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CHATEAU ET SEIGNEURIES

Le château d'Apchon, qui a porté le titre de comptoirie dans les temps les plus reculés, puis de baronnie, date d'une haute antiquité. Dans un plaidoyer pour Jean d'Apchon, qui eut lieu en 1539 devant le Parlement de Paris, contre le duc de Bourbonnais et d'Auvergne , l'avocat fait mention de la maison d'Apchon comme remontant à Jules César; le conquérant des Gaules avait, dit-il, à sa suite un officier de la famille des Ursins, qui fit le château d'Apchon ,,en Haute-Auvergne, et celui d'Hauteclair, en Limagne, plus tard appelé Nonette, comme on le verra plus bas. ainsi que d'autres forteresses.

La charte de Clovis mentionne en ces termes le château d'Apchon , après avoir parlé du lieu de Riom : « Castellum vero indominicatum quod Apione nuncupatur cum appendiciis in bellarios. »

Les seigneurs d'Apchon disputèrent long-temps à ceux de Pierrefort, de Mercoeur, de Carlat, de Murat, et à ceux d'Alleuze , qui étaient les évêques de Clermont, le titre de premier baron de la Haute-Auvergne. Déjà , dans les états assemblés à Aurillac, en 1207, sous Philippe-Auguste , lors de la guerre contre les Albigeois, les barons et comptors d'Apchon furent appelés les premiers, après néanmoins ceux de Pierrefort ou presque simultanément. Dans le conseil secret tenu, en 1369 à Nonette, sous le duc Jean de Berry, il fut décidé que le baron de Pierrefort serait appelé le premier, puis celui d'Apchon. Il fut permis au baron d'Apchon d'élire un bailli portant l'épée et la javeline, de nommer chatelains et lieutenants pouvant contraindre ceux qui tenaient fiefs de leur rendre foi et hommage, saisir les terres de ceux qui s'y refuseraient, porter le titre de chevalier du roi, etc.

Le plus ancien membre connu de la famille d'Apchon est Amblard I °, comptor, seigneur d'Indiciat, de Murol, du Chambon, d'Ussel, d'Aubières et de Ravel. Il vivait en 998.

Lorsqu'Amblard de Brezons fonda le monastère de St-Flour, il dut recourir à la participation du seigneur d'Indiciat et du territoire attenant à celui de SainlFlour. que donnait le seigneur de Brezons; Amblard d'Apchon n'accorda pas sans difficulté son consentement; peu de temps après il le retira; mais, un événement tragique lui fit rendre plus tard ses premières concessions.

Le baron d'Hauteclair et .d'Apchon, car il possédait l'un et l'autre seigneurie ayant abusé d'une nonne qu'il avait enlevée de force, fut poursuivi pour ce crime. Le roi ordonna la confiscation de sa terre d'Hauteclair et du château qui, depuis, porta le nom de Nonnette. Il fut donné à son parent, Guillaume Brunet, chevalier.

Amblard voyait avec déplaisir celui-ci jouir d'une terre qui lui avait été ravie; mais il cacha son ressentiment et attendit le moment de se venger. Un jour, s'étant trouvé au château pour un banquet de noces, il chercha querelle à Brunet, et, l'ayant attiré dehors il le tua le soir même; mais, bientôt, reconnaissant son crime, il s'en repentit et voulut s'en faire relever. Begon, évêque de Clermont, ne voulut pas l'absoudre, et défendit la célébration de l'office divin dans toutes ses terres. Amblard se rendit a Rome, où le trône pontifical était occupé par le pape Sylvestre II, le grand Gerbert , qui à la prière de l'abbé Odillon de Cluny, lui donna l'absolution; mais il exigea pour condition qu'il donnerait sa terre aux moines de Cluny déjà possesseurs de la petite église de St-Flour, et qu'il fonderait un nouveau monastère, ce qu'il fit moyennant une indemnité de 200 sols du Puy, qu'Amblard de Brezons lui remit. La donation fut acceptée par saint Odillon. L'église de St-Hippolyte , près d'Apchon , fut aussi donnée , a la condition de laisser jouir le recteur titulaire jusqu'à sa mort.

Le fils d'Amblard fut Armand 1er, comptor, qui vivait en 1009. En 1015 il donna, conjointement avec sa femme Haliande et son frère Astorg, l'église de Gourdiéges au monastère de St-Flour. Il vendit celle d'Oradour aux coseigneurs de ce nom , et laissa pour enfants Bertrand, qui suit, et Amblard, dit de Beaucoire ou Bécoire, près de Bredon , qui assista, en 1095 , à la visite de l'église de ce lieu par le pape Urbain II.

Bertrand I°, comptor d'Apchon, avait épousé Hermengarde, que l'on croit être de la maison de Roche-d'Agoux, et qui fit transporter, vers l'an 1050, les reliques de saint Mary à Mauriac. Le château d'Apchon ligure à ce sujet : La tradition rapporte que, lors de la translation de ces reliques, les conducteurs s'arrêtèrent chez le seigneur d'Apchon pour se reposer; le mulet chargé du précieux fardeau ayant frappé du pied le rocher pendant cette halte, une source en jaillit et donna au château l'eau qui lui avait manqué jusqu'à ce jour. Le seigneur, par reconnaissance envers saint Mary, fonda, en son honneur, une messe d'une livre Tournois, si elle se disait hors du château. Son successeur ayant négligé cette fondation , la source tarit et ne coula de nouveau que lorsque, après son repentir, il fit dire la messe votée. Bertrand vivait encore en 1071.

Bertrand II comptor, fils du précédent, et, comme lui, seigneur d'Apchon, donna sa terre d'Aubières à Ebles, son frère, et échangea, en 1123, Ravel, près de l'esse, avec Bertrand de Latour, qui lui céda les foires et marchés de cette ville.

Un Arnaud d'Apchon partit, en 1109, pour la croisade, avec le comte d'Auvergne. Il concourut au siége de Tripoli. (Les armoiries d'un Arnaud d'Apchon figurent dans la salle des Croisades, a Versailles.)

Bertrand III, comptor d'Apchon, fut seigneur du Falgoux, St-Vincent, etc. ; il vivait en 1180. Ses oncles, Bertrand et Ebles, possédaient l'un Muroi, le Chambon, et l'autre Ussel et Aubières.

Guillaume ler , fils de Bertrand, fut comptor d'Apchon, seigneur de Chalinargues. Son frère, Etienne, reçut, du roi Philippe-Auguste, en 1210, après la conquête de l'Auvergne sur le comte Guy, conquête entreprise par suite de la félonie de ce dernier, les terres de Combronde et de Teilhède. Etienne étant mort sans enfants, ces terres revinrent au fils aîné de son frère. Guillaume Ier fit son hommage, pour Chalinargues, à l'évéque de Clermont En 1239autre Guillaume, comptor, rendit également hommage, par dévotion, à l'évêque du même diocèse et à Notre-Dame, pour sa terre d'Apchon, qui, dit-il dans l'acte, « n'a relevé de personne jusqu'alors. » Ce seigneur, voulant se venger du comte de Toulouse et de son gendre, le prince Alphonse, qui avait son apanage en Auvergne, se mit à la tête de quelques-uns de ses vassaux, surtout de ceux du Falgoux et des montagnes, et ravagea plusieurs terres de ce pays, qui relevaient du prince Alphonse. Eustache de Beaumarchais, bailli des montagnes et baron de Calvinet, se mit à sa poursuite et le contraignit de cesser désormais tous pillages. Guillaume fut condamné à 3,000 liv. d'amende, qui furent distribuées à ceux qui avaient été le plus maltraités.

Il donna, à l'abbaye de Valette, la montagne de Marlhou avec ses dépendances et ses droits. Cette vaste propriété aurait été jadis habitée , car elle est encore parsemée de ruines et de vestiges de bâtiments qui semblent avoir formé une bourgade. L’évêque, Guy, l'enrichit, en 1250, de tout ce qu'il possédait au Falgoux et à St-Bonnet des fiefs de Nuits, de Cézerat, d'Eymas, etc.

Guillaume IV, comptor d'Apchon; seigneur des Vaulmiers, de St-Vincent, du Falgoux , d'Allanche en partie , et de Combronde ou Comberonde, par la succession d'Etienne, épousa, en 1276, Flandrine de I Ecole. Il n'en eut qu'une fille, lsabeau d'Apchon, qui fut mariée avec le seigneur de l'Ecole, son cousin germain.

En 1288 un second mariage l'unit à Mahaut Dauphine, fille de Robert Dauphin et de Mahaut d'Auvergne, et sœur de Robert, comte de Clermont. Il reçut, en 1295, en présence de N -Géraud de Neyrestang, les reconnaissances des habitants du Falgoux ; acheta des propriétés à Roche-Monteix, dans cette paroisse, en 1299; traita, en 1302, avec son beau-fière, Robert Dauphin. Mahaut lui avait apporté en dot les châteaux et terre de Plauzat, dont il jouissait en 1315, et qui sont restés dans la famille.

Guillaume, comptor, et N.-Pierre de Brezons, ayant eu à régler l'échange fait par feu Guillaume, son aïeul, et Maurin de Brion, beau-père de Pierre de Brezons, échange comprenant biens et rentes que Maurin avait eu entre les rivières de Hue et de Veronne, ils prirent pour arbitre Eustache de Beaumarchais , alors sénéchal de Toulouse. En 1298 Guillaume, ainsi qu'Etienne et Guy, comptors, ses frères, chevaliers, assistèrent au contrat de mariage de Dauphine, fille de Béatrix d'Oiliergues et du baron de Latour , avec Guy de La Roche. En 1304 il fut également présent au partage des biens de la maison d'Auvergne.

Il ne faut pas omettre la scène dont le château d'Apchon fut le théâtre en 1287. Guillaume en refusait l'hommage à l'évéque de Clermont qui était alors Adhémar de Cros, et prétendait que la terre était libre; l'évéque réclama ses droits et fit assiéger Apchon. Guillaume se soumît et donna les clefs du château à l'évêque, le' lundi après la St-Martin. Le drapeau fut arboré sur la tour, et l'on proclama le cri de l'évêque : Clermont! Clermont! Les gens du seigneur sortirent le mercredi de la place et n'y rentrèrent que le lendemain du jour de sa reddition. C'est ainsi que l'évêque usa de son droit.

Guillaume avait un frère nommé Etienne, chevalier, auquel il donna la terre de Comberonde. Celui-ci n'eut qu'une fille nommée Almodie, qui épousa Robert Daupbin , seigneur de St-Hipize, et porta la propriété de Comberonde dans sa maison.

Guy, comptor d'Apchon, seigneur des Vaulmiers, St-Vincent, fils et héritier de Guillaume, se maria, en 1520, avec Gaillarde de Latour, fille de Bernard VIlI Guillaume quittança la dot, en 1326, à Bertrand de Latour, frère de Gaillarde, en présence dé N.-Pierre de Thinières, seigneur de Vals, et de N.-Maurin de Mardogne. Son fils Guy devint, par sa femme, seigneur de Néchers de Biosat, de Vernols, etc. Sous Philippe-de-Valois il fit les guerres de Flandre, et rendit de grands services. Il combattit vaillamment l'invasion anglaise, et fut l'un des généraux qui lui opposèrent les plus courageux efforts ; de 1359 à 1370 on le voit toujours guerroyant contre l'ennemi de la France.

Guillaume, comptor, fils de Guy, s'allia en 1345 à Marguerite des Brosses, fille de Louis, seigneur de Boussac. Ce seigneur, surnommé Guillot, comme son aïeul, était en grande considération en Auvergne. Il fut bailli et capilaine-général de la province. Après la funeste journée de Poitiers et la prise du roi Jean, la noblesse du pays demanda à Charles V, encore dauphin , de le placer à sa tête. Le régent consentit à cette demande, et donna pouvoir au seigneur d'Apchon : 1° de lever 300 hommes d'armes; 2° d'augmenter le droit de fouage pour leur entretien; 3° d'assembler les trois états à sa volonté; 4° d'établir et changer toutes garnisons dans les places; 5° de faire démolir celles qui n'étaient pas tenables; 6° et, enfin, d'agir en capitaine souverain. Ces pouvoirs furent délégués en 1357. Guillaume leva les 500 hommes d'armes , leur adjoignit d'autres troupes et des fantassins que les villes fournirent, ainsi que le ban et l'arrière-ban de la noblesse; mais les Anglais restèrent vainqueurs. 11 fut fait prisonnier et obligé de paver une rançon de 1,500 livres qu'il emprunta; pour acquitter cet emprunt, il vendit Boussac. Charles V, en récompense de sa belle conduite, lui accorda le droit de faire figurer les fleurs de Lys dans ses armoiries. (Vers cette époque plusieurs seigneurs d'Auvergne méritèrent le même honneur.)

Il eut plusieurs enfants; l'aîné, du nom de Guillaume ou Guillot, se maria avec Jeanne Dauphine, fille de Béraud, comte de Clermont; mais il mourut sans postérité. Sa veuve se remaria, en 1389, avec M. Randon de Polignac.

Louis, son frère puiné, hérita de la comptoirie d'Apchon. En 1402 il fit son hommage à Henri de La Tour, évêque de Clermont, pour le château d'Apchon. En 1412 il devint chambellan du roi, et jouissait alors d'une grande influence dans le pays. Ayant entrepris de grands travaux au château d'Apchon pour relever ses murs d'enceinte qui avaient été démolis lors des guerres, il voulut

obliger ses vassaux à porter les matériaux nécessaires , et y faire le guet sous les ordres du capitaine du château; mais ceux-ci refusèrent; le roi ordonna qu'ils y seraient contraints, parce qu'Apchon était une place forte et exposée, par sa proximité de Carlat.

Louis eut l'honneur d'assister au mariage du duc Louis de Bourbon avec Jeanne Dauphine d'Auvergne « en 1426. Il avait épousé Marguerite d'Estaing, fille de Raymond'et de Baronne de Castelnau. C'était encore un valeureux homme d’armes, qui se fit une grande réputation de bravoure dans les guerres contre les Anglais. L'époque de sa mort n'est pas certaine, non plus que celle de son testament, bien que Chabrol place cet acte en 140S. Sa dernière volonté, fut qu'au cas où Guillaume et Jean , ses deux fils, viendraient a mourir sans postérité masculine, sa succession passerait au second enfant mâle de Louise d'Apchon, sa fille aînée, à condition de porter le nom, les armes et le cri de guerre d'Apchon.

Ces armes étaient d'abord une croix pâtée par le pied, cantonnée en chef de deux besants d'or, et, en pointe, d une hache d'armes d'un côté, et d'une nonne en habits de chœur de l'autre. On a vu comment les fleurs de lys furent accordées plus tard au comptor d'Apchon. Son écusson fut alors semé de France. Le cri de guerre des comptors d'Apchon était Haut et clair . (Les premières armoiries avaient été sans doute imposées à Ambtard d'Apchon en expiation de ses méfaits: la croix pour rappeler la pénitence et le pardon; les besants ou pièces de monnaie en souvenir des sacrifices pécuniaires auquel il était obligé; la hache représentait t'instrument du crime, et la nonne la victime.) (Bouillet)

Louis d'Apchon et Marguerite d'Estaing laissèrent cinq enfants, savoir

1° Guillaume VII. tué à la bataille d'Azincourt en 1415;

2° Jean , chambellan du roi, marié à Antoinette de Tourzel d'Allègre, de laquelle il n'eut qu'une fille qui épousa en premières noces Guillaume de Thinières, vicomte de Narbonne. Leurs enfants prétendirent à la succession d'Apchon et en prirent le nom dans plusieurs actes. Ce Jean avait eu une fille naturelle du nom de Marie-Catherine, qui épousa N.-Jean de La Chassaigne, seigneur du Cher-Blanc. Elle eut en dot Laborie, le Cher-Blanc, mille écus d'or et une mission à Apchon avec autorisation de pouvoir bâtir une maison forte au Cher-Blanc.

Jean d'Apchon fut assassiné au château d'Apchon et enterré dans l'église de St-Hippolyte. Une enquête, qui eut lieu à ce sujet, ne put faire connaître les auteurs du crime; mais l'on sut, toutefois, qu'il avait été tué à coups de fusils, tirés pendant la nuit à la fenêtre du château , où les assassins avaient attiré ce seigneur après s'être introduits dans la cour;

3° Louise d’Apchon, mariée le 20 avril 1 414 à Artaud Ier, seigneur de SaintGermain , tige de la seconde maison d'Apchon, qui n'eut la possession paisible de la baronnie qu'après de longues querelles.

4° et 5° Deux autres filles qu'il est inutile de mentionner ici.

On vient de voir que la succession d'Apchon fut recueillie au commencement du XV° siècle par les enfants de Louise d'Apchon et d'Artaud de St-Germain, seigneur de Montrond et de Rochetaillée-en-Forez, non sans quelques difficultés, car, après l'avoir défendue contre les héritiers d'Annette d Apchon, dame de Thinières, leur tante maternelle , ils se la disputèrent entre frères , tantôt à main armée, tantôt devant les tribunaux, et Artaud II n'en devint paisible possesseur que de l'autorité du Parlement, qui dut envoyer des commissaires sur les lieux pour faire exécuter ses arrêts (1450 à 1475).

Artaud d'Apchon, baron dudit lieu, avait reçu, d'Aymé d'Apchon, oncle de Louise, les terres des Vaulmiers, du Falgoux, de Massiac et de Plauzat, ce qui lui donnait une très-grande importance. Aussi fut-il délégué, en 1480, pour présider la noblesse d'Auvergne aux états tenus cette année à St-Flour.

Son fils, du même nom, épousa, en 1519, Marguerite d'Alhon, sœur du maréchal de St-André et héritière de Catherine, fille du maréchal, dame d'honneur de Catherine de Médicis. Elle possédait la terre de Tornouëls, près de Volvic, par sa mère, Charlotte de La Roche. Artaud fut baron des Vaulmiers, de St-Vincent et de Montrond, en 1546. Il eut trois fils, Artaud d'Apchon, Antoine, qui servait en 1577, et Charles, baron de Tornouëls ou Tornouailles , qui fut tué en 1590 en défendant le château de Tornouailles contre les ligueurs. Charles d'Apchon avait épousé Laurence de Gadagne, dont il eut Guillaume d'Apchon qui se maria, en 1626, avec Alix d'Anteroches. Il mourut en 1656.

Gabrielle, sa fille et son héritière, s'était mariée, en 1645, à Charles de Montvallat, et lui porta en dot la terre de Tornouailles.

Aimé Artaud, baron d'Apchon, avait servi quelque temps dans les armées. Ayant été chargé de conduire à Naples la troupe de M. de St-André, dont il était lieutenant-général, il fut pris par les Espagnols. Ses censitaires s'imposèrent pour fournir à sa rançon, et il fut racheté. Mais, comme il revenait en France par mer, il fut attaqué et pris de nouveau par les Turcs, resta longtemps prisonnier, et fut également racheté. Ces deux rançons coûtèrent 30,000 liv.

C'est lui qui, en 1539, fit attribuer, à l'église de St-Blaise d'Apchon, des droits de paroisse qu'elle n'avait pas.

A cette époque, plusieurs fiefs relevaient d'Apchon : c'était la Clidelle, le Jolan, le Fau la Molier, Lagarde, la Rochevieille, les Chaumeils, Commolet, les Mouleyres, etc.

La substitution établie , en 1408, par le testament de Louis d'Apchon, fut recueillie par Gabriel d'Apchon, gentilhomme de la chambre du roi, fils d'Artaud, et habitant le château de Plauzat. Il devint baron d'Apchon et épousa, en 1552, Françoise de La Jaille. Il fut père de Charles, baron d'Apchon, marié en 1581 à Louise de Châtillon, de laquelle naquit une fille unique appelée Rénée , qui épousa Jacques de Beauvau-du-Révaut. Charles fut tué en 1590 à la défense du château de Tornouëls.

La substitution des mâles passa à Jacques d'Apchon, frère de Charles, qui avait épousé Jeanne de St-Paul. Il était, en 15S5, capitaine de cinquante hommes d'armes. En 1614 il représentait la noblesse de la Haute-Auvergne aux Etats-Généraux. Sa mort arriva en 1617. 11 ne laissait pas d'enfants mâles. Ses deux filles étaient : L'une, Françoise d'Apchon, mariée à Jacques de Senecterre, seigneur de St-Victour; l'autre , Louise d'Apchon , qui épousa Jean-Louis, vicomte d'Estaing.

Vers cette époque, plusieurs membres de la famille cherchèrent à profiter de la substitution. La baronnie se fixa enfin sur la tête de Claude d'Apchon , fils de Jean, seigneur de Cézerat, mestre de camp, conseiller d'Etat et gentilhomme de la chambre sous le roi Louis XIII, et qui était petit-fils d Antoine dont il a été parlé; Claude resta maître de ses droits moyennant la somme de80,000 liv. en 1626. Il fut aussi baron des Vaulmiers et eut pour héritier Jacques Artaud d’Apchon, seigneur de Montrond, Colandre et St-Vincent. Il avait épousé Philiberte de St-André. Les vexations et les impôts onéreux qu'il frappa sur les habitants du Falgoux et des Vaulmiers lui attirèrent beaucoup d'ennemis. On le dénonça aux Grands-Jours, qui se tenaient à Clermont en 1666; il y fut condamné, avec ses officiers de justice, à rembourser 2,000 liv. aux habitants des Vaulmiers et à une forte amende.

Il eut plusieurs enfants : 1° Gabrielle d'Apchon qui épousa, en 1671, M.Claude de Ferrières-de-Sauvebœuf, baron de Leyhros; 2° Claude d’Apchon, marié en 1685 à Marie-Françoise de Blitch , fille à M. Amable de Blitch , baron de Veaussé , président au siége présidial de Riom , et à dame Marguerite de Frélat; 3° Louis d'Apchon, que sa mère fit héritier, en 1700, après la mort de Claude, son frère. Louis n'ayant pas eu d'enfants et étant légataire do Philiberte , laissa sa succession et la terre d'Apchon à son autre sœur Philiberte qui se maria, en 1708, à Gaspard-Gilbert de Chabannes, comte de Pionzat, major des gardes françaises , et lui apporta la baronnie d'Apchon. Son fils étant sans enfants, disposa d'une partie de ses biens en faveur de M. Chabannes de Carton..

Jean de Chabannes était, en 1759, marquis d’Apchon, seigneur de Lapalisse, maréchal-de-camp des armées du roi et sous-lieutenant des mousquetaires.

Avant la Révolution de 1789, il existait, soit en Bourgogne,-soit en Forez, des descendants d'Antoine d'Apchon, fils d'Artaud et de Marguerite d'Albon , qui possédaient la terre de Grézieux . (Une branche de ta familte d'Apchon, celle des seigneurs de Montrouf. a fourni deux maréchaux-de-camp (1761-1788), et Claude-Marc-Antoine d'Apchon, sacré évêque de Dijon te 29 octobre 1755 et archevêque d'Audi en 1783. ) (Bouillet)

En 1814 il se présenta un membre de cette famille à Apchon , qui acheta les ruines du château pour en faire, disait-il, le chef-lieu d'un majorat. Depuis lors il n'a plus reparu en Auvergne.

En 1422 le château d'Apchon fut grandement réparé; il était composé de cinq grosses tours, de deux corps de logis, d'une grange et d'une écurie.

Le bourg d'Apchon avait anciennement un mur d'enceinte ; la sortie du côté de Riom, au-dessous du château, a conservé le nom de Portau Bareyrau ou Porte du Barry. Les fondations de ce mur ont été découvertes lors des travaux de la route de Bort à Murat.

Le château d'Apchon était encore habité en 1747; les toits et la charpente n'ont été démolis qu'en 1760.

Le roi Charles, en donnant au duc de Bourbon les fiefs et arrières-fiefs d'Auvergne, en excepta les terres et église d'Apchon. Il y avait, au château, un capitaine pour le garder et le défendre.

Bernard de Paganelli était capitaine en 1335; Béraud Fays en 1352; M. de Curières , en 1402 , fut capitaine d'Apchon et des Vaulmiers; Pierre de Serres en 1418; Thomas Bochard en 1545; M. Françoi» de Léautoing en 1566.

Les barons d'Apchon fournissaient au service du roi, outre leur personne, un homme d'armes et quatre bergaudiniers, armés et équipés. Ces grands seigneurs avaient aussi leur chancelier ou bailli, par concession du roi Charles V.

Pierre de Laporte fut bailli en 1 470; Michel Brandon en 1516; Jean Pradel en 1530; Guillaume du Fayet en 1535; M. Jean-André de La Ronade en 1584; Antoine Tissandier, en 1595; Guillaume Commolet en 1678; François de Chadefaux, seigneur de La Sagne, en 1716.

Par une singularité remarquable, il y avait à Apchon des familles dans lesquelles se choisissaient les trompettes du roi. Aymé Salsac, d'Apchon, fut trompette du roi dans la compagnie de l'amiral de France en 1520; Pierre Chancel en 1539 ; Pierre de Chadefaux, Antoine Jonsac, François Revêt, Guillaume Dumont, Guillaume Delolme, en 1544; Aymé Pissavy en 1585; Jean Rodde et grand nombre d'autres, tous habitants du bourg ou de la paroisse d'Apchon.

Au sud du lieu d'Apchon, à 300 mètres environ, est un pré dit de La Guerre, au haut duquel on croit voir les traces d'une redoute qui a 60 mètres de diamètre. La tradition populaire prétend que le diable y tenait jadis le Sabbat. On a donné au plateau le nom de Sarrazin, sans doute par un souvenir qui remonte à l'occupation du pays.