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Document tiré  du Dictionnaire Statistique du Cantal de Déribier-du-Chatelet  Edition de MDCCCLII  (1852). Volume 1/5.

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GENERALITES

La commune d'Allanche est bornée par celles de Vèze et de Pradier au nord; celles de Chalinargues et de Sainte-Anastasie au sud; à l'est par les communes de Peyrusse et de Chanet, et à l'ouest par celles de Landeyrat et de Vernols.

Elle est arrosée par la rivière d'Allanche et par les ruisseaux de la Prune, de Landeyrat, de la Neyral, du Chavanon et autres.

La surface de son territoire comprend une étendue de 3,900 hectares, dont 1,200 hectares en terres cultivées, froides et d'un produit incertain; 1,900hectares en prés et pacages d'assez bon rapport; 300 hectares en bois, surtout en essence de sapin, et 400 hectares en bruyères, servant au parcours de troupeaux de moutons que l'on fait souvent parquer en été. La richesse principale de la commune consiste dans ses bestiaux et dans ses fromages.

Le total de la population est pour la ville, distribués dans 260 maisons, et 1,229 pour la banlieue, qui se compose de 10 villages, 4 hameaux, et 228 maisons.

La ville d'Allanche (Alantia) se trouve située au pied des montagnes dites du Cézallier, sur le versant oriental d'un vallon étroit et peu profond, arrosé par la petite rivière d'Allanche qui passe au fond du faubourg et baigne les anciens murs. Les chemins de grande communication de Murat à Ardes et de Saint-Flour à Besse, traversent Allanche qui est situé à 1 myriamètre (1) 7 kilomètres de la première ville.


 ORIGINE DU NOM ALLANCHE

L'accord ne règne pas parmi les écrivains qui se sont occupés de notre histoire locale, sur l'étymologie du mot Allanche, les anciens titres nomment le bourg Albantia; d'autres Alantia, et ceux en langue romane Alenche.

Chabrol, dans sa coutume d'Auvergne, sur la foi d'Aymar de Piganiol de la Force, historien ,mort à Paris en 1753, admet, pour racine de la désignation de ce lieu, le mot Alantia, Allanche, dénomination tirée d'un os de la hanche de saint Jean-Baptiste, qui aurait été conservé dans la localité.

M. Jules Benoid, qui a écrit en 1843 une notice sur la fête patronale de cette ville, accompagnée de quelques notes historiques, et à laquelle nous emprunterons quelques détails, pense que le nom d'Albantia est le plus rationnel. Cette dénomination romaine, dit-il, s'approprie très bien au manteau de neige qui couvre longtemps ce pays, et dont le séjour, aux dires traditionnels des anciens, a progressivement diminué ; loca albantia, lieux blancs, et plus tard Allanche, du mot avalanche, chute de neiges, masses de neiges.

M. Benoid combat la supposition de Piganiol relative à l'os de la hanche de saint Jean. A son sentiment, elle n'a aucun sens local, ne s'accorde pas avec les restes d'usage chez les Romains pour désigner les lieux, et ne rapproche nullement le mot Alantia des termes latins Anea, Coxa, Coxendis, qui signifient Banche.

Quelque difficile qu'il soit de suivre, faute de documents certains, la dégénérescence survenue dans une appellation, et l'altération progressive que les changements opérés dans les langues ont dû produire, il est probable que Piganiol ne s'est pas éloigné de la vérité. Les dénominations des Romains s'effaçaient partout avec leur empire ; le langage aussi se modifiait.

Les Croisés, d'autre part, rapportèrent avec eux de l'Orient une infinité de reliques. Ce dut être l'origine de celle d'Allanche. Nos bons aïeux, pleins de foi, s'empressaient d'accourir en pèlerinage vers les églises dépositaires des précieux restes. Dans cette partie des montagnes, le nom du pèlerinage à Enche (terme de la langue romane désignant l'ossement du saint), dût être consacré dans le vulgaire. D'Albantia, Alentia, expressions romaines, à Alenche, modification romane, la transition était facile. Enche ayant été francisé dans le mot Hanche, sans trop de difficulté le nom d'Allanche passa dans la langue usuelle, et resta celui de la ville. Ainsi, ce serait postérieurement à la domination romaine, et à l'époque de la naissance, au Moyen-Âge, de la langue romane, que l'on doit reporter l'étymologie du nom actuel de cette cité. Quant à son nom d'Albantia, à l'époque de la période romaine, aucun document ne vient le contredire, et l'étymologie du jour n'exclut en rien la dénomination antique.


 CHATEAU ET EGLISE

Allanche n'est pas bien bâtie; cependant depuis que ses anciennes maisons avec leurs escaliers à vis ont été restaurées et jointes aux constructions modernes, il y a dans l'ensemble de son aspect un air de propreté. On a conservé les portes de la ville qui se trouvent maintenant au milieu d'une rue. La place publique occupe à peu près le centre; ont y voit la halle aux blés et une fontaine abondante dont la date remonte sans doute à 1741, époque où les habitants furent autorisés à l'y construire par M. François de Dienne, comte du Cheyladez.

Le château seigneurial formait alors tout un côté de la place et avait été récemment bâti. Ce même comte du Cheyladez commença aussi un vaste parc formé de prés et champs, et enclos de murailles; l'enceinte avait déjà 8,000 mètres lorsque la mort surprit le comte du Cheyladez, en 1742. L'entreprise n'a pas été terminée à cause de la révolution de 1789, et le château, vendu ou cédé à la commune, sert aujourd'hui de demeure à plusieurs ménages, et a subi plusieurs divisions. L'église d'Allanche est très ancienne, bien décorée, mais d'un style lourd.

L'étymologie la plus probable nous parait être: (Alt-Incu). En langue gaélique, Haute Prairie mal éclairée. On y remarque des constructions de diverses époques; elle a environ 30 mètres de longueur, sur 10 mètres de largeur; des chapelles règnent tout autour, et deux rangées de colonnes forment les bas côtés; la chaire est en pierre bien travaillée; il existe dans cette église un tombeau que l'on dit être celui d'un seigneur du lieu; mais l'épitaphe est illisible.


 ANECDOTE

Le bâtiment que l'on vient de décrire faisait partie d'un prieuré de l'ordre de Saint-Benoît, dépendant de l'abbaye de la Chaise-Dieu et aussi ancien que cette abbaye à laquelle il payait une redevance de 24 sols. On rapporte que lors de la canonisation de saint Robert en 1070, le prieur et les moines d'Allanche voulant célébrer cette grande fête, se rendirent à l'église pour en faire l'office. Mais au moment où la cérémonie allait commencer, quelqu'un vint annoncer au prieur une triste nouvelle. Le couvent manquait de tout ce qui était nécessaire pour régaler l'assemblée; il n'y avait ni à boire ni à manger. Le prieur ne fut nullement déconcerté par cette circonstance, et répondit qu'il ne fallait pas s'en préoccuper, que Dieu pourvoirait à tous les besoins. En effet, comme on sortait de l'église, on aperçut un énorme oiseau qui vola quelque temps autour du prieuré, puis s'abattit, et laissa tomber un énorme poisson avec lequel les moines apaisèrent leur faim.


EGLISE FORTIFIEE DROITS ET DEVOIRS DES HABITANTS

Georges Combes, Sébastien Gould et Jacques Peydières , commis de la ville d'Allanche pour l'année 1364, au nom des habitants et manants de la saine partie de la ville , adressèrent une requête à Jean de France, duc de Bourbonnais et d'Auvergne, et a Gérard, dauphin, comte de Clermont et seigneur de la terre de Mercœur , à l'effet pour lesdits habitants de faire une certaine forteresse dans l'église et prieuré d'Allanche, dans lequel fort les habitants pourraient et seraient libres, à leur gré, se tenir avec leurs biens, dans les temps de guerre, et autrement lorsqu'il leur semblerait devoir faire, sous les moyens, pactes, formes et conditions convenues. Et avaient auparavant lesdits habitants eu et obtenu licence de relever homme et seigneur, abbé et couvent du monastère de la Chaise-Dieu; et encore du prieur d'Allanche, lequel se réservait expressément, au présent et à l'avenir, le droit et connaissance qu'il avait ou pouvait avoir avant les concessions des présentes, dans les choses et propriétés étant et pouvant de sa censive et reconnaissance. Prenaient aussi les postulants, tant au présent que pour l'avenir, l'engagement de garder et de conserver ledit fort, si bien qu'il n'en arrive aucun dommage au seigneur dauphin, ni à aucun autre quelconque, sans que lesdits habitants fussent tenus à les réparer. Et aurait le droit ledit seigneur de Mercœur de punir et connaître par lui, ou par ses gens ou officiers, de tous les excès, mulctes et tumultes qui arriveraient ou se commettraient, de quelque manière que ce soit, dans ledit fort, sauf les droits retenus par le prieur.

Plus les habitants présents et ceux qui seraient à l'avenir dans la ville d’Allanche, prenaient l'engagement de présenter au seigneur dauphin et seigneur de Mercœur, à ses gens ou officiers, un capitaine capable de garder, gouverner et régir ledit fort, toutefois et quand il serait nécessaire et convenable, lequel capitaine lesdits habitants étaient tenus de satisfaire des aides quelconques, et devait en outre le capitaine prêter serment au seigneur, à ses gens, ou commis ou députés par lui.

Les autres principales conditions de cet acte, conservé dans les archives de la mairie d'Allanche, sont:

1° Que les habitants présents et à venir répondront des tailles et autres contributions quelconques au seigneur de Mercœur et aux siens, dans le château de Maillargues comme antérieurement à ladite concession, avec la différence toutefois, qu'à l'avenir les habitants d'Allanche ne seront tenus d'envoyer que trois hommes de leur nation chaque nuit pour la garde du château, à moins que ledit château de Maillargues en eut besoin de davantage, et que les gens qui y seraient ne pussent le garder ou le défendre;

2° Que les habitants pourront avoir homme et gabelles, et autres subsides quelconques du seigneur roi de France, pour le besoin, faction et réparation dudit fort;

3° Que le bailly du seigneur dauphin et du seigneur de Mercœur, et le capitaine du château de Maillargues, auront le droit d'appeler et de faire contribuer les habitants à réparer cette forteresse, quand cela sera nécessaire;

4° Auront le droit les habitants, et seront libres de bâtir et réparer ledit fort, toutes les fois et quant ils voudront le faire, ayant préalablement eu le consentement du seigneur abbé du couvent de la Chaise-Dieu et du prieur d'Allanche. Et au cas où ils ne pourraient s'accorder, les habitants seraient tenus de détruire ou d'abattre tout ce qu'ils auraient fait, construit ou réparé dans ledit fort, et le remettre en l'état où il était au commencement;

5° Et ils auront le droit de mettre des barrières suffisantes où et dans les lieux où ils jugeront devoir le faire, quand cela sera nécessaire et convenable pour la garde du fort.

Ces droits et autorisations furent accordés


 SEIGNEURIES ET CONSULS

La seigneurie d'Allanche était un fief de la baronnie de Mercœur; elle dépendait de Maillargues, où les comtes de Clermont, barons de Mercœur, avaient un château dont il sera parlé; néanmoins Allanche était compris dans la prévôté de Saint-Flour et ressortit de cette prévôté jusqu'à l'érection du duché de Mercœur. La ville et ses dépendances se régissaient par la coutume. Il a existé une famille d'Allanche, famille très distinguée, qui jouissait de la directe et de beaucoup de rentes. Le plus ancien de ses membres connus est un Bernard d'Allanche, chevalier , qui rendit en 1240 hommage à l'évêque de Clermont, pour le Mas-de-Cotteuge, près de Trizac; Hugues, damoiseau, fit son fief à l'évêque, pour Chavanon et le village de Cézerat, en 1268; Géraud vivait en 1277; Guillaume d'Allanche fut bailly des montagnes de 1281 à 1284; Bernard, fils d'Hugues , épousa en 1282 Angelise de Dienne, fille d'Armand II et de Marguerite de Tournemire. Il était aussi seigneur de Châteauneuf, près de Riom-es-Montagnes. La possession de ce château, qui était sous la garde d'un capitaine, donna lieu à un grand procès entre Bernard d'Allanche et N.-Pierre de Brezons

En 1444, le seigneur dauphin, évêque d'Ally, présenta une supplication au roi de France. Charles VII considérant qu'Allanche est terre bien ancienne, assise aux montagnes d'Auvergne, où il y a bourg, église paroissiale, haute, moyenne et basse justice, hommes de foi, liges, simples et autres ses sujets, avec plusieurs beaux droits, bois et autres choses ; Et pour ce qu'à l'occasion de ce que ce lieu est en bon et fertile pays, et que plusieurs et notables hommes marchands et autres gens de labour ont été, et sont de jour en jour pillés, robés, intéressés et endommagés, par les logis et long séjour que plusieurs hommes de guerre y ont fait; Voulant éviter les pertes et dommages dessus dits; eu égard a la demande de l'évêque d'Ally, autorisa les habitants à fortifier leur ville.

Les habitants d'Allanche ne pouvant, à cause de leur pauvreté, et de la très grande mise nécessaire pour se faire clore de murs défendables contre leurs ennemis, achever leur fortification, s'adressèrent de nouveau à leur seigneur Robert, dauphin, pour obtenir de lui d'autres secours et de nouveaux privilèges. Ce prélat, en 1460, renouvela toutes les concessions déjà faites par lui. Il concéda en outre de faire contribuer, par la meilleure forme et manière possible à ladite fortification, tous les feudataires prenant cens et rentes dans ladite ville, et au mandement de Maillargues; De prendre pour y être employées, les amendes prononcées dans certaines peines; Et enfin le droit de forcer les habitants à bâtir la part et portion de muraille qui leur serait donnée.

Le même seigneur accorda encore à la ville le droit d'élire ses trois consuls portant robes et chaperons plissés de noir et de rouge comme les consuls de Blesle. Les privilèges d'Allanche furent assimilés à ceux de la ville d'Ardes. Il y eut une maison commune dite du Saint-Esprit, des valets de ville, un commandant; enfin fut encore concédée la faculté d'imposer et taxer les marchandises à leur entrée. N. Jean d'Escars se trouvant à Riom-des-Montagnes comme commissaire du roi, en 1461, confirma de nouveau les franchises accordées, ainsi que l'érection d'un marché tous les mardis. L'année suivante 1462, Louis de Bourbon, dauphin d'Auvergne, baron de Mercœur, fit remise à la ville d'Allanche de 40 sols par feu, pour les quatre cas. Gilbert, comte de Montpensier, accorda de nouveaux privilèges aux habitants l'année 1490, et renouvela ceux de 1438. Jacques de Chahannes, maréchal de France eut en 1523 la jouissance de la baronnie de Mercœur qui était sous la main du roi; Allanche et Maillargues en faisaient partie, et en 1525 Louise de Savoie, mère du roi, voulut que Charles de Chahannes, fils de Jacques, succédât aux droits de son père.

Antoine, duc de Calabre, baron de Mercœur, octroya en 1537, aux consuls et habitants, le droit de prendre plusieurs deniers sur les denrées vendues à Allanche, pour être employés aux réparations des fortifications. En considération, est-il dit, que la ville est présentement en grande ruine et démolition, tellement qu'en icelle les habitants ne sont pas en sûreté de leurs personnes et biens, mais sont journellement endommagés des gens de guerre tant de pied que de cheval qui y passent et repassent ordinairement, et ne peuvent s'en défendre à l'occasion que les murailles et portes sont tombées. Le seigneur concéda ces droits pour vingt ans, et renouvela tous les privilèges accordés par Robert, dauphin, évêque d'Ally.

Après le décès du duc de Calabre, les consuls et habitants d'Allanche s'adressèrent à la duchesse de Mercœur, sa veuve, et obtinrent d'elle, en 1608, la confirmation de toutes les concessions et privilèges.

Louis de Bourbon, comte de Montpensier, dauphin d'Auvergne, ayant succédé à la seigneurie de Mercœur, les confirma aussi.

Le même duc de Calabre, comte de Provence et baron de Mercœur, permit aux consuls, en 1537, d'imposer les denrées qui se vendraient en ville, pour subvenir aux frais de construction et de réparation d'une porte et des murs ruinés. En 1644, intervint un traité par lequel la duchesse de Vendôme, baronne de Mercœur, agissant au nom de son mari, maintenait les habitants d'Allanche dans certains droits. Cette concession leur coûta 3,600 livres. Cette même année la duchesse leur accorda trois foires en outre des deux qui étaient établies déjà; enfin un nouveau traité eut lieu avec le comte du Chayladès, en 1741, soit au sujet du foiral, soit au sujet des communaux, de la fontaine publique, d'une porte de l'église, etc.

L'année 1564, il y eut à Allanche une convocation particulière à l'effet de députer à l'Assemblée qui délibérait sur les affaires du comte d'Armagnac. Lors des guerres de religion, la ville fut souvent menacée par les huguenots. Ceux-ci l'assiégèrent en 1582, et après avoir comblé les fossés tentèrent l'assaut. Mais ils furent repoussés avec perte par Gabriel de Gould, premier consul, qui, à la tête d'une  troupe de bourgeois, fit une sortie et contraignit l'ennemi à lever le siége. Le roi instruit de ce fait d'armes, ennoblit le consul ainsi que ses descendants; il était fils de Jean de Gould et d'IIélis Chaumeil ; on parlera plus bas de cette famille.

En 1625, César, duc de Vendôme, de Penthièvre et de Mercœur, reçut une supplique des consuls, manants et habitants d'Allanche, pour qu'il voulût bien confirmer les privilèges et immunités accordés par ses prédécesseurs. Cet acte résumant toutes les concessions faites aux diverses époques, nous allons le donner en substance..

Ce titre existe aux archives de la mairie, comme ceux qu'il rappelle. Il analyse:

Les concessions de Robert, dauphin, de 1450, lesquelles sont relatives aux fortifications , au droit d'élire trois consuls portant, si bon leur semblait, robes et chaperons plissés de noir et de rouge, comme ceux de la ville de Blesle, et pouvant avoir un bourlet (valet) habillé de vert et de bleu, pour les servir aux affaires, du consulat, mander les habitants de venir aux assemblées; leur obéir en toutes choses licites et honnêtes; faire les cris du vin et autres accoutumés à faire aux bonnes villes; et officiera ledit bourlet, comme le bourlet des consuls de la ville d'Ardes.

Lesquels consuls imposeront les tailles tant pour les fortifications que autres qui surviendront; Auront entre les mains les clefs des portes, auront la garde de la ville, et exerceront l'office de capitaine, à la seule condition d'en remettre les clefs quand ils en seront requis par le seigneur. Donnons l'autorisation de prendre sans coust ni danger de nous ni d'autres , les pierres de murailles pour le bien des fortifications ; Ordonnons de faire venir toutes les fois que sera nécessaire tous les charrois et manœuvres du lieu et mandement, feux et ressort de Maillargues, pour faire ladite clôture, ainsi qu'ils seraient tenus de faire à nous jusqu'à quatre ans; Et voulons que ces dits consuls soient libres, aussi pendant quatre ans pour imposer chacune année en suivant sur les taverniers et autres qui vendront du vin en ladite ville , par deux sommées ou muids de vin cinq sols tournoys de monnoye courante : et sur septier de blé vendu douze deniers; et sur un quintal de fromage deux sols six deniers; et sur un quintal de fer deux sols six deniers; et sur un quintal d'olye (huile) deux sols six deniers; et sur quarte de sel trois deniers.

Et attendu que le marché de ladite ville de toute ancienneté était accoutumé se tenir le mardy , avons donné et octroyé qu'ils fissent derechef le marché le mardi chacune semaine, lequel marché voulons qu'il soit privilégié ainsi que s'ensuit, et premièrement que nul de quelque condition qu'il soit, pour quelque dette que ce soit, ne soit arrêté, gagé, ajourné , ni autrement détourné ledit jour en allant ou venant au marché, sinon que ce soit pour le fait du roi, ou le nôtre, et au cas où celui qui serait tenu ne serait y venir demeurer, à cens raisonnable.

Enfin César de Vendôme renouvela ces concessions en 1635, il en modifia seulement l'article relatif au capitaine de la ville. Afin, dit-il, de pourvoir un règlement ferme et stable qui maintienne les consuls et habitants en bonne intelligence avec le capitaine de la place de Maillargues , et chacun en son devoir, nous, interprétant le second article du privilège du seigneur dauphin de 1437, voulons qu'il n'y ait aucun capitaine en ladite ville, qu’en temps de guerre ou autre occasion que nous croirons nécessaire au bien et service du roi, en la ville et le pays, nous réservant alors d'y en mettre un pour commander tant que la nécessité durera.

En 1640 le duc de Vendôme vint en Auvergne au mois d'août. Il se fit exposer les droits qu'il possédait dans le duché de Mercœur , et s'étant rendu à Allanche , il fit sommer les consuls de la ville de lui représenter les pouvoirs en vertu desquels ils exigeaient, à l'entrée des marchands dans icelle, des droits de corretage (courtage) et s'appropriaient les deniers qui en provenaient, à leur usage et profit particulier, à la perte et préjudice de ses droits; attendu qu'il avait reçu ledit duché avec toutes sortes de droits , et pour exprès celui de corretage. César fit donc demander la production du titre particulier qui justifiait cette usurpation; il demandait encore la production du pouvoir en vertu duquel les consuls avaient fait et créé un capitaine pour commander aux habitants, et avoir les clefs des portes, toutes choses portant atteinte à ses droits, attendu que la disposition des officiers appartenait directement au seigneur.

Les consuls répondaient, que pour la disposition de leurs privilèges, dont il. y a si longtemps qu'il n'est mémoire de contraire, les feux seigneurs de Mercœur, pour la clôture de leur ville et l'entretien des murailles, leur avaient accordé le droit de corretage, duquel ils ont joui depuis sans aucun contredit, ainsi qu'il est énoncé particulièrement dans leurs lettres de privilèges confirmées par ledit seigneur réclamant lui-même , lesquelles ont été soustraites et enlevées par certains mauvais habitants de la ville, protestants de les représenter après les avoir recouvertes.

Que c'était en vertu des mêmes privilèges que les consuls ont créé les capitaines, craignant des attaques dont toute la province était menacée. Ils proposèrent sous le bon plaisir du seigneur duc, d'élire un capitaine d'expérience requise pour la conservation de la ville.

Le duc de Vendôme prit cette réponse pour un trouble de ses droits et devoirs; leur dénia formellement lesdites concessions, et protesta de recouvrer sur eux la levée des droits de courtage, ensemble leurs dépens, dommages et intérêts, et se pourvût tant civilement que criminellement.

Ces différents furent terminés en 1641 par l'entremise de César Chapellan, sieur du Parteau, intendant des maisons, affaires et hôtel du duc de Vendôme, comme mandataire et au nom de très haute et très illustre princesse madame Françoise de Lorraine, épouse procuratrice générale de monseigneur le duc de Vendôme, d'une part ; et noble Blaize Béral, conseiller du roi élu en l'élection de la Haute Auvergne à St-Flour comme procureur des consuls et autres habitants de la ville. Le duc se désista de toutes les poursuites, procédures criminelles et civiles faites contre les habitants et à l'encontre des sieurs Dembort, Feydit et La Revel, les principaux d'entre eux, moyennant la somme de trois mille six cents livres tournois, et confirma tous et chacun des privilèges antérieurement concédés.

Les consuls avaient aussi obtenu en 1460 la police, surveillance et arrangement des marchandises et vivres dans les foires et marchés, et le droit, de faire taxer immédiatement, par les officiers ordinaires du seigneur, les vivres et denrées lorsqu'ils ne leur paraissaient pas à prix raisonnable. Ils avaient aussi obtenu à la même époque, que les habitants du mandement d'Albughoux seraient tenus de porter leurs denrées aux marchés d'Allanche sous peine de soixante sols d'amende pour ceux qui iraient les vendre ailleurs.

Une assemblée de la noblesse de la Haute Auvergne se tint en 1588 à Allanche, afin d'envoyer deux députés aux états de Mois. Elle fut présidée par François de Dienne, bailly des montagnes, conseiller du roi et de la reine Isabelle, douairière de France. Voici les noms de quelques-uns des gentilshommes qui s'y trouvèrent: Charles de Brezons, Pierre d'Anjony ; Pantaléon-Robert de Lignerac, seigneur du Cambon; Tristan de Brezons, seigneur de Massebeau ; Jean de La Roque, François de Caissac, Pierre de La Volpilhère, seigneur du Faydit; François de Nozières, N. de La Vaissière, seigneur de Valance; Louis du Jarrousset; Jean. d'Apchier; Antoine de Dienne, seigneur de Chavaniac; Maurice de Chalus, seigneur du Monteil ; Antoine de Soursac; Guillaume de Chazelles, seigneur d'OEillet; Gabriel de Gould, seigneur de Marmièsse; Jacques de Gould, seigneur d'Embort ; François d'Auzolles, etc.

Une nouvelle assemblée de la noblesse se réunit encore à Allanche l'année 1595, et la ville supporta une dépense de 600 livres. En cette occasion les délibérations durèrent trois jours; parmi les gentilshommes présents à cette assemblée, l'on remarque : le comte d'Auvergne, gouverneur de la province pour le roi; le comte de Missilhac son lieutenant; le compte d'Apchier, le marquis d'Apchon, N. Robert de Lignerac, M. N. de La Salle , Messires de Nadailhac , de Bouchat, de Massebeau, de Neyrebrousse, de Tribouilhou, du Sailhans , de Charotier, d'Arbouse, le seigneur du Cambon, le seigneur de Caissac, Dubois de St-Etienne, le seigneur de Douhet, le seigneur de Beauclair, de La Voute; les seigneurs de La Roque, de La Roche, de Croisille, etc.

La contagion fit des ravages dans la ville en 1588 et 1631 ; on prit beaucoup de précautions pour empêcher le fléau de s'étendre ; Maillargues fut dépeuplé et défense fut faite de tenir la foire à Murat. L'année 1639, de grands débats s'élevèrent entre les consuls qui étaient alors les seigneurs du Faydit et Dufour, et les capitaines des trois compagnies établies en garnison à Allanche et qui restèrent vingt jours dans cette ville; elles appartenaient au régiment d'Humières et avaient pour commandants Alexandre de Caissac, lieutenant-colonel, les sieurs de Reilhac et d'Anjony (Guillaume), et le seigneur de Chaliers; la ville ne voulut pas leur rembourser leurs dépenses, malgré l'ordre qui en avait été donné par le comte de Polignac. Le Gouvernement finit par prendre tous les frais à sa charge.


 PORTES ET VESTIGES

L'antique et courageuse Allanche n'est plus garnie de ses portes et de ses remparts, qui consistaient en un double mur pratiqué dans le mur intérieur des maisons qui formaient l'enceinte de la ville. Il existe encore quelques vestiges de ces murailles élevées en 1438, et restaurées en vertu des lettres de Charles VII en 1444.

La porte principale était celle de St-Jean, située au sud de la cité. Elle était bâtie solidement, et formait deux arceaux en pierre. Un escalier conduisait au sommet de cette porte que dominait l'image sculptée du patron de la ville.. Elle a été détruite sous l'Empire.. Un des angles delà maison, située à l'ouest dans la rue, repose sur la base de L'un des jambages. On a ménagé dans cet angle une niche pour la statue de saint Jean-Baptiste, et tous les ans, à la procession de sa fête, cet endroit est un lieu de station.

La porte nord était dédiée à la Sainte-Vierge, dont la chapelle était au-dessus. Un arceau en fermait l'entrée extérieure. On y célébrait la messe de temps en temps. Plus tard elle était devenue la salle de la mairie. Elle était construite sur la ligne des maisons qui touchent au champ de foire. Lorsque l'on détruisit cette porte en 1820, on pratiqua aussi dans le mur voisin une niche pour recevoir la statue de la Vierge.

Quelques poternes existaient dans le mur qui enfermait la ville à l'est. L'une d'elles était placée à l'extrémité de la rue terminée par les maisons de Combe et de Feydit. L'autorisation d'ouvrir cette porte avait été donnée en 1537 par Antoine, duc de Calabre et de Lorraine, baron de Mercœur, sur l'exposition qui lui avait été faite par les habitants qu'elle leur était nécessaire pour aller quérir de l'eau en la fontaine qui est hors de ladite muraille, et laquelle serait nécessaire pour la conservation de la ville en cas d'incendie. Il est probable que c'est au même motif que les autres poternes durent leur origine.

La porte de l'ouest est encore existante en partie. Une seule issue avait été pratiquée de ce côté de la ville, naturellement défendue par des rochers au bas desquels coule la rivière.

Telle était l'enceinte de la ville primitive : les constructions faites en dehors sont évidemment postérieures à la création de cette antique bourgade. Une chapelle en l'honneur de saint Eloy avait été bâtie dans le faubourg de ce nom, sur la route de Maillargues. Cette chapelle existe en partie. On la distingue à se» deux petites croisées, à sa porte en ogive. Elle sert aujourd'hui à une exploitation rurale.


 FETES

Allanche voyait de temps immémorial célébrer une de ces fêtes mi-partie religieuses, mi-partie chevaleresques, dont on trouve quelques exemples dans certaines cités du nord de la France, entre autres celle des Granils-Goyous à Douai.

Quelle fut l'origine de cette fête? Nul ne le sait. Fut-elle instituée par les Romains qui aimaient tant les jeux ? On l'ignore. Mais comment croire qu'ils eussent choisi une aussi mince bourgade, si éloignée des grands centres de population, préférablement à Augusto-Némétum, ou à toute autre ville importante du pays.

Enfin dut-elle son établissement à l'esprit chevaleresque et religieux que la croisade prêchée à Clermont développa chez nos bons aïeux, et qui renouvela la face du pays? La tradition se tait. .

Nous avancerons seulement qu'il parait rationnel de penser que cette fête n'eut lieu qu'après le retour des premiers croisés, lorsque nos pieux guerriers revenaient chargés de blessures, pauvres d'argent, mais riches de reliques vénérées. Alors les pèlerinages vers ces reliques vinrent remplacer les voyages d'outre-mer, pour les habitants restés dans le pays, et que des circonstances inconnues empêchaient de se rendre vers les lieux saints. Alors dût commencer la fête d'Allanche.

La tradition constante du pays est qu'un os de la hanche de saint Jean-Baptiste avait été rapporté dans cette ville, et déposé dans un tombeau de pierre fermé par deux portes et une grille de fer. Le nom du généreux pèlerin ou chevalier qui le porta est resté inconnu. Mais la dévotion à ces précieux restes a survécu à la destruction des âges. Aujourd'hui comme jadis, la fête de la Saint-Jean-Baptiste, cette fête des beaux jours de l'année, saluée par des feux de joie dans toutes les localités de nos montagnes, est celle d'Allanche. Elle s'est maintenue, quoique amoindrie et décolorée, jusques à nos temps d'indifférence et d'abâtardissement, où tout ce qui n'est pas argent est méprisé.

Le nom vulgaire de Piara-Prat tend encore à confirmer ce que nous avançons, que sa création doit remonter à la période de temps où la langue romane avait fini par prédominer; ce nom, en effet, appartient évidemment à cette langue. Il trouve son étymologie dans l'action qu'il exprime : Piara-Prat veut dire Pré-Pélé. On sait positivement encore aujourd'hui, qu'autrefois, avant la fête et la cavalcade du troisième jour, il était défendu de toucher à l'herbe d'un certain pré. Ce troisième jour arrivé, le peuple de la ville et de la campagne s'y portait en foule, en arrachait l'herbe avec les mains, parce qu'il lui était interdit de se servir d'instruments, et chacun l'emportait chez soi, dans la confiance un peu superstitieuse, qu'elle était un préservatif assuré contre les maladies des bestiaux.

Le titre qui fonda cette servitude est malheureusement perdu. Il eut été à désirer qu'il fut au nombre de ceux que la ville a conservés. Aujourd'hui le pré, entre dans le domaine de la commune, est affermé par elle. Quelques restes de la croyance à sa vertu surnaturelle subsistent parmi le peuple; un certain nombre de cultivateurs arrachent encore quelques poignées de cette herbe vénérée; ils la mettent à leur chapeau, et la suspendent ensuite dans leur demeure, comme une amulette et un gage de protection divine.

Deux mois avant l'époque si désirée de la Saint-Jean, les habitants songeaient  déjà aux préparatifs de la solennité. Un impôt était perçu sur chaque charge de bois qui entrait dans la ville, et la bûche de la St-Jean était exigée rigoureusement par les enfants comme un droit acquis à la cité. Cette rétribution était religieusement conservée et uniquement consacrée aux feux de joie qui, dans chaque quartier, servaient de prélude à la fête.

Cette fête avait de plus un caractère hospitalier, expression sincère des mœurs patriarcales de nos aïeux, et qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. Au-devant de la porte des principaux habitants, des tables étaient dressées; la servante de la maison offrait gracieusement un verre de vin aux passants : mais, indépendamment de ces largesses publiques, chaque habitant engageait ses parents et ses amis à venir partager les réjouissances générales. Aussi peut-on dire qu'à plusieurs lieues à la ronde les habitations devenaient désertes.

Un des usages les plus particuliers de cette fête était celui de recevoir Garçon, les jeunes gens qui avaient atteint un certain age. Ils distribuaient des rubans à leurs devanciers, et dès ce moment ils prenaient rang parmi eux. Cet usage rappelle certainement les mœurs de la chevalerie. Au temps où la guerre était un état presque permanent, où toute la vie de l'homme se passait sous les armes, où toute l'éducation préparait aux terribles joutes de la lice, c'était le plus grand jour pour un adolescent, que celui où il était admis à rompre une lance, où il était associé aux défenseurs de la patrie. Alors, sans doute, un ruban servait de banderole à la lance du néophyte pour le distinguer. Comment et à quelle époque ce ruban seul a-t-il survécu? La tradition n'en dit rien.

Trois personnages principaux figuraient dans les cérémonies : le roi et ses deux officiers supérieurs le porte-épée et le porte-enseigne. La charge de ces trois dignitaires avait été concédée l'année précédente, et leur nomination était la clôture de la fête antérieure. La royauté de la St-Jean-Baptiste était octroyée sur la place publique: dans la partie où est située la maison Sainthéran; une table était dressée, des bancs circulaires disposés : les consuls, le curé, les fabriciens se rangeaient autour de la table, et le choix du roi"était proclamé par eux. Son nom et celui de ses principaux officiers étaient accueillis par les acclamations unanimes de vive le roi. Les tambours et la musique les saluaient do leurs roulements et joyeuses fanfares.

Quoique la royauté imposât de grandes charges, le monarque devant régaler l'élite et le populaire de ses états, cependant elle était fort recherchée. Il est vrai que si les largesses du souverain étaient grandes, la libéralité des sujets ne l'était pas moins. Chacun s'empressait d'apporter au roi de son choix ce qu'il avait de mieux en vins et comestibles de toute nature. Aussi, malgré les repas permanents des trois journées que durait la fête, il était ordinaire qu'un bon approvisionnement vint indemniser le royal traitant. Aujourd'hui les splendides repas ont cessé, mais un bal, plus en harmonie avec notre civilisation, leur a été substitué.

Le village de Vernols était associé à la fête. Lui aussi possédait un fragment des reliques de saint Jean. Le roi et son cortège s'y rendaient à cheval, en procession. Au passage du ruisseau, on lui retirait son couteau qui lui était rendu ensuite au banquet. Arrivé devant l'église, il mettait pied à terre, le curé le recevait à la porte et le conduisait au chœur. La messe célébrée, et après la procession suivie à cheval par le roi et son escorte, les cavaliers, sous le commandement de l'officier porte-épée, s'exerçaient à la course, et des rubans devenaient le prix et l'ornement des coursiers les plus agiles. Après ces cérémonies et divertissements, dont la fin était marquée par la distribution d'un pâté fourni par la fabrique d'Allanche, le roi reprenait la route de la ville. Bientôt cette cavalerie brillante, enseignes déployées, se dessinait sur le ciel d'azur, couronnement de la montagne qui domine Allanche à l'ouest. Les citadins l'attendaient avec impatience, la saluaient de joyeuses acclamations, et le cortége, au milieu des transports de joie, faisait sa rentrée en ville par la porte du nord.

Mais cette rentrée n'était pas toujours exempte de désordres. C'était un honneur que d'arriver des premiers dans l'enceinte de la ville, et les habitants d'Allanche tenaient à jouir de cette prérogative. Leurs jaloux voisins la leur disputaient quelquefois. Alors s'engageaient des luttes qui ensanglantèrent souvent la fête, et pendant lesquelles les crânes épais et les robustes épaules des montagnards recevaient des horions auxquels d'autres athlètes auraient difficilement résisté. Le bâton, ce compagnon inséparable de l'homme dans ces contrées, jouait un rôle actif; mais une fois cette épreuve passée, la porte franchie, l'harmonie était subitement rétablie, et l'hospitalité recouvrait ses droits.

De nos jours, la fête de la St-Jean a perdu de sa splendeur, et depuis longtemps la bourgeoisie lui reste presque étrangère : elle semble pour ainsi dire ne se trouver là que pour enregistrer ce qui s'est fait depuis longues années. Mais la même indifférence n'existait pas dans le siècle dernier, à en juger par le passage suivant d'une lettre écrite en 1728 à l'un des notables habitants: « Au dernier voyage » que M. Chabrier de La Salle fit à Riom, il conclut avec mons. Neyraud, maistre  musicien et joueur des instruments, dont vous serez content. Il n'y a qu'à savoir comment vous voulez distribuer en aubois ou en violons. On se rangera de la  façon que vous voudrez; vous saurez que mons. Neyraud est le meilleur musicien et instrument d'Auvergne qui rangera les choses de certaine façon que vous serez content.

Cette lettre prouve qu'à cette époque l'art musical avait peu d'adeptes dans nos montagnes : nous devons le dire à regret, il en est encore aujourd'hui de même, et cette partie de la gaie-science est aussi négligée que jadis.

La fête de la St-Jean-Baptiste avait donc perdu sa gaîté et son importance, lorsque M. le marquis de Castellane, s'associant aux principaux habitants d'Allanche, chercha, en 1844, à lui rendre son antique splendeur. M. Benoid Poris-de-Félut ayant publié, dans les Tablettes historiques de l'Auvergne, un précis des cérémonies qui furent alors renouvelées, nous emprunterons à sa relation quelques détails plus particuliers, comme nous l'avons déjà fait dans plusieurs passages de cette notice.

La veille de la fête, on dressait une tente en feuillage devant la porte du roi, elle était conservée pendant les trois jours.

Lorsque le soleil tombait à son déclin, le son des tambours et des fifres annonçait le début de la cérémonie. Alors un cortége partait de l'église, musique et tambourin en tête. Ce cortége se composait du curé en habit de ville, des consuls et des membres de la fabrique : il se rendait au domicile du roi qui, la couronne à la main, prenait place à la tête, le porte-épée à sa droite et le porte-enseigne à sa gauche. On se rendait à l'église, et là, au milieu de la population entière, l'hymne de saint Jean: Ut queant Iaxis, etc., était entonné; tous les assistants et la musique le répétaient en chœur.

La prière finie, on quittait l'église, et l'heure des divertissements arrivait. Des feux étaient allumés dans tous les quartiers; la danse commençait; le roi, donnant le bras à la femme, la fille ou la sœur du premier magistrat de la cité, qui par réciprocité rendait le même honneur à la femme qui tenait de plus près au roi, visitait les feux, et faisait le tour de la ville, après quoi il rentrait chez lui, sa nombreuse suite rangée sur un seul rang.

Le lendemain, le roulement des tambours, les sons joyeux des instruments saluaient l'aube du jour; le roi se rendait à l'église où l'on disait une messe pour sa famille royale. A dix heures le rappel était battu, et bientôt de nombreux cavaliers, débouchant de toutes les parties de la ville, venaient se réunir devant la maison du roi.

Lorsque la troupe paraissait assez nombreuse, le roi montait à cheval. Maintenant le garde-champêtre, aussi à cheval, le sabre à la main, ayant à ses côtés un enfant de chœur qui porte le bouquet de la St-Jean, composé de fleurs métalliques séculaires, remplace l'archer du vieux temps, et ouvre la marche. Le maire, revêtu de son écharpe au lieu de la robe magistrale du consul, précède le roi et ses deux officiers; les cavaliers prennent rang à leur suite. Le cortége fait le tour de la ville, se rend à Vernols en sortant par la porte du sud, et rentre ensuite par celle du nord.

La fin du jour est consacrée aux cérémonies religieuses : la procession de St-Jean-Baptiste est faite au milieu d'un concours immense de fidèles, et la statue du saint est promenée pieusement dans toute la ville.

Une journée de repos était accordée après la fête principale qui avait toujours lieu un dimanche. Seulement une messe solennelle était dite le lundi en l'honneur de saint Eloy. Rien aujourd'hui ne peut nous faire apprécier les motifs qui associèrent le saint évêque à Jean-Baptiste.

Le mardi, second jour de la fête, est celui où l'on se rend au pré. C'est une vive contrariété pour tous, lorsque un beau soleil ne luit pas ce jour-là, mais surtout pour la jeune fille, qui depuis longtemps songeait à sa toilette et rêvait la fête du Pré.

Ce pré est une propriété de la ville, situé sur le revers de la côte à l'ouest, et disposé de manière à être aperçu de la ville.

Le roi se rend au pré avec la même pompe qui est usitée pour Vernols. Des groupes nombreux se forment et s'acheminent, guidés par la musette, au rendez-vous commun. Mais malheur à celui qui suit isolément la bande joyeuse; l'épithète railleuse de Iiabi (terme dont l'origine est inconnue) lui serait continuellement adressée. Rabi lui apprendrait que l'herbe du pré ne doit être foulée que par des cœurs unis, ou par le cavalier revêtu de son armure.

Arrivé au but de la course, le roi, à la tête de ses cavaliers, fait le tour de l'enceinte; puis il vient prendre la place qui lui a été réservée, et alors commencent les danses, courses et autres divertissements Après plusieurs heures passées ainsi, le signal du départ était donné par la distribution d'un énorme pâté coupé en morceaux, et jeté parmi les danseurs. Les réjouissances cessaient, le roi remontait à cheval, faisait un dernier tour du pré, suivi de ses cavaliers, reprenait le chemin de la ville.

Là se terminaient la fête et cette royauté de trois jours, n'ayan coûté aucune larme à ceux qu'elle avait gouvernés.

Mais nos bons aïeux étaient prévoyants; avec eux la royauté ne mourait pas; il fallait songer à l'année suivante, et la cérémonie était close par l'élection d'un autre roi et d'autres officiers. Ces nouveaux choix étaient accueillis par des transports d'allégresse : on se rendait de nouveau à l'église; à la sortie, les danses recommençaient comme la veille de la fête, et les tables dressées dans toutes les rues de la ville offraient aux servantes, parées de leurs habits de fête, l'occasion d'offrir leur gracieux accueil, d'être de nouveau l'interprète de l'hospitalité de leurs maîtres,-et de former le souhait du retour désiré de cette fête patronale.

Cette dernière phase de la fête a cessé depuis une trentaine d'années, où l'on voulut la renfermer uniquement dans les cérémonies religieuses. Le curé ne s'associe plus aux cérémonies en dehors du culte. Les règles de la séparation des pouvoirs n'étaient pas connues de nos pères : de leur temps l'autorité ecclésiastique partageait toutes les joies de la cité. Mais dans une ère où la loi est athée, le pasteur est enfermé dans un cercle de fer, et il ne peut plus franchir les portes de son église.

Une des particularités les plus singulières de cette fête, c'est que le mercredi, une espèce de parodie était exécutée par les enfants. Ils étaient tous réunis, flanqués de vieilles épées, de vieux sabres et de toutes les vieilles armes qu'ils pouvaient se procurer; heureusement, dans nos âges modernes, elles ne voyaient plus le soleil qu'une fois l'an! Sous la conduite du garde-champêtre, qui recevait de chacun d'eux une rétribution de dix centimes, ils se rendaient au pré, et y célébraient eux aussi ce que l'on appelait le petit Piara-Prat. Imitateurs des grands personnages, ils se livraient à des jeux, à des danses et à toutes sortes de divertissements. Leurs réjouissances terminées, ils revenaient en ville, et le pré de St-Jean devenait désert pour une année entière.

Cette suite de la fête, cette permission accordée aux enfants de se munir d'armes, cette absence complète de toutes les cérémonies religieuses, trop vénérées pour leur être livrées en amusements, nous semble une preuve de plus de l'origine chevaleresque des réjouissances, et une imitation des tournois qu'on y donnait aux temps derniers. Alors, en effet, tous les actes de l'éducation tendaient à inoculer, dans l'adolescent, les idées martiales. Leur vie d'homme devait s'écouler dans les périls et les hasards. Il fallait donc tremper vivement ces jeunes âmes; et dans ce but on leur accordait, outre le plaisir d'admirer les belles passes-d'armes, celui de les imiter eux-mêmes, autant que leurs forces le leur permettaient.

D'après la relation que nous venons de donner, on peut, sans trop s'exposer à une trop grande erreur, avancer, qu'au Moyen-Âge, à cette époque où tant de châteaux forts existaient dans nos montagnes, servaient d'asile à des hommes énergiques dont la guerre ou ses images étaient toute la vie, les tournois et autres exercices chevaleresques remplaçaient les réjouissances amollies de nos âges énervés. Il est certain que tous les hobereaux de nos contrées s'y rendaient avec empressement : certes, ils n'étaient pas hommes à manquer une aussi belle occasion de déployer leurs forces, manifester leur courage, et faire briller leur adresse à manier un coursier fougueux. La chronique suivante, conservée dans la tradition du pays, prouve combien peu de voisins s'abstenaient de ces réunions.


DISPUTE DU SEIGNEUR DE MARDOGNE ET DU CHAYLAR

Non loin d'Allanche, placés sur des rochers basaltiques qui dominent sa rivière et celle de l'Allagnon, les châteaux de Mardogne et du Chaylar étaient habités par deux seigneurs de la plus haute lignée, égaux en titres et en possessions. Les sires do Baladour et du Chaylar avaient vécu longtemps dans les rapports les plus affectueux. Leurs enfants, Ithier de Mardogne et Arsende du Chaylar, avaient été élevés dans la plus grande intimité; l'âge avait fait succéder en eux à l'amitié des premiers jours des sentiments plus tendres, et cette mutuelle affection faisait la joie de leurs pères.

Un jour cette harmonie, qui régnait entre les chefs des deux familles, vint à se troubler. Quelle en fut la cause? On ne le dit pas. Sans doute quelque prérogative blessée, quelque atteinte à la dignité seigneuriale tant il y a que la haine fit place, chez des cœurs irascibles, à l'affection qui avait été jusqu'à ce jour leur bonheur commun.

Ithier et Arsende gémissaient, en secret, d'une inimitié qui leur était étrangère. Ils voyaient les doux rêves de leur jeune âge s'évanouir, et la félicité tant espérée de leur union prochaine détruite peut-être à jamais. En vain, par leurs caresses et leurs supplications, avaient-ils tenté de faire entrer, dans l'âme de leurs parents, les sentiments de leur ancienne intimité ; leur inimitié s'était toujours accrue, et même s'était-elle déjà manifestée par des actes d'hostilité.

La fête de la St-Jean-Baptiste approchait, mais ne ramenait pas, dans les deux familles, le désir des douces émotions qu'elles avaient goûtées pendant les années précédentes.

Chacun des deux adversaires, supposant que son rival ne faillirait pas au rendez-vous général des chevaliers de la contrée, conçut en même temps le projet de profiter de l'absence présumée de l'ennemi pour s'emparer traîtreusement de son manoir.

La nuit qui suit le premier jour de la fête était survenue, par extraordinaire, sombre et obscure; la lune même avait voilé sa face; sa lueur si douce s'était éclipsée, comme honteuse d'avoir à éclairer une aussi lâche entreprise. Alors les chevaliers, suivis de leurs hommes d'armes, se mirent en marche pour aller livrer un assaut à la forteresse ennemie. Le hasard voulut que chacun d'eux prit une route différente.

Arsende était assise, triste et rêveuse, auprès d'une croisée grillée du Chaylar. Son âme était préoccupée des événements sinistres qui se préparaient. Que de dangers menaçaient son père dans cette rencontre nocturne! Peut-être aussi ceux qu'aurait à courir son bien-aimé trouvaient-ils, à son insu, quelque place dans ses pensées!

Tout à coup un cliquetis d'armes se fait entendre ; le piétinement des chevaux bardés de fers émeut les échos de la roche ardue sur laquelle la forteresse féodale est assise. Restée seule avec une suivante, la défiance d'Arsende est mise en éveil; elle ne tarde pas à reconnaître que cette troupe armée n'est pas celle que son père avait emmené peu d'heures auparavant.

Loin de se laisser intimider par le danger qu'elle reconnaît, Arsende, aussi prévoyante que résolue, arrête de suite son plan de défense. Elle appelle sa compagne, lui fait prendre une armure, elle se revêt elle-même d'un heaume et d'une cuirasse : des lumières sont portées dans tous les appartements du château : les principaux officiers appelés répondent hautement à leur nom. Des postes de défense leur sont assignés. Les deux guerriers improvisés paraissent à chaque instant tantôt à une croisée, tantôt à l'autre, tantôt sur les remparts; enfin, ces deux jeunes filles se multiplient tellement, un mouvement si actif parait régner dans le château, que le sire de Baladour, trompé, croit son entreprise manquée par suite de la présence du seigneur du Chaylar. Il se retire, renonçant à la surprise qu'il avait méditée.

Mais, pendant que l'attaque du suzerain de Mardogne échouait devant le courage et la présence d'esprit de deux jeunes filles, il n'en était pas ainsi de l'attaque du seigneur du Chaylar dans l'autre forteresse. Aucune agression ne paraissant à redouter, la garde de cette place imposante avait été laissée à un vieil archer. Seul dans son enceinte, cet homme, jadis bon soldat, mais dont l'âge et les infirmités inséparables de la guerre avaient éteint l'énergie, fut surpris et intimidé : il baissa le pont-levis à la première sommation, et le sire du Chaylar prenait possession de Mardogne à l'instant même où son adversaire renonçait à sa tentative.

Se trouvant sans asile, confus et humilié, battu par une jeune fille, le sire de Baladour s'était vu réduit à demander l'hospitalité à ses amis. Ce fait d'armes et de présence d'esprit avait porté au plus haut degré, dans le pays, l'admiration pour Arsende. Son père lui-même la partageait comme tout le monde. Il en était si glorieux, son amour pour elle en avait tellement augmenté, qu'il se trouvait naturellement disposé à souscrire à toutes ses demandes.

Alors des amis communs intervinrent. Les souvenirs des temps anciens furent rappelés; le bonheur que les deux familles avaient eu, lorsqu’elles vivaient en paix, réveillé dans leur cœur. Le malheur avait rendu l'un des deux seigneurs plus traitable, l'admiration pour les vertus d'une fille si glorieuse attendrit l'autre : comment résister aux supplications et aux larmes de celle qui était la gloire du pays. Une réconciliation se fit donc facilement : l'union dTthier et d'Arsende en fut le gage; tout germe de discorde, tout ressentiment disparût du cœur des deux chevaliers, et l'antique intimité de ces deux familles vint de nouveau consacrer leur félicité.

Quoique cette légende soit, en quelque sorte, étrangère à la fête de la St-Jean-Baptiste, nous avons cru devoir la rapporter ici, parce que c'est à son occasion que les faits eurent lieu. Mardogne est seulement à un myriamètre d'Allanche, le Chaylar n'en est guère plus éloigné. Combien de faits, de gais propos, ont égayé les soirées d'hiver de nos bons aïeux, dont l'origine se trouvait au pré de Piara-Prat, et qui Sont ensevelis dans l'oubli des temps. Aujourd'hui encore à Piara-Prat viennent de tendres amants, heureux d'un serrement de main qu'ils peuvent se donner furtivement, en figurant une contredanse.


 PRINCIPALES FAMILLES

La ville d'Allanche, comme chef-lieu de canton, a un juge de paix, une brigade de gendarmerie à pied, un bureau d'enregistrement, une poste aux lettres, un receveur à cheval des contributions indirectes, un percepteur, une congrégation de St-Joseph pour l'éducation des jeunes filles. Des foires s'y tiennent les 15 mai, 16 juillet, 16 août, 7 septembre, 25 octobre, le mardi avant le mardi-gras et le lundi de Quasimodo. Le marché a lieu le mardi.

Les principales familles de ce chef-lieu sont:

La famille Dufour, qui possédait Pradts, famille éteinte après avoir exercé de hauts emplois administratifs. L'abbé de Pradts a été l'un des derniers rejetons.

La famille Gôuzel de l'Avenal, qui fut illustrée par la défense d'Allanche.

Une branche de la famille d'Anteroches, la seule portant aujourd'hui ce nom. M. d'Anteroches a été secrétaire-général de la préfecture du Cantal; son fils est officier supérieur dans un de nos régiments.

La famille Bonnet. Un de ses membres, qui représente le canton d'Allanche au Conseil général, est aujourd'hui propriétaire de la terre de Pradts.

La famille Benoid occupe depuis longtemps des emplois dans la magistrature du pays. L'un de ses membres, juge à Cusset, ayant épousé la dernière héritière de la maison Pons de Féluc, a obtenu du Gouvernement l'autorisation de joindre son nom à celui qu'il portait.

La famille Daniel est aussi originaire d'Allanche, où elle exerça très anciennement les charges de la magistrature locale. Elle a fourni deux conseillers à la cour d'appel de Riom.

Une fabrique de dentelles avait été établie vers la fin du XVIIe siècle à Allanche; elle a prospéré pendant une cinquantaine d'années, et même en 1812 la ville ou les environs comptaient deux cents ouvrières livrées à cette industrie ; elle est entièrement nulle aujourd'hui.

Allanche, malgré la rigueur de son climat pendant une partie de l'année, s'accroîtrait par l'activité de ses habitants, si elle avait des communications faciles avec Clermont et le Midi.


 VILLAGES ET HAMEAUX

Les villages et hameaux de cette commune sont:

Le Bac, village près d'Allanche, sur la nouvelle route; c'était un fief fort ancien dont jouissait partiellement Etienne d'Allanche en 1322. Beraud de Lautoing fut seigneur du Bac et de Charmensac en 1444; N.-Jacques de Gould en 1597 ; son fils, Gabriel, habitait le Bac l'année 1602; il fut père de Jacques, qui possédait le même fief et demeurait à Allanche en 1616. Cette année même, François d'Antil de Ligonnez acquit de lui les droits qu'il tenait de Jean de Lastic, sur Saint Maurice et Neuvialle. La petite seigneurie du Bac passa plus tard dans la famille de Sévérac de Ségur qui forma la branche du Bac; voici la généalogie de cette famille à partir de 1508, époque bien au-dessus de laquelle remonte son origine: Louis de Sévérac épousa, cette année 1508, Françoise de Laignier. De ce mariage naquit un autre Louis qui eut de Gillette de Gouzon, sa femme, un fils nommé Guyon de Sévérac. C'est à son successeur, Antoine, que Jeanne de Ségur apporta en dot la seigneurie du Bac testa en 1621 et laissa ses biens à Jean de Stivérac, seigneur de Ségur et du Bac qu'il habitait en 1629. Un autre, Jean de Sévérac, jouissait du fief en 1648. Avec la permission de l'évêque de Constance, il fit construire au Bac une chapelle dite de Ségur. Jean fut père de Jacques-François de Sévérac, seigneur de Ségur, du Bac, de Bomaniargues, etc. Celui-ci épousa, en 1667, Marie-Françoise de Dienne, fille de N. Gabriel, seigneur du Chayladès, La Salle, Maillargues, etc.

Pierre de Sévérac fut seigneur du Bac en 1651; il avait épousé N. de Pleaux, veuve en 1757, et restée tutrice de ses enfants qui ont conservé le fief pendant quelque temps; aujourd'hui la jolie propriété du Bac appartient à M. Bonnet, juge de paix à Allanche.

Chavanon, village sur le ruisseau de ce nom et ancien fief, possédé par la famille d'Allanche en 1268. Hugon d'Allanche, damoiseau, en fit hommage, comme on l'a dit, à l'évêque de Clermont, l'année 1308. 11 existait un château à Chavanon; en 1387 les Anglais s'en emparèrent et ne le rendirent qu'à prix d'argent; ce château fut ensuite démoli; le fief de Chavanon était à N.-Gabriel de Gould en 1637 ; il appartint ensuite à M. de Ligonnez qui l'échangea contre la montagne de Fortuniez, propriété de Claude du Four. La famille de La Volpilhére l'a possède plus tard.

Combalut, village à mi-coteau, sur le chemin de Peyrusse;

Combes, hameau dont la famille de Gould était propriétaire;

Condour, village dans la plaine, vers Pradiers; c'était un fief de la même famille en 1655. La Croix, hameau;

LHôpital, village près de Maillargues, indiqué mal à propos comme le berceau de l'illustre famille de ce nom; il peut y avoir existé autrefois une léproserie.

Lampre, village près d'Allanche et habité en 1655 par Jacques de La V Jacques de La Volpilhére, seigneur de Mathonières. Léonard de La Volpilhére, secrétaire du roi, était seigneur de Lampre en 1715.

Maillargues, gros village de cent maisons, situé au sud-est, non loin de la ville qu'il domine, sur la nouvelle route de Murat. Ce lieu est très renommé par sa foire du 10 octobre qui dure trois jours; c'est un spectacle vraiment curieux que cette multitude de gens, cette grande quantité de marchandises réunies alors à Maillargues; bestiaux, chevaux, moutons, provisions de grains, meubles et ustensiles, joujoux, tout cela est bien rangé; chaque chose dans son quartier. Des flots de marchands et d'acheteurs couvrent le chemin d'Allanche à Maillargues; toutes sortes de costumes y figurent; on couche à la belle étoile plié dans son manteau, et le mouvement recommence au point du jour; cette foire s'appelle la Saint-Géraud ; il s'en tient une autre le 10 juin.

Maillargues était le chef-lieu d'une seigneurie de laquelle Allanche relevait anciennement- On voit encore les ruines de son château fort. Il appartenait en 1262 à Bobert, comte de Clermont; puis il devint la propriété des barons et ducs de Mercœur et des comtes du Chayladès.

Dans le même village se trouvait encore un autre château, chef-lieu de la seigneurie de La Salle, qui fut longtemps possédé par les Chapel de La Salle. N.Bertrand Chapel, originaire de Murat, faisait son séjour de Maillargues en 1460; Jean Chapel, seigneur de La Salle et d'Anglards, rendit hommage au roi en 1540 et demeurait aussi à Maillargues; il maria sa fille, Antoinette, avec Antoine Gandilhon, riche bourgeois d'Allanche. La noce eut lieu dans le château de La Salle, à Maillargues. Plus tard la seigneurie, de La Salle fut vendue en justice et elle fut acquise par la famille du Chayladès j un incendie dévora le château dans le XVIIe siècle, mais on en rebâtit un nouveau sur les ruines du premier, c'est celui qui existe encore en partie. (Voyez Rouffiac pour la famille Chapel.)

Le Peyrol, hameau; Piquemeule, hameau à la famille de Dienne du Chayladès, en 1694; Roche, village divisé en deux parties, le haut et le bas ; ce dernier est assis sur un petit ruisseau, et les seigneurs de Dienne y avaient une belle propriété.

Romaniargues, village entre la rivière d'Allanche et le ruisseau de la Neyrat. Ce nom indique assez quelque villa romaine ou peut-être une manse; des recherches faites sur les lieux pourraient procurer des lumières intéressantes à ce sujet.

N.-Hugues de Faydit était seigneur de Romaniargues en 1657; Egregie de Ségur, prieur d'Allanche, y possédait de grands biens qu'il laissa à Jeanne de Ségur; ils échurent ensuite à la famille de Sévérac qui en jouissait en 1671.

Roussy, village sur la nouvelle route.

La seigneurie de Lavenal, qui eut successivement pour maîtres les Combes et les de Gould, comprenait une partie du foiral d'Allanche et quelques maisons voisines. François Combes était seigneur de Lavenal, ainsi que de Vousseyre, en 1526. Brigitte de Combes, par son mariage avec N.-Gabriel de Gould, porta la seigneurie de Lavenal dans cette famille, qui depuis l'a conservée ; ces deux maisons brillèrent de quelque éclat aux XVIIe et XVIIe siècles. Celle de Combes en particulier a donné deux premiers présidents à la cour des aides de Clermont, trois présidents et un lieutenant-général à Riom, et enfin un abbé à Ebreuil; la famille de Combes s'était fixée dans le Puy-de-Dôme. .

Le village de Mathonières a existé dans la montagne, et l'on voyait ses ruines en 1661 ; mais il n'existe plus qu'un pacage à la place où elles se trouvaient.

(1) Le myriamètre :  unité de mesure adoptée sous la Révolution équivaut à (10 km)

(2) Augusto-Némétum : Clermont

(3) Ut queant Iaxis : Vers en l'honneur de Jean-Baptiste.

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