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CHAMPAGNAC


GENERALITES

 

— Cette commune dépend du canton de Saignes, arrondissement de Mauriac. Elle est limitée au nord par la rivière la Dordogne et la commune de Madic ; à l'est, par celle d'Ydes; au sud, par Bassignac et Veyrières, et à l'ouest, par la Dordogne, qui la sépare du département de la Corrèze. La commune de Champagnac, la plus vaste et La plus populeuse du canton de Saignes, occupe un plateau allongé du nord au sud qui s'abaisse graduellement de trois côtés vers ses limites, et qui se termine à l'ouest par une déclivité très-prononcée. La superficie totale est de 4,116 hectares, dont 1,773 en terres labourables, 38 en jardins et vergers, 676 en prairies, 874 en pâturages, 640 en bois, 103 en bruyères et 12 en terrains vagues. Plusieurs petits ruisseaux traversent ce territoire en divers sens; parmi ces cours d’eau, nous mentionnerons : le Combret, qui prend naissance au lieu de Ludiers et coule vers le nord, où il va se jeter dans la Dordogne; ceux de Pradines, de Chenuscle et de Lavandès, qui descendent des hauteurs du plateau, vers l'ouest, où ils vont aussi se perdre dans la Dordogne, après avoir arrosé quelques prairies et fait tourner quelques moulins à farine. On y pêche les écrevisses en abondance.

Le sol de la commune est de différentes natures, suivant les localités : argileux dans une partie, sablonneux ou granitique dans d'autre; on y remarque quelques mamelons couronnés de basalte; il s'y récolte du seigle, de l'avoine, de l'orge, du blé-noir, de bons fourrages, des noix, des châtaignes et des fruits de qualité inférieure. Presque tout le versant occidental vers la Dordogne est boisé, mais d'un difficile accès. Il existe sur le plateau, notamment à Lampret et à Prodelles, des mines de houille exploitées en vertu de concessions régulières, qui donneraient de bons résultats si les débouchés étaient plus nombreux, les communications plus faciles. Il serait à désirer, par exemple, qu'il fût promptement donné suite au projet de balisage de la Dordogne; cette opération faciliterait à la fois, et l'écoulement des houilles vers Bordeaux, et l'exploitation des bois qui couvrent les deux rives. Un homme intelligent et actif, M. de Ribier de Lavandès , a fait depuis peu exécuter, sur la rive gauche, des travaux d'art qui lui ont permis d'y établir des scieries dont il tire avantage, et la réalisation d'autres projets qu'il a en vue lui permettront de former en cet endroit un établissement industriel considérable. Que serait-ce donc si la navigation était rendue facile?

Les autres principales voies de communication sont la route impériale, n° 122, de Toulouse à Clermont, par Aurillac et Mauriac, qui longe le territoire de la commune du côté de l'est, et le chemin de grande communication en partie ouvert entre Murat (Cantal) et Egletons (Corrèze), lequel le traverse de l'est à l'ouest et franchit la Dordogne sur un beau pont suspendu construit il y a quelques années. Ce chemin est destiné à vivifier la majeure partie du canton de Saignes.

La population de la commune de Champagnac, d'après le dernier recensement, s'élève à 2,105 habitants, presque tous cultivateurs, répartis dans 30 petits villages ou hameaux qui donnent un total de 356 habitations. Les registres de l’ état-civil remontent à l'année 1698. Le pays étant sain et la nourriture de bonne qualité, les habitants sont en général fortement constitués et doués de beaucoup d'énergie.

Le bourg de Champagnac, ou chef-lieu, est situé presque à l'extrémité sud de la commune, à 8 k. N.-O de Saignes et à 20 k au N.-E de Mauriac. L'église, de style romano-bysantin , est dédiée à saint Martin et surmontée d'un clocher de forme carrée qui s'élève au-dessus du portail; l'intérieur , quoique bien tenu et convenablement orné, n'offre rien de bien remarquable. Le prieur-curé, ainsi que les vicaires qui desservaient les chapelles de Ste-Marie et de Ste°-Anne, étaient à la nomination de l'abbesse de Bonnesaigne, en Limousin, patronne et collatrice du prieuré de Champagnac. La chapelle de Ste-Anne renfermait, de temps immémorial, la sépulture des seigneurs de Lavandes, de la maison de Sartiges, dont il sera parlé dans le cours de la présente notice; ils y firent une fondation de plusieurs messes annuelles et mensuelles, le 17 juillet 1650; la restaurèrent et l'ornèrent complètement en 1704. Bernard VII de la Tour-d'Auvergne, par son testament, fait avant son départ pour la croisade, le 8 mai 1270, légua à l'église de Champagnac douze deniers qui furent payés par Gaillarde de La Tour, sa fille. Voici les noms des prieurs-curés connus : Pierre Boutin, de 1416à 1441. — Pierre Pigeyrol, 1539. — Pierre Mathieu, 1650. — Antoine Mathieu, 1678. — Jean Colombin, 1698, 1704. — François Lampre, 1709, 1727. — Géraud Journiac, 1728, 1753. — François Demay, 1757, 1760. — Antoine Demay, 1763. — Peyrable, 1767. — Laboirie, 1768. — Marnas, 1782. — Juéry, 1783. Celui-ci mourut dans l'émigration. — Forestier, prêtre constitutionnel, en 1791 ; il fut chassé à la suite d'un mouvement populaire religieux, en 1793. Après lui, deux prêtres originaires de la commune, les abbés Violle et Lampre, desservirent la paroisse sans être troublés jusqu'à l'époque du Concordat de 1801 — M. Desroches leur succéda en 1804. — Meunier, en 1806. — Usse, de 1810 à 1816. — Ce vénérable pasteur, devenu chanoine de St-Flour, est décédé en 1851. — Treynier, qui avait succédé au précédent, quitta en 1818. — Roussilhe, de 1818 à 1823. — M. de Chaumeil de La Jalesne, nommé en 1823, est encore aujourd'hui à la tête de la paroisse.

Une chapelle annexe, nouvellement construite au lieu appelé le Peil, facilite la fréquentation des offices aux habitants de plusieurs localités trop éloignés du chef-lieu.

Après l'église, le bourg de Champagnac n'offre de remarquable que la belle maison de M. Emile de Ribier , récemment construite dans l'enclos de l'ancien prieuré de filles dont nous allons parler. Nous devons dire auparavant que, par ordonnance royale du 20 décembre 1835, il a été établi à Champagnac une foire annuelle qui s'y tient le 19 novembre et qui est déjà très-fréquentée.

 


PRIEURE DE FILLES

 

Prieuré De Filles. — Il a existé anciennement au bourg de Champagnac un couvent de religieuses de l'ordre de St-Benoît, avec titre de prieuré. L'époque de sa fondation, non plus que les noms de ses fondateurs, ne sont pas connus; mais comme il dépendait de l'abbaye de Bonnesaigne, en Limousin, à laquelle les vicomtes de Ventadour firent tant de libéralités, il convient d'attribuer à ceux-ci le mérite de cette œuvre pie. Ce n'est qu'une conjecture, à la vérité; mais elle nous paraît d'autant mieux fondée que, dès le XIII° siècle , ces mêmes vicomtes possédaient la terre de Charlus, dont les barons étaient seigneurs justiciers de la majeure partie de la paroisse de Champagnac, et leurs successeurs, tels que les La Tour-d'Auvergne, les Beaufort-Turenne, les Levis, le furent jusqu'à la fin du dernier siècle. (Voyez Bassignac.) Quoi qu'il en soit, le prieuré de Champagnac subsista jusque vers le milieu du XVII° siècle, où il fut définitivement réuni à l'abbaye de Bonnesaigne et placé sous la seule autorité de l'abbesse de ce monastère. C'est aussi à cette époque qu'il convient de rapporter la destruction des bâtiments dont il ne reste plus de traces. Les prieures de Champagnac, et après elles les abbesses de Bonnesaigne, prélevaient la dîme dans toute la paroisse et jouissaient du droit de justice sur une partie. Nous avons recueilli les noms de quelques-unes des prieures, ainsi qu'un petit nombre de faits qui les concernent; nous avons cru bien faire en leur donnant une place dans le présent article.

Antoinette D'anglards, de la maison de ce nom, était prieure de Champagnac en 1441.

Marie de St-Chamant, fille du seigneur comptour de Scorailles, le fut en 1515. Elle fut plus tard coadjutrice de Marguerite de Gimel, sa tante, abbesse de Bonnesaigne, alors malade, et à laquelle, à ce qu'il paraît, elle fit subir de mauvais traitements, pour conserver l'autorité qui ne lui avait été confiée que provisoirement.

Antoia Du Bonzet était prieure de Champagnac avant le 22 mai 1536, époque à laquelle elle résigna entre les mains de Blanche de Châlons, exerçant l'autorité abbatiale au nom de Marguerite de Gimel, abbesse de Bonnesaigne, absente.

Anne De Roffignac succéda à la précédente et résigna elle-même, le 23 mai 1539, entre les mains de Marguerite de Gimel, qui en pourvut la suivante le même jour.

Antoinette De Sartiges De Lavandès , d'abord religieuse à l'abbaye de la Règle, de Limoges, n'avait encore que vingt ans lorsque par bulle du pape Jules II, du 4 des nones de mai 1507, elle fut pourvue du prieuré de la Mongerie en Limousin, puis transférée à celui de Champagnac dont elle prit possession le 25 mai 1539, avec le cérémonial d'usage et dont on trouve le détail dans le procès-verbal dressé à cet effet par M. Textoris, notaire requis. Cette prieure résigna à son tour en faveur d'autre Antoinette de Sartiges de Lavandès, sa nièce, sous la réserve de la moitié du revenu du prieuré et sa demeure dans la maison prieuriale, le tout à titre de pension sa vie durant, ce qui fut sanctionné par bulle du pape Paul III, donnée à Saint Pierre de Rome le 12 des calendes de janvier 1542. Cette bulle, aussi curieuse par la forme que par le fond, est aux archives de la famille de Sartiges, au château de Sourniac; elle est ainsi conçue:

« Paul évêque serviteur des serviteurs' de Dieu, à notre bien-aimée fille en

Jésus-Christ, Antonia de Lavandès, religieuse de l'ordre de St-Benoît, salut et

bénédiction apostolique : les témoignages honorables et dignes de foi qui vous s recommandent auprès de nous, par votre zèle pour la religion, votre vie irréprochable et les mérites de vos vertus nous engagent à vous accorder favorablement ce que nous voyons vous être avantageux. Puisque donc vous avez résigné librement aujourd'hui et spontanément entre nos mains, le prieuré de religieuses de Champagnac en Auvergne , de l'ordre de St-Benoît, diocèse de Clermont, et que nous avons conféré de notre autorité apostolique ledit prieuré à notre chère fille en Jésus-Christ, Antonia de Sartiges de Lavandès, et que nous l'en avons pourvue , comme en font foi nos lettres données à ce sujet; voulant vous accorder une grâce spéciale en vue de vos mérites et pourvoir à une subvention en votre faveur , afin que la résignation dudit prieuré ne vous devienne pas trop dommageable , nous vous accordons la moitié des revenus dudit prieuré, laquelle moitié sera libre et exempte de toute charge; nous vous » accordons aussi, la moitié de la maison du même prieuré où vous résidez actuellement, et aussi, du jardin ou verger contigu pour être perçue par vous exigée , levée , et possédée en usufruit votre vie durant, en sorte que vous ne puissiez être empêchée, troublée, ou inquiétée par ladite Antonia ou par celles qui lui succéderont, au sujet de votre dite pension annuelle, ayant l'exprès consentement d'Antonia elle-même, donné par procuration spéciale.— Mandons, en conséquence, à nos chers fils les officiaux de Clermont, de Lectoure et de Tulle, de faire par eux-mêmes ou par d'autres, que vous jouissiez, par notre autorité apostolique, de la libre perception de ladite moitié des fruits et revenus, etc., etc. Que personne n'ose ni se permette de rien changer à cette réserve , concession, assignation et mandat d'usufruit ou y contredire par une hardiesse téméraire. Que si quelqu'un osait l’entreprendre, qu'il sache qu'il encourrait l'indignation du Dieu tout-puissant et des bienheureux apôtres Pierre et Paul. — Donné â Saint-Pierre de Rome, l'an de l'incarnation 1542, le 12 des kalendes de janvier, et de notre pontificat la neuvième année.

Antoinette De Sartiges De Lavandes, deuxième du nom, succéda à sa tante aux conditions sus relatées. Elle avait fait profession entre les mains d'Anne du Breuilh, abbesse du monastère de Bugue, diocèse de Périgueux, le 29 avril 1538, étant alors dans l'église du prieuré de la Mongerie au diocèse de Limoges. L'administration d'Antoinette de Sartiges à Champagnac ne fut pas de longue durée, étant morte en 1548.

Catherine D'auriol , nommée après le décès de la précédente, trouva trop onéreuse la charge d'usufruit que s'était réservée l'avant dernière prieure qui vivait encore ; elle prétendit, pour s'y soustraire, que ce droit d'usufruit devait cesser après la mort de celle qui s'y était soumise, laquelle avait bien pu s'engager personnellement, mais non pas obliger les prieures qui lui succéderaient. Cette prétention repoussée par Antoinette de Sartiges de Lavandes, première du nom, donna lieu à une contestation au sujet de laquelle des jurisconsultes donnèrent des avis motivés ; mais la bulle de janvier 1542 était formelle, et I'official du diocèse de Clermont, par sentence du 16 juin 1548, donna gain de cause à Antoinette de Lavandes. Catherine d'Auriol ne vivait plus le 30 avril 1553, date à laquelle Antoinette de Lavandès, en prévision des difficultés qui pouvaient surgir à l'installation d'une nouvelle prieure, fit notifier la bulle de 1542 à Marie de Saint-Chamand, abbesse de Bonnesaigne, qui déclara tenir ce titre pour valable et ne pas vouloir mettre obstacle au droit qu'il conférait.

Ici s'interrompt, pour nous du moins, et pendant près d'un siècle, la succession des prieures de Champagnac; puis nous trouvons:

Marie-françoise De Monthorin, fille de Louis et de Marie de Beaufort-Canillac, et par conséquent nièce de Gabrielle Beaufort-Canillac, abbesse de Bonnesaigne, fut prieure de Champagnac en 1636. Anne de; Montmorin, sa sœur, dabord prieure de Villevalée, devint abbesse de Bonnesaigne en 1651 ; celle-ci mourut en 1683.

Charlotte De Cros De Berai.de Planèze, cousine-germaine des précédentes, prieure de Champagnac dès l'an 1650, l'était encore en 1670. On présume que c'est vers ce temps que le couvent fut abandonné, ses revenus étant réunis à ceux de l'abbaye de Bonnesaigne, dans laquelle se succédèrent, en qualité d'abbesses: Claude de Lévis-Ventadour, de 1683 à 1701 ; Catherine de Beauverger-Montgon, de 1701 à 1730; Léonarde d'Ussel, morte en 1777; autre Léonarde d'Ussel-Châteauvert, en 1781. Mais nous devons faire observer ici que, dès l'an 1759, le siége de l'abbaye de Bonnesaigne avait été transféré à Brives et que ses revenus s'étaient augmentés de ceux du monastère de Sainte-Claire de la même ville.


VILLAGES ET HAMEAUX

 

Les villages et hameaux de cette commune sont:

1° Les Barraques, hameau.

Beringer , village au centre de la commune, dans les dépendances duquel on a trouvé, il y a quelques années, une grande quantité de médailles romaines.

Billoux, village qui domine la vallée de la Dordogne, à l'endroit où cette rivière coule dans un encaissement creusé dans le roc, à une profondeur presque perpendiculaire de près de cent mètres.

Bois-de-Lampre, hameau vers les limites de la commune d'Ydes.

La Borie. hameau qui n'offre rien d'intéressant.

Boyssou, village près du chemin qui conduit de Champagnac à Madic et où il y avait jadis une chapelle dépendant du prieuré de Bort (Corrèze). On trouve, dans tes environs, de l'argile propre à faire des creusets et de la poterie; les fondeurs de cloches s'en servent avec succès pour confectionner des moules. On croit que cette argile a été employée, dans le XV° siècle, à la fabrication des tuiles qui formaient la toiture du château de Madic.

Busanges, village sur la plaine, dans la direction du nord. On y voyait anciennement un souterrain creusé dans le grès et aujourd'hui comblé.

Chaissac, village près du confluent du Combret et de la, Dordogne.

Chassaigne, village au nord-ouest du chef-lieu ; on y cueille diverses espèces de fruits de qualité médiocre.

10° Chaumes ou Chaumeil, village au nord, sur le plateau qui sépare les petits vallons de Pradines et de Combret.

11° Chenuscle, village à l'ouest du bourg de Champagnac. Il y a dans ses dépendances une étendue considérable de bois situés sur les côtes de la Dordogne.

12° La Colange, village au nord de celui de Chassaigne, non loin du pont suspendu au moyen duquel on franchit la Dordogne pour pénétrer dans la Corrèze.

13° Combret. village dans le vallon qui porte son nom; c'était anciennement un fief démembré de la seigneurie de Lavandès.

14° Falgères, village sur le plateau, presque au centre de la commune.

15° Gioux, village isolé, qui domine à la fois le petit vallon de Pradines et les côtes de la Dordogne.

16° Lampre, village situé sur le chemin de Champagnac à Bort. De ce lieu la vue s'étend sur la jolie vallée de la Sumène à l'est ; on y remarque une maison bourgeoise appartenant à M. Juillard et de belles prairies.

17° Lampret, village non loin du précédent, ayant le même aspect et le même horizon, terminé au nord-est par les montagnes du Mont-d'Or, et au sud-ouest par celle du Puy-Mary, au-dessus de Salers. Lampret était anciennement un fief qui appartenait avant 1543 à la maison d'Ussel-d'Anglars, puis à celle de Montfaucon, en Languedoc, et en 1656 à Jeanne de Duras, veuve de Charles de Lameth, comte de BussyK lieutenant général, gouverneur de Mezières. Lampret appartient depuis longtemps à la famille de Soualhat de Fontalard, dont l'habitation est l'une des plus belles et des mieux situées du canton. Nous avons déjà dit qu'il existe à Lampret d'abondantes mines de houille.

18° Lavandes, ancien fief et château à peu de distance et au sud-ouest du bourg de Champagnac. à l'entrée d'une gorge formée par les côtes abruptes qui descendent à la rive gauche de la Dordogne. Ce château, reconstruit au XVII° siècle, parait occuper l'emplacement d'un manoir plus ancien, que des titres des XIV° et Xxv° siècles qualifient de Maison forte. A proximité de cette habitation, est un étang d'où s'écoule un ruisseau qui, dans son cours vers la Dordogne, arrose les prairies du domaine et fait tourner un moulin dépendant de la même propriété- La seigneurie de Lavandes a appartenu, pendant plus de quatre cents ans, à une branche de la famille de Sartiges. On ignore l'époque précise où elle s'y établit; mais il est probable que ce fut par suite du mariage de Rigaud de Sartiges avec Sibille de Bort, antérieurement à 1323. Leur descendance s'est perpétuée jusqu'à nos jours, et c'est de cette branche que sont sorties toutes celles qui subsistent aujourd'hui. Nous ne nous étendrons pas sur sa généalogie qui a été publiée plusieurs fois, et en dernier lieu dans le Nobiliaire d'Auvergne, où l'on trouvera également des articles étendus sur les familles de Ribier et de Soualhat-Fontalard, qui habitent la même commune. Nous avons constaté plus haut que la famille de Sartiges a donné deux prieures au monastère de Champagnac. Le dernier représentant de cette branche, Antoine-Marguerite de Sartiges, aide de camp du général comte d'Emery, mourut célibataire à Paris, en 1779, et la terre de Lavandes fut alors vendue à M. Milanges, dont la petite fille, Mii° Rodde-Lamarge, l'a transmise par mariage à M. Frédéric de Ribier, propriétaire actuel, qui a restauré et embelli le château.

19° Ludiers, village dans lequel se tenaient, aux xv et xvr* siècles, les assises du fief de Roussilhe.

20° Majaillac, village non loin et au sud de Lavandès.

21° Monsoudez, village sur un point élevé qui domine le joli bassin de Madic, au fond duquel est un beau lac.

22° Montruc, village dans la plaine, à l'est du chef-lieu.

23° Moulergues, village; il occupe un petit plateau à l'extrémité nord-est de la commune, au-dessus de la Dordogne et à une petite distance du château dé Madic. Suivant M. Déribier-du-Châtelet, on découvre dans les environs de Moulergues quantité de briques romaines et des conduits d'eau bien cimentés; on y montre aussi un champ appelé le Champ-de-Diane, ce qui fait supposer qu'il a pu exister dans cette localité un temple ou une statue de la déesse de la chasse; un titre de 1463 atteste l'ancienneté du nom que porte le champ dont il s'agit.

23° Le Peil, hameau dans le vallon de Combret, près du village de ce nom. On a construit récemment, dans ce lieu, une église, érigée en paroisse et a laquelle on a réuni les villages et hameaux de la partie nord de la commune.

24° La Prade, village tout-à-fait à l'extrémité nord de la commune.

25° Peyrebesse, hameau.

26° Pradines, village dans la plaine, à la source d'un cours d'eau.

27° Prodelles, village au sud et près du bourg de Champagnac. C'était anciennement un prieuré dépendant du monastère de Mauriac, et en même temps une petite paroisse qui a été réunie, pour le spirituel comme pour le temporel, à la commune de Champagnac, par ordonnance royale du 24 décembre 1823; l'église a été démolie. Prodelles fut, au XV° siècle, le théâtre d'un petit évènement qui mérite d'être raconté : C'était le 22 novembre 1472, à l'aube du jour, les habitants furent tout-à-coup éveillés par les sinistres sons du tocsin; bientôt accoururent de toutes parts des paysans armés d'arbalètes, d'espiots, de javelines, de faulx, de barres, en un mot, de tout ce qu'ils trouvaient sous la main. L'effervescence, le tumulte étaient au comble. Que va-t-il se passer? demandaient les gens paisibles effrayés; le pays court-il un grand danger? Les Anglais, les écorcheurs sont-ils à nos portes Non, c'est une scène renouvelée de la Jacquerie, et les imprudents qui y prennent part auront à en rendre compte à la justice. La cause, la voici : le 12 juillet précédent, haut et-puissant seigneur Louis, comte de Ventadour, baron de Charlus, seigneur haut justicier de Champagnac, avait uni en mariage, Blanche de Ventadour, sa fille unique, à Louis de Lévis, seigneur de la Voûte. Cet heureux évènement avait donné lieu à des réjouissances célébrées dans toutes les terres du comte; les vassaux, nobles et vilains y avaient été conviés, on s'y était joyeusement ébattu et jusque là tout allait pour le mieux; mais en ce temps-là comme aujourd'hui, ceux qui dansaient dans les fêtes publiques payaient les violons. En effet, on sait qu'en droit féodal, une taille extraordinaire était due au seigneur qui mariait sa fille; le comte n'eut garde de l'oublier, et comme la monnaie était rare, à ce qu'il parait, l'équivalent de la taille fut prélevé en nature de bétail. Or, le 22 novembre, de grand matin, un beau troupeau, ma foi, s'acheminait paisiblement au rendez-vous donné, sous la conduite de Pierre Mercier, archer du comte, et de quelques autres de ses serviteurs. Ce jour-là, il y avait foire à Ussel, on espérait taire bonne vente. Le convoi, déjà parvenu au bas de la côte de Val-Barreyre, au dessous du lieu de la Prade, se disposait à franchir la Dordogne, lorsque l'attroupement que nous avons laissé à Prodelles, à 6 heures du matin, fondit à l'improviste sur les gens du comte, avec menace de les jeter à la rivière s'ils ne consentaient à abandonner le troupeau. La partie n'était pas égale, la résistance eût été inutile; Pierre Mercier dut céder à la force, et le bétail, ramené triomphalement, regagna les étables d'où on l'avait extrait. Les vilains durent s'applaudir d'abord du succès de leur audacieuse entreprise ; mais, malheureusement pour eux, l'affaire ne devait pas en rester là. La journée n'était pas encore à son déclin que déjà Jean Maurin, clerc, greffier du bailli de Charlus, procédait à une enquête; un certain nombre de témoins étaient entendus et s'accordaient à désigner, comme étant les plus coupables, les individus dont les noms suivent: Pierre de Tourni , prêtre, accusé d'avoir sonné le tocsin; Robert Barghon , Etienne Boyer, Jean de Tourni, du lieu de Prodelles; Haudigier Moys, Antoine et Robert Moys, ses fils; Antoine et Martin Moys, frères; Jean, Pierre et Guillaume Moys, frères; Antoine et Guillaume Moys, fils de Pierre; Pierre Moys, fils de Raymond; Guillaume Moys, fils do Jean; Guillaume Passelaigue, Jacques Floret, Jeanne Anglemard, Guillaume Botin, Martin Gobin et Antoine Boboul, dit Toinard, tous de la paroisse de Champagnac, et un grand nombre d'autres qu'on n'avait pas reconnus.

Au pied de cette enquête, que nous avons sous les yeux en forme authentique, et pour la lecture de laquelle M. Cohendy, archiviste de la préfecture du Puyde-Dôme, a bien voulu nous prêter son obligeant concours, on lit les lignes suivantes, d'une écriture tremblée, différente de celle du corps de l'acte : Veues et visitées les dites informations précédentes; les dits hommes ont grandement mespris et delinqué faisans tocasang, assemblée illicite, port d'armes et recosse et autres énormes, et pour ce soient prins au corps et mesmement les plus culpables s'il sont trouvés hors lieux saintz et religieux et leurs biens prins et mis en interdiction et pour en ce que les dits hommes ne soient ni se portent appellants de Monseigneur , sergens et officiers et autres qu'ils seroient ou se porteroient , il seroit nécessaire d'avoir mandement du roi ou de sa court. Signé De Fontanges. Ce réquisitoire ou ordre de suivre n'est probablement pas le dernier acte de la procédure; mais nous avons à regretter de ne pas connaître le résultat final des poursuites dirigées contre les délinquants.

Ici se présente la question de savoir si la conduite des paysans était justifiable? Le doute est permis; car, d'après les lois féodales et la constante jurisprudence des tribunaux, le droit du seigneur était réel et positif; les tenanciers ne pouvaient donc alléguer leur ignorance. Ainsi considéré sous ce point de vue, l'acte d'agression violente auquel les émeutiers se portèrent, fut un acte coupable; mais, sous un autre rapport, ils pouvaient être excusables : le seigneur, en exigeant la taille en nature, semble avoir commis un acte arbitraire. Toutefois, on ne saurait l'affirmer; car il faudrait pour cela connaître la quotité du cens dû par chaque tenancier et la valeur des animaux pris en échange. En Auvergne, la taille extraordinaire était double du cens annuel.

Nous avons déjà dit qu'il y avait à Prodelles des mines de houille; on y remarque aussi un mamelon volcanique de la cime duquel la vue s'étend fort loin.

28° Recoude, hameau.

29° Rouffiange, hameau.

30° Savergnoles, village au nord de Champagnac, dans le vallon de Combret ; il y a dans cet endroit une source ferrugineuse, fréquentée par les gens du pays. (V. t. i de cet ouvrage, p. 443.)

31° Teldes, village situé sur un mamelon volcanique, à l'extrémité nord de la commune, dans l'angle formé en cet endroit par la Dordogne; on y voit, les vestiges de bâtiments assez considérables ayant appartenu aux templiers , ainsi que d'autres débris antiques, tels que briques romaines, etc. — Il y avait autrefois, dans la commune de Champagnac, d'autres lieux habités qui n'existent plus aujourd'hui, entr'autres ceux appelés Chabrier et la Chaise, prés de Lavandes ; la Roussilhe, près de Ludiers, vers les limites de Madic.

 


Histoire Contemporaine

— Le premier dimanche d'août 1806, un loup enragé, sorti des bois de la Dordogne, parcourut plusieurs localités, mordit divers individus et un assez grand nombre d'animaux domestiques. La population, vivement émue, se mit à la poursuite de l'animal féroce avec l'intention de le détruire: un soldat en congé, le nommé Cirgoudoux , bien que retenu dans son lit par la fièvre, n'hésita pas à se joindre à la foule, et fut le premier à atteindre la terrible béte , lui barra bravement le passage dans un chemin étroit, parvint à la saisir , à la terrasser, et l'étreignit si vigoureusement qu'il donna le temps à d'autres personnes d'arriver à son secours et de l'aider a assommer le loup furieux. Dieu ne permit pas que ce brave militaire devint la victime de son courage et d'un aussi beau dévouement; car, bien que mordu, il n'éprouva aucune atteinte de la terrible maladie, tandis que d'autres personnes, notamment une femme et un enfant du lieu de Combret, moururent hydrophobes. L'ancien soldat Cirgoudoux vivait encore plein de santé en 1852, âgé de quatre-vingts ans. Ces faits nous sont attestés par M. de Fontalard, maire de Champagnac depuis plus de quarante ans, dont nous avons sous les yeux le témoignage écrit. Un évènement semblable, moins la circonstance de la destruction de la bête, arriva le 31 octobre 1823, et cette fois encore deux personnes furent victimes.

Le 14 août 1815, un détachement de vingt-cinq hommes de troupes à cheval, débandé de l'armée de la Loire et qui, sans ordre ni direction, parcourait depuis quelques jours les communes de l'arrondissement de Mauriac en les rançonnant, arriva à Champagnac à huit heures du soir; un maréchal-des-logis, qui avait pris les épaulettes d'officier, le commandait. Sur sa demande, le logement, les vivres et les rations pour les chevaux lui furent fournis; mais le lendemain, jour de l'Assomption, à l'issue de la première messe, M. de Fontalard, maire, à la tête des habitants, désarma cette troupe et fit remettre les armes et les chevaux à l'autorité départementale. Des lettres du préfet du Cantal et du sous-préfet de Mauriac, en date des 16 et 17 août, consacrent le souvenir de cet acte d'énergie.

On aura sans doute remarqué que nous avons plusieurs fois fait mention des escarpements qui bordent les rives de la Dordogne. C'est surtout dans la partie nord de la commune que la rivière a creusé son lit dans la roche granitique, à une grande profondeur, et dont les abords sont inaccessibles aux hommes et aux animaux ; les bêtes fauves même ne peuvent y aborder. Aussi, lorsqu'il arrive que des moutons et des chèvres s'engagent trop en avant pour brouter les tiges ou les herbes qui croissent sur les crêtes de ses parages abruptes, il n'est pas rare d'en voir rouler dans le gouffre ou dans des précipices, d'où on a toutes les peines du monde à les retirer vivants.

Et encore, lorsqu'il ne s'agit que des animaux, les malheurs ne sont pas irréparables; mais des hommes aussi deviennent quelquefois victimes de leur imprudence. Le 24 juin 1841, le nommé Pierre Andrevy, du lieu de Chaissac, ayant voulu gravir des rochers pour couper des manches de râteaux, tomba de plus de 100 mètres de haut dans un précipice où il se brisa. Le maire, averti de ce triste évènement, réunit une vingtaine d'hommes résolus et se rendit sur le théâtre de la catastrophe avec le dessein de retirer le cadavre du malheureux Andrevy de l'abîme où il gisait, pour le rendre à sa famille et lui procurer la sépulture ecclésiastique. Des hommes, munis d'échelles et de cordes, descendirent au fond du précipice obstrué d'épines, de branches et de blocs de rochers; mais il ne fallut pas moins de neuf heures de travail et d'efforts pour accomplir la noble tâche qu'on avait entreprise, et, sans la précaution qu'on eut d'envelopper le corps de la victime avec des couvertures dans lesquelles on le ficela comme un ballot pour le hisser à travers les aspérités et les parois des rochers, on n'eût retiré que des lambeaux de chair.

Fort heureusement, de semblables malheurs n'arrivent que très-rarement; souhaitons qu'ils ne se renouvellent jamais.

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