Le sol qui environne ce bourg est froid, mais riche et productif. La plaine, à l'extrémité de laquelle il est situé, présente de vastes bruyères.
Les villages et hameaux de la commune sont:
Les Aldières, village dans le vallon de Mars ;
Bagnac, village sur la rive droite de la rivière de Mars;
Baliergues, village sur la rive gauche. Il était, en 1407, à N.-Hugues de Bort-de-Pierrefitte, seigneur de Longevergne.
Berc, belle propriété près et au sud d'Anglards, appartenant à Louis de Noailles en 1517, et à Guillaume de Chaudesaigues en 1599 ; Berc est mentionné dans la charte de Clovis: « In villâ » Bertgcoloniae 2, manent servi Eodaldus et Deodatus solvunt caropera,annonmod.l, solidos 2. »
La Bastide, qui était en 1399 à Guillaume de Lasvaysses, et fut vendue en 1477 au seigneur de Monthrun par noble Gausserand de Marlhou;
Bouisses, village habité en 1788 par N.-Antoine d'Anglards ;
le Breuil, près des montagnes, sur le plateau ;
le Chambon, gros village où s'était fixé un rameau de la famille de Sartiges , par suite du mariage qui eut lieu entre N.-Aymond de Sartiges, seigneur de Lasplazes, fils de Jean, seigneur de Sourniac, et de Marie de La Garde, et Marie-Jacqueline Lafon de Montclar, fille de Pierre et de Madeleine Hébrard. Ce seigneur mourut en 1741 ; il laissa plusieurs enfants. L'aîné, Antoine de Sartiges, épousa en 1762 Anne Griffol du Chambon, fille de Jean; de ce mariage sont issus : François de Sartiges, qui a fait la guerre dans l'Inde, et vit retraité avec le grade de capitaine et la décoration de chevalier de St-Louis. Il est célibataire. Pierre de Sartiges, son frère aîné, qui a servi avec distinction en Europe et dans l'Inde; il s'était retiré dans ses propriétés et remplissait très-honorablement les fonctions de Maire d'Anglards. Sa mort a eu lieu en 1823. Marié avec Jeanne de Baron de Layac-de-Boussac, il en eut deux filles, dont l'une a porté la propriété de Montclar à M. N , son mari, qui habite le département de la Creuse. Le village de Chambon relevait de l'archiprêtré de Mauriac.
Chassières, village dans un petit vallon vers St-Bonnet, remarquable par le petit combat qui eut lieu en 1636, entre les rebelles d'Anglards et le grand prévôt d'Auvergne;
Le Cher, village sur la rivière d'Auze;
Espinassols, village.
Espradels, hameau et jolie maison de campagne au fond du vallon de Mars et au pied de la montagne qui en forme le versant méridional. C'est une des riantes habitations de cette vallée, qui l'entoure de ses verts pâturages. Espradels formait un village autrefois, Antoine Sauvage, conseiller du roi au bailliage de Salers, l'habitait; un de ses descendants, Pierre Sauvage, en jouissait en 1775. C'est aujourd'hui la propriété de M. le docteur Salsac.
Finiac, village situé sur la montagne, et très-froid. On y élève de beaux bestiaux. Sous l'administration de M. Sers, préfet du Cantal, quelques essais furent faits dans ce village pour la fabrication du fromage façon Gruyère. Une vacherie, appartenant à M. le baron de Tournemine, alimentait cette expérience. La rareté des bois a empêché que l'on y donnât suite.
Fournols, hameau , ancien fief et château sur la montagne. Pierre Chape1, damoiseau, en était seigneur, et fit hommage pour cette terre, en 1359, à N.-Raymond d'Escorailles, seigneur de Montbrun. Il donna sa fille Hélie Chapel en mariage à Durand Gros qui posséda ainsi Fournols, et fit, avec sa femme, le fief en 1599 à Guy de Montclar. Fournols fut vendu en 1121 à noble Geraud du Fayet, seigneur de la Borie, qui traita en 1425 avec le seigneur de Montclar, et reconnut son fief, comme relevant de lui. N.Jacques du Fayet fut seigneur de Fournols en 1488, et Jean, son fils, en 1529. Ce dernier épousa Suzanne de Chalus. Catherine, leur fille, porta Fournols à Léonel de Montclar, fils de Guinot, en 1570, époque où elle entra par mariage dans cette maison. Pètre Jean , fils de Léonel, fut seigneur de Fournols en 1603; il avait épousé Marguerite deChancel. La famille du Fayet posséda de nouveau Fournols, car Charles du Fayet en jouissait en 1607. Après lui vint son fils Jean, seigneur de Fournols, et marié avec Marguerite de Ribier. Léonarde du Fayet porta des droits sur ce fief à N.-Jean de Pons d'Escorailles; son fils, Louis de Pons, habitait même le château avec Léonarde,-sa mère, en 1659. En 1666 Jean de Montclar était, en partie, seigneur de Fournols avec Louis de Pons. Ce château passa dans la famille de Leseuricr, et Georges Lescurier en était seigneur en 1759. Il est, depuis peu, la propriété de M. Rolland, de Salers.
En 1560 le château comprenait une tour carrée et une tour ronde sur le derrière, avec un escalier à vis. Il consiste aujourd'hui dans une tour ronde et dans un corps de logis renfermant de belles caves. On y remarque des meurtrières et des vestiges d'anciennes constructions.
Haut-Bagnac, village qui a appartenu en 1368 à Béatrix de Montclar, et pour laquel elle fit son fief au seigneur d'Apchon. Il provenait en partie de N.-Hugues de Guillen, damoiseau, et d'Etienne d'Escorailles. M. d'Orcet, receveur des tailles à Mauriac, y avait une belle propriété en 1769. Invaleix, hameau; Joncoux, village situé dans la montagne près de Finiac. Il a donné son nom à une famille bourgeoise, ancienne, nombreuse et distinguée dans la robe aux XVI° et XVII° siècles. François de Joncoux fut bailli de Salers en 1608; il avait été ennobli et fait gentilhomme du roi à cause de ses services; Marguerite de Joncoux jouit d'une certaine réputation à la fin du WVII° siècle, comme auteur de quelques ouvrages relatifs au jansénisme. Elle connaissait très-bien la langue latine. Georges Lescurier acheta en 1759, de Jean de Chabannes, marquis d'Apchon, le fief de Joncoux, et le bois de Chavanelles qui provenait du baron de Salers, comme cédé à ses ancêtres.
Longevergnc, château sur la rive droite de la rivière de Mars et dans le vallon. Cette seigneurie remonte au XIII° siècle, et appartenait en premier lieu à une famille de ce nom.
Aubert de Longevergne , seigneur du dit lieu, damoiseau, vivait en 1228. Autre Albert ou Aubert, qui dut lui succéder, avait épousé Huguette de Lajarrige. En 1275 il fit son hommage à l'évêque de Clermont, qui se trouvait alors à St-Martin-Valmeroux. Il vivait encore en 1344. La terre de Longevergne passa, quelque temps après, dans la maison de Bort. Hugues de Bort-de-Pierrefitte, qui avait des propriétés près de la ville de Bort, au gué du Saut-de-la-Saule, et qui était capitaine du château de Claviers, acquit, par mariage ou autrement, la seigneurie de Longevergne, dont le chef-lieu se trouvait près de Claviers. Il la possédait en 1409, et la laissa à l'un de ses enfants, Georges de Bort, qui fit hommage, pour loi et pour Bertrand, son frère, au comte de Boulogne, baron de Claviers. Ce Bertrand s'en alla résider à Monton , près de Veyre, en Limagne. Georges avait épousé Claude de Beauvoir ou Belvezer, sœur d'Antoine, seigneur du Monteil; il en eut un fils nommé Geraud, qui mourut célibataire, et une fille du nom de Lucques de Bort. Claude de Beauvoir testa en 1482 et Georges en 1499.
Lucques de Bort, dame de Longevergne , épousa, en 1493, N.-Bertrand d'Anglards, damoiseau, seigneur de St-Victour, de Soubrevèze et de Vède, près de Marlat. De ses deux filles, l'une Jeanne d'Anglards, s'unit en 1512 à N.-Guinotde Montclar. La seconde, Françoise d'Anglards, entra dans la maison de Diennc en 1523, par son alliance avec N.-Charles de Dienne, seigneur deChavagnac. Lucques de Bort testa en 1559 au profit de son neveu , Jacques d'Anglards, seigneur de StVictour , et en partie de Longevergne. Les héritiers de Guinot restèrent seuls propriétaires de la terre. Le château semble dater de la fin du XV° siècle. Il y avait une chapelle dès l'année 1623; elle a été restaurée depuis peu, ainsi que le château; des tours rondes le décorent, et de jolies plantations l'entourent et en embellissent la vue. Longevergne a été vendu par les héritiers de la maison de Montclar, et appartient actuellement à M. l'abbé Lavergne, ancien curé de Maintenon.
Maleprade , village voisin de Longevergne; le Meynial, petit château et belle propriété près et au sud d'Anglards, appartenant à la famille Lescurier; Mainterolles, ancien village sur un terrain assez fertile, indiqué dans la charte de Clovis par ces mots: « In villa Maintairola coloniœ 3, manent servi, Girbaudus, Hatto, Bovo solvunt caropera, annon. mod. 3, avenae mod. 1, vaccam pinguem, solidos 2. » En 1396 N.-Geraud de Bondon était seigneur deMainterolles, du moulin d'Auze,etc. Le seigneur de Tissonières en jouissait en 1543. La famille du Fayet-de-La-Tour l'a possédé avant 1789.
Montclar, village où l'on voit les vestiges d'un ancien-château qui a donné son nom à l'une des familles les plus distinguées de la Haute-Auvergne. Il domine le vallon de Mars et présente des points de vue remarquables sur ce vallon. Les coteaux qui le bordent à l'aspect du nord sont, en cet endroit, couverts de bois et d'épais taillis. Des roches trachytiques, parsemées çà et là , s'élèvent en pyramides grandioses, forment des festons bizarres, affectent mille aspects divers, entre autres celui de tours ou de castels en ruines, ce qui imprime à toute la côte un caractère sombre et sauvage.
Une tradition existe qui donnerait au château de Montclar une haute antiquité. On rapporte qu'à l'époque où le christianisme s'établit dans les montagnes de la Haute-Auvergne, le temple de Mercure érigé à Mauriac fut démoli pour faire place à la première église chrétienne du pays. La statue du dieu était en vermeil, enrichie de pierreries; les idolâtres, dit-on, la recueillirent secrètement et la portèrent dans un château voisin de Montclar. Elle en fut retirée plus tard et fondue pour faire des vases sacrés. Le fait dont il est question se rapporterait au commencement du XV°e siècle.
Une note, prise à la bibliothèque royale, établit que Durand de Montclar transigea en 942 avec Guillaume de Fontanges. Le château, en 1105, était placé sous la protection de Notre-Dame.
En 1109 Astorg de Montclar figure parmi les seigneurs qui arrêtèrent le doyen de Mauriac à cause de ses cruautés envers le chapelain. On trouve ensuite Guillaume de Montclar en 1140; Rigal en 1171; Hugues en 1203; Eymery , qui était mort en 1264, et Bernard, marié à Aygline de Bort-de-Pierrefitte. Ce Bernard eut deux fils, savoir : Rigal de Montclar, seigneur dudit lieu de Chambres et autres lieux, et Maurinot, qui forma la branche-cadette.
Rigal de Montçlair ou Montclar, l’aîné, laissa plusieurs enfants, parmi lesquels Eblon, seigneur de Montclar en partie.
A Eblon succéda Eymery de Montclar. Celui-ci n'eut qu'une fille nommée Gaillarde, qui épousa, en 1362, N.-Hélis de Noailles. Elle avait eu pour premier mari Aymar, seigneur de Barmont, de Montclar et de Chambres par sa femme. En elle finit la branche aînée des Montclar.
Maurinot, chef de la branche cadette, se maria avec Antoinette de St-Maixent, et devint père de Pierre de Montclar, qui épousa, en 1293, Almodie de Valette, fille de Hugues. Cet Hugues fut abbé de Valette, et donna tous ses biens à l'abbaye de ce nom. Marguerite de Montclar, fille de Pierre, s'unit à Pierre de Thinières. Nicolas, son frère, se maria avec l'héritière de Montpensier et de Grezen. Astorg, l'ainé , continua la ligne. Il mourut en 1365. De ses cinq enfants, Bertrand de Montclar, son successeur, épousa, en 1362, Marguerite d'Escorailles, fille de Bégon, seigneur de Monthrun, et qui lui apporta en dot cette dernière terre.
Guy de Montclar , fils de Bernard, était étroitement lié avec Bertrand de La Tour, comte d'Auvergne; aussi fut-il chargé par lui, en 1410, de lui emmener à Savènes toute la noblesse qu'il pourrait réunir. (Pour la suite et la généalogie, voyez Méallet.)
La terre de Montclar resta donc, en partie, sous le titre de marquisat dans la maison de Noailles, et passa, en partie, sous le titre de baronnie dans les familles de Vigier, de La Ronade et d'Anglards.
Le château était une forteresse eh 1307. Cette forteresse prit de l'importance pendant le XIV° siècle. En 1362, époque de l'invasion des Anglais, qui dévastaient l'Auvergne, Astorg de Montclar et Guillaume Bardet, capitaine et conservateur pour Hélis de Noailles des terres de Montclar et de Chambres, traitèrent, pour la garde du fort de Montclar, récemment fortifié par Peyre La Salle, d'Anglards, au prix de 25 florins d'or. On plaida à Crévecœur pour le paiement de cette somme, et il fut décidé, par l'arbitrage de N.-Hugues de Claviers, que les tour, repaire et murs de défense seraient entretenus à frais communs avec N. de Noailles, mais que l'hôtel, qui en était proche, le serait au compte du seigneur de Montclar seul.
En 1467 N.-Jean de Noailles, seigneur de Chambres, Chalviniac et Montclar; Guillaume de Montclar, seigneur de Monthrun, et Bernard, comptor de, Giou, traitèrent avec un ouvrier pour le rétablissement de la grosse tour. Elle devait avoir quatre étages de dix pieds chacun d’élévation, et être rebâtie sur l'emplacement où existait la motte de l'ancien château. Le comptor de Giou était jadis seigneur de Montclar en partie, et ses droits passèrent à Léonne, femme de Pierre de la Rochebriant; Bernard, comptor, aïeul de Léonne, avait acquis ses droits sur Montclar par échange avec Chateauneuf, près Riom; il paraissait ici avec les autres seigneurs au nom du seigneur de Valens. En 1600 Guy de Montclar était propriétaire de la motte, tour et repaire de Montclar, mais tenu d'Henri de Noailles, baron de Chambres. En 1598 il reçut, dans la forteresse, l'hommage de N.-Bertrand de Méchin, seigneur de Romananges.
Le marquisat de Montclar, ainsi titré, fut joui quelque temps avant 1714 par Armand du Plessis, duc de Fronzac, et en 1715 parla dame de Si-Projet. En 1769 Jean-André de La Ronade était seigneur en partie par acquisition du château de Montclar; l'autre partie appartenait à la famille de Noailles.
Au XVI° siècle les seigneurs de Montclar servaient le roi avec quatre chevaux et hommes d'armes.
Le moulin d'Auze, hameau;
Le moulin du Fustier, hameau;
Le moulin du Milieu, hameau. Noutz, village près de Finiac;
Nuzerolles, village bien situé;
Le Peil, village;
Puechpany , village dans le haut du vallon de Mars. Georges de Bort était seigneur de Puechpany en 1464. Cette terre appartint ensuite à la famille de Valens, et passa par alliance à celle de Brugier du Rochain. Elle fut quelque temps habitée par un rameau de la famille de Tournemire,qui a perpétué ce nom distingué dans l'histoire d'Auvergne. Gabriel de Tournemire avait épousé Catherine Deydier dé Puechpany. De ce mariage naquit Pierre, seigneur de Vossieux, qui alla se fixer à la Chaud, près de Tourniac. (Voyez Tourniac.)
Pons, village dans la gorge, vis-à-vis du château de Monthrun; Pradelles, très près du précédent et à mi-coteau;
Remonteil, hameau;
Sacreste, village sur la rivière d'Auze non loin de Berc. Des soldats de l'armée du duc de Joyeuse, passant à Sacreste en 1586, pillèrent le village, tuèrent deux hommes et en blessèrent plusieurs.
Serre, village du côté de Salins;
Vergne-Chabaud, hameau dans le vallon de Mars, et qui a long-temps appartenu à la famille de Montclar;
Viouroux , village dans les bois;
Voleyrac, village près de Pons, et dont était seigneur LouisAntoine de La Ronade, lieutenant-général au bailliage de Salers en 1769.
Le village de Mortagne, près de Nuzerolles, existait en 1657. En 1517 on voyait celui de Chavialle entre Valens, le Breuil et Fialeix. Ces deux villages n'existent plus.
On aperçoit encore , dans la commune d'Anglards, les vestiges à peine reconnaissantes du château de Segret-, dont l'emplacement fut donné (car il était déjà ruiné) par Berthou de Finiac à Nicolas de Salez , chevalier. Il y avait une famille du nom de Segret. Astorg de Segret, qui servait le roi dans ses armées, et son fils, Etienne Segret, firent hommage à N. Guy de Salers pour ce qu'ils possédaient à Chasternal. Etienne habitait Navaste en 1357. La montagne de Segret, aujourd'hui pacage, et où se trouvait le château appartenait en 1651 A Constance de Richard, veuve de N.-Gabricl de Velian, seigneur des Bordes, et à N". de Ribier, seigneur de Lavaur et de Chavaniac.
Il paraît qu'il existait un ancien village où des habitations dans la montagne dite de Comores, aujourd'hui propriété de la famille de Mazeirolles. La charte de Clovis l'indique en ces termes: « In villa Combru colonia, manet servus Astrebaldus, solvit annon. mod. 1, denarios 12. »
On remarque enfin, non sans quelque surprise, le rocher de Mal-Sarte (.MatusSaltus), qui supportait les ruines d'un château fort et celles d'une chapelle dédiée à saint Eloi. Un autel de cette chapelle existe encore, et il est l'objet d'une dévotion particulière; on y porte les enfants qui ne peuvent pas marcher, on les place religieusement sur cet autel, et l'on cite plusieurs guérisons obtenues à la suite de cet acte de piété.
C'est peut-être à Mal-Sarte que fut cachée la statue de Mercure, enlevée du temple de Mauriac lors de l'établissement du christianisme dans ce lieu.
Les habitants de la commune d'Anglards sont d'un beau sang, et les hommes d'une vigueur athlétique. Leur caractère est un peu vif, mais rempli de bonnes qualités. C'est une énergique variété de la race auvergnate.