DESCRIPTION GÉOLOGIQUE.
La configuration générale du département du Cantal, le relief et la forme de ses montagnes , les directions de ses vallées se dessinent par des caractères très-saillants , et, malgré les sites variés et pittoresques , les accidents en nombre infini du sol , ces caractères impriment à la structure du pays un remarquable degré de simplicité. Les formes diverses correspondent à des terrains de nature, d'origine et presque toujours aussi d'époque géologique diverses.
Au centre du département et groupés dans un espace assez étroit, sont les cimes et pics culminants : le Plomb, les puys Mary et Chavaroche, les sommités du col de Cabre, le puy- Griou. Ils se rattachent à de longues crêtes, qui forment les escarpements supérieurs des belles vallées de la Cère, de la Jordanne, de l'Allagnon , du Mars et de la Rue.
Tout autour est une vaste région de plateaux, qui s'étend circulairement à une distance moyenne du centre d'environ trois myriamètres. Ils se relèvent vers les cimes, avec une inclinaison généralement assez faible. Les crêtes, par lesquelles celles-ci sont reliées, sont les bords de ces nappes inclinées ou en sont des lambeaux détachés. Au Sud, au Nord, au Sud-Ouest, les plateaux s'abaissent graduellement jusqu'aux points où ils viennent expirer; à l'Est et a l'Ouest, après s'être abaisses, ils se prolongent en conservant un niveau presque horizontal, ou même en offrant un très-léger exhaussement du côté de la Planèze, du côté de Pleaux et de Mauriac; au Nord-Est, ils se relient aux plateaux élevés du Cézalier, qui eux-mêmes s'étendent jusqu'au Mont-Dore.
Ils sont coupés par des vallées que bordent des pentes abruptes. Les principales d'entre elles, que nous avons nommées plus haut, sont larges et très-profondes. Elles sont rectilignes, et, dans leur ensemble, offrent une disposition divergente comme les rayons d'un cercle : pourtant, les deux plus grandes vallées, celles de la Cère et de la Jordanne, ont leurs cours parallèles et non divergents.
Au-delà, sont des montagnes a formes arrondies et bosselées, d'abord inférieures aux plateaux qui terminent la région précédente, mais qui, plus loin, s'élèvent généralement au-dessus de leurs niveaux, sans atteindre pourtant les hauteurs des sommités centrales.
Elles sont sillonnées par des ravins tortueux et profonds, dans lesquels les cours d'eau se sont frayés leurs lits. Quelques gorges étroites et plus profondes encore, coupant la ceinture montagneuse, fournissent passage aux eaux : les trois principales issues sont celles de la Dordogne, du Lot et de l'Allagnon. La sinuosité de ces ravins contraste avec la régularité des vallées qui prennent naissance au centre du département.
La culture et la fertilité sont différentes dans ces diverses régions. Les hauts plateaux sont couverts de riches pâturages. Ceux qui sont plus éloignés du centre et moins élevés fournissent, avec quelques vallées, les terres les plus fertiles: telles que la Planèze, les environs de Mauriac, de Pleaux, d'Aurillac. La région montagneuse environnante est, au contraire, pauvre et stérile ; les bruyères et les landes y abondent.
Tels sont, envisagés dans leur ensemble, les principaux traits de la contrée. Nous aurons lieu de revenir plus en détail sur les particularités de cette structure, en décrivant la nature géologique des terrains qui composent les diverses parties du sol.
Nous allons d'abord énumérer ceux-ci, en les classant d'après leurs âges géologiques et commençant par les plus anciens.
Les terrains dits primitifs roches granitiques et roches à structure schisteuse, occupent presque toute la circonférence du département, et constituent ce pays à formes arrondies et à sol stérile , que nous avons dit exister autour de la région des plateaux. Ceux-ci "sont partout environnés de sol primitif, excepté au Nord-Ouest, où ils se joignent aux montagnes du Cézalier. Ces terrains forment l'assise inférieure de ta croûte terrestre: sur eux viennent s'appuyer tes autres formations. Les premiers géologues tes ont regardés comme antérieurs à tous les autres : de là leur nom de primitifs ou primordiaux. Des observations et des considérations nouvelles ont conduit à regarder l'arrivée au jour de certaines masses granitiques comme beaucoup plus récente. Nous avons conservé pourtant t'ancienne dénomination, qui parait vraie dans la plupart des cas, principalement en ce qui concerne le Cantal.
Le terrain houiller, dans les cantons de Sagnes et de Mauriac, s'étend sans discontinuité, depuis la Dordogne, au nord de Madic, jusqu'à Jalleyrac, présentant une faible largeur par rapport à cette longueur. On le retrouve sur les bords de la Dordogne et au nord des montagnes de Bort, dans les communes de Lanobrc et de Beaulieu. Enfin, toujours sur la même ligne qui passerait par Madic et Jalleyrac, sont de très-petits lambeaux de ce terrain, au pont d'Auze; près Mauriac, auprès de Pleaux et de Saint-Christophe.
Le terrain tertiaire s'observe en beaucoup de points, à la limite des plateaux et des roches primitives, formant généralement les assises inférieures des collines que les plateaux couronnent : il se montre avec quelque développement aux, environs d'Aurillac et de Saint-Paul-des-Landes. Un dépôt tertiaire, tout-à-fait distinct des précédents et enclavé dans le terrain primitif, existe à l'extrémité sud-ouest du département, dans les communes de Maurs , de Saint-Santin et de Montmurat. Les terrains houiller et tertiaire sont d'origine éminemment neptunienne, c'est-à-dire qu'ils ont été déposés par les eaux. Leur stratification en bancs parallèles, la structure arénacée de plusieurs de ces bancs, les coquilles et les végétaux fossiles qu'ils renferment sont des preuves incontestables de cette origine.
Le terrain volcanique constitue la région des grands plateaux et des montagnes centrales. Il forme, en outre, des buttes et quelques plateaux isolés des masses principales, et couvre les montagnes de la Guiolle et de St-Urcize. Il s'étend sur plus de la moitié de la surface du département. La formation volcanique est celle qui offre le plus d'intérêt au point de vue scientifique aussi bien qu'au point de vue pittoresque et artistique : c'est à elle que le Cantal doit surtout son originalité, la beauté de ses sites et la fertilité d'une partie de son territoire.
Enfin, des dépôts d'alluvion, d'origine récente et dont la formation se continue souvent de nos jours, recouvrent quelques plaines et s'observent dans le fond de certaines vallées.
Malgré cette variété dans la nature du sol, le Cantal présente une grande lacune dans la série des époques géologiques. Il ne s'y trouve aucun vestige des terrains déposés pendant l'immense période qui s'est écoulée entre la formation des couches houillères et celle des couches tertiaires; période caractérisée en d'autres pays par les couches de grès rouge, du grès des Vosges, du Trias, du Jura, et de la craie.