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Le Stade Aurillacois plus près de nous

Le Stade Aurillacois fut fondé en 1904. Son effectif était, alors, composé des militaires du 139e R.I. et des joueurs du Lycée Emile-Duclaux.

Puis il y eu une période de mise en sommeil en raison de la première guerre mondiale ou de nombreux joueurs perdirent la vie. En 1932 le club évolue en Honneur, en 1933 en Excellence.

Après la seconde guerre mondiale le club évolura longtemps en division 1, avec seulement deux saisons en division 2 (1949 & 1955).

Depuis cette année là (1955) le club n'a quasiment jamais quitté la première division (groupe B, groupe A1, Elite, Pro D2, avec un passage en Fédérale 1 saion 2006/2007. Il évolue actuellement (saison 2017/2018) dans le championnat de France Professionnel "Pro D2"

Le Stade Aurillacois à son aurore

A travers la presse locale (de 1904 à 1907)

StadeA

stade1933

Match Aurillac-Villefranche

à Tronquières

L'Equipe de 1933 

La belle Epoque !

Ce siècle avait quatre ans. Aurillac 16000 habitants. La « Belle époque » durait encore. Les bords de la route de Tulle, devenue avenue de la République, présentaient de nombreuses lacunes verdoyantes. A deux pas du Viaduc, commençait déjà la campagne.

C’était un long voyage, les après-midi torrides de courses de chevaux, d’aller à l’hippodrome où se pressait la foule, malgré la poussière du chemin soulevée par les voitures rapides.

On se préparait à goudronner le tour du Square, autour duquel un arrêté du maire interdisait formellement « aux automobiles, motocycles et vélocipèdes, de circuler, ainsi que sur l’avenue de la République et l’avenue Gambetta, pour y faire parade ou entraînement ».

Les gosses jouaient aux billes ou à ringuette au milieu des rues, dont le macadam finissait de remplacer le pavé moyenâgeux. Le fouet des camionneurs suffisait à peine à les chasser, après des prises de bec homériques. On proposait d’organiser, dans les écoles, des leçons sur l’avenir de l’automobile, et l’urgence d’inculquer à la jeunesse le respect dû aux conducteurs, vêtus de peaux de bête, que lapidait la gent puérile aveugle.

L’heure sonnait des « machines volantes ». M. Diégo « mécanicien bien connu à Aurillac », s’apprêtait à monter, « d’après des plans dressés par lui, un engin établi sur le principe du plus lourd que l’air. Il tient en même temps de l’hélicoptère et de l’aéroplane. Il est destiné par son constructeur à prendre part au concours d’aviation organisé par l’Aéro-Club de Paris, concours auquel M. Santos-Dumont s’est déjà fait inscrire. Le modèle réduit fonctionne à merveille. Dans la machine destinée au concours, un moteur à explosion donnera la force nécessaire au fonctionnement des hélices et des élytres ».

Les premiers autobus Purrey allaient apparaître sur nos routes tourmentées. Le Préfet autorisait la « Société de Traction automobile du Plateau Central » à faire circuler dans le Cantal des trains routiers à vapeur ou à pétrole, « système Scotte ou de Dion Bouton ». La municipalité discutait de l’installation de tramways !

Pour Saint-Urbain « l’Athéneum Théâtre » faisait salle comble avec les « exercices de la femme volante, le cinématographe, et les scènes si curieuses de la « Vie du Christ et le Diable au Couvent ». Commerciale opposition, variété rentable, au temps de la séparation combiste entre l’Eglise et l’État, lorsque les passions exacerbées mettaient sur les dents notre police, et décoiffaient de son képi provoquant l’agent Nugou, coupable de l’avoir gardé sur la tête, le jour de l’inventaire tumultueux à l’église Saint-Géraud.
Les ouvriers se groupaient en syndicats. La Bourse du Travail était créée. La propagande socialiste s’infiltrait, sans grand succès, dans l’organisation corporative, car les notables radicaux et anti-cléricaux régnants suffisaient à un prolétariat clairsemé et inéduqué, doutant de ses moyens pour gérer les affaires publiques.

Mon père gagnait 8 sous de l’heure, comme tailleur de pierre, chez Moussié. Il travaillait 60 à 72 heures par semaine, sans allocations familiales, sécurité sociale, ni salaire unique. Et ma mère faisait des filets de pêche, des lessives et des ménages… Et je naissais, le 22 Septembre 1904, au pré Mongeal, bercé par le bruit des chevaux de l’entreprise Lagarde : on me pardonnera de ne pas oublier cet important événement !


Muscles… coursiers et coureurs


La race chevaline était à l’honneur à Aurillac, depuis longtemps. Notre champ de course fut un de premiers en France. Napoléon aimait son cheval « Cantal », don on admire le portrait au musée de peinture. Il n’est pas beau, avec son dos ensellé, sa tête massive, ses pattes grossières. Les armées impériales venaient pourtant se monter chez nous, appréciant la robustesse, la sobriété, l’endurance de bêtes aux qualités auvergnates, analogues à celles de leurs maîtres. Mais on savait aussi élever des animaux plus fins : le cirque Bureau renouvelait jadis sa cavalerie non loin de la ville.

Le sport hippique est donc le doyen des sports locaux. Les courses de chevaux sont les plus vieilles manifestations sportives de masse. Certes, le jeu de paume, ancêtre du tennis, les courses à pied… et le billard, remontent plus loin dans le passé. On courait sur le Gravier, les jours de fêtes révolutionnaires. On montait au mât de cocagne. On tentait sa chance au beaupré, sur la Jordanne.

En 1900, Félix Garric, d’Arpajon, connu dans le monde du sport sous le nom de Jack, disputait, au Parc des Princes, l’épreuve pédestre des six heures : il se classait 6è sur 44 participants, battant Hurst, champion anglais, Ermollé, l’Italien. En 1909, il enlevait à Colombes le record français des 100 kilomètres, en 9 heures 16 minutes, et aurait battu le record du monde tenu par un anglais depuis 1884, en 8 heures 41 secondes, si de « malencontreuses crampes ne l’avaient pas saisi en cours de route ». Le 14 juillet de la même année, Jack bouclait huit fois le tour du Square – Avenue de la République –Gare- Avenue Milhaud – Rue des Carmes, soit 18 kilomètres, en 67 minutes, à la vitesse moyenne de 16 km à l’heure, arrivant « sans fatigue apparente et transpirant à peine ».

Mais la « petite reine » tenait le haut du pavé. Le Vélo-Montagnard, depuis la fin du siècle dernier, organisait des sorties d’amateurs à distance réduite (on rentrait souvent par le train !) des épreuves vélocipédiques, des courses multiformes. M. Brassat « le jeune », coureur aurillacois, lance un défi à M. Louis Dumas, de Mauriac, sur une distance de 160 kilomètres . « Ce match se ferait avec entraîneur, et le parcours s’établirait de Mauriac à Vic-sur-Cère et retour ». Enjeu : 100 francs. Le coureur Weber tentait de couvrir, en 18 minutes , et sans entraîneur, la distance de 11 km qui sépare Sansac d’Aurillac. « Gêné par un vent très violent, il ne pouvait mieux faire que 19 minutes » (34 km à l’heure). Sur le cours d’Angoulême, coureurs à pied, cyclistes (dont Ortègues, « vainqueur de la course Turin – Marseille – Barcelone, 1 100 km en 11 jours, en 1895 ») et cavaliers, luttaient de concert. Et la route de Vic voyait les « emballages » (on ne disait pas encore sprints !) des futures étoiles, que ne gênaient pas l’intensité de la circulation automobile.
L’auto connaissait pourtant ses compétitions. En 1906, lors de la grande « Coupe d’Auvergne, course de tourisme autant que de vitesse », de Clermont-Ferrand au Mont-Dore par Vichy, Thiers, Le Puy, Saint-Flour, Aurillac, Murat, Issoire, notre compatriote Fraignac arrivait 14è, effectuant les 1 000 kilomètres en 24 h 24 mn 41 s (40 km de moyenne). Il pilotait « l’excellente Cottin-Desgouttes, mais perdait un temps précieux par suite de pannes de pneus ».
Le premier, Rigoly, sur « Gobron 60 chevaux, munie de pneumatiques le Gaulois, fabriqués à Clermont par l’usine Bergougnan », enlevait l’épreuve en 17 h 19 mn 35 s (55 à l’heure !)

Au premier meeting d’aviation, à l’Hippodrome, l’appareil décolla difficilement et parcourut la longueur du terrain. Exploit prodigieux ! Et nous sommes aujourd’hui proches de la Lune !
« L’Aurillacoise » pratiquait le tir au fusil de guerre, préparant la « Revanche » contre le Germain. « L’Athletic-Club Amical » boxait et jouait du fleuret. En 1902, on offrait à M. Grimal, président du Vélo-Club, à l’occasion de son départ, « un magnifique objet d’art intitulé « le Rebelle ». Cette œuvre qui représente d’ailleurs excellemment la devise de cette association est magnifiquement traitée. C’est le buste d’un nègre bon teint et bien musclé, fièrement campé derrière son bouclier ; les yeux lancent des éclairs, les lèvres accusent une énergie farouche assaisonnée de pas mal de dédain (…) Le bras droit, vigoureusement ramené sur la poitrine, traduit bien le refus formel de se soumettre ».

Muscle, éclair des yeux, énergie farouche, dédain, indépendances : qualités essentielles et éternelles des sportifs de toute discipline. Avec un nègre comme modèle ! Allons ! le racisme n’est pas le fait des « gooudots » !
« La Cantalienne », enfin se constituait au mois d’Octobre 1903.

Le Sport, facteur d’union féconde

Du 19 mai 1907 au 9 février 1908, parut, à Clemont-Ferrand, sous la direction de Félix Ronserail, « L’Auvergne Sportive » hebdomadaire illustré qui réserva quelques lignes, dans quatre de ses numéros fugitifs, aux activités cantaliennes. Curieux journal, contraint, pour boucler ses colonnes de conserver le lecteur, d’analyser les événements politiques, de parler tourisme, chasse et pêche, médecine, célébrant entre autre, ce qui me réjouit, les vertus curatives du pissenlit printanier.
Il écrivait, le 23 juin 1907 :
« La population laborieuse du Cantal a été longtemps réfractaire à l’idée féconde d’union et d’association, parce qu’elle s’attache d’une façon trop exclusive à l’effort individuel. Tandis qu’en d’autres villes se développaient à qui mieux mieux de nombreuses sociétés groupant les efforts, réunissant de précieux faisceaux de bonnes volontés, à Aurillac, par contre , les groupements étaient éphémères, et les sociétés, péniblement constituées, cédaient vite à l’influence néfaste des oppositions d’intérêts, de petits calculs et de mesquines jalousies.
Il appartenait à l’idée sportive de vaincre toutes les difficultés, de triompher de tous les obstacles. Et en effet, depuis quelques années, dans le Cantal, des sociétés de sports ont été fondées qui semblent de la plus heureuse venue. »

Parmi elles, le Stade Aurillacois, auquel nous arrivons, après avoir, rapidement, brossé le tableau de l’ambiance. Mais un mot, tout d’abord, sur le rugby scolaire, ce précurseur trop ignoré.
Ici, comme ailleurs, les écoliers ont introduit le ballon ovale parmi la population civile, aidé par les militaires. Depuis 4 ou 5 ans, nos lycéens le faisaient voltiger dans les cours, au dam des vitres de l’établissement, vus d’un mauvais œil, à l’origine, par le proviseur et censeur graves, porteurs quotidiens de queue de morue et haut de forme. Ils se dépensaient, en revanche, les jours de sortie, à l’Hippodrome et sur les « camps » de Dône.

Puis, l’équipe des « Francs-Joueurs » vit le jour, avec ses membres honoraires. Henri Mondor en fit partie. Le collège de Saint-Flour et celui de Mauriac suivirent l’exemple du chef-lieu.


Les potaches de l’Avant-Garde

Au cours de l’hiver 1903-1904, nos jeunes téméraires, selon le terme alors usité, « provoquèrent » leurs camarades de « l’Athlétic-Union » de Rodez. Le match, fixé primitivement au 11 février, fut retardé par le mauvais temps. Il « se courut » (encore un mot à la mode), le 3 mars, à l’hippodrome. Arrêtons-nous un instant : c’est une date mémorable : celle du premier match de rugby disputé à Aurillac.

« Le Journal du Cantal » du 8 mars regrette que le temps maussade « ait empêché nombre de nos concitoyens d’assister à ce spectacle absolument nouveau pour notre ville. A première impression, écrit son rédacteur novice, l’équipe de Rodez donnait l’intuition(sic) d’être mieux entraînée et plus homogène. Les mêlées et les passes leur étaient plus favorables. Celle d’Aurillac, plus jeune et encore peu habituée à ces luttes si passionnantes, s’est contentée de se tenir sur une prudente et parfois difficile défensive. Presque constamment, Rodez jouait sur les 22 mètres Aurillacois. En somme, le résultat n’est pas humiliant pour nos lycéens. Rodez n’est demeuré vainqueur que par 2 essais(6 points). La partie était arbitrée par M. Fritz, membre de la Société des Etudiants de Toulouse » .

La composition des équipes est donnée. Le capitaine d’Aurillac est Avinen. Equipiers, incomplets, sans indication de poste : Semeteys, Vincent, Boutonnet, Conthe, Lassus, Lamouroux, Rouchet, Queille, Réveilhac, Verdier, Besson, Verniols. Certains de ces joueurs feront les beaux jours du Stade. « Prochainement, poursuivait le chroniqueur, nous aurons le match Aurillac contre Mauriac, Clermont contre Aurillac. Nous souhaitons un temps plus propice à ces réunions qui ne manqueront pas d’attirer une assistance nombreuse, désireuse d’applaudir nos vaillants athlètes du lycée ».

Mais un compte rendu plus détaillé, émanant des Francs-Joueurs, que le proviseur communique à la presse, rend un son de cloche différent. La rubrique sportive montre, dès son aurore, le bout de l’oreille d’une partiale diversité. Fritz devient Furts : simple coquille. Certes, « l’équipe ruthénoise est plus lourde, elle semble prendre l’avantage », mais « les bons arrêts d’Aurillac se multiplient et rendent vains les efforts de leurs adversaires ». Sur une passe du demi, un trois-quarts ruthénois part-il « à toute vitesse », il est « immédiatement jeté à terre par le demi aurillacois. Et Rodez a beau multiplier les charges, elles restent sans succès jusqu’à la mi-temps.

« A la reprise, les avants ruthénois, driblant avec cohésion, se précipitent sur la ligne adverse, ils se voient arrêtés, malgré leur vitesse, et Aurillac, par un vigoureux coup de pied, dégage son but ». Rodez marquera 2 essais, dont on passe sous silence le développement, mais les Ruthénois « seront vivement ramenés dans leur camp ».

Arrivés le matin à 9 heures, les lycéens rouergats sont reconduits à la gare à 6 heures du soir, aux cris poussés par les Francs-Joueurs : Vive Rodez ! A bientôt la revanche ! L’excellent artiste Fonfreide, alors professeur de dessin au Lycée, croquait les joueurs des deux camps.
Le 17 avril avait lieu, à l’Hippodrome, un match opposant nos scolaires à ceux de l’Etoile mauriacoise, écrasée par 39 points à 0. « Les Francs-Joueurs on reçu de leçons ; ils ont montré qu’ils avaient su en profiter. Ce qui manque aux Mauriacois, c’est un peu la science du jeu, et surtout l’entraînement suivi et régulier. Les joueurs d’Aurillac ont la force et l’agilité qui en fait une bonne équipe ».
Arrière : Arthur Besson.
Trois-quarts : Reveilhac, Alexis Besson, Semeteys, Verniols.
Demis : Quenille, Weber.
Avants : Avinin (capitaine), Rocher, Fournier Vincent, Saint-Paul, Fayet, Lassus ? Verdier, Gabriel.

L’année suivante, en 1905, alors qu’aucun match civil ne s’est encore joué dans notre ville, le 9 avril, contre « l’Union Sportive » du collège de Saint-Flour, le 7 mais contre « l’Iris » du Lycée de Clermont-Ferrand, les Francs-Joueurs sont encore victorieux. Des repas fraternels succèdent aux affrontements. L’adversaire est reconduit à la gare avec accompagnement de vivats, de rires et de chansons.

Des comptes rendus de presse témoignent des progrès parallèles réalisés par les journalistes, chevronnés ou en herbe. Le vocabulaire s’est enrichi, les tournures, que le temps a rendues familières, apparaissent. Et aussi la louange aux « idoles » qui grise, et fausse trop souvent l’esprit du jeu collectif.

FORMONS DES ESPRITS ET DES CORPS BIEN EQUILIBRES
DES CITOYENS PREPARES DE BONS REPUBLICAINS !
SOUTENONS LE COMMERCE LOCAL !

Dans le courant du mois de mai 1904, la presse nous apprend que « quelques jeunes gens viennent d’avoir l’heureuse idée de constituer une équipe de foot-ball rugby. Les parties se jouent à l’Hippodrome ». Mais il faut attendre le 8 septembre pour voir adopter, en assemblée générale, les statuts de la nouvelle société. Les calendriers du stade et sa revue ont tout dit sur le rôle joué par son premier président, le chirurgien-dentiste de la promenade du Gravier, Gibert : je n’y reviendrai pas.

La société a pour but « de procurer à ses membres une distraction saine et attrayante qui permettra en même temps de développer leurs forces physiques ». Le droit d’entrée, la cotisation mensuelle, sont fixés, et précisés les éléments de la discipline. Les adhérents se réuniront une fois par mois ; les capitaines seront élus tous les trois mois, et les membres du bureau tous les ans. Le port du maillot, blanc, avec comme motif une hirondelle noire, celui de la culotte, sont obligatoires. Les compétitions seront organisées par le bureau. Tous les dimanches, à moins de mauvais temps, auront lieu des matchs d’entraînement.

Le 16 octobre, la déclaration était faite à la préfecture où elle gît encore, avec les statuts primitifs toujours en vigueur, seuls documents du dossier stadiste. M. Pierre Andrieu l’a retrouvée inscrite sur le cahier du secrétaire dont il a commencé l’analyse dans « Allez Stade », le mois dernier. Donnons-en plus complètement la substance :
« Le football exerce sur l’esprit et l’organisme du joueur une influence bienfaisante et salutaire. Il y a là une mobilité incessante, exigeant une certaine dépense de forces physiques et d’énergie morale, un jugement prompt et une décision instantanée. De plus (nous y reviendrons M. L.) le football n’est pas, comme le prétendaient ses ennemis, un jeu brutal et dangereux. C’est au contraire un jeu raisonné et sain. Ainsi, la société formée n’a-t-elle qu’un but : former pour ainsi dire la volonté de chaque sociétaire, l’habituer à l’endurance, lui acquérir un coup d’œil prompt et sûr lui permettant de se rendre compte facilement d’une situation, la préparant ainsi à une vie d’homme de cœur. C’est un jeu éducateur, servant au jugement à se former, assouplissant le caractère, trempant la volonté et rendant un jeune homme apte à acquérir toutes les vertus viriles. »

Le siège de la société est établi chez son président , Gibert.
Vice-présidents : Verniols, boulevard du Pont-Rouge ; Carsac, rue des Carmes.
Secrétaire : Bressoles, rue des Carmes.
Secrétaire-adjoint : Martin, rue des Carmes.
Trésorier : Borie, rue des Tanneurs.

Par suite d’une erreur dans les dispositions à prendre pour l’insertion, l’acte de naissance officiel parut seulement dans le « J.O. » du 29 octobre (p.6420).
Les présidents reviendront sur les vertus morales et civiques du rugby lorsqu’il s’agira de fléchir l’avarice proverbiable des « financiers » municipaux. Le 10 août 1905, Gibert sollicitait du maire la première subvention. Il la justifiait en ces termes, caractéristiques d’une époque révolue mais dont l’esprit est toujours jeune :
« Le football est le jeu noble et mâle par excellence, où chaque équipier apprend, non seulement à cultiver ses muscles et ses qualités d’initiatives, mais encore ses qualités morales qui en feront plus tard un citoyen préparé. Chaque footballeur est chargé d’un rôle spécial, l’équipe entière a confiance en lui, et cette responsabilité, qui réclame de la force physique et de l’intelligence, n’est récompensée que par un succès commun. Pas de gloriole individuelle, le travail de chacun dans des rôles différents pour un même but. Voilà, il me semble, une école parfaite pour les jeunes esprits en passe de devenir des citoyens républicains » .MaillotStade
Et, s’adressant aux édiles d’une cité commerçante, l’adroit quémandeur faisait vibrer la corde matérielle :
« Comme la plupart des matches se disputeront cette année à Aurillac, la majeure partie de notre budget sera dépensée au bénéfice de cette ville, bénéfice qui sera encore accru par les dépenses faites par les sociétés concurrentes qui viendront cette année prendre leur revanche des défaites essuyées ».
Argument toujours efficace. Symbole de l’équilibre auvergnat qui place au ciel la tête… et les pieds sur terre ! Le conseil municipal, habilement laissé libre de chiffrer sa générosité, vota 100 francs. Mille nouveaux francs actuels, au temps où un ballon coûtait 15 f, 15 f la paire de souliers à crampons, 57 f la douzaine de maillots, et 3 f la culotte.
En décembre 1907, l’avocat Maziol, qui avait remplacé Gibert, ajoutait un moyen supplémentaire : « Nous voulons, pendant les longues après-midi du dimanche, arracher au cabaret des jeunes gens qui ne savent que faire pour employer leur soirée : aux plaisirs du café, nous leur proposons de substituer pour quelques heures les joies saines de l’exercice au grand air ».
Pour quelques heures ! Maziol ne pouvait qu’interrompre la route des bistrots, dont l’influence politique était déterminante (on l’avait bien vue à propos du régiment et de l’adduction d’eau), lieux de réunions, clubs turbulents, où se forgeaient et se détruisaient les popularités.
Mais deux écueils surgissent. Une propagande ouverte vient taxer de barbare le sport nouvellement implanté :
« -Déjà – écrit « la Liberté » du 3 décembre 1905 – la saison à peine commencée, on compte aux Etats-Unis treize jeunes gens tués dans le football, trente grièvement blessés, dont trois mourants. Les élèves du collège central de Nebraska ont décidé, à l’unanimité, de s’interdire ce genre de sport. Toutes les écoles de Californie ont voté une résolution analogue. Elles adresseront, de plus une pétition au corps législatif demandant une loi interdisant le football ».

Tremblez donc, pères et mères de familles ! Ne laissez pas vos fils fréquenter l’Hippodrome, si vous voulez les conserver vivants !
Quatre jours plus tard, le secrétaire du stade ripostait. Je résume : Ne confondons pas rugby américain et rugby anglo-français. Dans les cruelles mêlées yankees, véritables massacres, c’est toujours le porteur, et non le ballon, qui est visé. Au contraire, chez nous, règnent finesse, souplesse et mansuétude. Si la statistique donne, outre-Altantique, 369 accidents, en deux mois, pour 900 joueurs, la française réduit les siens à 10 lésions relativement légères pour 1275 joueurs, pendant six mois. L’exagération du procédé des Américains causera la ruine de leur stratégie.

La crainte du ridicule vient ensuite tarir le recrutement des jeunes gens au retour du service militaire. Quand on arbore longues moustaches, à 23 ans, qu’on porte cane, canotier et bottines, lévite fine, la pudeur interdit de se déculotter derrière les haies de la route de Tronquières, d’enfiler le maillot collant sur un torse indécent, surtout si le beau sexe vous regarde ! Passe encore pour les moins de 20 ans, les jeunots ! Au mois de septembre 1907, une équipe de vétérans est en bonne voie de formation :
« Cependant –écrit le secrétaire du stade – il est quelques personnes qui, quoique ayant l’amour du jeu, restent dans l’hésitation, dans la crainte du qu’en-dira-t-on. Idée fausse, puisque c’est dans l’intérêt général et pour l’amélioration des générations nouvelles, que nous devrions tous jouer. Du reste, n’avons-nous pas vu, dans toutes les équipes qui sont venues à Aurillac, des hommes mariés et pères de famille depuis longtemps, le pratiquant pour le bien de la santé et du corps, et en même temps pour la distraction du public ? Vétérans, armez-vous et courage ! N’oubliez pas la devise du Stade : A l’air pur jeux vifs et libres. Esprit et corps bien équilibrés. »
Quel chemin parcouru depuis ! Les vétérans d’aujourd’hui, voire certains joueurs en activité, seraient des grands-pères en 1907 écartés de la scène !

Premières exhibitions   (voir photo)


Le 4 juin 1905, se disputa donc, à Aurillac, le match revanche Stade-Murguets de Villefranche. Voilà également une date capitale dans l’histoire du rugby aurillacois, puisqu’elle marque la première exhibition de notre vieille société devant son public.
La presse donne un long compte rendu de la partie, arbitrée « avec beaucoup d’impartialité » , par Queille, capitaine des Francs-Joueurs : nous verrons qu’il n’en ira pas toujours ainsi ! Les véloces trois-quarts du Stade sont à la pointe du combat : deux d’entre eux, Daguerre et Verniols, ne dépassaient pas 12 secondes aux 100 mètres . Daguerre s’empare du ballon. « renverse deux ou trois adversaires » et va marquer un essai entre les deux poteaux. Il réitère, par deux fois, « après de très belles charges vigoureusement applaudies ». Verniols, « notre sympathique capitaine », l’imite, « prenant ses adversaires de vitesse ». Et les avants « qui jouissent d’une supériorité écrasante », ne sont pas en reste. « M. Réveilhac marque un essai ». Avinin aussi, « quoique considérablement gêné » . Sirguey en fait autant « après avoir ramponné deux adversaires ». Les mêlées d’Aurillac « enfoncent tout ». Mais « les buts et les coups francs sont faits trop vite, et manqués ». Il ne faut portant pas croire que l’équipe adverse soit nulle : ses avants « driblent et plaquent. Ils montrent une certaine cohésion, surtout en deuxième mi-temps ». Un des trois-quarts, Mouly, frôle l’essai, « mais il est arrêté à temps » par l’arrière d’Aurillac. Le soir, à 7 heures, un banquet réunit les joueurs et leurs amis, et l’on fête joyeusement la victoire. Le rédacteur conclut :

« Notre jeune société a montré une ardeur soutenue à l’entraînement : ses efforts ont été couronnés de succès : c’était justice. Malheureusement la saison des matches est passée, mais au mois d’octobre prochain, j’en suis sûr, nous aurons encore l’occasion d’assister à de nouveaux triomphes. »


Les succès seront facilités par l’appoint militaire. Au mois d’octobre 1905, lorsque le ministre accorde l’autorisation d’adhérer à la société aux soldats du 139è Régiment d’Infanterie,dont le recrutement en fait une pépinière de rugbymen, vingt-cinq d’entre eux se font inscrire. Six joueront en première équipe, car une seconde a été créée, et la tenue des matches dépendra souvent du bon vouloir des officiers supérieurs qui refusent les permissions, pour des raisons disciplinaires. Les officiers subalternes, plus jeunes adoucissent les angles. Ils dirigent les débats des assemblées. Ils consentent à jouer comme simples équipiers, sous les ordres d’un caporal ! Belle leçon d’égalité républicaine, et sportive.

Naissance de la presse sportive au double visage

Le « Club Athlétique Tulliste », nouvellement institué, propose un match au stade qui « relève le défi ». La partie se déroule à Tulle, le 10 décembre 1905, sur le terrain du Pounot. On a quitté Aurillac à 4 heures du matin, par le train, évidemment. On est arrivé à Tulle à 1 heure et demie, après avoir déjeuné à Brive, pour repartir de Tulle à 5 heures et demie, et regagner Aurillac à 9 h 52. La chance a souri aux « gooudots », « maillots rouges et ceintures blanches » : ils ont battu les « maillots noirs, écharpes vertes » par 3 points à : un essai de Daguerre.
Pour la première fois, confrontons les comptes rendus opposés : celui de « la Liberté du Cantal », par exemple (qui a succédé, depuis quatre mois, au vieux « Moniteur »), et celui du « Corrézien », de Tulle. Ce dernier relève d’abord la foulure du fils de Me Brisset, notaire, qui a glissé malencontreusement (Me Brisset devait être un membre honoraire influent !) Les avants d’Aurillac « sont lourds ; ils enfoncent, non sans peine d’ailleurs, les jeunes tullistes ; mais les trois-quarts tullistes sont bien supérieurs à ceux d’Aurillac, et s’ils n’ont pu faire valoir leurs qualités, c’est à cause du jeu ferme pratiqué par le Stade Aurillacois ». De l’autre bord, on voit dans le Stade « une grande équipe , une des meilleures du Centre, trapue, solide, énergique à la musculature superbe ». Des trois-quarts « attaquant dans un effort magnifique, bousculant tout devant eux. Mais il manque encore aux joueurs de la science du jeu, et du dilettantisme ( ?) C’est ce qu’on leur conseille de rechercher ». L’équipe de Tulle ? « une très bonne équipe, très entraînée en match. Elle a battu Limoges par 40 à 0. Elle joue très bien du ballon (C’est tout !)
Le printemps de 1906 vit le match Villefranche (I) contre Stade Aurillacois (II) dont la photo a paru dans « Allez Stade ». Le regretté M. Miécaze y participait, ainsi que Jean Jo, toujours gaillard, soixante ans après.

En résistant au Véto-Sport Toulousain , le 22 avril, le Stade Aurillacois battu honorablement par 15 à 3, prit donc conscience de ses possibilités, et décida d’entrer dans la lice. Troisième date à marquer d’une pierre blanche « une affluence énorme » assistait à cette rencontre sensationnelle : il y avait plus de 1500 personnes ! Il est vrai qu’on avait annoncé que « contrairement à ce qui se pratique ailleurs, aucun droit d’entrée ne sera perçu ». Le public fut plus clairsemé, lorsqu’on lui demanda, trois, ou cinq sous : prix d’un champoreau ou d’un petit casse-croûte. Alors, apparaît dans la presse en sous-titre : Comment ils ont joué :


« Pendant la première mi-temps, les stadistes, jouant avec la conviction d’être battus, n’opposèrent pas la résistance nécessaire. Ses membres allèrent à la débandade, sans but, et omettant de mettre en pratique les plus élémentaires règles du jeu. C’est ainsi que la ligne de trois-quarts, qui compte de très bons joueurs, négligea de marquer ses adversaires.
« Les Toulousains, profitant de ce désarroi, placèrent leurs magnifiques passes, et, de vitesse, débordèrent les lignes et marquèrent les essais. Nos stadistes tenaient bien les mêlées, mais manquant de talonneurs, le ballon allait toujours aux Toulousains.
« Plus résolus durant la seconde mi-temps,et aussi plus rassurés, nos joueurs tentèrent quelques passes qui ouvrirent davantage le camps, et leur permirent de marquer un essai.
« Ils ont pris, par ce match, une bonne leçon qui leur sera profitable »
Pour la première fois un chroniqueur reconnaît, honnêtement, les faits. Ses critiques ont pour but une amélioration du rendement stadiste.
Le Véto-Sport comptait 5 joueurs de l’équipe finaliste du tournoi national, parmi lesquels l’arrière Severat, « digne rival de Martin du stade Bordelais, champion de France » ; le trois-quart centre Leclerc ; Bouguereau, trois-quart aile.
Au cours de la saison suivante, le Stade participa au championnat des Pyrénées. L’entraînement commence très tôt en Octobre. Il est suivi assidûment. Les réunions du bureau, les assemblées générales, se succèdent faisant appel aux adhésions de joueurs, de membres honoraires. Le secrétaire écrit :
« Notre équipe n’aura jamais assez de joueurs ni d’entraînement, car si toutefois elle venait à succomber, elle ne pourrait qu’attribuer cette défaite au défaut d’entraînement. Si notre budget ne nous permet pas de matcher des équipes adverses tous les dimanches, comme le font la plupart des sociétés que nous allons rencontrer, entraînons-nous, et soyons prêts pour commencer le 20 janvier ».

DANS L’ARENE , NAISSANCE DU PUBLIC… ET DU CHAUVINISME !

20 janvier 1907 : premier match de championnat dans notre ville : quatrième et dernière pierre blanche (il ne faut pas exagérer les événements remarquables) : le Stade Ruthénois est battu difficilement par 11 points à 8, après prolongation. Parmi les avants, Jean Joseph, avec Sirguey, Gaillard, Crantelles, Rouillon, Vidalene (capitaine) (Il en manque un !) Delort et Laroussinie constituent la charnière, Daguerre, Alexis et Arthur Besson, Boutonnet, la cavalerie. Godenèche assure l’ultime défense . Daguerre marqua 2 essais, Boutonnet 1. ils ont chargé « avec agilité » et passé la ligne ennemie. La tactique des Ruthénois « consistait à pousser le ballon avec le pied et à l’entourer perpétuellement, de manière à empêcher que nos trois-quarts s’en emparent ». Le public »haletant, accompagne de ses cris « les déboulés de nos sprinters. A la mi-temps, pourtant, Rodez menait par 8 à 0. Le chroniqueur note alors :
« Le public se montre énervé et irrité. Beaucoup accusent l’arbitre de partialité, et manifestent bruyamment leur mécontentement. D’autre part, des spectateurs quittent le terrain, croyant à la défaite complète d’Aurillac ».
Mais il a confiance dans la valeur de nos joueurs. « Nous leur prédisons un accueil triomphal le jour où ils apporteront dans notre ville cette coupe des Pyrénées qu’ils auront bien gagnée. »

Ils ne rapportèrent pas la coupe, puisqu’en finale, Montauban les battit à Toulouse par 6 à 0. La défaite tint « à une série de circonstance tout à fait étrangères à une supériorité quelconque du côté de Montauban ». Un des meilleurs équipiers militaires manquait, pris par son service. Un voyage de sept heures en chemin de fer avait « handicapé tout le monde ». Passons…
Les matches contre le Standard Toulousains furent fertiles en incidents. Le premier n’avait pas eu lieu, à Toulouse : les adversaires du stade ayant quitté le terrain au coup d’envoi, prétextant l’état du sol gelé. A Aurillac, le 24 février, la partie se joua sur la montagne de Marmiers, où « l’énorme foule » était contenue par un piquet du 139e. Les trois-quarts et les demis aurillacois, une fois encore, s’illustrèrent. Daguerre essaya même « un drog boall »(sic) qu’il rata. Un essai de l’avant Gaillard ne fut pas accordé, le public ayant envahi la partie du terrain où le ballon franchit la ligne. Mais l’arbitrage de M. Merlane, du Stade Olympique des étudiants de Toulouse, avait été « irréprochable ».

« Faisons en terminant une simple observation. A chaque match, le public est de plus en plus nombreux. Pourquoi le bureau du stade ne se préoccuperait-il pas d’avoir, comme cela existe dans d’autres villes, un terrain clôturé sur lequel il organiserait des entrées payantes dont le produit servirait en partie à indemniser les grandes équipes que l’on ferait venir à Aurillac ».

Le terrain de Camisière pointe à l’horizon. Le 22 mars, la presse annonce aux sportmen une bonne nouvelle : Le bureau du Stade vient de trouver un terrain particulièrement propice pour faire disputer les grands matches de la saison prochaine « Il est complètement clos et très près de la ville. Il sera ainsi facile d’organiser des entrées payantes, de nombreuses rencontres et des évents sensationnels ».

LE SANG DE BRIVE REPANDU PAR « UNE DURE EQUIPE »

Et voilà Brive !

Les deux parties qui l’opposèrent, cette année-là, au Stade Aurillacois, n’eurent « d’amical que le nom ». La rivalité , que des événements récents ont portée au rouge, est ancienne ; elle date des origines, car l’équipe du Stade Gaillard, le « Foot-ballClub » briviste, est encore dans l’enfance, le 7 janvier 1907 , lorsqu’elle vient disputer, à Aurillac, son premier match. Elle arrive pourtant précédée d’une réputation assez redoutable, composée d’éléments recrutés, soit parmi les membres de la société de gymnastique « la Gaillarde » (qui avait servi de modèle à « la Cantalienne »), soit au sein du 14è de ligne. De plus, elle est renforcée de nombreux joueurs de Tulle.

« Malgré le temps affreux et la pluie fine et glacée qui transperçait les meilleurs pardessus, le tout Aurillac sportif, et deux mille curieux », s’étaient rendus à l’Hippodrome pour assister au triomphe des Aurillacois, vainqueurs par 15 points à 0. Les spectateurs envahirent le terrain pour les féliciter. « Fatigués et courbaturés », ils avaient souffert de crampes multiples « énergiquement soignées par le dévoué président, M. Gibert ». Deux des plus robustes équipiers d’Aurillac « avaient été mis hors de combat ». M. Lunel, du Lycée, arbitrait. Les vaincus reconnurent « ses talents et son caractère sportif ».

Des voitures stationnées au bas du Square faisaient le service entre la ville et l’Hippodrome. Des programmes indiquant les principales règles du jeu, et donnant la composition des équipes, étaient vendus 2 sous, pour compenser la gratuité des entrées. Jean Jo se trouve parmi les avants.
Ce que fut le match revanche, le 14 avril suivant ? Vous le devinez ! « La République » de Brive signale l’enthousiasme du public.
« qui n’a pas craint les menaces du ciel pour venir applaudir aux prouesses de ses jeunes athlètes. Le Foot-ball Club, âgé de quelques mois à peine, avait été battu à Aurillac après une partie particulièrement dure, contre une équipe vieille de 4 ans. Il s’est battu avec acharnement , a obtenu un nul plus qu’honorable. La jeune équipe a conquis dans ce jour, par son courage, voire même par son sang que lui ont fait répandre généreusement ses adversaires, une place parmi les équipes avec qui on devra compter désormais ».
L’arbitre Delvicchio, a tenu le sifflet « avec compétence, sang-froid, sans se laisser démonter par des réclamations aussi bruyantes que peu fondées ».
Mais Aurillac ne l’entend pas de cette oreille. Il stigmatise l’attitude du public briviste.
« manifestant très ouvertement son antipathie pour notre quinze, Dès le début, la ligne des trois-quarts du Stade attaque avec autant d’énergie que d’habilité, et pendant toute la partie, nous assistons à ce spectacle à chaque instant renouvelé : nos trois-quarts arrêtés par l’arbitre, sous le prétexte de fautes imaginaires, toutes les fois que les lignes brivistes ont été franchies et que l’essai va être marqué. Malgré cela, trois essais sont marqués à l’actif d’Aurillac, contre un très contestable pour Brive.
« Cependant, un tout jeune homme, que d’aucuns affirment être un arbitre officiel, l’arbitre officiel de la Corrèze sans doute, prétend qu’un seul essai doit être compté pour le Stade Aurillacois, et qu’il y a match nul. En réalité Aurillac est indiscutablement vainqueur par 9 points à 3, à la suite d’une partie très rude, jouée avec acharnement.
« Nos stadistes, partis à 9 h 27 du matin, sont rentrés le soir par le train de 10 heures. Le voyage a été des plus gais, et en chemin de fer, l’on causait beaucoup de l’hospitalité rien moins qu’écossaise du Foot-ball Club briviste ».

Passons sur le match amical qui, le 7 avril, opposa le Stade aux Olympiens de Toulouse. Ceux –ci emportèrent la victoire en marquant 2 essais. Leur renommée s’étendait sur tout le Sud-Ouest. Ils avaient adopté la méthode pratiquée par les néo-zélandais, lors de leur récente tournée triomphale en Europe :
Un arrière,
Trois trois-quarts,
Deux cinq-huitièmes,
Un winger,
Un demi
Sept avants.
Les trois-quarts aurillacois leur donnèrent du fil à retordre.
« Dans un beau mouvement sportif, Rives, capitaine du F.C.B. déclare ne pas vouloir accepter l’essai contesté par son adversaire ».
En novembre 1908, pour les Corréziens, nos avants sont « robustes, et ne mesurent pas moins de 1m72. Ils sont, comme disent les Bordelais, un peu là ! » A 80 kilos, un pilier paraissait alors un mastodonte ! « Aurillac est l’équipe la plus dure que le F.C.B. ait trouvée sur son chemin ».

GLOIRE AU « SPORT ROI » !

J’en ai terminé.
J’ai voulu montrer comment on peut introduire l’histoire et sa méthode dans un domaine où il est inhabituel de les rencontrer. La presse locale est trop méconnue. A l’époque où nous sommes remontés, Aurillac possédait deux journaux quotidiens, quatre tri-hebdomadaires, un hebdomadaire. Avec de la patience, on parvient à les dépouiller. Et quel plaisir de les parcourir ! On y trouve de tout : de la politique, de la polémique ; de l’économique et du social ; des faits divers minuscules qui font sourire ; de la poésie en français, en patois (pardon, en langue d’oc !) La rubrique « foot-ball », il faut la découvrir à la loupe : c’est la parente pauvre. Les temps ont changé : elle alimente, aujourd’hui , des pages entières ; Des chroniqueurs sportifs, compétents et diserts, se sont formés. Mais les anciens, qui viennent de vous parler, ignorants, inhabiles, ont fait les premiers pas, façonné la plume. Tirons-les de l’oubli.
Mais surtout, gardons bien la mémoire, des promoteurs, des précurseurs, que, dans son discours ému du cinquantenaire, M. Miécaze glorifiait. Ils se sont dépensés pour que le rugby s’accroche et se développe sur notre terre de Haute-Auvergne, et devienne, comme on le répète souvent , « le Sport Roi des Aurillacois ». Ils ont créé ce public qui clame son enthousiasme, les jours le championnat, lorsque le Stade triomphe ; qui a des hauts et des bas, avec les résultats ; trop chauvin ? pas assez ? affaire d’appréciation.
Dans la vie d’Aurillac, le rugby, le sport en général tiendront chaque jour davantage, une plus large part, grâce aux moyens accrus qu’il faudra leur fournir. Et c’est une face de la vie urbaine dont un historien de la cité ne pouvait pas se désintéresser.

Michel LEYMARIE
in "Allez Stade" 1949

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Crédit Photos : Didier MARTRES

 

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