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MONUMENTS RELIGIEUX.

 Les bâtiments du prieuré étaient construits sur la petite esplanade au nord du bourg et au pied du mamelon de Beccoire. Ils dessinaient les trois côtés d'un quadrilataire, avec cour intérieure; l'église formait le quatrième côté regardant Murat. L'habitation de l'abbé était abritée contre les vents qui soufflaient du Cantal, par le premier bâtiment destiné aux recettes. Elle se trouvait au fond de la cour, et dominait au nord la vallée de Murat. Ses appartements étaient vastes et commodes. Après la suppression du prieuré, les pierres de taille, les bois, tuiles et autres matériaux furent enlevés successivement par les habitants de la commune, qui s'en servaient pour leurs constructions particulières. Enfin, dans le courant du mois de septembre 1795, un grand incendie avant dévoré la majeure partie d'un quartier de la ville de Murat, nommé Fontillou, ce qui restait des constructions du couvent fut donné aux pauvres incendiés pour se refaire de leur sinistre, et ils achevèrent ainsi la ruine du prieuré.

Eglise.

Les bâtiments de l'église de St-Thimotée et Sle-Croix n'étant pas probablement en rapport avec l'importance du nouvel établissement, on dût construire une nouvelle église sur l'emplacement même de l'ancienne. Elle fut bâtie, en 1074, telle qu'on la voit aujourd'hui, sur l'esplanade du prieuré, à son aspect occidental et au bord même de l'énorme rocher qui fait face à la ville de Murat. Sa consécration eut lieu en 1095, sur la délégation du pape Urbain II, par l'archevêque de Toulouse. Il était assisté de saint Hugues, abbé de Cluny; de Raimond, évêque de Lectoure, et de Faucon, évêque de Clermont. Le vicomte Guillaume assistait à cette cérémonie. On croit que le pape Urbain II, revenant du concile de Clermont, visita l'église de Bredon.

Elle rappelle, par son architecture, le style roman. Son extérieur n'a rien de remarquable, mais son intérieur mérite de fixer l'attention. Le portail, embelli de sculptures et d'ornements de l'époque, est d'un excellent goût. On voit encore au-dessus les ouvertures qui servaient a redresser le pont-levis, et dont un mâchicoulis forme le couronnement.

L'intérieur de l'église est à trois nefs. Les deux latérales sont voûtées en pierre, et la nef principale lambrissée en bois. Les deux bas-côtés sont formés par deux rangs de piliers massifs, dont les chapitaux manquent d'élégance. Les neuf chapelles, placées en dehors des bas-côtés, sont petites et ne présentent rien de curieux, ni dans leurs autels, ni dans les ornements qui les décorent. Du côté de Murat, les murs extérieurs sont dangereusement lézardés. Cette façade a été ébranlée dans toute son étendue par la destruction du mur d'enceinte, dont il ne reste qu'une arcade, sous laquelle devait passer le chemin qui conduisait dans le prieuré. Privés de ce contrefort, les murs ont perdu leur solidité.

Dans l'intérieur, on voit encore de belles boiseries, des stalles belles aussi, quoiqu'un peu mutilées, et un banc d'œuvre qui mérite particulièrement l'attention par ses délicates sculptures et par les découpures à dentelles qui le surmontent.

Le rétable, commencé en 1616, est embelli de sculptures si artistement ouvragées qu'elles en font l'un des morceaux les plus précieux du département. Il est encadré dans quatre énormes colonnes torses de style corinthien, et orné de hautes statues. Deux d'entre elles représentent saiut Pierre et saint Paul. Ce qui frappe le plus, c'est le vif éclat des dorures qui se projettent en lames d'or et conservent encore toute leur fraîcheur. On admire aussi les ceps de vigne, d'où se détachent de nombreuses grappes de raisin , et des feuilles sous lesquelles on aperçoit des serpents, des oiseaux becquetant les raisins, des anges armés de flèches, et d'autres anges jouant ensemble. A la droite du tabernacle, Moïse tient les tables de la Loi ; à gauche se trouve le grand-prêtre Siméon ; au-dessous des colonnes et sur leur piédestal, figurent les quatre évangélistes. Ces bas-reliefs sont d'une ingénieuse exécution. Au front du retable, le Père-Eternel, entouré d'étoiles, resplendit dans toute sa gloire. On aperçoit d'un côté la première femme qui présente à Adam la pomme fatale, et un ange qui brandit un glaive sur leur tête. Derrière eux, l'arbre de mort au bas duquel on lit en grosses lettres d’or. La mort vient du bois; de l'autre côté, la Sainte-Vierge, l'Enfant Jésus, et un ange au-dessus d'eux, tenant d'une main une clef et de l'autre une chaine. Plus loin et du même côté, l'arbre de vie au pied duquel on lit en grands caractères: La vie vient du bois. Entre les deux colonnes, du côté de l'épître, et sur un premier plan, le sculpteur a représenté David, suivi de divers personnages qui offrent au grand-prêtre les trois pains de proposition, et dans un second bas-relief les apôtres, récoltant une abondante moisson. Entre le grand-prètre et David, Jésus-Christ, un bâton à la main, appuyé sur le rebord du puits de Jacob, adresse des paroles de consolation à la Samaritaine , et dans l'éloignement se dessinent le prieuré et ses alentours. Du côté de l'évangile, entre les deux colonnes, on remarque un chemin de croix; Jésus entouré de bourreaux, gravissant la voie douloureuse; Simon le Cyrénéen lui venant en aide. Sur l'arrière-plan, les tours de Jérusalem. Enfin, dans le lointain, le Calvaire, où s'élèvent les deux croix destinées aux Larrons, qui marchent on tête du convoi, les mains attachées derrière le dos. Le fond est occupé par un paysage.

Le tabernacle a deux mètres de haut; il est décoré de petites colonnes corinthiennes disposées sur deux étages. Les deux nefs sont terminées par les retables de deux chapelles contiguës, offrant le même style que le retable principal, et dont les sculptures ont le même fini d'exécution.

Sur l'autel de droite est aujourd'hui posée la statue de la sainte Vierge, qui se trouvait jadis dans l'église de Notre-Dame-du-Pont. Cette église, ou plutôt cette chapelle s'élevait, il y a soixante ans, au pied du rocher de Bredon, vis-à-vis Murat, et sur les bords de la rivière. Le pont sur lequel on la traversait et qui aboutissait presque à l'église, avait pris son nom. Sa Vierge était semblable à la stalue vénérée de Notre-Dame-des-Oliviers de Murat. On ignore l'origine de cette vierge. Son bois, comme celui de sa sœur de Murat, paraît être de cèdre, et tout dénote qu'elle dût être au nombre des vierges rapportées de la Palestine par Saint-Louis. Aussi jouissait-elle d'une grande vénération dans le pays. On peut voir l'article qui concerne les miracles opérés par son intercession, dans l'histoire des saints et saintes d'Auvergne de don Branche.

La chapelle de la nef de l’évangile, à Bredon, est ornée d'un christ de haute stature.

Tel est l'ensemble artistique de ce monument religieux.

On conserve encore dans la sacristie un prix fait d'une partie du retable (côté de l'épître), dont nous allons donner un extrait.