Jean-Baptiste de Ribier est né le 16 avril 1779 au château de Layre à Saignes (Cantal) au foyer de Jean-François de Ribier, seigneur de Layre, et de Catherine de Fontanges.
Eléments biographiques
Le 31 décembre 1787, il devient élève du Roi à l’école royale militaire d’Effiat (Puy de Dôme) dont l'élève le plus illustre fut le général Desaix. Cependant il renoncera à la carrière militaire à la fermeture de l’école en 1792. De retour dans sa famille, il est contraint, faute de revenus suffisants, d’intégrer l’administration des contributions indirectes où il restera deux ans
En 1807, il quitte Cheyssac, hameau de Vebret (Cantal), pour aller chercher un oncle ayant subitement perdu la vue à Maastrich. C’est sans doute pour occuper le temps pendant ce long voyage qu’il rédigea un manuscrit De Cheyssac à Maastrich, ouvrage d’une centaine de pages qui ne sera imprimé qu’en 1999, annoté par l’un de ses arrière-neveux, Dominique Larcena (Editions Gerbert, Aurillac). Ce récit des péripéties de son voyage est composé de trois parties correspondant aux trois grandes étapes, d’abord de Bort à Paris, puis de Paris à Bruxelles et enfin de Bruxelles à Maastrich, alors chef-lieu du département de la Meuse-Inférieure, ancien département français créé en 1795 puis supprimé en 1814 à la chute du Premier Empire.
Deux ans plus tard, le 22 août 1809, Jean-Baptiste de Ribier épouse Marie-Charlotte de Chalus, fille de Jean-François et de Marie-Anne de Chalus, héritière du Châtelet, à Montfouilloux, hameau d'Ydes (Cantal). C’est à partir de ce moment-là qu’il accola à son nom celui de "du Chatelet". Un jugement post-mortem du 27 novembre 1875 du Tribunal de première instance de Mauriac confirmera l’orthographe de son nom en Jean-baptiste de Ribier Du Châtelet. Grâce à ce mariage qui lui assure quelques revenus, il va pouvoir se consacrer à ses deux passions, l’histoire et l’archéologie.
Archéologue et historien
Son épouse décède prématurément le 9 décembre 1814 lui laissant trois enfants, Jean-François-Ernest de Ribier, né le 4 octobre 1810, Antoine, dit Félix de Ribier, né le 12 mars 1812 et Marie-Magdeleine, dite Zélie de Ribier, née le 27 juin 1813.
Est-ce pour combler le vide laissé par la disparition de son épouse ? Toujours est-il qu’à partir de ce moment-là, Jean-Baptiste de Ribier du Châtelet se transforme en un explorateur insatiable et infatigable parcourant inlassablement le département d’un bout à l’autre et accumulant un nombre de notes incalculable. Parallèlement, il occupe les fonctions de maire d'Ydes de 1815 à 1826.
Ses premiers travaux le conduisent dans la vallée de la Sumène, les résultats sont consignés dans plusieurs mémoires de la Société des Antiquaires de France, instance de notoriété internationale, dont il est le correspondant pour la région. La chance est avec lui car, dès le début, ses recherches s’avèrent fructueuses, d’abord avec la découverte, en 1818, d’une première source à La Prade près de Saignes à laquelle il donnera son nom, la source de Ribier, puis des sources de la Jarriges (aujourd’hui, les sources d’Ydes) entre 1819 et 1825. En 1827, il découvre de nombreux témoignages de l’existence de bains gallo-romains à Ydes, dont une lionne-fontaine déposée dans la cour du château de Val (Lanobre, Cantal). (Source : Les lionne-fontaines en Auvergne, article de Marie-Noëlle Bedhomme in Revue archéologique du Centre de la France Année 1975 14-3-4 pp. 203-212).
En 1824, il publie la somme inouïe d’informations recueillies sur les communes du Cantal sous le titre de Dictionnaire Statistique du Cantal, sorte d’ébauche en un volume de ce qui sera l’œuvre de sa vie, le futur Dictionnaire Statistique du Cantal en 5 volumes à laquelle il consacra les vingt dernière années de sa vie.
Hélas, Jean-Baptiste De Ribier du Châtelet meurt à l’âge de 65 ans, le 3 décembre 1844, laissant son œuvre inachevée. Ce sont les membres de "l'Association cantalienne" créée à son initiative en 1838 qui assureront l'édition des cinq volumes du Dictionnaire Statistique du Cantal, corrigés et augmentés de leurs propres notes et compléments. Les cinq volumes publiés de 1852 à 1861 se répartissent ainsi :
- Tome I : ALL-CAN
- Tome II : CAN
- Tome III : CAP-LAS
- Tome IV : LAS-PAU
- Tome V : PAU-YTR
Les tomes II, III et IV sont consultables sur Google Books.
Nécrologie parue en 1844 dans les Tablettes historiques de l’Auvergne, Tome 5,
témoignant de la notoriété de M. de Ribier du Châtelet au-delà du Cantal
Le Dictionnaire statistique du Cantal en héritage
L’aventure du Dictionnaire Statistique du Cantal est évoquée par les rédacteurs dans le chapitre consacré à la commune d'Ydes dans le tome V, ainsi peut-on y lire ces lignes en forme d’hommage :
« Nous ne voulons pas nous éloigner du Châtelet avant d'avoir acquitté une dette de reconnaissance, avant d'avoir rendu un hommage public à la mémoire de l'homme de bien et de savoir sur les traces duquel nous nous sommes efforcé de marcher. C'est, en effet, dans cette noble demeure que M. de Ribier du Châtelet, animé d'un ardent amour pour son pays, conçut, entreprit et exécuta le louable mais difficile projet de publier un Dictionnaire statistique et historique des communes du Cantal. Nous l'avons vu à l'œuvre ; nous savons que doué d'une volonté forte, d'une ardeur sans égale, nul obstacle n'aurait pu le détourner du but qu'il s'était proposé. Courses multipliées souvent coûteuses, toujours fatigantes, difficultés sans nombre, déceptions imprévues, travail opiniâtre, rien ne le rebutait ; tout cela semblait au contraire augmenter son zèle au lieu de le ralentir.
Une première édition, imprimée en 1824. bien qu'incomplète, fut déjà un service rendu au pays, non seulement à cause des précieux renseignements consignés dans ce livre, mais à cause de l'impulsion que l'exemple donné par l'auteur imprima aux études relatives à notre histoire locale. C'est depuis cette époque, en effet, que d'autres érudits firent paraître dans l'Annuaire du Cantal, édité par Picut, des notices historiques et des légendes remplies d'intérêt.
M. de Ribier, lui-même, encouragé par un premier succès, aiguillonné du désir de faire mieux, stimulé d'ailleurs par les personnes désireuses de s'instruire du passé de la Haute-Auvergne, M. de Ribier, disons-nous, se remit à l'œuvre avec une nouvelle ardeur, compulsant les archives publiques et privées, fouillant dans les vieilles ruines, remuant les vestiges d'antiquités celtiques, gallo-romaines et du moyen-âge avec un courage, une persévérance dignes d'éloges. C'est en opérant de la sorte que M. de Ribier amassa ce riche trésor d'érudition que renferme son dernier manuscrit.
Il touchait enfin au terme de la tache qu'il s'était imposée; il s'apprêtait à recueillir le fruit de son labeur; mais Dieu, dont les décrets sont impénétrables, ne lui permit pas d'en jouir; usé par le travail, M. de Ribier descendit dans la tombe le 5 décembre 1844 avant d'avoir pu faire paraître l'ouvrage auquel il avait consacré une grande partie de son existence, et qui est un véritable monument élevé à toutes les illustrations de la Haute-Auvergne.
Fort heureusement, les hommes de cœur et de dévouement n'ont jamais fait défaut dans notre patrie ; le noble exemple donné par le défunt, le respect attaché à sa mémoire, l'utilité reconnue du Dictionnaire faisaient le sujet des préoccupations de tous ceux qui avaient pu apprécier le mérite de l'auteur et la valeur de son œuvre. Il n'en fallut pas davantage pour amener la formation de l'association cantalienne sous les auspices de laquelle la publication se poursuit. »
En guise de conclusion :
Contredisant les conclusions du Docteur Louis De Ribier parues en 1936 dans la Revue de Haute Auvergne, page 345 et suivantes "Le Dictionnaire du Cantal, son auteur et ses collaborateurs posthumes 1824 - 1862", Dominique Larcena, arrière-petit neveu de Jean-Baptiste de Ribier du Châtelet, a remis en question l'aspect inachevé du Dictionnaire Statistique du Cantal à la mort de son auteur dans un texte publié dans la revue "A moi l'Auvergne", n° 121, 3e trimestre 200.
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DTF
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