Document tiré du Dictionnaire Statistique du Cantal de Déribier-du-Chatelet Edition de MDCCCLII (1852) Volume 1/5.
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BREDON (aujourd’hui ALBEPIERRE-BREDON)
GENERALITES
La commune de Bredon, canton et arrondissement de Murat, est bornée au nord par les communes de Murat et de La Chapelle-Allagnon; au sud par celle de La Veyssenet; à l'est par celle de La Chapelle-Allagnon, et à l'ouest par celle de Laveissière, qui en a été distraite en l'année 1836; Elle s'allonge du nord-est au sud-ouest, et comprend deux petites vallées formées par des ruisseaux, déjà mentionnés dans le cours de cet ouvrage.
Le chef-lieu, situé à 1 kilomètre 500 mètres sud-est de Murat, et à 5 myriam. d'Aurillac, est sans importance, sans voies de communication, et d'un abord difficile de tous les côtés. Il doit aux souvenirs de son ancienne abbaye d'avoir été choisi comme siége de la commune, préférablement a Albepierre, bourg plus populeux. Il est composé d'un petit groupe de maisons, construites sans élégance, presque toutes couvertes en chaume; jadis plusieurs familles habitaient des grottes dont plusieurs servent encore de dégagement aux petites maisons qui leur ont succédé. Ce village s'étend sur le prolongement d'un coteau, protégé contre les vents du nord par un rocher basaltique, et dont la partie plane est en certains endroits si étroite, que les maisons regardent l’une et l'autre vallée. Voici au sujet de Bredon un passage intéressant de M. BOUILLET, dont les nombreux ouvrages sur l'Auvergne sont riches de documents:
« Bredon, dit-il, est bâtie sur la partie scorifiée d'un dike basaltique des mieux caractérisés. Les habitants, profitant de la facilité qu'ils ont de pratiquer des excavations dans cette partie scorifiée, qui est une agglomération de pouzzolane rouge supportant du basalte, s'y sont formé d'assez commodes habitations. A l'est, cette agglomération est traversée par des petits filons d'arragonite; au nord-ouest, par un filon de basalte compacte amorphe, qui descend à partir de l'église, traverse la rivière d'Allagnon, et va rejoindre d'autres dikes de même nature sur le bord de la rivière. Ce filon est formé de prismes inclinés du sud-ouest au nord-est. A l'ouest, sur le chemin qui monte à Bredon, on aperçoit des masses de scories rouges très-fraiches, avec pyroxène, semblables à celles des volcans modernes de la Basse-Auvergne , et des filons de cinérite compacte, traversant les masses de scories. Si l'on a égard à la fraîcheur de ces scories , on peut considérer cette montagne comme l'éruption volcanique la plus moderne du Cantal; car, nulle part, dans ce département, on ne rencontre des produits plus récents.
La superficie territoriale de Bredon est indiquée dans les tableaux annexés a cet ouvrage, Bredon possède en outre des montagnes communes et des bois communaux, jouis et administrés selon la coutume d'Auvergne. Une faible partie de la commune se trouve dans la vallée de Murat; le reste du territoire s'étend sur plusieurs coteaux et montagnes, que sillonnent des ravins.
La population se compose de 1,056 habitants pour 517 maisons, I bourg, 5 villages et 4 hameaux.
Cette commune est arrosée par les eaux de la rivière d'Allagnon , qui la parcourt de l'ouest à l'est; par les ruisseaux d'Auzollcs et de La Moulède, que l'édit sur le sel, de 1680, place au nombre des branches de cette rivière. Aussi la source du ruisseau d'Auzolles, située à l'extrémité de la plus haute montagne du Cantal, est-elle désignée aux visiteurs sous le nom de fontaine de l'Allagnon. L'un et l'autre cours d'eau coulent de l'ouest à l'est. Presque réunis dans le village d’Albepierre, ils s'écartent de nouveau, forment deux cascades d'un bel effet, l'une en face de St-Gal, hospice de Murat, l'autre au-dessus du village de Pignon, et vont se confondre avec le courant principal de l'Allagnon , qui descend du puy de Bataillouze.
Dans la commune de Bredon, la culture est pastorale et agricole; les terres et les pacages sont fertiles. Les prairies des vallées et des environs d'Albepierre produisent de bons fourrages. Des forêts, appartenant à l'Etat, couronnent la partie la plus élevée du territoire à l'ouest. Les ressources des habitants consistent principalement dans la fabrication du fromage, l'élève des bestiaux, la récolte des grains, et l'extraction des pierres de taille fournies par la belle et riche carrière de la côte de Ladoux, qui deviendra beaucoup plus importante et plus utile à la circonscription de Murat par l'ouverture prochaine d'un chemin aboutissant à la route nationale d'Aurillac. Cette voie de communication est demandée avec d'autant plus d'instance qu'elle est indispensable à l'exploitation de la forêt, essence de sapin, appelée Bois du Roi. On trouve dans la circonscription qui nous occupe divers moulins à grains, foulons et pressoirs à huile, alimentés parles trois ruisseaux déjà mentionnés comme rameaux de la limpide rivière d'AIlagnon.
La route nationale n° 12G, de St-Flour à Montauban, traverse la commune dans sa partie nord-est, et gravit la côte de Pignon, en s'élevant vers la Planèze, par sept lacets longs et tortueux. Cette localité manque d'ailleurs de toute communication intérieure, et son intérêt exigerait l'ouverture d'un chemin partant de Murat, passant par Albepierre, bourg principal, pour aller atteindre, en franchissant les monts Cantal, la commune de Brezons,.et aboutir à Pierrefort.
Bredon était régi, avant le Code civil, par le droit coutumier et par le droit écrit. Son chef-lieu. Auzolles-Bas, Auzolles-Haut, et Assapice, hameau qui n'existe plus, suivaient la. coutume, comme dépendant du prieuré qui dépendait lui-même de la sénéchaussée d'Auvergne; au contraire Pignon , quoique du même ressort, était régi par le droit écrit comme faisant partie de la commanderie de Loubeysargues , paroisse de Valuéjol. Il en était de même des autres villages soumis au bailliage de Vic, qui avait adopté la coutume de Paulhac.
Les habitants de cette commune, comme les autres montagnards, émigrent pendant l'hiver , et par leur travail et leur économie, procurent quelque allégement à leur pauvreté.
LE PRIEURE
Bredon, par son prieuré, avait acquis un rang important dans le haut-pays d'Auvergne, à cause des fondations nombreuses et des privilèges qui lui avaient été concédés. Antérieurement à son érection, il paraît avoir existé sur le même rocher un château appartenant soit aux vicomtes de Murat, soit à des seigneurs de la même famille; il y aurait eu aussi une église du nom de St-Thimothée et de Ste-Croix, datant du VIII° ou IX° siècle.
Nous puisons dans les notes qui nous ont été communiquées par M. Paul De CHAZELLES, l’un de nos collaborateurs, la partie historique que nous allons donner.
Ce fut en l'année 1050, d'après les actes de fondation existant encore dans les archives de Murat et déposés dans l'étude de Me Achalme, notaire, que le prieuré de Bredon fut érigé sous le vocable de saint Pierre et de saint Paul par Guibert, le deuxième vicomte de Murat, dont le nom a été conservé, et Bernard d'Henry, qui était seigneur de Bredon , et possédait le château. Ce dernier était frère de Durand, archevêque de Toulouse , abbé de Moissac , second abbé de la Chaise-Dieu, et d'abord évêque de Clermont, où il mourut pendant le concile , et d'Etienne d'Henry, qui fit aussi abandon de tous ses droits au prieuré.
En 1062 Guillaume Ier, vicomte de Murat, fils de Guibert, confirma les donations faites à l'abbaye de Moissac par son prédécesseur, du prieuré et de l'église existante de St-Thimothée sous la clause que l'un et l'autre dépendraient de Cluny. Cette fondation fut faite en franc-alleu, moyennant cinq onces d’or et deux sicles d'argent, une fois payés. Il fut stipulé que les prieurs ne pourraient construire que les bâtiments nécessaires au service de Dieu et à la sûreté du monastère, mais qu'aucune forteresse ne serait élevée auprès du prieuré. L'emplacement du monastère fut choisi à l'extrémité nord du coteau, dont les pentes sont très-rapides en cet endroit, et sur une esplanade peu considérable, dominée par un rocher escarpé qui séparait au sud l'édifice religieux du village.
Vers l'année 1074, Giraud d'Henry, Etienne d'Henry, son frère, et Flourence, leur mère, firent don de la cure de Murat au prieuré moyennant 70 sols. Depuis cette époque, la ville eut pour église paroissiale celle de l'abbaye.
L'esprit du temps portait aux fondations pieuses; les revenus et les droits du prieuré prirent un rapide accroissement. Pierre Leroux, évêque de Clermont, par l'ordre et en présence du pape Pascal II, alors à Brioude , donna à l'abbaye de Moissac l'église de Valuéjol avec ses revenus, pour être réunis au prieuré de Bredon, au détriment de l'abbé de Conques qui la postulait.
En 1131, les Bénédictins jouissant de la faveur royale a cause de leur science, Aimery, évêque de Clermont, obtint l'assentiment du roi, et maintint cet ordre dans toutes ses possessions en Auvergne. La translation à Bredon de la paroisse de Murat se trouva ainsi définitivement confirmée.
Léger et Adalargue, sa femme, donnèrent au prieuré en 1132 le village de Laval, l'église de St-Hilaire de Moissac-sur-Allagnon , partie de celle de Ste-Anastasie et les droits qu'ils avaient sur celle de Valuéjol
Giraud Gobriant, damoiseau, lui céda au XII° siècle une partie de Loubeysargues, le mas de Ribes et son domaine de Chazelles.
Robert de Chastel, damoiseau; Giraud de Vabres; Pierre de Moussayes et sa mère ; Paul de Sallètes, et Rigaud de Murat, firent aussi de nombreuses concessions à l'église de Bredon. Ce dernier avait donné l'église de Virargues en son entier, ses eaux, prés et bois.
En 1240 Pierre III, vicomte de Murat, fit donation au prieuré de la moitié des hameaux et territoires de Haute-Besse , et de Las-Costas , à la charge de dire , chaque année, trois messes pour le repos de l'âme de son père. Cette donation fut faite sur l'autel des reliques de Bredon, en présence de Beraud de Murat. d'Armand de Gorse et de Guillaume de Bonafos.
Louis IX, roi de France, voyant que la suzeraineté des rois d'Aragon sur la vicomté de Murat, en qualité de vicomtes de Carlat, donnait au centre même de son royaume des titres à un prince étranger, voulut obvier à cet inconvénient. Comme il possédait des droits à proximité de l'Espagne, un échange fut fait entre ces monarques. Saint-Louis fit, par suite, construire, sur le petit mamelon qui domine l'esplanade de l'église, un fort qui fut nommé Beccoire, et le choisit pour siége de la suzeraineté royale dans cette partie de l'Auvergne. Les assises du bailliage d'Andelat y furent tenues plusieurs fois. Il fut détruit lors des hostilités qui eurent lieu entre le vicomte Beynaud et les d'Armagnac vers l'an 1409. L'enceinte de ce fort est encore visible aujourd'hui.
En 1288, sous le prieur Guérin, Pierre de Murat donna 6,000 sols du Puy pour continuer les fortifications du monastère.
Gaillarde de Murat, fille de Guillaume et d'Eléonore de Caumont, n'ayant point d'enfants d'Odon, comptor de Saignes, son époux, fonda deux chapelles à Bredon et les dota chacune de cinq livres de rente. Elle constitua aussi une rente annuelle de vingt septiers de blé, qui devaient être distribués par le prieuré aux pauvres du village. Elle voulut être enterrée près de la porte de l’église, et fit dresser un autel à côté de la tombe qu'elle s'était choisie.
Des différents surgirent en 1303 entre le vicomte de Murat et Bertrand de Montagnac, alors prieur. Ces deux seigneurs acceptèrent la médiation de Bertrand de Pierrefort, prieur de Champagnac; de Gilhert de Pierrefort, chevalier, et de Pons de Ville-Vialle , prieur de Duravel. Il s'agissait d'un règlement sur les eaux que le prieur avait le droit de prendre pour l'arrosement de ses prairies et le service de divers moulins.
En 1344, Bégon Ier, vicomte de Murat, voulut renouveler les mêmes discussions. Le prieur porta plainte au roi, qui rendit, à la St-Gal de cette même année, une ordonnance par laquelle il était prescrit à Bégon, Dauphine et Guillaume de Murat, de tenir les transactions consenties par leur père en 1303, et de ne plus troubler les prieurs dans leurs possessions.
Les prieurs de Bredon , presque toujours a cette époque parents des vicomtes de Murat, prirent souvent une part active aux démêlés qui les divisaient. Ainsi en 1408, Guillaume de Cardaillac , prieur, pendant les conflits qui eurent lieu entre Pons de Cardaillac, son puiné, et le vicomte Reynaud, donna long-temps un asile dans le prieuré à Pons et à ses enfants. Il leur fournit même des secours pour s'emparer du fort de Beccoire. Beynaud, qui avait la charge de bailli des montagnes, ne tarda pas à reprendre ce château, et le fit démolir. Pons se saisit alors du fort de La Bastide. Guillaume et les religieux de Bredon lui procuraient de l'argent et des vivres. Reynaud vint encore expulser son ennemi de la place; les moines qui s'y trouvaient furent tellement maltraités, que depuis lors, ce château fut nommé la Tour des Moines. Reynaud, en outre, porta plainte au roi Charles VI, le priant de destituer Guillaume, et de le remplacer par Antoine, son frère, alors moine de la Chaise-Dieu.
Le pape Jean XXII ayant succédé à Alexandre V, fit droit à la supplique que le roi Charles VI avait envoyée contre le prieur de Bredon. Par bref du 23 mai 1410, le prieur de la Chaise-Dieu fut commis pour informer sur les faits mentionnés dans l'accusation contre Guillaume. Les principaux étaient : d'avoir porté secours à Pons, son frère germain, dans un château près du prieuré, quoique celui-ci eût des alliances avec les ennemis du roi et qu'il eût été rebelle à la justice; de ne donner aucun soin à son prieuré; de ne prendre aucun souci des affaires de conscience de ses paroissiens, empêchés, par les malheurs du temps, de se rendre à l'église de Bredon pour y recevoir les instructions religieuses et les sacrements. On ne retrouve pas la suite de cette affaire, mais il est probable que Guillaume fut obligé de se démettre de son bénéfice en faveur de son frère Antoine.
Les courses des Anglais étaient fréquentes dans le pays à cette époque. Les fidèles ne pouvaient, sans danger, se rendre à Bredon pour y remplir leurs devoirs paroissiaux. Emu par ces considérations, Mgr d'Aurouze, évêque de Saint-Flour, concéda à l'église collégiale de Murat, nouvellement construite, et à son chapitre qui venait d'être érigé, le droit de faire les offices, les processions, et de recevoir les sépultures. Guibert de Veyrac, alors prieur, mit opposition, en cour de Rome, à ces concessions. Il allégua qu'elles étaient attentoires à ses droits; qu'ayant été faites sans son aveu et consentement, elles devaient être considérées comme non avenues. Mais Guillaume de Cardaillac lui ayant succédé, le différend fut arrangé par l'intermédiaire de Pons, son cousin, et d'Hugues de Chavagnac, prieur de Talizat, vicaire-général de Saint-Flour. Le chapitre s'obligea, dans cette transaction du 7 avril 1394 , à payer annuellement dix florins d'or pour l'église de St-Martin, que le prieur lui abandonna, et pour l'église nouvelle. Les processions ordinaires et extraordinaires, les droits de sépulture des chanoines et des laïques furent réglés, ainsi que la sonnerie des cloches; le patronage d'un canonicat fut laissé au prieur; enfin, tout fut déterminé jusques aux prérogatives de ce même prieur dans les deux églises et à la fixation du nombre des chanoines, des autels, des images et des conférences. Le 30 novembre 1394, Aimery de Peyrac , abbé de Moissac, ratifia les conventions faites; mais il modéra à huit florins Ja prestation due par le chapitre. Le pape Benoît XIII homologua le tout par bulle du 4 mai 1409.
Guillaume de Cardaillac intervint aussi au procès qu'eurent les chanoines et les choristes de Murat, au sujet de la perception des revenus. Les choristes furent supprimés, et le prieur eut deux nominations de chanoines, au lieu d'une seule qu'il avait précédemment.
Le prieur de Bredon intervint, en 1429, dans la fondation faite à Saint-Gal par Bernard d'Armagnac, fils du connétable, d'un couvent d'hommes qu'il donna aux cordeliers de l'Observance.
En 1432, une vive querelle s'éleva entre Guillaume de St-Hilaire, prieur, et le commandeur de Celles. On en vint à des hostilités.
Les privilèges que le prieuré avait sur la ville de Murat et sur sa paroisse furent diminués en 1449. Les habitants, qui avaient fait constamment des efforts inutiles pour être affranchis de la juridiction spirituelle des prieurs, obtinrent, cette année, des fonts baptismaux. Ils avaient été obligés, jusque-là, de porter les enfants nouveaux-nés à Bredon pour y recevoir le baptême.
Par suite du traité fait le 17 janvier 1469 entre Antoine de Chabannes, comte de Dammartin, pour le roi, et Jacques de Nemours d'Armagnac, vicomte de Carlat et de Murat, Louis XI délégua Draguinet de Lastic, seigneur de Valheilles et de Rochegonde , maître-d'hôtel de la reine et chambellan du roi, pour recevoir le serment des nobles, ecclésiastiques, officiers, vassaux et populaire des vicomtes de Carlat et de Murat. Ce serment fut prêté à Bredon, en avril 1470. On l'avait consigné dans un cahier de parchemin, existant aux archives de Chavagnac de Dienne, et tiré de celles de Madic.
Voici l'état sommaire des ecclésiastiques des deux vicomtés qui se rendirent alors à Bredon; nous donnons ce document comme propre à jeter quelque jour sur la statistique religieuse de cette partie du pays à l'époque dont nous parlons:
VICOMTE DE CARLAT |
PRETRES |
Le Curé de Malho |
1 |
|
Le Prieur de Sarrus |
1 |
|
Le Curé de Raulhac |
50 |
|
Le Curé de Thiézac |
40 |
|
Le Curé de Vic |
30 |
|
Le Curé de Polminhac |
24 |
|
Le Curé de Giou |
1 |
|
Le Curé d'Arpajon |
1 |
|
Le Curé d'Yolet |
1 |
|
Le Curé de Notre-Dame-de-Jou |
1 |
|
Le Curé de St-Clément |
8 |
|
Le Curé de La Chapelle-Barrès |
3 |
|
Le Curé de Cros |
1 |
|
Le Recteur de St-Etienne |
7 |
|
Le Curé de Carlat |
8 |
|
Le Curé de Roannes |
1 |
|
Le Curé de Vossac |
6 |
|
Le Curé d'Entraigues |
32 |
|
Le Curé de Thérondel |
1 |
|
Le Prieur de Ladinhac |
1 |
|
Le Recteur de La Croix |
1 |
|
Le Recteur de Boisset |
1 |
|
Le Prieur de Roussi |
1 |
|
Le Prieur de Rueyre |
1 |
|
Le Prieur de Montchevel |
1 |
|
Le Prieur d'Allansac |
1 |
|
Le Prieur de Leucamp |
1 |
|
Le Curé de Peyrac |
1 |
|
Le Curé de Pons |
14 |
|
Le Curé de Veissière |
1 |
|
Le Chapitre de Notre-Dame-de-St-Flour |
14 |
|
Le Prieur de la cathédrale de St-Flour |
20 |
|
Pour la Communauté de Notre-Dame-d'Aurillac |
2 |
|
VICOMTE DE MURAT |
PRETRES |
|
Le Chapitre de Murat |
12 |
Le Prieur de Bredon, pour Murat . |
33 |
Le Prieur de Bredon, pour cette paroisse. . . . |
15 |
Le Curé de la Chapelle-d'Allagnon |
5 |
Le Vicaire de Virargues . |
8 |
Le Vicaire de Chavagnac |
3 |
Le Vicaire de Chastel |
5 |
Le Curé de Paulhac |
6 |
Le Vicaire de Chalinargues |
7 |
Le Curé de Dienne |
25 |
Le Curé de Lavastrie et 6 Chanoines ... |
7 |
Le Curé d'Anglards |
1 |
Le Curé de Meallet |
1 |
Le Curé de Paulhenc. |
1 |
Le Vicaire de Namhac |
1 |
Le Curé de St-Martin |
1 |
Le Curé du Mur-de-Barrès |
15 |
Ainsi, les vicomtés de Carlat et de Murat comprenaient en 1470 quatre cent cinquante-un ecclésiastiques occupant des emplois, dont deux cent soixante-dix-sept pour la première vicomté, et cent soixante-quatorze pour la seconde.
En 1622, le prieur de Bredon fit à la ville de Murat la concession de tous ses droits spirituels , pour favoriser l'érection d'une paroisse. Ainsi, la ville obtint sou affranchissement après sept cents ans de réclamations. Pendant ce long espace de temps, le curé de Murat avait résidé à Bredon, et les habitants étaient forcés d'y aller faire leurs pâques et remplir leurs autres devoirs religieux.
En 1697, M. de Lastic de Sieujeac acheta du roi la vicomté de Murat, et réunit en sa personne les suzerainetés spirituelle et temporelle de cette vicomté. La double prise de possession fut l'occasion de grandes fêtes, dont le détail sera rapporté dans l'histoire de Murat.
Les prieurs de Bredon avaient anciennement, comme tous les seigneurs, des droits de boade et de manœuvre, qui leur avaient été constitués soit, par la générosité des seigneurs, soit par la piété des habitants voisins du prieuré. Pour donner un aperçu de ce que pouvaient être ces droits, nous tirerons d'une procédure, existante aux archives de Murat, l'extrait rapide d'une des contestations que souvent ils suscitaient, renvoyant au titre même ceux qui voudront pénétrer plus avant dans cette discussion.
Le prieur Jean de Lastic réclamait des habitants de Bragheac et de Virargues douze boades et douze manœuvres en nature ou en espèces, savoir : les boades à vingt sols et les manœuvres à cinq sols, conformément à la coutume d'Auvergne. Il fondait sa demande sur un contrat d'échange de 1289, fait entre Guillaume, vicomte de Murat, et Pons de Ville-Vialle , prieur , par lequel le vicomte de Murat cédait à ce dernier les boades et manœuvres que lesdits habitants s'étaient engagés à faire pour le vicomte, a cause de son château de Murat.
Les habitants des deux villages répondaient qu'ils avaient été déchargés des droits de guet, de garde, boades et manœuvres, par arrêt rendu le 19 avril 1636, et que du reste les vicomtes de Murat, par bail emphytéotique de 1287, en leur abandonnant les terres dépendantes de leurs villages à la charge de cens, rentes, redevances et autres droits seigneuriaux , avaient modéré à trois le nombre des boades et des manœuvres.
Cette contestation fut portée devant la justice royale. Les habitants gagnèrent leur procès contre le prieur.
Les baillis d'Andelat siégèrent quelquefois à Bredon, lorsque le bailliage était ambulant; le bailli Guillaume de Villebœuf y tint ses assises en 1270. Il est constaté par un acte déposé aux archives de Murat, en date de 1326, que les assises royales s'y ajournèrent, alors que les haute et basse justice du prieuré avaient été saisies et mises sous la main du roi. Jean de Bénévent siégeait aussi à Bredon en 1328, et le vicomte Reynaud en 1409, avant de faire raser le château de Beccoire.
Nous avons dit que la commune de Bredon possédait de vastes communaux. La population étant pauvre, des empiétements ont eu lieu depuis une date fort ancienne. On trouve dans les archives de l'intendance, à la préfecture de Clermont, que M. l'intendant d'Auvergne voulut, eu 1724, s'opposer à l'absorption de cette partie du domaine public. M. Danty, alors juge et subdélégué à Murat, répondit à M. l'intendant que les communaux du village de Bredon étaient formés de coteaux ingrats et pleins de pierres; qu'ils étaient la seule ressource des habitants, presque tous indigents , et hors d'état de subsister si on les leur retirait; qu'au reste les pauvres étaient les seuls qui n'en eussent pas abusé en se les appropriant, puisqu'ils les échangeaient tous les trois ans; tandis que d'autres propriétaires riches s'étaient emparés des meilleures parties pour arrondir leurs héritages,ce qu'une enquête établirait facilement
L'administration d'alors n'était pas inintelligente; elle ferma les yeux sur les empiétements des pauvres gens.
Dans le rocher que surmontait le fort de Beccoire , à une vingtaine de mètres au-dessus du sol, et dans un endroit très-escarpé , se montre l'ouverture d'une caverne sur laquelle la tradition du pays rapportait, il y a cinquante ans, de nombreuses merveilles. Cette caverne est, à ce qu'il paraît, d'une grande profondeur perpendiculaire. La tradition disait qu'à l'époque des guerres des Anglais, et des hostilités avec le vicomte Reynaud, les moines y avaient jeté leurs trésors pour les soustraire au pillage des mécréants. A l'appui de cette croyance, les hommes assez entreprenants pour grimper jusqu'à l'ouverture de la grotte, prétendaient que les pierres lancées dans le gouffre produisaient en arrivant au fond un tintement argentin. On assurait même que de hardis explorateurs avaient osé y descendre à l'aide de cordages. Mais nul n'avait pu atteindre l'extrémité de l abîme, et les trésors qu'il cachait resteraient encore ensevelis.
M. de Laforce rapporte, dans sa statistique du Cantal, qu'il existait vers Bredon un antique monument brisé depuis peu. Il se composait de plusieurs pierres surmontées d'une dernière, sur laquelle figurait un personnage en pied, costumé à la romaine. Le souvenir en est entièrement perdu de nos jours.
MONUMENTS RELIGIEUX.
Les bâtiments du prieuré étaient construits sur la petite esplanade au nord du bourg et au pied du mamelon de Beccoire. Ils dessinaient les trois côtés d'un quadrilataire, avec cour intérieure; l'église formait le quatrième côté regardant Murat. L'habitation de l'abbé était abritée contre les vents qui soufflaient du Cantal, par le premier bâtiment destiné aux recettes. Elle se trouvait au fond de la cour, et dominait au nord la vallée de Murat. Ses appartements étaient vastes et commodes. Après la suppression du prieuré, les pierres de taille, les bois, tuiles et autres matériaux furent enlevés successivement par les habitants de la commune, qui s'en servaient pour leurs constructions particulières. Enfin, dans le courant du mois de septembre 1795, un grand incendie avant dévoré la majeure partie d'un quartier de la ville de Murat, nommé Fontillou, ce qui restait des constructions du couvent fut donné aux pauvres incendiés pour se refaire de leur sinistre, et ils achevèrent ainsi la ruine du prieuré.
Eglise.
Les bâtiments de l'église de St-Thimotée et Sle-Croix n'étant pas probablement en rapport avec l'importance du nouvel établissement, on dût construire une nouvelle église sur l'emplacement même de l'ancienne. Elle fut bâtie, en 1074, telle qu'on la voit aujourd'hui, sur l'esplanade du prieuré, à son aspect occidental et au bord même de l'énorme rocher qui fait face à la ville de Murat. Sa consécration eut lieu en 1095, sur la délégation du pape Urbain II, par l'archevêque de Toulouse. Il était assisté de saint Hugues, abbé de Cluny; de Raimond, évêque de Lectoure, et de Faucon, évêque de Clermont. Le vicomte Guillaume assistait à cette cérémonie. On croit que le pape Urbain II, revenant du concile de Clermont, visita l'église de Bredon.
Elle rappelle, par son architecture, le style roman. Son extérieur n'a rien de remarquable, mais son intérieur mérite de fixer l'attention. Le portail, embelli de sculptures et d'ornements de l'époque, est d'un excellent goût. On voit encore au-dessus les ouvertures qui servaient a redresser le pont-levis, et dont un mâchicoulis forme le couronnement.
L'intérieur de l'église est à trois nefs. Les deux latérales sont voûtées en pierre, et la nef principale lambrissée en bois. Les deux bas-côtés sont formés par deux rangs de piliers massifs, dont les chapitaux manquent d'élégance. Les neuf chapelles, placées en dehors des bas-côtés, sont petites et ne présentent rien de curieux, ni dans leurs autels, ni dans les ornements qui les décorent. Du côté de Murat, les murs extérieurs sont dangereusement lézardés. Cette façade a été ébranlée dans toute son étendue par la destruction du mur d'enceinte, dont il ne reste qu'une arcade, sous laquelle devait passer le chemin qui conduisait dans le prieuré. Privés de ce contrefort, les murs ont perdu leur solidité.
Dans l'intérieur, on voit encore de belles boiseries, des stalles belles aussi, quoiqu'un peu mutilées, et un banc d'œuvre qui mérite particulièrement l'attention par ses délicates sculptures et par les découpures à dentelles qui le surmontent.
Le rétable, commencé en 1616, est embelli de sculptures si artistement ouvragées qu'elles en font l'un des morceaux les plus précieux du département. Il est encadré dans quatre énormes colonnes torses de style corinthien, et orné de hautes statues. Deux d'entre elles représentent saiut Pierre et saint Paul. Ce qui frappe le plus, c'est le vif éclat des dorures qui se projettent en lames d'or et conservent encore toute leur fraîcheur. On admire aussi les ceps de vigne, d'où se détachent de nombreuses grappes de raisin , et des feuilles sous lesquelles on aperçoit des serpents, des oiseaux becquetant les raisins, des anges armés de flèches, et d'autres anges jouant ensemble. A la droite du tabernacle, Moïse tient les tables de la Loi ; à gauche se trouve le grand-prêtre Siméon ; au-dessous des colonnes et sur leur piédestal, figurent les quatre évangélistes. Ces bas-reliefs sont d'une ingénieuse exécution. Au front du retable, le Père-Eternel, entouré d'étoiles, resplendit dans toute sa gloire. On aperçoit d'un côté la première femme qui présente à Adam la pomme fatale, et un ange qui brandit un glaive sur leur tête. Derrière eux, l'arbre de mort au bas duquel on lit en grosses lettres d’or. La mort vient du bois; de l'autre côté, la Sainte-Vierge, l'Enfant Jésus, et un ange au-dessus d'eux, tenant d'une main une clef et de l'autre une chaine. Plus loin et du même côté, l'arbre de vie au pied duquel on lit en grands caractères: La vie vient du bois. Entre les deux colonnes, du côté de l'épître, et sur un premier plan, le sculpteur a représenté David, suivi de divers personnages qui offrent au grand-prêtre les trois pains de proposition, et dans un second bas-relief les apôtres, récoltant une abondante moisson. Entre le grand-prètre et David, Jésus-Christ, un bâton à la main, appuyé sur le rebord du puits de Jacob, adresse des paroles de consolation à la Samaritaine , et dans l'éloignement se dessinent le prieuré et ses alentours. Du côté de l'évangile, entre les deux colonnes, on remarque un chemin de croix; Jésus entouré de bourreaux, gravissant la voie douloureuse; Simon le Cyrénéen lui venant en aide. Sur l'arrière-plan, les tours de Jérusalem. Enfin, dans le lointain, le Calvaire, où s'élèvent les deux croix destinées aux Larrons, qui marchent on tête du convoi, les mains attachées derrière le dos. Le fond est occupé par un paysage.
Le tabernacle a deux mètres de haut; il est décoré de petites colonnes corinthiennes disposées sur deux étages. Les deux nefs sont terminées par les retables de deux chapelles contiguës, offrant le même style que le retable principal, et dont les sculptures ont le même fini d'exécution.
Sur l'autel de droite est aujourd'hui posée la statue de la sainte Vierge, qui se trouvait jadis dans l'église de Notre-Dame-du-Pont. Cette église, ou plutôt cette chapelle s'élevait, il y a soixante ans, au pied du rocher de Bredon, vis-à-vis Murat, et sur les bords de la rivière. Le pont sur lequel on la traversait et qui aboutissait presque à l'église, avait pris son nom. Sa Vierge était semblable à la stalue vénérée de Notre-Dame-des-Oliviers de Murat. On ignore l'origine de cette vierge. Son bois, comme celui de sa sœur de Murat, paraît être de cèdre, et tout dénote qu'elle dût être au nombre des vierges rapportées de la Palestine par Saint-Louis. Aussi jouissait-elle d'une grande vénération dans le pays. On peut voir l'article qui concerne les miracles opérés par son intercession, dans l'histoire des saints et saintes d'Auvergne de don Branche.
La chapelle de la nef de l’évangile, à Bredon, est ornée d'un christ de haute stature.
Tel est l'ensemble artistique de ce monument religieux.
On conserve encore dans la sacristie un prix fait d'une partie du retable (côté de l'épître), dont nous allons donner un extrait.
SCULPTURES ET DORURES
Dalmas, curé,Secheyroux d'AuzoJIes-Soutro, et Antoine Dutrieux deMurat, luminiers, firent prix avec Antoine Boyer, sculpteur de cette ville, et passèrent avec lui un traité,en date du 17 juillet 1706, pour la construction du retable encore existant, moyennant le prix et somme de 400 livres. Il n'était point tenu de faire les figures et basses-tailles. L'ancien retable lui était donné, et il reçut dix livres pour l'enlever. Moyennant le prix stipulé, ledit Boyer s'engageait à mettre en place le nouveau , parfait, sans que lesdits curé et luminiers fussent tenus à d'autres frais: promettant en sus, ledit Boyer, de fournir le bois nécessaire pour les statues et basses-tailles au sieur Journiac , sculpteur. Le tout devait être terminé dans deux années.
Dorure.
Entre Jean Francon, porteur de la procuration de M. Louis-Henry de Murat, prieur de Bredon; Antoine Chaumeil, curé; Pierre Leyret, vicaire; Antoine Dutrieux, et Charles de Traverse , luminiers , d'une part; et Noël Verdier, Maistre doreur, d'Apchon , furent faites, le 12 juin 1722, les conventions suivantes: Verdier s'oblige de dorer le retable du coté de l'épître du maître-autel, savoir: les ornements en or et le fond en azur; de plus les statues de saint Roch et de saint Jean-Baptiste, qui sont au retable , en or pour les vêtements et en glacis, à la réserve de saint Roch , qui devait être doré sur toutes ses faces. En outre il fut convenu qu'il serait fait au fond, au-dessous du piédestal, un ornement en gravure, doré aussi par le sieur Verdier. Il s'obligeait encore à dorer l'image de saint Jacques comme la statue de saint Roch, et devait, ledit doreur, fournir tout l'or nécessaire et tous les accessoires, moyennant la somme de deux cent quatre-vingt-dix livres, qu'il devait recevoir des fonds de la marguillerie. Enfin, il devait dorer la statue de la Vierge, qui était au milieu du retable de l'autel, moyennant cinq livres dix-sept sols.
Ces traités témoignent qu'une grande partie du retable était terminée avant 1706, et qu'ils s'appliquaient seulement au côté de l'épître, lequel côté ne fut sans doute achevé qu'en 1721. De plus, le prix fait du doreur concerne uniquement ce même côté, certaines statues et autres objets déterminés pour la quotité affectée à la caisse de la marguillerie. L'intervention des prieurs, dans ces dépenses, ne saurait être révoquée en doute, et s'il n'en reste pas de traces, c'est que leur participation était un fait personnel. On peut juger approximativement, par les prix faits , de ce qu'il en a coûté pour le surplus du retable commencé en 1616.
La chaire fut faite en 1715, dans le style de celle de la cathédrale de St-Flour. Elle devait être en chêne, à l'exception des marches. Les sieurs de Traverse et Dutrieux , marguilliers , traitèrent avec Jean et Baptiste Teissèdre père et fils, menuisiers de Murat, qui devaient ferrer et mettre en place le tout, moyennant le prix de cent trente-cinq livres.
Le 16 décembre 1726, les mêmes marguilliers payèrent au sieur Marc, fondeur, la somme de sept cent cinquante-une livres dix sols trois deniers, pour avoir fondu et fait des fournitures à la cloche neuve de Bredon.
On trouve dans l'église deux ou trois tableaux assez bien peints, et qui lui furent donnés en ex-voto. La sacristie renferme quelques ornements qui sont d'une grande richesse. Ils auraient besoin d'importantes restaurations. L'église de Bredon obtint du Gouvernement, en 1839, un secours de cinq cents francs. Mais que faire avec une aussi faible subvention, dans une commune aussi pauvre, quand il y a tant de dégradations à réparer?
La cloche et le clocher ont disparu, victimes du vandalisme d'une sinistre époque. Le clocher actuel n'est point en rapport avec l'église. Le 1er vendémiaire an XIII, les membres du Conseil municipal de Bredon passèrent avec Pierre et Jacques Delorme, maitres-maçons et charpentiers, demeurant à Vabres et a Ruynes un traité dans lequel ces ouvriers s'engagèrent à faire et parfaire le clocher, rétablir les escaliers et le couvert, remettre en état tous les toits de l'église, moyennant la somme de 560 francs.
Lors de la fabrication du salpêtre, vers 1793, on découvrit sous le pavé, d'après l'inscription des pierres tumulaires, les cercueils en plomb de deux jeunes comtes d'Armagnac, décédés peu après le supplice de leur père.
Il ne reste plus aujourd'hui sur l'esplanade, où existaient tant de constructions imposantes, que l'antique sanctuaire de la paroisse. Il a survécu seul au prieuré, dont on voit encore quelques ruines, et au fort de Beccoire dont l'enceiute est marquée par les mouvements du terrain. Eloignée du village, isolée de toute habitation, l'église de Bredon règne sur les décombres d'une antique splendeur.
Voici, par ordre chronologique, les noms de quelques prieurs de Bredon dont les souvenirs ont été conservés:
Durand d'Henrv , frère du fondateur, 1050. |
Guillaume de Cardaillac, 1429. |
Malfred, 1107. |
Guillaume de St-IIilaire, 1430. |
Guillaume Fonteille, 1216. |
Bérengarius, 1444. |
Bernard, 1230. |
Du Prat, 1463. |
Hugues Arnulphe, 1236. |
Despreis, 1470 |
Bérenger de La Tour, 1237. |
De Montpezat, 1502 |
Guillaume de Lespinasse, 1240. |
Antoine d'Oriol, 1533 |
Guérin, 1288. |
Antoine d'Apchon, 1 552 |
Pons de Ville-Vialle, 1289. |
Laurent, 1575 |
Bertrand de Montaguac , 1300. |
Anglade, 1628. |
Gaubert, 1357. |
Lastic de Sieujeac, 1664. |
Bégon de Cardaillac , 1358. |
Louis-Henry Maret, 1717. |
Guibert de Veyrac, 1372. |
Joseph Teurandin, 1738. |
Guillaume de Cardaillac, 1391. |
Louis d'Ossou de Bonnac, 1780. |
Jean de Roquemaurel, 1426. |
Quant aux recteurs et curés, le plus anciennement connu est Etienne, qui assista comme témoin, en 1107, à la donation de Valuéjol; Pierre Martin en 1289 ; Bertrand Vital en 1359; Jean de Cheminade en 1460; Guillaume de Comblat en 1466; Guillaume Gardés en 1483; Claude Hours en 1594; Jean Aimery en 1620; Guillaume Leyrits en 1658; Dalmas en 1706; Chaumeil en 1722.
LE CIMETIERE
Il est placé à l'est de l'église, sur les premières inclinaisons du coteau. Nous nous serions abstenus d'en parler; que dire, en effet, sur le modeste champ-de-repos du montagnard! Mais, en y entrant, une tombe, surmontée de la croix du Salut, s'offre aux regards. Sur la pierre tumulaire on lit : Ici repose Salvant, prêtre, instituteur des sourds-et muets à l école royale de Paris, né à Loubeysargucs en I7Ô5, décède le 12 octobre 1858. Homme vertueux! votre nom doit rester associé à celui des abbés de l'Epée et Siccard. Compagnon de leurs travaux, vous serez considéré comme un des bienfaiteurs de l'humanité; car vous avez contribué à rendre la vie intellectuelle et sociale a cette partie de l'espèce humaine, si cruellement mutilée par la nature!
VILLAGES ET HAMEAUX
Voici les villages et hameaux compris dans la commune de Bredon:
1° Albepierrc (Aubepeyre). Ce bourg est ainsi nommé, à cause de ses belles carrières. Il est situé sur une sorte d'isthme aplani que laissent entre eux les ruisseaux d'Auzolle et de La Monlède. Peuplé de 900 habitants à-peu-près, il a obtenu une succursale desservie par deux prêtres. Son église, presque au centre du village, est sous l'invocation de saint Thimotée. Saint Gilbert, seigneur auvergnat, avait fondé en ce lieu, en 1150, un couvent de femmes de l'ordre des Prémontrés.
Albepierre avait un château situé à l'endroit où se trouve le cimetière. Il fut souvent la résidence des vicomtes de Murat, dont il dépendait. Guillaume II, vicomte, en fit donation en 1248 à Astorg, son fils, qui le céda en 1269 à Durand de Gorse, son gendre, sous la réserve qu'il serait libre, ainsi que ses successeurs vicomtes de Murat, d'y faire résidence. Cette donation fut confirmée en 1283 par le vicomte Guillaume, neveu du précédent. A la donation était joint le droit de chauffage dans un bois près du village et dans les forêts de la seigneurie.
Marquèze de Peyre, vicomtesse de Murat, après la mort de son mari, rendit en 1273, à Henry II, comte de. Rodez, l'hommage du château d'Albepierre, en qualité de tutrice de ses enfants.
Dans le règlement qui eut lieu à St-Flour en 1285, au sujet des contestations qui s’étaient élevées entre le comte de Rodez et le vicomte Guillaume, ce dernier reconnut tenir en fief du comte le château d'Albepierre.
Les habitants de ce bourg obtinrent, en 1292, le droit d'usage dans les forets de la vicomté.
Il y eut, le 4 juillet 1341, une sentence arbitrale entre le vicomte Bégon et Guillaume de Murat, son frère, au sujet de la substitution faite par leur père, dans son testament, de la terre d'Albepierre en faveur de son fils et de ses héritiers.
Reynaud, lors de ses querelles avec Guillaume, ayant appelé à son aide les Anglais qui occupaient Brioude, ils s'emparèrent du château d'Albepierre et le rasèrent. Cette destruction était mentionnée dans les lettres de grâce que Guillaume de Cardaillac obtint en 1365,du duc de Berri.
Pons de Cardaillac, qui avait succédé en 1372 à Guillaume, son père, dans la vicomte de Murat, obtint par sentence de 1377 que la seigneurie d'Albepierre serait comprise dans sa part.
Le 9 juillet 1189, noble Philibert de La Platrière, seigneur de Bordes, ayant pris possession de la vicomté de Murat, rassembla les habitants de cette châtellenie pour recevoir leur serment.
La même châtellenie fut comprise dans la vente faite en 1697 à M. de Lastic de Sieujac, prieur de Bredon, de la vicomté de Murat. Elle se composait des villages d'Albepierre, de Moulède et de Péalat. Albepierre payait au vicomte : en argent, 70 l. 17 s. 2 d. 1/2 obole; en froment, 4-septiers 5 cartons ; en seigle, 27 septiers 5 cartons 4 boisseaux; leyde, 3 1/2; cire, 27 livres 9 onces 7/12e; vin , 190 septiers; poules, 190.
En remontant la vallée d'Albepierre, on apercevait le château de Combrelles sur un rocher, dans les bois, et au versant sud du coteau. Il dépendait de la vicomté. Très-anciennement il appartenait à la famille Jurquet, connue dans l'histoire d'Auvergne depuis l'an 1004, et que l'on croit issue des comtes de Toulouse. Au milieu du XII° siècle, cette famille se divisa en deux branches, celle d'Oradour et celle de Combrelles. Vers 1530, la seigneurie de Combrelles passa, par mariage, dans la maison d'Anteroche, Louis de Combrelles, son dernier propriétaire, étant décédé sans enfants mâles. Le château fut dévasté par le vicomte Reynaud en 1409. Il fut pris par les Huguenots en 1579. Les habitants du pays, sous les ordres de M. d'Anteroche, le reprirent et le rasèrent le 10 avril 1580.
2° Auzolle-Bas, village dans le vallon, au sud de Bredon.
3° Auzolle-IIaut, village dans le vallon et très-rapproché du précédent.
4° Cresponet, domaine appartenant à la famille Teissèdre.
5° Grand-Champ, propriété de la même famille.
6° La Moulède, hameau , dominant un ravin dans lequel coule un ruisseau du même nom. Il est situé près des plus hautes montagnes. François d'Auzolle, seigneur de Peyrelade , habitait La Moulède en 1590. Jean de Lespinasse était seigneur de La Moulède, et y résidait avec Eléonor de Sistrières, sa femme, en 1702. Ce village et celui d'Albepierre, touchant à la forêt royale, eurent constamment des démêlés avec la maîtrise au sujet de leurs droits d’usage, qu'ils étaient toujours portés à étendre. Quoique cette administration usât de la plus grande sévérité, la force de l'habitude l'emportait souvent. Les habitants des deux localités sus-mentionnées, prétendaient à la vérité avoir obtenu, de leurs anciens suzerains, des concessions plus grandes que celles dont on leur permettait de jouir. Ils se disaient en droit de prendre tous les bois dont ils avaient besoin ; et, quoiqu'ils eussent eté déboutés de cette prétention par jugement du commissaire de la réformation en 1676; quoique des peines pécuniaires leurs eussent été solidairement infligées, ils n'en conservaient pas moins confiance dans leurs droits , et commettaient des contraventions nombreuses.
Les commissaires de la nouvelle réformation, établis en 1723, rendirent le 13 juillet 1728 un nouveau jugement contre eux, jugement conforme à celui de 1676. Par suite, le maître particulier de la maîtrise de St-Flour se transporta dans la forêt et trouva un grand nombre d'arbres coupés.
On lit dans les archives de l'intendance, que le commissaire constata, par un procès-verbal, que la traînée des arbres enlevés indiquait leur transport vers Albepierre, malgré l'inutilité des plus exactes perquisitions faites dans les maisons du village. D'après ce rapport, le procureur du roi de la réformation fit assigner quelques-uns des notables habitants d'Albepierre et de La Moulède, obtint solidairement contre eux un jugement, par lequel ils furent condamnés à mille livres d'amende, et même il en fit arrêter plusieurs qui furent transférés dans les prisons de Riom.
Pour mettre un terme à ces délits et conflits, et ne laisser aucun doute aux habitants sur la portée de leurs droits, le roi, en son conseil d'Etat, rendit, le 22 mais 1729, un arrêt qui sera relaté à l'article de Murat. Le paiement des frais et amendes infligées fut réduit autant que possible, mais les prisonniers n'obtinrent leur liberté qu'en cette année 1729.
Les carrières de La Moulède sont fort importantes pour le pays.
8° Pignon, village avec un ancien petit château, presque au confluent du ruisseau d'Auzolle avec les deux autres branches de l'Allagnon. Il est situé dans la vallée, sur la route nationale d'Aurillac à St-Flour, au point où commence la cote dont nous avons parlé plus haut. On y trouve plusieurs moulins, dont un à foulon.
9° Stalapos, petit château avec un important moulin sur la rive droite de l'Allagnon, au nord-ouest de Bredon. Il est entouré de beaux arbres. On trouve des eaux minérales ferrugineuses près de là.
Stalapos avait appartenu à noble Pierre Brunechon. Il passa plus tard à la famille de Chadefaux , qui le transmit a celle de Montreuil de Charmanière. La veuve de M. de Charmanière en fit don à la famille Lespinasse, qui le possède encore.
L'histoire de Bredon se trouve liée trop étroitement à celle de Murat, pour qu'on n'ait pas souvent l'occasion d'y revenir en traitant l'article de cette ville.
REYNAUD, Membre du Conseil général.