Depuis 2017, le nombre de boîtes à livres a été multiplié par cinq en France. Plus de 10 000 seraient disséminées sur tout le territoire, dans les centres-villes mais également au cœur des villages, où elles sont installées par des particuliers, des associations et de plus en plus souvent par les municipalités.
Boîte à livres (Freix-Anglards)
Le principe de la boîte à livres est simple. On vient y déposer ses bouquins, et on peut en prendre d’autres. L’accès est gratuit, et s’affranchit des horaires. On y vient quand on veut, avec qui on veut.
En ruralité, le contenu de certaines boîtes à lire révèle qu'il s'agit souvent de vider de vieilles bibliothèques suite à un décès ou à un départ en EHPAD mais ces boîtes ne sont donc pas l’apanage des petites communes, elles sont aussi fréquentes en milieu urbain où elles sont alimentées par les fonds dont les bibliothèques ne veulent plus ou par des particuliers qui, en raison de logements plus exigüs, souhaitent faire de la place.
Une étude menée en 2023 par Claude Poinsonnot, sociologue du livre et de la lecture, révèle que "chez les utilisateurs des boîtes ayant le bac ou moins, 37 % n’empruntent jamais en bibliothèque, 6 % n’achètent jamais de livres neufs et 18 % ne font ni l’un ni l’autre ou seulement très rarement. C’est donc près d’un usager sur cinq parmi ceux n’ayant pas fréquenté l’enseignement supérieur qui entretient un rapport à la lecture à travers ce cadre".
Il peut arriver que quelques petits malins fassent main-basse sur le contenu de certaines boîtes à lire dans le but de revendre les livres mais ils sont peu nombreux – quand il s'agit de rebus de médiathèque, une mention est souvent apposée afin de rendre l'ouvrage difficilement vendable - et, de toutes les manières, à moins de tomber sur une rareté, ces livres se revendent mal.
Si les bibliothèques ont perdu le monopole de l’accès public au livre avec cette pratique, qui dépasse les institutions et parfois les perturbe, les boîtes ne sont pas une menace pour elles, elles sont simplement une source supplémentaire d’accès au livre et, pour certains, de retour aux livres, donc de retour à la bibliothèque.
