GENERALITES
La commune de Bredon, canton et arrondissement de Murat, est bornée au nord par les communes de Murat et de La Chapelle-Allagnon; au sud par celle de La Veyssenet; à l'est par celle de La Chapelle-Allagnon, et à l'ouest par celle de Laveissière, qui en a été distraite en l'année 1836; Elle s'allonge du nord-est au sud-ouest, et comprend deux petites vallées formées par des ruisseaux, déjà mentionnés dans le cours de cet ouvrage.
Le chef-lieu, situé à 1 kilomètre 500 mètres sud-est de Murat, et à 5 myriam. d'Aurillac, est sans importance, sans voies de communication, et d'un abord difficile de tous les côtés. Il doit aux souvenirs de son ancienne abbaye d'avoir été choisi comme siége de la commune, préférablement a Albepierre, bourg plus populeux. Il est composé d'un petit groupe de maisons, construites sans élégance, presque toutes couvertes en chaume; jadis plusieurs familles habitaient des grottes dont plusieurs servent encore de dégagement aux petites maisons qui leur ont succédé. Ce village s'étend sur le prolongement d'un coteau, protégé contre les vents du nord par un rocher basaltique, et dont la partie plane est en certains endroits si étroite, que les maisons regardent l’une et l'autre vallée. Voici au sujet de Bredon un passage intéressant de M. BOUILLET, dont les nombreux ouvrages sur l'Auvergne sont riches de documents:
« Bredon, dit-il, est bâtie sur la partie scorifiée d'un dike basaltique des mieux caractérisés. Les habitants, profitant de la facilité qu'ils ont de pratiquer des excavations dans cette partie scorifiée, qui est une agglomération de pouzzolane rouge supportant du basalte, s'y sont formé d'assez commodes habitations. A l'est, cette agglomération est traversée par des petits filons d'arragonite; au nord-ouest, par un filon de basalte compacte amorphe, qui descend à partir de l'église, traverse la rivière d'Allagnon, et va rejoindre d'autres dikes de même nature sur le bord de la rivière. Ce filon est formé de prismes inclinés du sud-ouest au nord-est. A l'ouest, sur le chemin qui monte à Bredon, on aperçoit des masses de scories rouges très-fraiches, avec pyroxène, semblables à celles des volcans modernes de la Basse-Auvergne , et des filons de cinérite compacte, traversant les masses de scories. Si l'on a égard à la fraîcheur de ces scories , on peut considérer cette montagne comme l'éruption volcanique la plus moderne du Cantal; car, nulle part, dans ce département, on ne rencontre des produits plus récents.
La superficie territoriale de Bredon est indiquée dans les tableaux annexés a cet ouvrage, Bredon possède en outre des montagnes communes et des bois communaux, jouis et administrés selon la coutume d'Auvergne. Une faible partie de la commune se trouve dans la vallée de Murat; le reste du territoire s'étend sur plusieurs coteaux et montagnes, que sillonnent des ravins.
La population se compose de 1,056 habitants pour 517 maisons, I bourg, 5 villages et 4 hameaux.
Cette commune est arrosée par les eaux de la rivière d'Allagnon , qui la parcourt de l'ouest à l'est; par les ruisseaux d'Auzollcs et de La Moulède, que l'édit sur le sel, de 1680, place au nombre des branches de cette rivière. Aussi la source du ruisseau d'Auzolles, située à l'extrémité de la plus haute montagne du Cantal, est-elle désignée aux visiteurs sous le nom de fontaine de l'Allagnon. L'un et l'autre cours d'eau coulent de l'ouest à l'est. Presque réunis dans le village d’Albepierre, ils s'écartent de nouveau, forment deux cascades d'un bel effet, l'une en face de St-Gal, hospice de Murat, l'autre au-dessus du village de Pignon, et vont se confondre avec le courant principal de l'Allagnon , qui descend du puy de Bataillouze.
Dans la commune de Bredon, la culture est pastorale et agricole; les terres et les pacages sont fertiles. Les prairies des vallées et des environs d'Albepierre produisent de bons fourrages. Des forêts, appartenant à l'Etat, couronnent la partie la plus élevée du territoire à l'ouest. Les ressources des habitants consistent principalement dans la fabrication du fromage, l'élève des bestiaux, la récolte des grains, et l'extraction des pierres de taille fournies par la belle et riche carrière de la côte de Ladoux, qui deviendra beaucoup plus importante et plus utile à la circonscription de Murat par l'ouverture prochaine d'un chemin aboutissant à la route nationale d'Aurillac. Cette voie de communication est demandée avec d'autant plus d'instance qu'elle est indispensable à l'exploitation de la forêt, essence de sapin, appelée Bois du Roi. On trouve dans la circonscription qui nous occupe divers moulins à grains, foulons et pressoirs à huile, alimentés parles trois ruisseaux déjà mentionnés comme rameaux de la limpide rivière d'AIlagnon.
La route nationale n° 12G, de St-Flour à Montauban, traverse la commune dans sa partie nord-est, et gravit la côte de Pignon, en s'élevant vers la Planèze, par sept lacets longs et tortueux. Cette localité manque d'ailleurs de toute communication intérieure, et son intérêt exigerait l'ouverture d'un chemin partant de Murat, passant par Albepierre, bourg principal, pour aller atteindre, en franchissant les monts Cantal, la commune de Brezons,.et aboutir à Pierrefort.
Bredon était régi, avant le Code civil, par le droit coutumier et par le droit écrit. Son chef-lieu. Auzolles-Bas, Auzolles-Haut, et Assapice, hameau qui n'existe plus, suivaient la. coutume, comme dépendant du prieuré qui dépendait lui-même de la sénéchaussée d'Auvergne; au contraire Pignon , quoique du même ressort, était régi par le droit écrit comme faisant partie de la commanderie de Loubeysargues , paroisse de Valuéjol. Il en était de même des autres villages soumis au bailliage de Vic, qui avait adopté la coutume de Paulhac.
Les habitants de cette commune, comme les autres montagnards, émigrent pendant l'hiver , et par leur travail et leur économie, procurent quelque allégement à leur pauvreté.