CAPITAINES-GOUVERNEURS DE CARLAT.
On voit que l'emploi avait survécu à la nécessité, puisque la forteresse n'existait plus; toutefois, il est essentiel de remarquer que celui qui commandait à Carlat, exerçait le même pouvoir sur toute la vicomté qui renfermait d'autres châteaux forts, quoique bien moins importants. Il paraît que cette charge fut définitivement supprimée à l'avènement de la maison de Monaco.
Après avoir fait partie du domaine de la couronne pendant un peu plus d'un siècle, la vicomté de Carlat en fut détachée et cédée a un prince étranger; voici dans quelles circonstances: Honoré de Grimaldi, prince de Monaco, en Piémont, avait servi avec zèle les intérêts du roi Louis XIII, en Italie, et placé sa principauté sous la protection de la France, après en avoir chassé la garnison espagnole. Cette conduite d'Honoré de Grimaldi lui avait été préjudiciable en ce que les ennemis s'étaient emparés de plusieurs terres considérables qu'il possédait dans le royaume de Naples et dans le Milanais, et Louis XIII, pour l'en dédommager, lui donna, entre autres possessions, le duché de Valentinois, en Dauphiné, et la vicomté de Carlat, en Auvergne. Cette indemnité, déjà stipulée dans le traité de Péronne, de l'année 1641, fut réalisée par lettres-patentes données à St-Germain-en-Laye, au mois de février 1643, enregistrées au Parlement de Paris, le 11 mars suivant, à celui de Bordeaux, pour la partie du Rouergue, le 19 mai, et enfin, au bureau des finances de la généralité de Riom, le 18 août 1643. Ces lettres portaient, en même temps, érection du Carladès en comté, y compris les terres de Vic-sur-Cère, de Boisset, de Mur-de-Barrès, Cromières, Calvinet, Vinzelles, Vigouroux, Turlande et Barres. La prise de possession par le prince de Monaco eut lieu au mois d'octobre, et l'acte de foi et hommage qu'il rendit au roi porte la date du 31 décembre de la même année 1643.
Honore De Grimaldi mourut 1* 10 janvier 1662; il avait eu Hercule de Grimaldi, mort avant lui, en 1651 ; celui-ci laissa un fils unique:
Louis de Grimaldi, prince de Monaco, duc et pair de Valentinois, comte de Carladès, reçu au Parlement, le 5 juillet 1668. Louis XIV l'envoya en ambassade à Rome, en 1700; il y mourut le 3 janvier 1702, laissant deux fils: 1° Antoine, qui suit ; 2° Honoré, d'abord chevalier de Malte, puis chanoine de Strasbourg et archevêque de Besançon, de 1724 à 1731.
Antoine De Grimaldi, prince de Monaco, duc de Valentinois, comte de Carladès, mourut en 1732, laissant de son mariage avec Marie de Lorraine-Armagnac, fille de Louis de Lorraine, comte d'Armagnac, grand-écuyer de France, deux filles: 1° Louise-Hippolyte de Grimaldi, qui va suivre; 2° Marguerite-Camille de Grimaldi, mariée à Louis Vilain de Gand, prince d'Isinghien, maréchal de France.
Louise Hippolyte de Grimaldi, princesse de Monaco, duchesse de Valentinois, comtesse de Carladès, épousa à Monaco, le 20 octobre 1715, Jacques-François-Léonor de Goyon-Matignon, mestre-de-camp de cavalerie, lieutenant-général du roi en Normandie, dont:
Honorè-camille-leonor De Goyon-Grimaldi, prince de Monaco, duc de Valentinois, comte de Carladès. Entré de bonne heure au service, le prince de Monaco devint colonel du régiment de son nom , qu'il commanda aux siéges de Menin, d'Ypres, de Fumes, et au camp de Courtray, en 1744; fit la campagne de 1746, sous le prince de Conti; assista aux siéges de Mons et Charleroi, ainsi qu'à la bataille de Raucoux, et se distingua très particulièrement a celle de Lawfeldt, à la suite de laquelle il couvrit le siége do Berg-op-Zoom , en 1747; il fut employé à celui de Maëstricht, en 1748, et reçut le brevet de maréchal-de-camp, le 10 mai de la même année. Les 18 et 24 novembre 1760, le prince de Monaco conclut avec le roi de Sardaigne un traité qui mit fin aux contestations qui existaient entre eux au sujet de ses possessions territoriales en Piémont. Honoré Camille-Léonor de Goyon-Grimaldi, dépouillé par le fait de la révolution française des droits féodaux dont il jouissait en Carladès et dans le Valentinois, réclama une indemnité, et un décret du 21 septembre 1791 avait accueilli sa demande; mais la chute du trône empêcha l'exécution de cet acte de justice. Le prince de Monaco avait épousé, le 15 juin 1757, Marie-Christine Brignole, fille du doge de Gènes; il fut l'aïeul d'Honoré-Gabriel de Goyon-Grimaldi, créé pair de France en 1814.