GENERALITES
— Cette commune dépend du canton de Saignes, arrondissement de Mauriac. Elle est limitée au nord par la rivière la Dordogne et la commune de Madic ; à l'est, par celle d'Ydes; au sud, par Bassignac et Veyrières, et à l'ouest, par la Dordogne, qui la sépare du département de la Corrèze. La commune de Champagnac, la plus vaste et La plus populeuse du canton de Saignes, occupe un plateau allongé du nord au sud qui s'abaisse graduellement de trois côtés vers ses limites, et qui se termine à l'ouest par une déclivité très-prononcée. La superficie totale est de 4,116 hectares, dont 1,773 en terres labourables, 38 en jardins et vergers, 676 en prairies, 874 en pâturages, 640 en bois, 103 en bruyères et 12 en terrains vagues. Plusieurs petits ruisseaux traversent ce territoire en divers sens; parmi ces cours d’eau, nous mentionnerons : le Combret, qui prend naissance au lieu de Ludiers et coule vers le nord, où il va se jeter dans la Dordogne; ceux de Pradines, de Chenuscle et de Lavandès, qui descendent des hauteurs du plateau, vers l'ouest, où ils vont aussi se perdre dans la Dordogne, après avoir arrosé quelques prairies et fait tourner quelques moulins à farine. On y pêche les écrevisses en abondance.
Le sol de la commune est de différentes natures, suivant les localités : argileux dans une partie, sablonneux ou granitique dans d'autre; on y remarque quelques mamelons couronnés de basalte; il s'y récolte du seigle, de l'avoine, de l'orge, du blé-noir, de bons fourrages, des noix, des châtaignes et des fruits de qualité inférieure. Presque tout le versant occidental vers la Dordogne est boisé, mais d'un difficile accès. Il existe sur le plateau, notamment à Lampret et à Prodelles, des mines de houille exploitées en vertu de concessions régulières, qui donneraient de bons résultats si les débouchés étaient plus nombreux, les communications plus faciles. Il serait à désirer, par exemple, qu'il fût promptement donné suite au projet de balisage de la Dordogne; cette opération faciliterait à la fois, et l'écoulement des houilles vers Bordeaux, et l'exploitation des bois qui couvrent les deux rives. Un homme intelligent et actif, M. de Ribier de Lavandès , a fait depuis peu exécuter, sur la rive gauche, des travaux d'art qui lui ont permis d'y établir des scieries dont il tire avantage, et la réalisation d'autres projets qu'il a en vue lui permettront de former en cet endroit un établissement industriel considérable. Que serait-ce donc si la navigation était rendue facile?
Les autres principales voies de communication sont la route impériale, n° 122, de Toulouse à Clermont, par Aurillac et Mauriac, qui longe le territoire de la commune du côté de l'est, et le chemin de grande communication en partie ouvert entre Murat (Cantal) et Egletons (Corrèze), lequel le traverse de l'est à l'ouest et franchit la Dordogne sur un beau pont suspendu construit il y a quelques années. Ce chemin est destiné à vivifier la majeure partie du canton de Saignes.
La population de la commune de Champagnac, d'après le dernier recensement, s'élève à 2,105 habitants, presque tous cultivateurs, répartis dans 30 petits villages ou hameaux qui donnent un total de 356 habitations. Les registres de l’ état-civil remontent à l'année 1698. Le pays étant sain et la nourriture de bonne qualité, les habitants sont en général fortement constitués et doués de beaucoup d'énergie.
Le bourg de Champagnac, ou chef-lieu, est situé presque à l'extrémité sud de la commune, à 8 k. N.-O de Saignes et à 20 k au N.-E de Mauriac. L'église, de style romano-bysantin , est dédiée à saint Martin et surmontée d'un clocher de forme carrée qui s'élève au-dessus du portail; l'intérieur , quoique bien tenu et convenablement orné, n'offre rien de bien remarquable. Le prieur-curé, ainsi que les vicaires qui desservaient les chapelles de Ste-Marie et de Ste°-Anne, étaient à la nomination de l'abbesse de Bonnesaigne, en Limousin, patronne et collatrice du prieuré de Champagnac. La chapelle de Ste-Anne renfermait, de temps immémorial, la sépulture des seigneurs de Lavandes, de la maison de Sartiges, dont il sera parlé dans le cours de la présente notice; ils y firent une fondation de plusieurs messes annuelles et mensuelles, le 17 juillet 1650; la restaurèrent et l'ornèrent complètement en 1704. Bernard VII de la Tour-d'Auvergne, par son testament, fait avant son départ pour la croisade, le 8 mai 1270, légua à l'église de Champagnac douze deniers qui furent payés par Gaillarde de La Tour, sa fille. Voici les noms des prieurs-curés connus : Pierre Boutin, de 1416à 1441. — Pierre Pigeyrol, 1539. — Pierre Mathieu, 1650. — Antoine Mathieu, 1678. — Jean Colombin, 1698, 1704. — François Lampre, 1709, 1727. — Géraud Journiac, 1728, 1753. — François Demay, 1757, 1760. — Antoine Demay, 1763. — Peyrable, 1767. — Laboirie, 1768. — Marnas, 1782. — Juéry, 1783. Celui-ci mourut dans l'émigration. — Forestier, prêtre constitutionnel, en 1791 ; il fut chassé à la suite d'un mouvement populaire religieux, en 1793. Après lui, deux prêtres originaires de la commune, les abbés Violle et Lampre, desservirent la paroisse sans être troublés jusqu'à l'époque du Concordat de 1801 — M. Desroches leur succéda en 1804. — Meunier, en 1806. — Usse, de 1810 à 1816. — Ce vénérable pasteur, devenu chanoine de St-Flour, est décédé en 1851. — Treynier, qui avait succédé au précédent, quitta en 1818. — Roussilhe, de 1818 à 1823. — M. de Chaumeil de La Jalesne, nommé en 1823, est encore aujourd'hui à la tête de la paroisse.
Une chapelle annexe, nouvellement construite au lieu appelé le Peil, facilite la fréquentation des offices aux habitants de plusieurs localités trop éloignés du chef-lieu.
Après l'église, le bourg de Champagnac n'offre de remarquable que la belle maison de M. Emile de Ribier , récemment construite dans l'enclos de l'ancien prieuré de filles dont nous allons parler. Nous devons dire auparavant que, par ordonnance royale du 20 décembre 1835, il a été établi à Champagnac une foire annuelle qui s'y tient le 19 novembre et qui est déjà très-fréquentée.