Marcelin Boule est né à Montsalvy (Cantal) le 1er janvier 1861 et mort le 4 juillet 1942 dans la même ville. Sur son acte de naissance (et de décès) Marcelin ne prend qu’un seul « l » ; par la suite, l’usage lui en attribuera deux, comme en témoignent de nombreux documents.
Pour les Aurillacois, Marcellin Boule, c'est le nom d'une rue qui débouche sur le boulevard Jean-Jaures. Pour les Montsalviens, c'est non seulement le nom de la rue qui traverse le village de part en part et mais également celui du collège. A ce propos il serait curieux de savoir combien d'élèves de cet établissement connaissent l'importance de l'homme.
Une carrière brillamment construite :
Les vingt premières années de la vie de Marcellin Boule furent principalement consacrées à la géologie, mais il est connu pour ses travaux sur la paléontologie humaine, notamment pour sa description du squelette fossile néandertalien découvert en 1908 par les abbés Amédée, Jean et Paul Bouyssonie à La Chapelle-aux-Saints en Corrèze. Son œuvre dans le domaine de la paléontologie humaine sera consignée dans Les hommes fossiles. Eléments de paléontologie humaine publié en 1921.
Marcellin Boule est également connu pour ses ouvrages de vulgarisation, pédagogiques, voire touristiques, parfois écrits pour des raisons alimentaires. Il dirige chez Masson, une collection de Guides du touriste, du naturaliste et de l’archéologue dont le premier volume, publié en 1898, est consacré au Cantal. Suivront le Puy de Dôme, la Savoie, la Haute-Loire, les Alpes, etc.
Sa notoriété, en France et à l'extérieur des frontières, se mesure aisément aux témoignages de reconnaissance accumulés :
- 1896, officier de l’instruction publique à l'âge de 29 ans et membre associé étranger de la société belge de géologie, de paléontologie et d'hydrologie,
- 1898, Chevalier de la Légion d'honneur à 37 ans,
- 1900, Médaille d’or de l’exposition universelle de 1900 et membre de la société de géographie (Paris),
- 1904, Società italiana d’antropologia, etnologia e psicologia comparata (Florence, Italie),
- 1906, correspondant de la société géologique impériale de Vienne (Autriche-Hongrie) et de la société berlinoise d’Anthropologie, d’ethnologie, de préhistoire (Empire d’Allemagne), membre étranger de la société royale d’études nordiques (Danemark),
- 1912, membre associé étranger de la Société géologique de Londres (Angleterre),
- 1913, membre d’honneur de la société d’anthropologie de Vienne (Autriche),
- 1920, commandeur de l’ordre de Saint-Charles, l’équivalent monégasque de la Légion d’honneur et devient membre honoraire de la société romaine d’anthropologie (Rome – Italie),
- 1922, Diplôme du Kim Khanh de première classe (Annam**),
- 1923, correspondant de l’académie des sciences naturelles de Philadelphie (Etats-Unis d’Amérique),
- 1924, docteur honoris causa de l’université de Liège,
- 1935, correspondant de l’académie des sciences de Saragosse (Espagne), ...
Eléments biographiques :
Mais revenons un peu en arrière ! Le jeune Marcelin est né au foyer de Régis et Caroline Boule à Montsalvy (Cantal), ces parents seront toujours attentifs à la bonne marche des études de leur fils. Son père le surnomme très tôt « casse-tête » car il fouine souvent dans l’ancien cimetière de Montsalvy, tandis que, de son côté, une cousine de sa mère, Lucie Colomb remarque la curiosité et l'intelligence dont fait preuve le jeune Marcelin. C'est elle qui encourage les parents de Marcelin à l'envoyer poursuivre sa scolarité à Aurillac. A l'Ecole des Frères à Aurillac, Marcellin, âgé de 12 ou 13 ans, est l'élève de Jean-Baptiste Rames (1832-1894) qui l'emmène avec lui en excursion.
Ce dernier, connaissant le directeur de l'Institution Saint-Louis à Nevers, lui recommande le jeune Marcelin. C'est ainsi que ce dernier part dans la Nièvre pour préparer son baccalauréat tout en gagnant un peu d'argent en qualité de maître d'études, fonction qui prendra le pas sur la préparation à l'examen. Ce n'est qu'en 1880 qu'il obtiendra son baccalauréat à … Clermont-Ferrand.
Etudes et vocation :
Parti à Toulouse pour faire des études de médecine, il change d'orientation pour se consacrer à la paléonthologie après sa rencontre avec Emile Cartailhac (1845-1921), passionné d'archéologie préhistorique.
Dès 1884, à l'occasion d'une réunion organisée à Aurillac sous la présidence de Jean-Baptiste Rames, il intègre la Société géologique de France puis il obtient une double licence, en sciences physiques et sciences naturelles. Il « monte à Paris » enseigner au Collège de France et au Museum d'histoire naturelle puis obtient l'agrégation de sciences naturelles en 1887 en se classant premier avant de soutenir une thèse de doctorat en 1892 ayant pour titre La description géologique du Velay.
Il croise le chemin d'Albert Gaudry (1827-1908), géologue et paléontologue, qui l'encourage à poursuivre ses études et ses recherches, avec, dans un premier temps, la préparation de son mémoire dont découlera la première publication importante de Marcellin Boule, Essai de Paléontologie stratigraphique de l’Homme.
Toujours soutenu par Albert Gaudry, Marcellin Boule réalise la galerie de paléontologie au Muséum, travail pour lequel il reçoit en 1898 la croix de Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur, sans compter l'immense succès remporté par cette galerie à l’Exposition Universelle de Paris en 1900.
De 1902 à 1936, il occupe la chaire de paléontologie du Muséum national d'histoire naturelle, il devient proche du prince Albert 1er de Monaco qui le nomme directeur de l'Institut de paléontologie humaine qu'il fonde en 1910 à Paris. Il effectuera de nombreuses recherches en Méditerranée dans les grottes de Grimaldi.
Il écrit beaucoup dans différentes revues parmi lesquelles Les Archives de l'Institut de paléontologie humaine et L'Anthropologie qu'il a dirigée de 1893 à 1940.
S'il se rendait quotidiennement dans son laboratoire pour échanger avec les chercheurs qui y travaillaient, il n'était pas le seul ; de grands hommes tels que l'académicien Paul Bourget ou encore Georges Clémenceau dont il était devenu proche, venaient également y discuter.
Vie privée :
Marcellin n'a jamais oublié son Cantal natal où il revient régulièrement en vacances avec son épouse Marie-Victorine Roinet. Le couple fait la connaissance de Jacqueline Demoly (Paris,1904 - Aurillac,1984) qui passe ses vacances à Montsalvy dont elle aime peindre les rues et les paysages. La jeune fille et sa mère viennent également à Saint-Mandé où réside le couple. Devenu veuf en 1926, Marcellin Boule accueille la mère et la fille respectivement comme "gouvernante" et "pupille". En 1928, Jacqueline, âgée de 24 ans, fait le portrait de "Monsieur Boule" qu'elle le lui dédie "affectueusement".
Leur relation prendra un tournant plus intime puisque le 11 juin 1932 - Marcelin Boule a alors 70 ans - une petite Pierrette (1931-1983) naîtra de leur union, naissance et filiation qui ne seront révélées qu'en 1938. Jacqueline publiera chez Masson une biographie de Marcellin préfacée par Edmond Rostand.
Enfin, il serait réducteur de limiter Marcellin Boule à son œuvre scientifique. En effet, amateur de littérature occitane et familier du mouvement félibrige, il a contribué en 1894 à fonder l'École auvergnate (Escolo oubergnato), avec Arsène Vermenouze et Louis Farges (1858-1941).
Marcellin est enterré à Montsalvy ainsi que son épouse Jacqueline.
Les Archives Départementales du Cantal propose une exposition virtuelle consacrée à Marcellin Boule très documentée à laquelle les plus curieux pourront se référer pour en savoir plus sur le célèbre paléontologue cantalien.
La Maison des Arts et du Tourisme, qui a ouvert ses portes en juillet 2019 à Montsalvy, abrite non seulement l'Office de Tourisme mais également le Cabinet de curiosités qui présente la collection personnelle du paléontologue.
Le cabinet de curiosités est ouvert du 01/07 au 31/08, tous les jours, de 9h à 12h et de 14h à 17h sauf le dimanche de 9h à 12h. Le reste de l'année, il est ouvert du 01/09 au 30/06, tous les lundis, jeudis, vendredis et samedi, de 9h30 à 12h30 et de 14h à 18h30.
* Protectorat français d'Annam, de 1883 à 1945, dans le centre de l'Indochine française.
** Piveteau Jean. Marcellin Boule (1891-1941). In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, Nouvelle Série. Tome 1 fascicule 3-4, 1989. pp. 295-299;
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