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SEIGNEURIES

Brezons était autrefois une seigneurie considérable. Il y avait un château fort qui a donné son nom à l'une des familles les plus riches et les plus renommées du haut pays d'Auvergne. On la trouvera mentionnée souvent dans cette histoire.

Amblard de Brezons est le premier qui figure dans nos annales. Sa famille devait être précédemment très-puissante, puisqu'en 995 on le voit participer, avec son parent Amblard, comptor d'Apchon , à la fondation du monastère de St-Flour. Cette famille intervint aussi dans plusieurs actes de donation en faveur de divers monastères.

Amblard III de Brezons étant malade, en 1107, donna au monastère de Conques et à l'abbé Boniface , son fils Elie, pour être moine, ainsi que l'enfant dont sa femme était enceinte, s'il naissait du sexe masculin. Le monastère reçut en outre de lui le village de Treylis, 200 sols malgoriens et 230 sols du Puy. Sa femme et ses parents assistèrent à cette donation.

Etienne de Brezons fut abbé de la Chaise-Dieu en 1191. Les dauphins d'Auvergne ayant ravagé les terres de cette abbaye, il en porta plainte au pape Célestin III, qui fulmina une bulle contre le dauphin.

Pierre de Brezons eut beaucoup a souffrir des guerres de Reynaud de Murat et des Cardaillac. Pour le punir d'avoir pris le parti de ces derniers, Reynaud vint dévaster ses terres et le château de Brezons. Les habitants du bourg s'étaient réfugiés dans le château, croyant y trouver leur sûreté. Mais Reynaud y mit le feu, et ceux qui l'occupaient périrent en grand nombre. La tradition rapporte que Reynaud , outre les représailles qu'il avait à exercer contre Pierre , pour avoir été son adversaire, voulut tirer vengeance de l'assassinat commis en 1400 par les habitants de Lidar, à l'instigation du seigneur de Brezons, son frère puîné. Une croix, qui subsiste encore de nos jours, fut élevée sur le théâtre du crime, et marqua le lieu où fut perpétré ce lâche fratricide. On fait remonter à cette époque la destruction du château de Brezons , appelé de Roche-Servière, et qui ne fut pas reconstruit.

En 1434 Guillaume de Brezons fut nommé commissaire du roi pour vérifier les acquêts des fiefs depuis 60 ans.

Antoine de Brezons, seigneur de Neyrebrousse, capitaine de cent francs-archers, avait acquis une grande renommée. Il fut tué lors des guerres civiles.

Bonnet de Brezons assista en 1510 aux Etats, assemblés à Riom pour recueillir les coutumes d'Auvergne. D'après son hommage au roi, il était immensément riche. Figurent en effet parmi ses possessions : le château de Valuejol, relevant du vicomte de Murat, et certains villages de la circonscription de Valuéjol, du Sr de Lastic; le village du Perret, de Dauphine d'Auvergne; du baron de Pierrefort, le château du Meynial , les lieux de Brezons, Besseyres-Ies-Chantal; du roi, les montagnes du Cantal et des Loups ; de l'évêque de Clermont , la châtellenie de Roche-Servière (Brezons), plus, de nombreux villages; Pratdebouc. de l'évêque de St Flour , comme représentant le prieur du monastère. Le sire de Brezons devait encore à ce prélat 12 liv. tournois, et s'il manquait de s'acquitter au jour dit, la somme était doublée chaque jour, jusqu'à celui du paiement; et en outre il lui rendait l'hommage pour le château de Montréal, les lieux de Fabrègues et de Cézens. Il était seigneur suzerain de Jacques de Jouvenroux pour Laroussière, et de Jean de Lavaissière pour La Chaumette.

Guillaume de Brezons périt sur la brèche en 1557, au siége de St Quentin. Joachim de Brezons fut tué par les Huguenots près de Mende. Tristan , son frère, devint le chef de la branche de Massebeau par son mariage avec l'héritière de cette châtellenie.

Charles de Brezons se distingua dans les guerres civiles autant par ses cruautés que par ses talents militaires. Les rigueurs qu'il exerça contre les Huguenots, à Aurillac où il commandait, furent cause en partie des dévastations que ceux-ci exercèrent contre cette ville lorsqu'ils s'en emparèrent.

François de Brezons épousa Marie de Berthon-de-Crillon, et n'eut pas d'enfants. Sa veuve prit possession de la seigneurie, malgré l'opposition de François de Pons qui prétendait y avoir des droits. Il s'était même emparé du château de Brezons, dont il ne put être expulsé par la force, et qu'il rendit volontairement.

Marie de Berthon fit son testament en faveur de la duchesse de Guise, à la charge de payer 200,000 liv. au duc de Villars, son frère, ce qui ne fut pas accepté. Le duc de Villars hérita de la terre de Brezons, qu'il donna à son fils, duc de Brancas, lieutenant-général. Il fit faire en 1656 des restaurations au château, qui était alors en bon état, et dont il ne reste plus aujourd'hui que des ruines. Sa fille, Françoise d'Harcourt de Brancas, eut pour dot la terre de Brezons, et fut mariée à Charles de Lorraine. Cette terre, en 1728, fut achetée par le marquis de Miramon, et elle a été transmise à M. de Châtillon qui la possède encore.