contestations qui s’étaient élevées entre le comte de Rodez et le vicomte Guillaume, ce dernier reconnut tenir en fief du comte le château d'Albepierre.

Les habitants de ce bourg obtinrent, en 1292, le droit d'usage dans les forets de la vicomté.

Il y eut, le 4 juillet 1341, une sentence arbitrale entre le vicomte Bégon et Guillaume de Murat, son frère, au sujet de la substitution faite par leur père, dans son testament, de la terre d'Albepierre en faveur de son fils et de ses héritiers.

Reynaud, lors de ses querelles avec Guillaume, ayant appelé à son aide les Anglais qui occupaient Brioude, ils s'emparèrent du château d'Albepierre et le rasèrent. Cette destruction était mentionnée dans les lettres de grâce que Guillaume de Cardaillac obtint en 1365,du duc de Berri.

Pons de Cardaillac, qui avait succédé en 1372 à Guillaume, son père, dans la vicomte de Murat, obtint par sentence de 1377 que la seigneurie d'Albepierre serait comprise dans sa part.

Le 9 juillet 1189, noble Philibert de La Platrière, seigneur de Bordes, ayant pris possession de la vicomté de Murat, rassembla les habitants de cette châtellenie pour recevoir leur serment.

La même châtellenie fut comprise dans la vente faite en 1697 à M. de Lastic de Sieujac, prieur de Bredon, de la vicomté de Murat. Elle se composait des villages d'Albepierre, de Moulède et de Péalat. Albepierre payait au vicomte : en argent, 70 l. 17 s. 2 d. 1/2 obole; en froment, 4-septiers 5 cartons ; en seigle, 27 septiers 5 cartons 4 boisseaux; leyde, 3 1/2; cire, 27 livres 9 onces 7/12e; vin , 190 septiers; poules, 190.

En remontant la vallée d'Albepierre, on apercevait le château de Combrelles sur un rocher, dans les bois, et au versant sud du coteau. Il dépendait de la vicomté. Très-anciennement il appartenait à la famille Jurquet, connue dans l'histoire d'Auvergne depuis l'an 1004, et que l'on croit issue des comtes de Toulouse. Au milieu du XII° siècle, cette famille se divisa en deux branches, celle d'Oradour et celle de Combrelles. Vers 1530, la seigneurie de Combrelles passa, par mariage, dans la maison d'Anteroche, Louis de Combrelles, son dernier propriétaire, étant décédé sans enfants mâles. Le château fut dévasté par le vicomte Reynaud en 1409. Il fut pris par les Huguenots en 1579. Les habitants du pays, sous les ordres de M. d'Anteroche, le reprirent et le rasèrent le 10 avril 1580.

2° Auzolle-Bas, village dans le vallon, au sud de Bredon.

3° Auzolle-IIaut, village dans le vallon et très-rapproché du précédent.

4° Cresponet, domaine appartenant à la famille Teissèdre.

5° Grand-Champ, propriété de la même famille.

6° La Moulède, hameau , dominant un ravin dans lequel coule un ruisseau du même nom. Il est situé près des plus hautes montagnes. François d'Auzolle, seigneur de Peyrelade , habitait La Moulède en 1590. Jean de Lespinasse était seigneur de La Moulède, et y résidait avec Eléonor de Sistrières, sa femme, en 1702. Ce village et celui d'Albepierre, touchant à la forêt royale, eurent constamment des démêlés avec la maîtrise au sujet de leurs droits d’usage, qu'ils étaient toujours portés à étendre. Quoique cette administration usât de la plus grande sévérité, la force de l'habitude l'emportait souvent. Les habitants des deux localités sus-mentionnées, prétendaient à la vérité avoir obtenu, de leurs anciens suzerains, des concessions plus grandes que celles dont on leur permettait de jouir. Ils se disaient en droit de prendre tous les bois dont ils avaient besoin ; et, quoiqu'ils eussent eté déboutés de cette prétention par jugement du commissaire de la réformation en 1676; quoique des peines pécuniaires leurs eussent été solidairement infligées, ils n'en conservaient pas moins confiance dans leurs droits , et commettaient des contraventions nombreuses.

Les commissaires de la nouvelle réformation, établis en 1723, rendirent le 13 juillet 1728 un nouveau jugement contre eux, jugement conforme à celui de 1676. Par suite, le maître particulier de la maîtrise de St-Flour se transporta dans la forêt et trouva un grand nombre d'arbres coupés.

On lit dans les archives de l'intendance, que le commissaire constata, par un procès-verbal, que la traînée des arbres enlevés indiquait leur transport vers Albepierre, malgré l'inutilité des plus exactes perquisitions faites dans les maisons du village. D'après ce rapport, le procureur du roi de la réformation fit assigner quelques-uns des notables habitants d'Albepierre et de La Moulède, obtint solidairement contre eux un jugement, par lequel ils furent condamnés à mille livres d'amende, et même il en fit arrêter plusieurs qui furent transférés dans les prisons de Riom.

Pour mettre un terme à ces délits et conflits, et ne laisser aucun doute aux habitants sur la portée de leurs droits, le roi, en son conseil d'Etat, rendit, le 22 mais 1729, un arrêt qui sera relaté à l'article de Murat. Le paiement des frais et amendes infligées fut réduit autant que possible, mais les prisonniers n'obtinrent leur liberté qu'en cette année 1729.

Les carrières de La Moulède sont fort importantes pour le pays.

8° Pignon, village avec un ancien petit château, presque au confluent du ruisseau d'Auzolle avec les deux autres branches de l'Allagnon. Il est situé dans la vallée, sur la route nationale d'Aurillac à St-Flour, au point où commence la cote dont nous avons parlé plus haut. On y trouve plusieurs moulins, dont un à foulon.

9° Stalapos, petit château avec un important moulin sur la rive droite de l'Allagnon, au nord-ouest de Bredon. Il est entouré de beaux arbres. On trouve des eaux minérales ferrugineuses près de là.

Stalapos avait appartenu à noble Pierre Brunechon. Il passa plus tard à la famille de Chadefaux , qui le transmit a celle de Montreuil de Charmanière. La veuve de M. de Charmanière en fit don à la famille Lespinasse, qui le possède encore.

L'histoire de Bredon se trouve liée trop étroitement à celle de Murat, pour qu'on n'ait pas souvent l'occasion d'y revenir en traitant l'article de cette ville.

REYNAUD, Membre du Conseil général.

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